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  • 29 mars 2009

    Gran Torino

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    Walt Kowalski a fait le Vietnam où il a goûté à la saveur douçâtre de la mort. Il habite une maison dans un quartier résidentiel peu à peu investi par les "faces de citron" comme il les appelle. Walt déteste les niakoués et tout ce qui n'est pas Américain en général. Il n'apprécie pas son fils, commercial pour une firme automobile Japonaise, et c'est d'un regard dédaigneux qu'il l'observe reprendre la route au soir de l'enterrement de son épouse. En voiture Japonaise, son fils ! Alors que lui a fait la guerre aux jaunes avant de bosser comme un dingue pour Ford le reste de sa vie...
    Quelle ne sera pas sa rage lorsque, le même jour le petit Thao viendra frapper à la porte pour demander des câbles électriques... De son grognement d'ours aigri, Walt congédiera "tête de nem" sans ménagement, avant de retourner morigéner parmi sa famille abhorrée. Car Walt n'aime personne si ce n'est son vieux chien à moitié sourd, son M-1 toujours prêt à servir, et son vieux pote Italien le coiffeur, avec qui il aime plaisanter en s'envoyant les pires saloperies du monde en pleine figure en guise de formule de politesse.
    La vie de Walt aurait ainsi suivre son cours, de grognements haineux en regards noirs à la vieille folle qui l'insulte dans un dialecte Hmong depuis son perron, échanges de courtoisie ponctués de quelques bières, le Stars and Stripes toujours en étendard au seuil de la porte, si, poussé par son cousin, Thao n'avait tenté de lui voler la belle Ford Gran Torino précieusement conservée dans le garage. Pris sur la main dans le sac, Thao parvient à s'enfuir mais échoue du même coup à l'initiation à laquelle il était pourtant sommé de réussir afin de devenir, comme son grand cousin, un homme, un vrai, un qui se bat avec des armes et rode en grosse bagnole, un de ceux que l'on craint et que l'on respecte. Un du gang. Cet incident qui aurait pu être funeste va pourtant être le point de départ d'une vraie rencontre entre le vieux rustre et le vaurien raté.
    Car Thao n'est pas un sauvageon. Derrière ses airs de poupon timide qui n'ose pas parler aux filles se cache un ado intelligent et débrouillard qui refuse la facilité de la délinquance, ce dont son grand cousin et sa clique de gangsters mal lunés lui tiendra d'ailleurs une féroce rigueur.

    Un américain nationaliste, raciste, bourré de préjugés, replié sur lui même, installé dans un quartier accaparé par l'envahisseur jaune, dont les alentours sont aux mains des gangs blacks, latinos et asiatiques, sans compter ce foutu cureton qui tient absolument à lui extorquer une confession, c'est à peu près ainsi que commence Gran Torino, le dernier film de Clint Eastwood où je me suis docilement laissé traîner hier soir. Nous est dépeinte une Amérique cosmopolite, le fameux "melting pot" dans lequel la mayonnaise ne prend pas : les gens se supportent, se côtoient, sans se mélanger, chacun chez soi. Les quartiers sont ghettoïsés, il ne fait pas bon sortir du territoire dans lequel chaque ethnie se trouve circonscrite de fait. C'est aussi une Amérique des armes ceinturée par le deuxième amendement de la Constitution, une Amérique où la violence est chose banale, la seule façon d'exister aux yeux de certains, la seule façon d'assurer sa propre sécurité pour d'autres. Vision pessimiste s'il en est ! On n'échappe pas à certains clichés, notamment celui du tailleur juif, mais cela reste très anecdotique et n'altère en rien la superbe réalisation dont bénéficie le dernier opus de papi Eastwood.
    Pourtant au milieu de tout ce marasme, une ligne d'espoir se dessine : il semble possible de s'entendre, à condition d'ouvrir ses oreilles, d'ouvrir son coeur et de passer outre ses préjugés. C'est le défi auquel Walt sera bientôt confronté quoiqu'il n'en ait pas la moindre envie, engoncés dans ses réflexes d'ancien soldat du Vietnam.

    Contrairement aux apparences, Gran Torino n'est pas - et il s'en faut de beaucoup - un film austère, lourd et pesant de bout en bout comme avait pu l'être Mystic River sorti en 2003. Bien au contraire, ce film est vraiment drôle. Non pas en raison d'un bouffon comique de situation, on n'est pas dans du Defunès, mais par ses dialogues absolument savoureux qui font mouche à tous les coups. On dirait presque du Audiard et l'on rit vraiment souvent, parfois à gorge déployée, sans aucune concession à la facilité. Clint Eastwood parvient à faire du personnage de Walt Kowalski un personnage totalement rugueux tant du point de vue psychologique que physique, bougon à l'extrême, à la limite de la caricature, sans pourtant tomber dans le piège d'une indigeste parodie burlesque, et dont chaque réplique est gorgée d'une dose d'humour savamment distillée, révélant peu à peu un homme au grand coeur derrière le masque du vétéran acrimonieux. Peut être ne faut-il y voir que la politesse du désespoir ou la force tranquille de ceux que plus rien n'impressionne, désabusés par la condition humaine. Du grand art pour un magnifique acteur, à voir absolument !

    28 mars 2009

    Requiem

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    Voici près de un an et demi que Fred et Emma m'avaient offert le DVD du film Requiem For A Dream que j'avais entreposé sur un coin de ma bibliothèque en attendant un moment propice pour le regarder. Quoique sorti en salle en 2001, cette oeuvre de Darren Aronofski fait partie de la formidable liste des indispensables du cinéma que je n'avais toujours pas vus à ce jour.
    Hier soir j'avais initialement prévu d'aller écouter le Requiem de Maurice Duruflé à Saint Sernin mais un coup de fatigue vespérale doublé d'une crise de procrastination aiguë m'a fait préférer le confort douillet de mon canapé et d'une bonne couverture à la rudesse des bancs de la frigorifique Basilique, troquant un Requiem pour un autre.

    Pour resituer l'histoire, Harry Goldfarb, son pote Tylor et Marion sa petite amie, passent leurs journées à se shooter et à dealer. Pendant ce temps, Sara, la mère de Harry, se drogue à grands coup de télévision, espérant un jour passer de l'autre coté de l'écran, jusqu'au jour où elle reçoit ce fameux courrier pour participer à son émission favorite.
    Les uns et les autres l'ignorent encore mais leur addiction va insensiblement les entraîner vers une inexorable descente aux enfers, reléguant leurs rêves au rang d'utopie.

    Hé bien mes amis, quelle claque !! Je ne sais trop quoi dire de plus tant j'ai été soufflé... Pour tout dire, lorsqu'est arrivé le générique de fin, l'envie d'appuyer sur le bouton "replay" m'a férocement brûlé les doigts et c'est uniquement l'heure avancée qui m'a contraint à renoncer. Encore maintenant des images du film se bousculent dans mon esprit chamboulé.

    Le scénario n'a en soi rien de bien original et pourtant il se dégage de ce film une force prodigieuse. Rythmé par un montage extrêmement dynamique parfois proche du clip vidéo (mama mia : les séquences totalement hallucinatoires qui scandent chaque défonce !), une bande son du tonnerre, des acteurs très justes (avec une mention spéciale pour Ellen Burstyn qui interprète l'incroyable Sara et sa déchéance dans la folie la plus pure), les jeux de lumières et le travail sur la couleur qui mettent magnifiquement en valeur les différentes ambiances très contrastées de ce petit bijou.

    Quoique n'ayant aucune légitimité en la matière, je ne saurais néanmoins que vous encourager à découvrir pour les uns, et à revoir pour les autres, ce film totalement culte.

    26 mars 2009

    Joe le taxi

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    Une petite anecdote qui m'est arrivée l'autre matin en allant bosser.

    Mardi matin, sur le chemin de l'Insigne Institution Toulousaine qui m'exploite m'emploie depuis bientôt 2 ans, je chevauchais hardiment mon Vélib VélôToulouse (putain, que c'est moche ce nom ! Il faudrait empaler le responsable en place publique), empruntant comme d'habitude un raccourci de la place Arnaud Bernard.

    Pédalant avec entrain, je ralentis modérément mais m'engage sur le rond-point qui ponctue ma course lorsque de ma gauche surgit un taxi qui me klaxonne abondamment, me coupe la route, incongruité à laquelle - un brin courroucé - je réponds aussitôt par une énergique diatribe toulousaine dont la distinction et le raffinement furent inversement proportionnelles à la longueur.

    Le taxi s'arrête, la fenêtre baissée... il a parfaitement compris de quels noms d'oiseaux je l'avais accoutré et semble n'avoir que passablement apprécié cette leçon d'ornithologie matinale.

    Contraint de passer à coté de lui pour continuer ma route, je m'avance sûr de mon bon droit, prêt à en découdre si de besoin.

    La conversation s'engage :
    - Et alors ???!!
    - Bin quoi et alors ?? Et la priorité à droite z'en faites quoi ?!!
    - Et toi, tu l'as pas vu le panneau cédez-le-passage ?
    - . . . . "
    Je me retourne et : il y avait bien un cédez-le-passage...

    Taxi 1 - Tambour Major 0

    Et dire que la veille j'avais regardé une émission qui parlait du non respect des régles élémentaires du Code de la Route par les cyclistes. Je m'entends encore penser - tout péteux que je suis - : "Rhoooo, y'a d'ces cons !" smileys Forum
    Au vu de ma réaction - un très joli teint écarlate - Joe n'attendit pas son reste, ayant visiblement mieux à faire, m'assénant un dernier coup de pique : " et la prochaine fois tu dis pas connard " redémarrant dans un vrombissement triomphant.

    Taxi 2 - Tambour Major 0
    smileys Forum

    24 mars 2009

    Apparition

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    Samedi après midi, dans un hyper-marché du centre-ville.

    Je l'avais très rapidement remarqué entre les étals du rayon légumes, tandis que je fixais mon attention sur les sachets de salade de jeunes pousses, une silhouette se faufilant parmi les produits laitiers. De taille moyenne, agréablement charpenté, les cheveux coupés très courts, le regard noir et les lèvres pulpeuses, paradant sans ostentation au milieu de la foule, son panier à la main. Un pack de lait, des chocolatines premier prix, du café : les provisions types d'un étudiant de Cité-U pour le petit déjeuner pris dans la solitude d'une chambre réduite à sa plus simple expression. Son t-shirt blanc laissait paraître une peau ambrée délicatement ourlée d'une fine pilosité ébène, arborant la paradoxale allure insolente et altière de ceux que rien ne semble pouvoir atteindre mais qui ne le savent pas.

    Le fantasme maghrébin est parait-il un stéréotype classique chez les gays. Je ne sais trop quelle véracité accorder à ces assertions, mais je confesse un penchant plus que certain pour les populations du grand bassin méditerranéen, sans exclusivité toutefois. Je n'ai aucune explication à cela... Leur sombre beauté rehaussée par la profondeur de leur regard m'hypnotise littéralement , voilà tout.

    Je ne suis pas du genre à suivre les gens dans la rue pour savoir où ils vont. Non pas que je n'en ai jamais eu envie - ma curiosité est insatiable et l'excitation toute particuière du jeu du chat et de la souris aurait tout pour me séduire - mais l'idée de le faire m'inquiète parce que j'aurais alors la dérangeante sensation de franchir un seuil dangereux, l'impression de tomber dans une forme de dérive démente malsaine, celle des serial-killers et des violeurs qui observent la proie convoitée avant de fondre sur elle sans que lui soit laissée la moindre chance d'esquive. Mes névroses ne sont heureusement pas parvenues à ce stade de perniciosité. J'avais donc croisé ce beau rebeu et m'étais rapidement rincé l'oeil, comme l'on regarde un bel objet que l'on désire derrière la vitrine d'un magasin avant de continuer son chemin et reprendre le cours des choses comme si de rien n'était. Mon esprit l'avait déjà presque oublié alors que je cherchais à mettre la main sur de la marmelade authentiquement british au milieu des bocaux de spécialités dont j'ignorais jusqu'à l'existence.

    Quelques instants plus tard, arrivé aux caisses et chargé de victuailles, mes yeux se posent instantanément sur une nuque que je reconnais aussitôt : le bel inconnu me précède, séparé que nous sommes pas une mamie venue s'approvisionner en haricots verts extra-fins et en chocolat au lait. Décidant de profiter du plaisir simple de cet instant éphémère, je pris place à la suite de la courte file et posais mon regard sur ce corps suggéré à travers les replis et indiscrètes insinuosités de ses vêtements : son t-shirt se coulait souplement sur ses larges épaules puis dessinait dans une même grande courbe la douce ligne de ses hanches, retombant souplement sur un postérieur délicieusement rebondi moulé dans un bermuda gris négligemment posé sur le haut de ses fesses d'où émergeait un bout de shorty orange. La vie nous donne parfois des bonheurs tout simples dont il serait bien idiot de se priver ; ma contemplation fut sans pudeur ni retenue.

    Au bout de quelques courtes minutes, c'est à son tour de passer en caisse. Et tandis qu'il se baisse pour s'emparer des commissions et les déposer sur le tapis roulant, le bermuda beige en profite pour suivre le mouvement et descendre un tout petit peu plus bas pendant que, procédant par une marche exactement contraire, le bas de son t-shirt se relève opportunément, laissant apercevoir plus amplement le creux de ses reins, offrant à l'œil averti le spectacle des plus réjouissants d'une substantielle surface de peau au grain parfait, cuivrée, couverte un peu plus druement d'une pilosité dessinant une ligne courant le bas du dos, et d'un caleçon sculptant un postérieur voluptueusement indécent, qui disparurent à nouveau lorsque son buste fut revenu à la verticale.

    Je n'ai pas bien vu son visage - pas plus de quelques secondes, ne connais pas le son de sa voix, je ne sais pas son nom, je ne sais rien de lui... ne le reverrai sûrement jamais.

    Lorsque je quittai la caissière il s'était déjà volatilisé, telle une apparition onirique, étoile filante illuminant la nuit d'une vie presque ordinaire. Seul reste l'émoi trouble de cet instant fugace...

    20 mars 2009

    Abandoned Houses

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    Le photographe Kevin Bauman publie sur son site les photos de 100 maisons abandonées, photographiées à Detroit dans le Michigan, où il habite.
    C'est une drôle de sensation que procure la contemplation de ces maisons vides, laissées à elles mêmes, qui ont jadis abrité des familles et qui aujourd'hui meurent en silence, gardant à jamais leurs mystères. L'étrange beauté de leur délabrement est fascinante.

    19 mars 2009

    En vrac...

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    Chaque fois que je l'écoute, le Psaume 24 de Anthony Van Noordt me plonge systématiquement dans la même mélancolie, quelque soit mon état du moment. C'est bien étrange ce pouvoir de la musique d'influer à ce point sur le mental des gens.

    S'il est une chose pour laquelle je suis radicalement sous-doué, c'est bien d'arriver à faire les choses au fur et à mesure, me trouvant toujours réduit à travailler dans l'urgence. Suis-je réellement incapable de m'organiser ? Ou est-ce plus simplement parce que je suis littéralement assailli par un nombre de tâches sans cesse plus nombreuses ... ou un subtil mélange des deux ?

    Hier j'ai reçu un mail d'un gars du labo pour un apéro chez lui en compagnie du reste de l'équipe. Sur le moment je n'ai pas trop su quoi répondre, partager entre d'une part l'envie de voir du monde et le besoin de faire la fête, d'autre part une méfiance de certaines personnes conviées et de leur "langue-de-putisme". Si prises isolément elles peuvent s'avérer charmantes, il en va tout autrement lorsque l'effet de groupe s'en mêle. Oui, non, non oui...? Puis je me suis souvenu que j'avais déjà promis ma soirée à Stéph pour une intégrale Aliens. Etrangement, avoir dit non m'a procuré un vaste sentiment de liberté. Pour vivre heureux, vivons cachés m'a un jour confié une amie. Peut être, peut être pas... je n'arrive pas à me décider.

    Spring is here !
    Why doesn't my heart go dancing ?
    Spring is here !
    Why isn't the waltz entrancing ?
    No desire, no ambition leads me,
    Maybe it's because nobody needs me ?
    Spring is here ! Why doesn't the breeze delight me ?
    Stars appear! Why doesn't the night invite me ?
    Maybe it's because nobody loves me,
    spring is here, I hear !
    L'autre soir une chanson de Chet Baker entendue à la radio alors que je roulais en direction de mon chez moi Toulousain a réveillé des souvenirs que je croyais désormais indolores. C'est con... mais c'est ainsi. Malgré les 9 mois qui se sont écoulés, il est des mots que je ne puis toujours pas entendre prononcer sans avoir envie de chialer, qui me ramènent invariablement à cet "au revoir" que je n'imaginais pas être le dernier sur les quais de la gare, à son sourire illuminant son visage, ne rendant que plus beau son pétillant regard d'ébène. Je me rends compte que je ne parviens difficilement à l'oublier malgré mes efforts, que l'effet "madeleine de Proust" a souvent raison de moi et que dans ces circonstances un je-ne-sais-quoi de maso me conduit irrésistiblement vers des gouffres abyssaux de déprime passagère.
    Parfois j'aurais bien envie de faire comme le héros du film Eternal Sunshine : me faire effacer une partie de la mémoire pour ne plus souffrir. Or il se rend compte en cours de route qu'effacer ces souvenirs revient également à oublier tous les instants magiques qu'il a pu vivre, ces instants fabuleux qui donnent tout leur sens à notre existence et qui font que la vie mérite d'être vécue. Car en définitive, que sommes-nous à part des souvenirs ? (philosophie de comptoir... Roger, un muscadet...).
    Régulièrement je pense encore à Lui, me demande ce qu'il devient, s'il a trouvé une copine, ou s'il a finalement basculé du coté obscur de la force. Avoir totalement coupé les ponts était la seule solution possible. Maintenant je le sais. Mais malgré tout je crois que je l'aime encore, un peu.

    Pourquoi suis-je encore célibataire...? En fait je ne m'étonne pas trop étant donné que je sors assez peu dans des endroits propices aux rencontres. Mes semaines sont déjà assez crevantes pour que je gaspille le temps de mes week-ends à faire des folies jusqu'au bout de la nuit. J'avais pourtant pris le parti de me remuer un peu, de m'inscrire sur divers sites de rencontre mais je trouve tout cela tellement vain et inintéressant ! Du coup pas une seule rencontre susceptible d'engendrer quoi que ce soit à mon effectif. Cela doit bien faire un mois que je ne me suis pas connecté, fut-ce même sur MSN que je déserte totalement. J'ai l'impression amère d'une dangereuse stagnation et je n'aime pas trop ça. Autour de moi les autres construisent peu à peu, font des rencontres, s'installent dans une stabilité rassurante, se marient, ont des enfants. Et moi et moi et moi... En fait je suis l'unique fautif mais j'ai du mal à l'admettre... Je me déteste parfois.

    Il fait si beau dehors, la campagne Toulousaine doit devenir magnifique, les terrasses de café se font idéales, les rues baignées de lumière et les tenues plus légères à souhait. Pendant ce temps je suis acculé à travailler dans ce grand bureau.

    La vie est injuste.

    18 mars 2009

    Nous autres les bloggueurs

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    Un dessin publié le 9 mars dernier sur le blog du très talentueux Martin Vidberg, L'Actu en patates. Personnellement je ne me suis pas reconnu du tout ! smileys Forum








    Un ptit merci au passage pour son aimable autorisation d'utiliser son dessin.

    16 mars 2009

    Jeu de mots...

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    Comme tout bloggueur qui se respecte, je m'enquiers régulièrement des statistiques de mon chez moi : qui es tu donc, Ô toi étrange bête insaisissable recluse derrière ton écran qui me lit avec tes yeux ? A quelle fréquence t'introduis-tu chez moi ? Depuis quelle lointaine galaxie inconnue où la main de l'homme n'a encore jamais mis le pied ? Sur quelles pages t'aventures-tu le plus souvent et à quelles fins inavouables ? Non, ne te dévoile pas si vite, j'en sais déjà trop...

    Je m'inquiète donc régulièrement des statistiques chiffrées et m'affole lorsque le compteur stagne en bas de l'échelle, c'est à dire en général pas très haut. Il est en revanche une donnée dont je m'amuse avant tout : le curieux enchaînement causal des mots clés entrés sur les moteurs de recherche qui conduisent jusqu'au seuil de mon antre certains visiteurs dont la vocation première n'était manifestement pas de me rendre visite.

    Quoique certains de ces dérapages soient tout à fait logiques, j'avoue qu'il en est qui ne lassent pas de me faire doucement rire, voire de m'interroger.

    Au rang des réponses hasardeuses fournies par je ne sais quel moteur, figure notamment l'entrée "Patricia Kaas Chanson Texte" ou celle "Patricia Kaas - Toute La Musique, blogspot". Sûrement des fans de Miss Lorraine qui n'ont certainement pas été déçus du voyage étant donné que je m'applique à dézinguer la donzelle dans le dernier tiers de
    mon billet. C'est petit et bas, je l'avoue, mais on ne se refait pas. Si vous repassez par là, visiteurs d'un soir, c'est sans rancune hein !

    Autre réponse cocasse : "formule de politesse pour un Major" qui renvoie sur le billet
    Bréviaire antimondain dans lequel je recense un certain nombre d'insanités destinées à produire l'extrême opposé de l'exemplarité du comportement attendu d'un gentleman. J'en connais qui ont dû rire jaune en me lisant ! De façon étonnante, cet inconnu n'a même pas pris le temps de se fendre d'un petit commentaire...

    Dans le même genre de réponse à coté de la plaque, figurent toutes les recherches sur le Tambour Major, celui qui fait tagada-tsoin-tsoin en rythme au milieu du troupeau de majorettes. Le Tambour Major et ses Majorettes, un peu comme Claude François et ses Claudettes en somme. Quoique pertinente soit l'idée de venir me faire un petit coucou, ces lecteurs n'ont certainement pas trouvé réponse à leurs interrogations, en particulier ce lecteur particulièrement pointu désireux de percer les mystères concernant "
    les coups de redoublage tambour de marche"... Si si, je vous assure que ça existe. Hélas, j'ai encore fait un déçu, de plus un ! Que soit par ailleurs rassuré celui (ou celle ?) ayant effectué une recherche sur "le baton du tambour major" : je ne me laisse pas tripoter le bâton comme ça moi ! je suis pas un garçon facile... (qui a dit "ha bon ?" ??).

    Enfin, il est des réponses qui me font froid dans le dos et qui m'interrogent au plus haut point :
    j'ai vraiment écrit ça moi ???
    Tout d'abord, il faut savoir que mon blog apparaît dans les réponses possibles en réponse aux mots clés suivants : "
    prepuce supplice sado"... Quand j'ai vu ça j'ai juste bondi sur mon fauteuil , manquant de peu de faire un énorme trou au plafond, et me suis empressé de relire sur le champ le billet incriminé. J'ai rapidement été rassuré en voyant qu'il s'agissait d'un débilitronage sur une fable de La Fontaine. Ouf !
    Autre sueur froide
    - et je vous assure que c'est rigoureusement authentique - procuré par le trucculent combo "paysanne sodo betterave"... Putain, mais c'est où que je parle de ces trucs là moi....? Sérieusement, je me suis posé des questions ! En plus ils vont pas bien mes lecteurs : une betterave, vous n'y pensez pas voyons ! C'est beaucoup trop salissant ! Encore une fois, plus de peur que de mal, l'honneur - ce qu'il en reste - est sauf, il ne s'agissait que d'une erreur d'aiguillage.

    Et juste pour le fun, juste pour faire planter les recherches, juste pour foutre la merde, je vais me livrer à une des bassesses les plus navrantes qui puisse se concevoir en la matière :

    chatte, bite, couilles, sperme, fellation, sodomie, sarkozy, SM,
    bondage, bears, fist, dildo, rimming, facial.

    (si si, j'ai osé)

    On verra bien ce que ça donne... Je vous tiendrai au courant.
    Accessoirement, une grossièreté s'est subrepticement glissée au milieu de cette liste. Saurez-vous la retrouver ?

    13 mars 2009

    Paraskevidékatriaphobie ?

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    Êtes vous Paraskevidékatriaphobe ? Ou peut-être plus simplement triskaidekaphobe ?
    Non non, ces termes bizarroïdes ne désignent pas des maladies tropicales ou une forme aiguë de furoncles purulents, mais beaucoup plus simplement une crainte superstitieuse liée au vendredi 13. Oui, je sais aussi pondre des billets en phase avec l'actualité, surtout lorsqu'elle revêt une importance de premier ordre.

    Petite leçon d'étymologie :

    Paraskevidékatriaphobie :
    παρασκευή « vendredi », δεκατρείς dekatreis « treize » et φόϐος phóbos, « peur »
    = peur du vendredi treize

    Triskaidekaphobe :
    ρεισκαίδεκα treiskaídeka, « treize » et φόϐος phóbos, « peur »
    = peur du nombre treize
    Voilà, grâce à moi vous pourrez briller toute la journée et fanfaronner au bureau. Trop la classe, merci Tambour Major. Mais entraînez-vous d'abord à prononcer ces mots barbares sans vous claquer les muscles de la langue. Attention, les répéter plus de 666 fois par jour peut rendre con. Je vous rappelle incidemment qu'il est en outre illusoire de tenter de refourguer ces mots au Scrabble pour exploser votre score par un superbe compte triple, ça ne marchera pas : même avec la plus grande habileté du monde aucun joueur n'acceptera que vous sortiez de votre manche un mot de 16 ou 23 lettres. En plus il n'y a qu'un seul "K" dans le jeu... Hé oui, la vie est dure.

    Quant à moi, même si je ne suis pas superstitieux (ça porte malheur) je m'en vais sur le champ clouer un labrador sur la porte afin d'éloigner le mauvais œil... On n'est jamais trop prudent.

    12 mars 2009

    Carpe Diem

    1 commentaires
    Les premiers véritables rayons de soleil annonciateurs du printemps doivent avoir sur moi des effets tout bénéfiques car depuis la fin de la semaine passée semaine voici que je redeviens sociable : il n'est presque pas un soir sans que je sois de sortie avec des amis, musiciens pour la plus part, à errer de concert en terrasse de cafés, pour mon plus grand bonheur. Et cela fait un bien fou ! Voir du monde, croiser de nouvelles têtes, en revoir certaines perdues de vue depuis quelques temps, faire de nouvelles rencontres, voilà qui est palpitant !

    Ainsi mardi soir, en écho à une très intéressante journée d'étude sur les musiques de film, à l'occasion du centenaire de la musique de film (oui, ça fait une phrase un peu redondante mais j'ai pas trouvé mieux !) avait lieu en l'Insigne Basilique Saint Sernin, un ciné-concert organisé par la Cinémathèque de Toulouse, durant lequel était projeté "Le Monde Perdu" de Harry Hoyt (version 1925) d'après l'œuvre originale de Sir Arthur Conan Doyle, sur une musique originale improvisée à l'orgue en direct par Wolfgang Ziefen, le Maître aux doigts d'or de Cöln.

    Il faut replacer le film dans son contexte. L'histoire connue, est celle de ce scientifique qui prétend lors d'une conférence au sommet, avoir découvert dans une région encore inexplorée du globe, des créatures préhistoriques toujours vivantes. Moqué de ses confrères qui le prennent pour un gros mythomane, et courroucé à mort (oui, le scientifique a une propension extraordinaire à se vexer pour un rien) il organise une seconde expédition afin de mettre un terme aux sarcasmes acerbes ses détracteurs qui riront jaune le premier grondement de tricératops-laineux venu, et encore moins lorsque le diplodocus rapatrié par cargo comme preuve tangible de sa découverte s'échappera de sa cage pour une balade dévastatrice en ville !
    Présenté comme l'ancêtre de Jurasic Park en ce qu'il constitue le premier film mettant en scène des dinosaures, l'œuvre de Harry Hoyt est contemporaine d'un autre long-métrage étrangement similaire : King Kong...
    1925, il ne fallait certes pas s'attendre à une débauche d'effets spéciaux ultramodernes. L'animation image par image des monstres préhistoriques fait doucement sourire aujourd'hui mais il faut prendre la bobine pour ce qu'elle est, sans lui en demander plus et il faut reconnaître que si le film se veut "sérieux", il n'échappe pas à une certaine dose d'humour - volontaire - assez décalé qui lui confère une touche de pittoresque bienvenu.

    Le propre du cinéma muet était d'être musicalisé "live" en fonction des disponibilités de la salle obscure : orchestre, piano, orgue de cinéma à partir des années 30, grand orgue symphonique dans notre cas puisque la Basilique St Sernin abrite sous ses voûtes un grand Cavaillé-Coll de 1888 qui était ce soir là confié aux mains expertes d'un des plus grands improvisateurs du moment. Le public venu en nombre atteste de l'intérêt pour ce genre de manifestation un peu inhabituelle quoique non inédite, l'expérience ayant déjà été tentée avec un brillant succès par trois fois déjà lors du festival Toulouse les Orgues en ce même lieu. Bref, toutes les conditions étaient réunies pour une soirée inoubliable. A priori...

    A priori seulement car si W. Ziefen est un improvisateur hors pair - et de très loin - si sa prestation du soir fut littéralement éblouissante d'inventivité face à une pellicule assez peu inspirante, si nos oreilles ont subi une débauche de virtuosité absolument hallucinante, la bande son n'était à mon goût pas adaptée. Une musique trop bavarde, souvent en tension même lorsque l'image ne s'y prêtait pas... en matière de cinéma, trop de musique tue la musique. Mardi soir la musique a souvent agonisé. Non pas en raison de son manque de qualité, j'insiste bien là dessus : tous les organistes et organophiles ont largement reconnu ça et là les accents Widorien de la 6° symphonie du maître de St Sulpice ainsi que les harmonies chaudes qui sied si bien à la musique symphonique française, ainsi que quelques "farces" d'organiste à l'usage exclusif des initiés, mais lorsque le ramage ne se rapporte pas idéalement au plumage, quoique l'un et l'autre fussent séparément idéaux, la superposition des deux ne satisfait que moyennement les sens. Tel fut mon cas. J'eus aimé un peu plus de retenue, une sonorisation généralement plus discrète, une bande son en somme... L'organiste s'est fait plaisir, a fait plaisir à son auditoire, sans remplir le pari de satisfaire corrélativement aux exigences du septième art. Dommage.

    Au bout d'une heure et quelques de musique ininterrompue, le spectacle fut abondamment applaudi par des spectateurs et auditeurs conquis. Derrière moi, un professeur du conservatoire visiblement enchanté, confiait à son voisin à propos de l'interprète : "Ho mais là il s'est juste échauffé ; il pourrait encore jouer comme ça pendant 2 heures !".
    Le reste de la soirée fut passée à quelques rues de là en compagnie de quelques amis chez qui nous trouvâmes refuge pour braver le froid, à boire de l'eau chaude légèrement tintée de verveine agrémentée de madeleines industrielles. Un festin ! Oui, en temps de crise, sachez - à thé - que l'on peut aisément faire 2 litres de verveine avec un seul sachet... Il n'y a pas de petites économies. Cette petite retrouvaille nous a conduit bien tard puisque c'est à 2 heures du matin que j'enfourchais mon vélo, redoutant par avance la journée du mercredi qui allait débuter presque dans la foulée, mon premier cours étant prévu à 8 heures sonnantes.

    Hier soir, après avoir fait le zombie toute la journée (bah oui, 4 heures de sommeil pour affronter une rude journée comportant notamment 6 heures de cours c'est pas beaucoup !) c'est du côté des Augustins que je trainais mes guêtres pour retrouver mes acolytes pour le traditionnel concert du mercredi soir et finir ensuite chez le libanais le plus proche. Simple et efficace.

    Et je vais terminer ce billet un peu abruptement parce que je m'aperçois qu'il est déjà 18h50 et que j'ai rendez-vous dans un peu moins de deux heures pour un concert chœur et deux orgues autour des psaumes de Mendelssohn. Pourquoi se priver ?

    Hop, je suis plus là !

    Oui, le lapin d'Alice au pays des merveilles qui court après le temps, c'est moi !

    10 mars 2009

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    Allez donc lire le billet de Matorif qui, dans une tentative d'expliquer l'homosexualité aux hétéros, dresse un portrait très drôle mais très bien vu de la F.A.P. : "fille à pédé".

    8 mars 2009

    Regards sur le passé

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    Notre famille a dans l'ensemble toujours été unie. La générosité de mes grands parents paternels arrivés en france dans les années 20, suite à la grande vague d'émigration qu'a connue l'Italie à cette époque, était légendaire. A quelque moment de la journée que vous arriviez, l'énorme table de la cuisine se garnissait presque instantanément de victuailles qui eussent rassasié un régiment, soit que le réfrigérateur regorgeait de restes du jour, soit que les fourneaux aient été mis à contribution pour une omelette spéciale fond du frigo ou pour un bout de viande sorti du congélateur pour la circonstance. Au besoin, on ouvrait un bocal de foie gras ou un pot de confit agrémenté de quelques patates roties... faute de mieux ! Une véritable auberge espagnole.
    Lorsque mon père et ses soeurs étaient en âge d'être étudiants, il était plus qu'habituel que la maison s'emplisse d'une ribambelle de jeunes gens lors des périodes d'examen pour des séances de révision quatre étoiles, ma grand mère veillant aux nécessités bassement matérielles mais pourtant indissociables au bien être de l'esprit. Ils étaient comme ça mes grands parents. Chacun son caractère, c'est à dire bien trempé, doté d'une fierté personnelle que leur avait conféré leur opiniatreté au travail, partis de presque rien, devenus l'un des plus grands propriétaires fonciers du village, sans une dette, ce dont s'enorgueillissait mon grand père dont l'indigence vestimentaire affichée n'était pourtant qu'apparente. Quelque soit son allure, il n'avait pourtant pas peur de batailler férocement avec un Directeur de banque ou un négociant : le match costume cravate contre pantalon usé et charentaises était perdu d'avance, le franc parlé allié à l'élégance du verbe et à l'intelligence fine du paysan avaient raison des discours les plus retors .

    L'un des traits caractéristiques des familles italiennes, tout comme des familles dites "traditionnelles" repose sur une extraordinaire cohésion, renforcée en l'occurence par le déracinement originel qu'il a fallu compenser, ainsi que le partage de valeurs communes fortes : le respect d'autrui, l'honneur, le sens de la justice, et la valeur du travail, baigné dans une profonde foi religieuse. C'est du moins ce que j'en ai retenu. Si gamin ce sont des choses qui sont parfois lourdes à porter, car il est pénible pour un gosse de s'entendre seriner les mêmes refrains moralisateurs - en particuliers ceux liés au travail - j'avoue avec du recul que ce j'ai du mal à renier cet héritage qui au fond m'a profondément marqué et dont je mesure chaque jour davantage l'influence, à la lumière de mes expériences, de ma vie et de mon petit recul. J'ai une profonde horreur du favoritisme, aborre le mandarinisme - pourtant très en vogue dans les milieux universitaires où je traîne mes guêtres - et revendique une certaine droiture d'esprit quand bien même il m'arrive d'être totalement barré.

    Unis nous l'avons été jusqu'à la disparition du dernier de mes grands-parents paternels : chaque année pour les fêtes qui ponctuent le calandrier, la tribu Tambour Major se réunissait, plus ou moins spontanément, en une ou plusieurs vagues et il n'était pas rare que l'on se fasse du coude à table malgré les deux mètres de rallonge. Noël, Pâques, Toussaint, Nouvel An... la maison natale de mon père et de ses soeurs s'emplissait d'éclats de voix, de cliquetis de vaisselle, d'odeurs arômatiques, d'allées et venues, de crissements de pas sur le gravier de la cours, de têtes blondes et de cheveux gris. Oncles et tantes, cousins et cousines de toutes générations, même s'il nous arrivait ne n'y voir plus très clair dans cet arbre généalogique aux allures de dédale, chacun se sentait chez lui, le temps semblant n'avoir plus cours pour quelques instants de convivialité.
    Progressivement, la vie faisant son oeuvre, les têtes blondes ont grandi, les chaises ont sporadiquement commencé à s'espacer, d'abord une puis deux... la tabe à se clairsemer, les rallonges à rester davantage dans leur placard, pour finalement n'en plus jamais sortir. Désormais le plat en verre qui portait jadis en triomphe les gâteaux confectionnés par ma mère orne solitaire le centre d'une table autour de laquelle on ne rit plus. "Vous y dansiez petite fille / Y danserez-vous mère-grand..."

    Aujourd'hui, les éléments fédérateurs s'étant éteints, la tribu Tambour Major n'est plus tout à fait la même. Les fêtes n'ont plus la même saveur. Si mon frère tente de s'accrocher à un passé révolu et de perpétuer des traditions, il faut se rendre à l'évidence : rien ne sera plus comme avant et plutôt que de singer les souvenirs, il nous appartient d'inventer nos propres traditions, sans pour autant renier ce que nous avons vécus. Regard sur le passé, nostalgique... c'est l'éphémère, c'est la vie !

    J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire (ou du moins de le penser très fort) , je ne crois pas au hasard mais aux coïcidences : lorsque des événements distants à tout point de vue entrent en résonance pour dévoiler un sens figuré qui nous échappe de prime abord. En ce moment, je dois être particulièrement "aware" car tout ce que j'observe converge. Peut être vois-je dans tout cela uniquement ce que je veux bien y voir, la subjectivité prenant le pas sur la sagesse du réalisme , mais comme je l'écrivais dans un précédent billet, ma rencontre avec des membres très lointains de la grande tribu Tambour Major est en train de donner une nouvelle dimension au mot "famille". Je ne saurais pas l'expliquer précisemment mais mon appêtit de rencontres, ma soif de connaissance, mes expectatives professionnelles, la volonté éperdue de découvrir le monde, doublés d'une sensation d'enlysement par une routine qui me fane, ont trouvé dans cette correspondance un exutoire qui sera peut être le vecteur privilégié d'un accomplissement personnel dans lequel je mets toute ma fougue.

    Découvrir de lointains parents à l'autre bout du monde, voilà une expérience peu banale...
    Etrangement, à une période de ma vie où je pensais avoir plus ou moins tiré un trait sur ce passé, le voici qui ressurgit avec éclat, comme un lien puissant vers le présent, un instrument fédérateur par delà les continents.
    Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c'est le présent tel qu'il a survécu dans la mémoire humaine.
    Marguerite Yourcenar


    L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre.
    Antoine de Saint-Exupéry


    7 mars 2009

    Semaine de malade

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    Voilà déjà une semaine que je n'ai rien écrit, mon dieu que le temps passe vite ! Nous sommes vendredi soir (voire samedi matin...) et j'ai l'impression que lundi était hier.

    En ce moment j'ai un peu la désagréable impression de passer ma vie au boulot à vrai dire.
    Lundi ne rime pas avec ravioli, non, mais avec "cours à la Fac" qui monopolisent ma journée de 9h30 à 18h30 sans discontinuer. Je ne vous raconte pas dans quel état de décrépitude je me trouve à l'issue de ce marathon des méninges ! Il ne me tarde qu'une chose : rentrer chez moi, manger et me coucher sans demander mon reste. Une tasse de bouillon, un suppo et au lit !

    Mardi fut à divers titres absolument mémorable.
    Quelque soit l'endroit où je suis amené à travailler, je m'évertue à battre des records à la con. Un dont je n'explique pas l'origine consiste à partir de mon lieu de travail le plus tard possible, de préférence à une heure où tout est fermé depuis longtemps. Je me souviens notamment d'une des fois où, resté un peu plus tard pour boucler un dossier super chiant, je me suis retrouvé enfermé dans les locaux de la Cour d'Appel. J'avais déjà expérimenté la chose et étais jusqu'alors parvenu à en sorir. L'expérience fut d'ailleurs assez étrange : me retrouver absolument seul dans cet immense bâtiment qui en journée ressemble à une fourmillère, entre le claquement des pas sur le marbre, le battement des portes, le froufrou des robes noires et l'étrange mélopée constituée par le résonnement des chuchotement et discussions dont seuls les murs gardent le secret. Cette fois là il n'était pourtant pas beaucoup plus tard (21h je crois). Aussi quelle ne fut pas ma surprise de trouver non seulement la porte principale solidement fermée à clé comme de coutume, mais surtout les accès secondaires connus des seuls initiés - habituellement ouverts passé 20h - également condamnés par un lourd verrou. Me voici donc à 21h et des poussières pendu à mon téléphone pour demander de l'aide à un collègue qui connaissait les lieux mieux que moi et qui sut m'indiquer une porte dérobée par laquelle je pus m'extirper du vaisseau fantôme. 21h, ce n'est finalement pas très tard. Non...
    Car ce mardi j'ai explosé le record : dernier mail envoyé du bureau à 23h30 !! Oué, ça fait un peu "no-life" mais quand à 17h , ma secrétaire Hélène a explosé de rire en se rendant compte que le fichier sur lequel on bossait depuis 2h venait d'être effacé par une mauvaise manipulation, moi ça ne m'a pas fait rire du tout. Je l'aime bien ma secrétaire, je dis "ma" bien que je trouve répugnant ce possessif et le rapport de subordination qu'il induit, car j'avoue que sans elle je serais dans une incommensurable merdouille. Hélène c'est un peu notre Doris à nous (oui, Doris, de Némo ) : un peu blonde sur les bords (ils sont parfois larges), qui rigole beaucoup, et surtout capable des gaffes les plus monumentales, comme proposer à une étudiante totalement aveugle de lui allumer la lumière, ou encore - aidant sa fille à faire ses devoirs - de téléphoner à une collègue pour lui demander s'il y a 60 ou 99 cm dans un mètre... Je vous jure que c'est vrai. Mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime !
    Donc mardi soir, après avoir explosé de rire (nan, c'était pas de la nervosité) suite au trucidage en bonne et due forme de fichier - boarf, une broutille : juste des relevés universitaires de notes sur lequel on venait de passer la moitié de l'après midi - je m'emparais du dossier, m'enfermais dans mon bureau et n'en sortai que 6 heures plus tard, une fois son compte réglé une bonne fois pour toute. Je donne peut être l'impression d'un stakhanoviste associable mais vous assure qu'il n'en n'est rien !

    Mercredi, journée exceptionnelle comme je les aime. Après avoir très mal dormi pendant 5 courtes heures, me voici enchaînant 6 heures de cours en compagnie d'étudiants plus ou moins réactifs sur un sujet pas polémique du tout : l'arrêt de 2005 rendu par la Cour d'Appel de Bordeaux à propos du "Mariage de Bègles". Pour éviter que tout ça parte en vrille totale, je m'efforce de rendre le sujet hyper technique et de l'éloigner des conversations de café du commerce. Ca a l'air de plutôt fonctionner. Ouf : c'est déjà ça de pris ; je crois ma journée sur le point de s'achever tranquillement. Grave erreur.
    Un peu plus tard en effet, Outlook m'apprend sur le coup de 16h qu'un prof sera dans l'impossibilité d'assurer ses cours du second semestre - dans une matière aussi fondamentale que la procédure pénale - en raison du refus d'autorisation de cumul opposé par son supérieur hierarchique. Ouéééy ! J'adore ce genre de nouvelle qui a le don de ruiner le moral des troupes et qui en outre nous fait passer pour une bande de joyeux rigolos auprès des étudiants qui pensent que c'est fait exprès pour les dégouter. Ben voyons ! C'est trop simple comme ça, alors on s'amuse à s'auto-saborder... Nan mais j'vous jure ! Donc, je me retrouve sans prof pour un cours magistral sensé débuter 3 jours après. Génial ! Je vous raconte pas la montée d'adrénalyne et la bonne dose de stress. A ce jour nous sommes d'ailleurs toujours en recherche d'un impétrant...

    Jeudi je profite de n'avoir pas cours à 8h pour faire une petite grâce matinée jusqu'à 7h30 du matin. Luxe ! Quelques rendez-vous par-ci par-là, quelques coups de fil en quête de la nouvelle star, entendez un prof de procédure pénale, puis une bonne séance de sport à suer sang et eau pour faire retomber la pression des derniers jours. Et hop 300kg sur la presse, et même pas mal au guibolles.
    Rentré chez moi je pensais passer une bonne soirée peinard à bouquiner vautré dans mon canapé à écouter des CD de Schumann que m'a offert un étudiant (oué, y'a des gens bien aussi !) mais énorme surprise alors que j'ouvre ma boite mail. Une notification FaceBook ainsi rédigée :

    Objet : family !!!!!!!! jajajajjajajaja

    "yo soy marcelo raul tambour-major soy de argentina y estoy buscando a todos los tambour-major por facebook si te unis gracias desde ya."

    Je traduis dans les grandes lignes : Je m'appelle Marcelo raul tambour-major [NDLR : j'ai modifié le nom hein !!] je suis d'Argentine et je recherche tous les tambour-major par facebook.

    Ca alors !! Les tambour-major parlent au tambour-major !
    [NDLR : tambour-major n'est pas mon vrai patronyme hein !! Voyez l'origine de ce pseudo dans cet autre billet] Je savais qu'il y avait d'autres familles portant ce patronyme en particulier en Argentine car un oncle de mon grand-père paternel (rital) était parti s'y installer lors du grand exode italien d'après la première Guerre Mondiale. Mes grands parents eux mêmes sont arrivés en France à la même époque. Je bondis donc sur l'occasion et réponds illico à ce message. Aussitôt une réponse surgit : nous nous connectons dans la foulée sur MSN et papoterons toute la soirée (mille excuses à ceux qui ont tenté de m'intercepter et à qui je n'ai point répondu mais la circonstance était tout à fait exceptionnelle).
    Mon interlocuteur s'appelle Raul, a 24 ans, habite au beau milieu de l'Argentine dans un bled paumé au milieu de la pampa. Il me pose plein de questions sur ma famille, je lui en pose sur la sienne : à quel degré sommes nous parents ? Nous n'aurons pas la réponse exacte, mes grands parents tambour-major étant piémontais, les siens siciliens... mais ritals dans les deux cas. D'ailleurs, fait troublant, nos père et grand-père respectifs ont des second prénoms similaires. Cela ne veut peut être rien dire, mais cela rajoute à l'identification familiale qui est en train de se tisser à 6000 km de distance. On échange quelques photos de nos familles, histoire de faire un peu connaissance, le tout dans un espagnol truffé d'expressions et tournures typiquement argentines, ce qui me contraint à une certaine gymnastique intellectuelle pour en distordre le sens et en retrouver la signification en bon castillan, langue que je manie avec une certaine aisance même si les premières minutes ont révélé un début d'oxydation... Un peu plus tard j'échange trois phrases avec son père.
    Troublant ! Vraiment c'est une expérience assez étrange que de rencontrer des gens se trouvant à l'autre bout de la planète, portant le même nom, ayant la même histoire, et dont un ancêtre commun - peut être fort lointain - unit indiscutablement notre lignage. Car je puis vous assurer que même en italie, le patronyme en question n'est pas le plus commun.
    Il est minuit passé lorsque nous nous disons au revoir. Un pont est lancé par delà les océans. Etrange sensation... vraiment !