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  • 26 juillet 2016

    Ras la cuve

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    Un nouvel incident aujourd'hui. Un nouvel attentat, soit-disant revendiqué par des fous de dieu en mal de sensations fortes. Non pas un lieu de foule, non pas un aéroport, non pas un camion de la mort roulant à fond de train sur une avenue piétonnisée. Non. Un curé et des bonne sœurs, en pleine messe. L'archétype de l'inoffensif... Un symbole pourtant très fort.

    C'en est trop. Trop en trop peu de temps pour que nous comprenions ce qui est en train de nous arriver. Peut-être est-ce déjà trop tard pour que nous puissions réagir et couper court à la gangrène qui nous bouffe malgré nous et dissout peu à peu un lien social déjà fortement distendu.

    Je ne jetterai pas la pierre à untel ou à tel autre en hurlant qu'ils n'en ont pas fait assez ou pas fait assez bien au bon moment, qu'ils n'ont pas pris la juste mesure des choses, qu'ils ont laissé faire et s'installer les racines désormais solidement ancrées d'un arbre sur lesquels mûrissent aujourd'hui les funestes fruits du mal.

    Je constate seulement que la situation tourne au vinaigre, que l'on en a certainement perdu le contrôle et que, quoique veuillent le dire nos élus dont encore aujourd'hui Ségolène Royal, la peur monte. Parce que démonstration est faite que nulle part nous ne sommes réellement en sécurité..

    Pendant ce temps, je subodore que nos fous de dieu à nous en mal de croisade et nos revanchards de la souveraineté nationale de grand-père en petite fille, se frottent les mains, songeant à tort ou à raison que les faits leur donnent enfin raison.

    Elles vont être belles les prochaines élections...

    25 juillet 2016

    Ma bulle

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    J'ai passé un excellent weekend. Ce billet pourrait s'arrêter là et ne rien dire de plus tant il résume parfaitement ma pensée. Cela serait, il est vrai, un peu court.

    Excellent weekend donc en ce que j'ai pu, à l'instar du précédent, prendre du temps pour moi, sans contrainte, en totale liberté. La liberté de me lever malgré l'heure très matinale, puis de larver dans le canapé devant des téléachats débiles. La liberté d'écouter des psaumes du XVIIe siècle à fond les ballons en arrosant mes plantes sur le balcon puis en faisant un brin de ménage dans la cuisine. La liberté de faire ce que je veux sans avoir la contrainte d'occuper quelqu'un ni d'être obligatoirement aux petits soins. La liberté de regarder les derniers épisodes d'une excellente série et dont je déplore déjà la fin... (Stranger Things : foncez !!! C'est extra !).

    Un samedi au calme, qui m'a permis de me retrouver un peu seul à seul avec moi-même, chose que je n'ai pas le temps de faire en semaine vu mes journées et qui m'est pourtant, comme je suppose que ça l'est à tout un chacun,  indispensable. "Tu es un célibataire endurci" m'a dit F. cette semaine au téléphone, alors que je lui disais que ne pas nous êtres vus le weekend dernier (nous nous sommes vus le 14 juillet) m'avait fait du bien, pour cette même raison.

    Cela fait en effet deux weekends consécutifs que nous ne nous sommes pas vus F. et moi. Le précédent c'est lui qui avait des obligations familiales au Nord de la Loire. Ce weekend dernier c'était moi qui y était astreint, au milieu des vignes et des champs. Et redécouvrir que le temps du samedi et du dimanche peuvent être des havres de paix, de douceur et de quiétude m'a fait un bien incroyable. Célibataire endurci ? Non, je ne le pense pas. Je crois que cela n'a rien avoir avec le besoin d'être au calme et de prendre du temps pour soi, pour ne pas étouffer, tout simplement.

    J'ai passé un excellent weekend donc, sans lui, mais avec toute ma famille. Quatre générations réunies pour faire la fête autour d'un grand repas à l'ombre d'un agréable patio. Comme l'an dernier à peu près à la même époque ce fut un moment parfait, plein de jolis instants, de sourires, de tintement des verres et d'enfants qui se jettent dans la piscine. On m'a trouvé plus serein, apaisé, avec une bonne mine, ce qui confirme encore une fois que quitter mon précédent boulot fut l'une des meilleures décisions de l'année. J'ai aussi revu ma cousine et son incroyable mari avec qui je me découvre une multitude de passions communes bien lointaines de nos univers professionnels respectifs. 

    Un weekend dans ma bulle, cette bulle cotonneuse et douillette de ma vie sociale et familiale dont j'ai terriblement besoin.

    Un weekend sans lui.
    Et il ne m'a pas manqué.
    Du tout...

    18 juillet 2016

    Brochettes de fruits au romarin

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    Certains petits bonheurs sont tellement simples que l'on aurait grand tort de s'en priver. Ho, vraiment, trois fois rien. Tu ne te ruineras pas. Par contre, tu vas te régaler.

    Viens pas ici, je te montre.

    D'abord, tu fais du feu dans ton barbecue. Si tu as du charbon, tu mets du charbon. Moi j'avais des ceps de vigne et de l’acacia. C'est bien l'acacia. Ça fait la braise chaude et longue. La vigne, c'est pour le goût, et parce que ça brûle bien. Les braises d'acacia et de bois de vigne, tu m'en diras des nouvelles.


    Ensuite, parce que ton feu est bon, tu en profites pour faire griller un peu de viande et des légumes. Parce qu'il faut bien se nourrir, hein ! Là j'avais des coustellous (des travers de porc, pour ceux qui ne sont pas de la région). Pour leur tenir compagnie, j'avais coupé des aubergines, des courgettes, une patate douce, et des poivrons. C'est simple le bonheur.


    Parlons peu, parlons bien, revenons à nos brochettes de fruits.

    Dans ton jardin, armé d'une paire de sécateurs, tu coupes des branches de romarin, assez longues et solides. Une par personne. Ensuite, tu prends des abricots et des prunes, pas trop mûrs, que tu coupes en deux et dont tu enlèves le noyau. Et là, on arrive à un degré de technicité hors pair : tu les embroches sur les tiges de romain.

    Et... c'est tout.


    Bon, moi j'ai fait avec des abricots et des prunes, mais j'imagine qu'avec des pèches ça ne devait pas être mal non plus...

    Une fois que tu en as terminé avec tes coustellous, que les gamelles sont vides et les verres encore un peu pleins, et que tu auras pris le soin de laisser pendant tout le repas la grille sur le feu, tu y mets les brochettes de fruits. Idéalement il te faut des braises encore bien vives et les fruits à faible portée, pour que ça caramélise un peu.

    Si tu es un peu gourmand (et comme tu lis ces lignes, tu l'es forcément un peu), tu auras préparé un ramequin avec 3 cuillerées à soupe de jus de citron, 3 d'eau et une cuillerée à café de miel, pour badigeonner tes fruits une fois placés sur le feu, de temps en temps, avec un pinceau.

    Pendant la cuisson, le romarin va cramer un peu. C'est pas grave, et c'est même tant mieux. C'est là que les arômes vont s'instiller dans les fruits. Un peu comme quand tu fais de la confiture d'abricot et que tu mets une branche de romarin dedans, pour l'arranger...

    La cuisson est assez brève. Lorsque ça commence à sentir la compote, tu y es. 


    Tu vois, quand je te disais que ce n'était pas la peine de se priver ? 
    Allez, va, régale-toi tant que c'est chaud. 

    16 juillet 2016

    Le parfum fauve des tournesols en fleurs

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    Aucune plante ne saurait m'être plus symbolique de l'été que le tournesol. L'été de mon enfance, celui des canicules du midi toulousain, des après-midis blancs où la chaleur s'écrase sur les volets clos et des pies jamais lasses qui bavardent dans les caroubiers.

    L'été, la maison est bordée d'un océan de chaumes blonds qui se hérissent sous le bleu du ciel, ponctué par les flots d'or des tournesols qui mûrissent lentement au soleil.

    Les lézards jouent sur les murettes, les sauterelles stridulent dans les herbes hautes du pré interdit, le chien dort sous le vieux noyer et des ramequins blancs se garnissent de glace à la pistache avec un verre de lait une fois le quatre heures venu...

    Tout dans le tournesol m'évoque l'été, le soleil. Rien que de par son nom : tourne-sol... Une invitation quasi mystique. Sa fleur ensuite dont la corole ornée d'une crinière de pétales, imite jusqu'à la forme du soleil. Et il y a surtout son odeur...

    La prochaine fois que vous passez à côté d'un champ de tournesols, arrêtez-vous, approchez votre nez, fermez les yeux et laissez-vous séduire par cette force de la nature qui veut rendre au soleil en arômes ce qu'il lui prend en chaleur.

    Car ce qu'il y de plus extraordinaire dans le tournesol, c'est certainement son parfum. Brut, fauve, piquant, mat, profondément masculin. Il y a là quelque chose qui relève de la virilité primale, presque animale. Sous ses dehors débonnaires le tournesol répend malgré lui ses puissantes effluences de colosse. J'imagine sans peine que les lutteurs du Bosphore sentent bon le tournesol.

    Oui, il est terriblement envoûtant, le parfum fauve des tournesols en fleurs...

    15 juillet 2016

    La photo du mois : Reflet

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    Bonjour à tous, nous sommes le 15 juillet et c'est l'heure de notre rendez-vous mensuel avec la photo du mois.

    Je vous rappelle tout d'abord le principe du bidule : chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, Testinaute nous a proposé le thème "Reflet".
    Hop !
    La photo du mois continue chez les autres participants : AF News, Akaieric, Alban, Alexinparis, Angélique, Aude, Autour de Cia, BiGBuGS, Blogoth67, Brindille, Calamonique, Carole en Australie, Champagne, Chat bleu, Chiffons and Co, Christophe, Claire's Blog, Cocazzz, Cricriyom from Paris, Cécile, CécileP, Céline in Paris, Danièle.B, DelphineF, Dom-Aufildesvues, E, El Padawan, Estelle, Eurydice, Eva INside-EXpat, Evasion Conseil, François le Niçois, Frédéric, Gilsoub, Gine, Giselle 43, J'habite à Waterford, Je suis partie voyager, Josette, KK-huète En Bretannie, Krn, La Fille de l'Air, La Tribu de Chacha, Lair_co, Lau* des montagnes, Laurent Nicolas, Lavandine, Lavandine83, Luckasetmoi, Lyonelk, magda627, Mamysoren, Mireille, Mirovinben, Morgane Byloos Photography, Nanouk, Nicky, Noz & 'Lo, Pat, Philae, Philisine Cave, Pilisi, Pixeline, Renepaulhenry, Rythme Indigo, Sense Away, Sinuaisons, Sous mon arbre, Testinaute, The Beauty is in the Walking, Tuxana, Wolverine, Woocares, Xoliv', écri'turbulente.

    4 juillet 2016

    Ménage à trois

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    Attention, le billet qui va suivre est hyper personnel.
    Je m'en fous, je suis chez moi et j'écris ce que je veux. 
    Que le lecteur un peu trop prude passe son chemin.

    Je n'imaginais pas à quel point partir de Ville-Pourrie et quitter mon job pourrait m'être bénéfique. A l'issue d'un énorme pétage de plombs avant que d'y laisser la santé et un peu plus qu'une poignée de plumes, c'est tout un tas de petites choses dans ma vie qui ont changé. A commencer par un événement important : Cupidon a frappé à ma porte. 

    Cela fait donc presque deux mois que nous nous fréquentons et quelques mois de plus que nous avons véritablement noué connaissance. Une belle rencontre, une belle soirée, avec un garçon qui me donnait envie de le connaître, d'avancer un peu avec lui, de vivre certaines expériences, de faire un bout de chemin. Nous l'appellerons F.

    Comme nous n'habitons pas la même ville, nous procédons par alternance. Un weekend chez lui, un weekend chez moi. Pour qu'il n'y ait pas de jaloux.

    Chaque fois que nous nous voyons, nous passons des moments formidables. Soit à nous balader en ville ou à la campagne, à visiter avec une réelle gourmandise de culture, soit à nous faire des bisous affalés sur le canapé devant des séries. Et quand vient le moment de chacun rentrer chez soi, c'est un petit pincement au cœur qui nous étreint quoique nous discutions à longueur de journée par telle ou telle application de messagerie.

    Tout est-il donc rose dans un univers de paillettes multicolores et d'arcs-en-ciel chatoyants ? Ben non... Non, tout ne va pas bien. Il est même un petit caillou qui entache ce qui ressemble à un joli début par une grosse et vilaine balafre. 

    Figurez-vous que ce garçon vit chez un autre garçon, son colocataire, qui est aussi son ex depuis 3 ou 4 ans maintenant. Le problème vient de leur relation fondée sur une sorte de "je t'aime / moi non plus" entrecoupé de chamailleries à peine admissibles d'un élève de sixième alors que nous avons affaire à des adultes au bord de la quarantaine...

    F. m'avait expliqué. "Eh oui tu comprends, c'est mon meilleur ami, j'ai peur de le perdre... il peut tourner la page sur quelqu'un complètement, et ça, ça me fait peur". Quand je vois comment le coloc parle à F., c'est à dire souvent comme à une merde, je me dis que F. doit être aveugle.

    Car le coloc est un personnage toxique, autocentré, célibataire chronique, doté d'une autorité mal placée, aigri et jaloux. En gros : un connard. Et je ne le supporte qu'assez peu...

    Lorsque nous sommes chez eux, rien n'est simple car nous sommes en réalité chez son colocataire qui régente tout et ne supporte rien. Célibataire, il ne supporte pas de nous voir nous embrasser, ni de nous voir nous faire des câlins, ni rien du tout. Et je ne vous parle pas dans le menu détail des conséquences sonore de la fine épaisseur des cloisons et de ce que cela interdit en sa présence diurne comme nocturne... 

    Lorsqu'il est là, c'est à dire tout le temps, la maison se plie aux ordres de Son Impériale Suffisance, F. est au garde à vous et n'ose en rien le contrarier, oubliant par là-même que je suis présent et que, n'étant pas chez moi, il se peut que je me sente particulièrement mal à l'aise.

    A tel point qu'il y a trois semaines, sur les coups de midi trente, alors que j'étais chez eux en train de lire et que F. servile comme à son habitude ne disait rien pour faire avancer un peu la situation, j'ai pété un plomb et suis parti faire un tour dehors en attendant que Sa Sérénissime Aigreur qui monopolisait le salon ait fini de jouer à un jeu vidéo pour que l'on puisse enfin passer à table... Je n'avais qu'une hâte : rentrer chez moi. Au bout d'un moment, ne me voyant pas revenir, F. est venu à ma rencontre, un peu inquiet. 

    Nous avons discuté. Beaucoup. Et je lui ai dit que l'attitude de son coloc que mettait très mal à l'aise, que je ne me sentais pas accueilli et que j'avais aussi du mal à trouver ma place dans leur relation... F.s'est alors mis à pleurer, en me disant que j'étais le quatrième à lui dire ça, et que les trois autres avant moi l'avaient quitté après lui avoir fait la même remarque. Pour rude que soit ce constat, il avait au moins un point positif : cette perception des choses n'était pas la conséquence d'une distorsion mais bel et bien une réalité objective puisque j'étais alors le quatrième à la vivre ! 

    Je ne sais plus exactement comment s'est finie la conversation mais j'espérais que cela provoque un électrochoc chez lui, un début de réaction.

    Manifestement cela n'a pas suffi....

    Vendredi dernier, alors que je devais aller le voir, quelque chose dans nos échanges me laisse penser que quelque chose ne tourne pas rond. Bingo ! J'apprends que son coloc a encore pété une durite et qu'il refuse que je mette un pied chez eux. Ben voyons ! Quand je dis que je me sens reçu là-bas... 

    Une discussion envenimée s'ensuit au terme de laquelle je dis à F. que je ne viendrai pas, du tout, et qu'il mettra sûrement à profit son weekend pour discuter seul à seul avec son colocataire. Il pleure, me supplie de venir, m'inonde de messages que je ne regarde pas (j'ai ma journée de boulot à tenir moi !) avant d'y jeter un coup d’œil en fin d'après midi. J'ai presque l'impression qu'il va me dire de tout arrêter. Je le sens vraiment mal. Je lui réponds, le rassure, non ce n'est pas contre lui, mais l'attitude de son coloc est impossible, insupportable. "Mets-toi à ma place ! Crois-tu que dans ces conditions j'ai envie de venir ?

    J'appelle une amie, discute avec un pote, pour leur exposer la situation, avoir leurs avis. J'y vais, j'y vais pas ...? Je le sanctionne (et me prive aussi d'un joli weekend avec F.) pour le comportement de son salopard de coloc ? Une chose est sûre : il a vraiment eu peur que prenne cette querelle avec son coloc comme prétexte pour qu je le quitte. Il ne voit pas que ce n'est pas un prétexte mais un réel problème...

    Finalement, après avoir beaucoup hésité et obtenu des conseils allant dans le sens de rester chez moi, j'y vais quand même. Pour être clean et n'avoir rien à me reprocher. Je le lui dis, il est heureux. 

    Nous passerons un super samedi au soleil et terminerons la journée le sourire aux lèvres. 

    En revanche, le dimanche matin, lorsque je me lève, le coloc est déjà levé, au milieu du salon, en train de regarder un film. Levé avant moi, F. est également assis dans un coin du canapé et ne dit rien. Silence de mort, ambiance lugubre et pesante... 

    J'entre sur la pointe des pieds, me sers un café, attends que l'on me propose quelque chose à manger, en vain. Personne, pas même F., ne fait attention à ma présence. Je coupe alors un petit bout d'une baguette abandonnée sur le comptoir de la cuisine que je tartine d'un peu de beurre et vais m'asseoir, moi aussi...  

    Le film se termine, le coloc enchaîne sur un autre, sans piper mot, ni nous regarder, ni décocher la moindre esquisse de sourire. F. est impassible et me regarde à peine, hypnotisé par la télévision ou assommé, je ne saurais dire. Je lui rappelle tout de même que nous devons aller pique-niquer et qu'il ne nous faut pas trop traîner, ce qui l'active un peu.

    Finalement nous partons. Le coloc est toujours dans la même position au même endroit, le visage biffé d'une grimace immobile.

    Dans la voiture, je fais remarquer à F. que son coloc était encore une fois exécrable, et que j'ai faim... Il rigole. Je lui dis que je n'ai presque rien mangé depuis la veille au soir. Il réalise alors que, obnubilé par le comportement de son coloc dont il ne savait pas s'il allait déclencher la grêle ou la foudre, il n'avait même pas pris la peine de l'hospitalité la plus élémentaire à mon égard. Une larme perle sur sa joue. Il est  touché au vif. 

    Malgré cela, nous passerons encore une belle journée à la plage, à siester au soleil, à faire les idiots dans les vagues, à regarder les coquillages que j'avais ramassés.... Une belle journée, oui, comme j'imagine les gens qui vont bien ensemble en passent régulièrement et comme nous en passons à chaque fois que nous sommes ensemble, tous les deux, hors la vue de celui qui s'évertue à parasiter sa vie.

    Devant repartir le soir même et voulant éviter les bouchons, je lui propose que nous allions au restaurant, tous les deux, pour terminer la journée, avant que je ne reprenne la route. L'idée lui plait. De retour à l'appartement, son coloc est toujours là, dans le noir, les volets baissés, la télé allumée, devant un film. Il ne nous adresse ni la parole ni un regard. Excédé, je fais remarque à F. que cette attitude est impossible. F. me confie même "Oui, là c'est pire que tout !". Mais F. ne fait rien et laisse son colocataire envahir l'appartement de sa présence malsaine.

    C'en était trop... j'étouffais. Je ne pouvais pas rester là en faisant semblant que tout allait bien ni encaisser encore une fois les sautes d'humeur de Monsieur Grise Mine. Alors, empoignant F. qui sortait de la salle de bains, je lui dis que, non, nous n'allons pas au resto, que je rentre, tout de suite, et qu'il doit parler à son colocataire.

    F. reste complètement hébété, me regarde les yeux vides, "Ne m'abandonne pas...." gémit-il. Je reviens vers lui, l'étreint fortement et pars sans me retourner, le laissant seul, et silencieux... Je démarre, je roule, je pleure, j'enrage, je hurle de douleur dans ma voiture. Ça fait terriblement mal.

    Pendant ce temps le téléphone crépite de ses messages que je ne regarde pas. Je sais qu'il est super mal. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou m'en foutre... Je ne sais pas s'il y a encore un nous

    Il appelle, je décroche, on parle. Il est en pleurs. Il dit qu'il n'aurait jamais dû me laisser partir comme ça, il aurait dû me rattraper. Je pleure aussi. C'est dur. Je suis direct, pris par ma colère envers cette tierce personne qui nous cause tant de larmes depuis trois jours. 

    Je discute ensuite avec des amis. Leur présence, leur soutien et leurs conseils sont réconfortants. J'ai de la chance de les avoir... 

    Ce matin, après une bonne nuit de sommeil, quelques messages à mon réveil. Il dit qu'il a enfin pris conscience que son coloc est toxique, que la situation ne peut pas durer et qu'il va faire ce qu'il faut pour que cela change. Pour le rassurer, je redis que le but n'est pas d'éjecter son coloc de sa vie, mais de l'éjecter de sa vie privée, de son intimité parce que sa présence interfère sur des choses avec lesquelles ça ne devrait pas.

    Toxique. C'est la première fois qu'il emploie ce mot à son sujet. C'est un pas énorme, déjà, cette prise de conscience. Car c'est la réalité. Ce mec est toxique. Sa présence destructrice. 

    Pourquoi n'est-ce jamais simple mes histoires avec les gars ? Peut-être par ce que, comme d'autres, je suis une personne qui n'aime pas le conflit. Ou que j'attire des personnes qui ont besoin d'un pilier stable, qu'ils croient trouver en moi, alors qu'en réalité j'en ai tout autant besoin, mais qu'en face l'autre a les pieds dans le sable...

    Je ne vais pas tout casser, parce que je tiens à lui et qu'on fonctionne très bien ensemble, ce qui ne m'était jamais autant arrivé. Je lui ai dit que maintenant la balle était dans son camp. Voyons ce qu'il en fait, s'il agit. Car il faut prendre des décisions et passer aux actes. Les belles paroles sont inefficaces sans action. 

    En tout cas, je ne pourrai plus supporter les sautes d'humeur de son colocataire. Il doit prendre ses responsabilités et faire en sorte que cela ne puisse plus se reproduire. Trois avant moi le lui ont déjà dit pour le quitter. S'il tient à moi autant qu'il le dit, il ne me laissera pas être le quatrième. Et cela me ferait bien chier de l'être par ce que, au fond, je commence à bien m'attacher à cette petite canaille avec qui je ne m'ennuie jamais et avec qui, m'a-t-on dit, j'avais l’œil qui pétille.  

    A suivre...