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  • 24 décembre 2009

    Dans le métro qui me ramène chez moi...

    Un 23 décembre, vers 22h, dans le métro Toulousain

    Dans le métro qui me ramène chez moi, il y a ce garçon assis sur la banquette. La brillance de son blouson à la mode trahit une matière d'une noblesse qui n'est pas celle du cuir. Abrité sous sa Kangol il lit, les jambes croisées, la quatrième de couverture d'un bouquin qu'il vient d'acheter chez Virgin et dont il tient la poche rouge et blanche en précaire équilibre sur ses genoux, soumise au balancement chaotique de la rame qui s'élance dans la nuit. Une paire de lunettes rectangulaire dessine son regard que je croise alors que la voix métallique annonce la prochaine station : "Juanno d'Arc". Nous nous surprenons mutuellement en train d'articuler le texte en même temps que cette voix anonyme et pourtant familière. Nous nous détournons aussitôt. Intérieurement je souris.

    Dans le métro qui me ramène chez moi, il y a ce rebeu appuyé contre la paroi selon un déhanché négligé qui met en relief son petit cul bien rond. A ses vêtements, je devine qu'il s'apprête  à sortir rejoindre sa petite amie pour une soirée romantique au restaurant, quelque chose dans ce genre. C'est marrant comme les rebeux peuvent avoir un beau cul...

    Dans le métro qui me ramène chez moi, il y a cette fille à la crinière de lionne. Au milieu de cette jongle étroitement bouclée se love un visage à l'ovale superbe. Sa peau ambrée est d'un grain parfait. Deux grands yeux noirs scrutent les réactions de sa voisine à qui elle doit raconter une anecdote arrivée durant la journée. Sa voix comme sa présence, ne sont que douceur rassurante.

    Dans le métro qui me ramène chez moi, il y a ce mec aux Doc Marteens et au jean dont la coupe semble venir d'un autre temps. Ancrée sur sa tête, il semble vouloir disparaître derrière la visière d'une imposante casquette noire, forteresse impénétrable au regard. Pourtant, de profil, je peux voir le globe luisant de ses yeux qui regardent fixement dans le vide. Il n'a pas l'air très vieux, la trentaine tout au plus. Pourtant de toutes parts de son couvre-chef dépasse une chevelure déjà poivre et sel qui, rehaussée d'une timide barbe ébène du jour, lui confère un certain charme. J'aime ses cheveux, leur texture qui a l'air agréable. Le genre de cheveux que l'on a envie de toucher, de caresser, de laisser glisser entre les doigts qui savent si bien en faire des tortillons.

    Dans le métro qui me ramène chez moi il y a aussi ce drôle de type à la bouille rondelette et au teint rougeot. Vêtu d'un anorak kaki sale, ses yeux tournent dans leur orbite tel ceux d'un caméléon. L'air un peu fou, il ne sait pas quelle attitude avoir au milieu de ces étrangers dont la présence silencieuse semble l'indisposer dans l'agitation désordonnée de ses idées. Un pas en avant, un pas en arrière, les mains nouées sur le ventre. Il attend que ça se termine, mal à l'aise et impatient.

    Dans le métro qui me ramène chez moi il y a ces deux messieurs très bien habillés qui échangent quelques mots à demi murmurés. Scrutant inlassablement le plafond, ils pensent que demain c'est le réveillon  de noël et que les cadeaux sont fins prêts. Ils savent qu'en rentrant chez eux le sapin sera allumé dans le salon, que la maison sera emplie de rires d'enfants et qu'une boite de chocolats entamée trainera sur la table de la cuisine. Ils se demandent si les Lefebvre seront à l'heure pour le dîner demain soir et si la voiture sera prête pour aller voir les grands parents dimanche à Albi ou Cahors. Leur seule inquiétude est de savoir s'il reste assez de Veuve Cliquot à la cave pour le 25, ou s'ils devront aller chez Nicolas en urgence comme la dernière fois... Ils pensent que cette semaine de vacances leur feront du bien et se réjouissent déjà des quelques jours au ski qu'ils s'apprêtent à passer en famille.

    Dans le métro qui me ramène chez moi, retentit à nouveau la voix métalique qui m'anonce que je suis arrivé.

    D'un pas assuré je quitte ce métro qui me ramène chez moi
    Et poursuis ailleurs ma vie presque ordinaire.

    3 commentairess:

    1. Dans le métro qui m'a ramené chez moi, il y avait un univers complet de santons de Paris, chacun plein de son rôle, et moi parmi eux qui me demandais quel était le mien. En bourdonnement continu à la frontière de mes tympans, Holy Night de Nat King Cole... un rien décalé, un rien en communion, rien n'y a fait: j'y suis rentré seul, j'en suis ressorti pareil.
      Dans le métro, pas de miracle, dans cette cour de tous les instants qui fait que nous ne sommes jamais abandonnés... Tous les métros qui nous ramènent chez nous finissent par remplir leur rôle: nous ramener, rien de plus. Et pourtant...

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    2. Dans le métro qui me ramène chez moi, il y a toujours beaucoup trop de monde pour que je puisse bosser à mon mémoire. Alors, mes yeux globuleux tournent et retournent sans fin avant que je puisse atteindre ce terminus si lointain.
      Mais j'ai de la chance... c'est pas le métro parisien !
      Mais j'ai de la chance : aujourd'hui il y avait des métros !!

      C'est moins prosaïque, mais c'est comme ça...

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    3. texte admirable, dans le métro il y a la vie de tous les jours et le poète qui la transfigure

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