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  • 22 octobre 2012

    La soirée ratée et ce garcon qui voulait m'embrasser

    Ce devait être une bonne soirée. Tous les ingrédients étaient là pour que cette première sortie au cœur des folles nuits porteñas soit inoubliable. Il n'en fut rien.

    Tout avait commencé quelques jours plus tôt avec la rencontre de ce charmant garçon chez qui j'étais allé prendre un café et faire connaissance. Oui, c'est réellement un joli garçon, de mon âge, très bien de sa personne, de silhouette ostensiblement athlétique. Je vous arrête tout de suite : il ne s'est rien passé entre nous, il ne m'attire pas plus que cela. Car aussi beau soit-il, aussi charmant qu'il puisse être, je ressens en lui cette étrange mais assourdissante dissonance que je ressens parfois à l'égard de certaines personnes et qui fait que le courant ne passe pas autant qu'il le pourrait. J'ai parfaitement conscience de l’irrationalité de mon propos mais mon instinct, auquel j'ai réappris à faire confiance, ne me trompe que rarement.  Et de toute façon nous étions d'accord sur la nature de stricte courtoisie de ma visite...

    Nous nous sommes revus quelques jours plus tard pour dîner, toujours chez lui. Il avait préparé à manger. Le repas typique du pédé qui prend soin de son corps dessiné à coup d'heures passées à la salle de sport : du poulet au four, une salade de crudités, du coca light. 
    On a discuté un peu plus que la première fois. On a parlé jeux vidéos, cinéma, on s'est tapé sur la gueule à coup de Street Fighter IV... Ce fut un moment assez sympa même si son petit short très court et sa chemise hyper cintrée suggéraient, sans trop d'équivoque, de toutes autres ambitions à propos desquelles les textos échangés alors que je cheminais sur le retour, donneront la confirmation. Et j'avoue que ça m'a un peu fait chier de savoir que nous n'étions pas exactement sur la même longueur d'ondes et qu'il espérait autre chose qu'une "simple" amitié sans jouer cartes sur table.

    Quoiqu'il en soit, ce second soir, avant que nous ne nous séparions, et tandis que j'observais son bras accoudé sur le dossier du canapé se rapprocher insensiblement de mon visage, mon nouvel ami m'a parlé d'une soirée Dorothy qui avait lieu le vendredi suivant en plein cœur de Buenos Aires. De ce que j'en ai compris, les soirées Dorothy sont des soirées plutôt ultra prisées, initialement conçues pour garçons sensibles mais désormais ouvertes à un plus large public. "Ce serait dommage que t'y ailles pas" m'a-t-il dit. En effet, même si en temps normal je ne suis ni un grand afficionado des soirées en boite en général ni des soirées dans le milieu en particulier, ce serait dommage de passer à côté de ce qui semblait être l'événement du mois à Buenos Aires, mon nouveau chez-moi. La chose était entendue, rendez vous vendredi soir sur le coup de une heure du matin à la découverte des nuits argentines.
    Vendredi, une heure trente du matin, j'attends mon comparse au pied de son immeuble avant que nous ne sautions dans un taxi, direction le Palacio Alsina, temple de la musique électronique à Buenos Aires. 

    Quoique nous soyons arrivés assez tôt il y a déjà beaucoup de monde qui se presse dans la rue et forme une interminable file d'attente. Une fois à l'intérieur, le lieu est vraiment superbe : au rez-de-chaussée se situe le dance-floor, surplombé par deux niveaux de balcons faisant tout le tour de l'immense volume. Sur le mur du fond et recouvrant tout le plafond, un écran géant diffuse alternativement extraits de clips et images psychédéliques. Deux DJ envoient les décibels, le show est grandiose et bien rodé, la clientèle est assez variée, ni trop jeune ni trop âgée, le tarif des boissons reste parfaitement abordable, l'ambiance globale plutôt sympa. La fête pouvait commencer.

    Mais alors pourquoi diantre ne me suis-je donc pas amusé ? Pourquoi au bout d'une heure avais-je déjà envie de rentrer chez moi ? Car non, je ne me suis pas amusé. Non je n'ai pas apprécié cette soirée. Et pourtant, merde quoi ! je suis dans un endroit où toute la ville se bouscule, dans une super métropole, à l'autre bout du monde, et je me fais chier alors que tout le monde autour de moi semble passer un bon moment. Tout ces gens qui dansent le sourire aux lèvres faisaient-ils semblant d'être heureux ? Qu'est-ce qui cloche en moi ? Pourquoi je n'y arrive pas, moi, à m'amuser ?

    Ayant perdu mon prince charmant de vue depuis un petit moment et ne l'ayant pas recroisé de la soirée, je ne suis malgré tout forcé à rester. Je me disais que, peut-être un déclic allait se produire, que j'allais croiser un regard invitant ou un visage amical, une invitation à un peu d'effervescence... J'ai repris un verre bien tassé pour m'embrumer un peu les sens et me délier l'esprit, fixant la foule en transe, dans l'attente d'un sursaut salvateur qui ne viendra jamais. La musique ne me fait pas vibrer. Je ne trouve pas que les gens soient particulièrement beaux. Pire, voir ces quelques mecs torse-nu, soigneusement épilés, sauvagement bodybuildés selon un schéma préformaté de beauté présumée et taillés comme des acteurs pornos, se tortiller langoureusement par petits groupes de trois ou quatre me donne littéralement la nausée. Je les envie tout autant qu'ils me répugnent.

    Il est presque cinq heures du matin, j'ai la rage au ventre lorsque je croise l'obélisque de l'Avenue 9 de Julio en rentrant chez moi. A ce moment là je me hais comme cela ne m'était pas arrivé depuis fort longtemps. Oui, je me suis haïs, vraiment. J'en aurais chialé...  

    Pourquoi ? 
    Pourquoi ? 
    Pourquoi ?

    Peut-être es-tu sorti avec les mauvaises personnes, m'a demandé quelqu'un sur twitter. Oui, il y a peut-être de cela. Peut-être tout simplement ne suis-je pas fait pour ce genre de sortie ? Et de toute évidence j'ai encore pas mal de choses à régler avec mon image qui manifestement peuvent encore me bloquer dans ma relation aux autres. Que l'on soit chez soi où à 12000 Km de là ne change rien à l'affaire, on ne se refait pas. 

    Pour l'anecdote, depuis cette soirée ratée, je n'ai aucune nouvelle, pas même un texto le lendemain, de ce charmant garçon qui voulait m'embrasser...

    26 commentairess:

    1. A la recherche de la photo du mois, je tombe sur ce post qui me parle beaucoup trop... alors même si je te connais très peu, il faut que je te fasse un petit coucou.

      Je ne sais pas vraiment que répondre à ta question mais je sais exactement de quelle haine tu parles! Il m'arrive aussi de la ressentir, souvent dans ces moments où j'espère quelque chose alors que je sais que je ne devrais pas espérer et effectivement je n'aurais pas dû, ou je fais des choses qui ne sont pas "moi" pour quelqu'un d'autre, ou quand je donne une seconde chance (contre mon instinct) à quelqu'un qui finit par me décevoir... C'est le genre de haine contre moi-même dont j'ai du mal à me remettre rapidement, j'espère que ça sera différent pour toi :)

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      1. Ca me fait super plaisir de te lire ici.
        Tu décris exactement ce que je ressens. On donne une seconde chance à quelqu'un ou quelque chose parce que la première fois, pense-t-on, on n'était pas exactement au top ou on se donne une raison de penser que si cela n'a pas bien marché c'est de notre faute. Et puis en fait, non. La seconde est aussi navrante. Et on s'en veut de ne pas avoir été celui/celle que l'on aurait aimé être, on s'en veut de ne pas être à la hauteur...
        Mais je te rassure : même si j'ai ruminé tout le samedi, je m'en suis remis, pour l'essentiel ;)

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    2. Se sentir différent, à mille lieues de ce/ceux qui nous entoure/ent est un des moments les plus angoissants de la vie et Narcisse n'y est pas toujours pour quelque chose.
      Ne pas être à l'unisson, en communion n'est pas forcément un échec, cela peut être aussi la preuve de notre force intérieure. Reste à savoir utiliser cette force comme un tremplin vers autre chose...ailleurs...

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      1. Force intérieure, je ne sais pas trop. Sur le moment je ne me suis pas senti fort du tout !

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    3. Tu t'es senti déconnecté du monde qui t'entourait, incapable d'interagir, et à te demander ce que tu faisais là ? Bienvenue dans mon quotidien !
      Les bains de foule ne sont peut-être tout simplement pas ton truc : les soirées entre amis, une conversation impromptue à une terrasse de café ensoleillée, profiter des instants simples de la vie, c'est sans doute plus toi et ça te permet certainement aussi des rencontres qui te ressemblent plus.

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      1. Je suis tout à fait d'accord avec ce Loup dit. D'ailleurs ça m'arrive exactement la même chose. Je sais pas pourquoi c'est toujours assez dur, mais moi j'arrive pas à me trouver une place dans ce monde. Il faut pas se sentir mal pour ne pas rentrer dans leur cadre. Je me suis dit parfois, que les gens que sont là dedans ne sont pas "vrais"... ils vivent dans une monde où ils font aussi semblant qu'on pense qu'on fait.

        Je me demandais toujours que si je me sentirais (comme je pense qu'ils se sentent) si je faisais la fête comme eux, mais quand j'essayais c'était plus le vide que la joie. Je me disais aussi que faire comme eux ça pourrait me permettre de m'apporcher aux gens, de faires des nouvelles rélations, connaitre des gens, mais étant donné que je me sentais pas à l'aise, forcement ça allait pas marché. Je trouvais les gens simples, vides, plastiques, fausses.

        Voilà pourquoi il faut savoir quels sont les endroits et situations où on sait qu'on va pouvoir partager plus avec les autres, tel que les soirées, des petits groups, des dinners, etc. Déjà ne te sens pas mal parce que t'es pas tout à fait seul dans cette type de situation. Heuresement t'es pas tombé dans leur "ambiance". ça va te faire comme eux, et ça pourrai te faire sentir peut etre pire.

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      2. @Loup : Petite soirée entre amis, une bonne bouteille, quelques victuailles, oui c'est ce qui me correspond le mieux en fin de compte.

        @latinomadeintaiwan : Même réponse que pour Loup. Ton second paragraphe résume assez bien un certain ressenti, même si je persiste à croire (c'est mon côté idéaliste) qu'il y a forcément des gens biens parmi les clubbers...

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    4. je me suis toujours bien emmerdée dans les fiestas de ce genre, bon, maintenant, à mon âge, ça n'a plus dimportance, mais dans le temps, je me posais aussi des questions, je pensai que j'étais incapables d'être à l'unisson du monde et puis je me suis aperçue, toujours avec le temps, que je n'étais pas faites pour ce genre de trucs et que quelques amis bien choisis dans des petites réunions où on parlait de choses qui m'interressaient ou m'importaient plutôt que du bruit, de la fureur et de la nullité, étaient ce qui me convenait, mais ça, on y pense avec le temps, tu est sans doute à ce carrefour qui fait qu'on ne fait que les choses qui plaisent et plus par obligations pour être dans la note !! bisous et bonne journée

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      1. A une époque j'aimais bien ca. Avec une bande de potes on sortait assez régulièrement. J'en ai de très bons souvenirs. Mais je ne sais ni quand ni comment, quelque chose à changé, je ne m'y plais plus. La force de l'âge peut-être ?

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    5. Heu... Si je peux me permettre... Y a quand même une sacrée dose de masochisme, non ? Tu sais que tu n'aimes pas ce genre de soirée, alors pourquoi penses-tu en tirer du plaisir, et de l'estime de toi ? Y aller pour voir avec un oeil observateur ou touristique, okay ! Mais prendre ça comme une giffle, faut surtout pas... Je vais pas flooder tes commentaires avec des clichés sur les stéréotypes pédés clubbers, mais il y a vraiment pas lieu de se pourrir le moral avec ce genre de considérations. Crois moi, il y en a partout pour tous les goûts ! Des bises

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      1. Du masochisme, ou de l'optimisme aveugle ? Peut-être un peu des deux...

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    6. Méchant Chimiste22 octobre 2012 à 12:39

      Comme je la connais bien cette amertume... Désolé pour toi.

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    7. Bah, il y a des jours avec et des jours sans. Il m'est arrivé de passer des moments inoubliables dans des endroits improbables et/ou pourris, et l'inverse peut être tout aussi vrai... écoute mamie qui te dit une bonne chose : il n'y a ni règles ni recette, juste des conglomérats de circonstances. Et comme je connais tes capacités de charme social, je ne m'inquiète pas trop pour toi :-)

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      1. Passer des super soirées dans des endroits improbables (genre le fond d'une arrière boutique miteuse d'Arnaud Bernard...) m'est arrivé aussi. Mais il est vrai que mes coreligionnaires étaient de bonne compagnie :-)

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    8. La prochaine fois que tu viens nous voir, je te sortirai en club, et tu t'amuseras, tu verras !

      Courage, m'sieur Tambour ;)

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    9. reviens à Toulouse. Je t'attends.

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    10. Moi j'ai une question toute simple, pourquoi y es tu allé? Espérais tu quelque part au fond de toi que quelque chose se passe avec ce bel hidalgo argentin?

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    11. Vois la question posée ut supra par Orpheus ainsi que ma réponse. Et si tu (re)lis mon billet tu verras que je n'attendais rien d'autre de ce garçon que sa pétillante compagnie, celle-là même que j'apprécie chez mes bons amis.

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    12. Loup et Boufil ont résumé ma pensée...tu es un authentique qui essaie d'en trouver dans cette belle illustration de superficialité. Oui il ya sans doute des clubbers qui ont les mêmes aspirations que les tiennes mais je crois malgré tout qu'ils sont rares. Ne te dévalorise pas. tu n'es pas le seul à ressentir ce "décalage" de feeling...sans doute une question de maturité et d'intériorité.

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    13. En lisant ton post je me disais que tu devais avoir le mal du pays, mais la fin de l'article montre que c'est autre chose. Je pense que tu ne devrais pas rester sur un échec et pourquoi pas ne pas retourner dans un tel endroit dans quelques temps... mais avec quelqu'un d'autre avec qui tu serais plus "en phase"

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    14. sinon les hommes sont ils beaux ? la peau dorée c'est très sexy ...

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    15. mais dis moi, pas de sms, en as tu envoyé un toi ? pour le remercier de son dîner, pour l'inviter à ton tour ? sans doute est il déçu aussi lui...allez bisous toi !

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    Bonjour, vous êtes bien chez Tambour Major.

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