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  • 25 novembre 2021

    Imposture

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    J'en ai déjà parlé ici à plusieurs reprises. J'exerce un métier dont je n'ai jamais rêvé et dans les traits duquel je me glisse chaque jour, afin de donner l'illusion que ce costume est fait pour moi. Histoire de donner le change. 

    Longtemps je n'ai pas cru à la valeur de ce que je faisais. Longtemps je ne me suis pas reconnu dans l'image qui se reflétait dans la pupille de mon interlocuteur lorsque je lui parlais. Peu à peu, gagnant en confiance, je me suis mis à croire que la déférence que l'on m'accordait m'était réellement due, et que j'avais fini par devenir celui que je prétendais être.

    Mais régulièrement le doute m'assaille. Des questionnements terribles me travaillent. Ma légitimité. Mon plaisir. Mon utilité. Ma place, dans ce bourbier. 

    Cela se passe par vagues. Certains jour, mon miroir me renvoie l'image fière d'un lion rugissant. D'autres, mon reflet est davantage celui d'un chaton, ou d'un raton-laveur. Mais, au fond, lequel des trois suis-je ? Lion, chaton ou raton ? Peut-être aucun... 

    Peut-être même le raton-laveur, qui se rêvait lion, est-il en réalité une girafe, un koala, ou un bigorneau.

    Ainsi, le sentiment qui, au milieu de l'été, me poussait à arrêter ou du moins à réfléchir à l'organisation de mon travail et qui s'était estompé avec le repos des vacances, repointe le bout de son nez, avec la même acuité que naguère. Un sentiment de raz-le-bol

    Raz-le-bol de danser sur un fil tendu au dessus d'une mare de crocodiles. Raz-le-bol de ce sentiment d'insécurité constant dans chaque acte de mon quotidien, le moindre battement de cil pouvant ouvrir la porte à des emmerdement intersidéraux. Songez qu'en raison d'une seule fausse note ou d'un léger faux-départ, un musicien d'orchestre soit à l'origine de l'annulation de tout un concert. Impensable, non ? Je suis pourtant ce musicien-là.

    Le plus cocasse est que j'ai l'impression que ce sentiment d'imposture me conduit, plus ou moins consciemment, à commettre des boulettes pour m'auto-saborder indirectement. Cette semaine en est l'exemple parfait. Heureusement beaucoup sont rattrapables mais cela surajoute au raz-le-bol général dont la coupe est largement pleine.

    Ou peut-être est-ce tout simplement mon subconscient qui me hurle d'arrêter ce boulot...

    18 octobre 2021

    18. Lune #Blogtober2021

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    Pourquoi tant souffrir quand
    La nuit éteint de le jour
    Et qu'a travers la brume froide, les cieux
    Installent ton disque d'argent ?
    Nulle joie, nul désir ni amour
    Entend les cris de ceux qui détournent les yeux.

    Lyre d'illusion, Ô disque d'infortune !
    Unis dans le sang paroissial 
    Nous danserons nus sous les étoiles 
    Et la pâle lueur de la pleine lune.

    16 octobre 2021

    16. Compas / Boussole #Blogtober2021

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    Le mot anglais "Compas" trouve une résonance toute particulière à mes oreilles car il me renvoie à une période dorée de mon enfance, celle où je jouais à The Legend of Zelda, jeu qui a forgé, chez toute une génération de joueurs, un imaginaire puissant. 

    Nous sommes quelque part en 1988, j'ai 10 ans, et mon pote Julien m'invite à passer un week-end chez sa grand-mère à la campagne. Une jolie maison rustique, restaurée avec soin, qui abrite un antique four à pain. Entre deux balades à vélo, le copain m'entraîne dans sa salle de jeux. Il avait une NES, la console de jeu qui nous faisait tous rêver à l'époque. C'est grâce à lui que j'ai découvert The Legend of Zelda. 

    Ce jeu a immédiatement provoqué un choc total, tant il faisait écho à tout ce qui me plaisait : un univers immense à explorer, de la magie, des objets à découvrir, des monstres à éviter ou à trucider, le tout baigné dans une musique héroïque devenue légendaire. Ce n'était pas un jeu, mais un miracle.

    Parmi les objets indispensables à la progression de notre héros dans les différents donjons, il fallait bien entendu trouver la carte qui permet de comprendre la disposition des salles, et la boussole, "compas", qui donne l'emplacement du boss à abattre. Si récupérer ces deux objets est une promenade de santé dans les premiers niveaux, cela devient sérieusement plus corsé au fur et à mesure que l'on avance dans le jeu. 

    À l'époque, mon anglais étant plus que balbutiant, je n'avais pas compris que compas signifiait boussole, ce qui provoquait chez moi une sorte de dissonance cognitive : comment notre héros pouvait-il trouver son chemin avec un compas ? J'essaie longtemps et vainement de comprendre ce nouveau mystère en m'imaginant tracer cercles et arcs de cercle sur ma feuille blanche. 

    Ce n'est que bien longtemps après, lorsque j’eus mon premier Robert and Collins en main en classe de sixième, que je compris le sens de ce mot et que la lumière se fit...

    14 octobre 2021

    14. Cocher #Blogtober2021

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    Les montants astronomiques de l'EuroMillions de ces derniers temps ont de quoi faire tourner la tête. Pensez donc : 180 millions d'Euros étaient en jeu la semaine dernière ; 220 millions demain soir... C'est au-delà de l'imaginable. C'en devient abstrait. 

    Deux-cent vingt millions, en vivant encore cinquante ans, cela me laisse un budget de plus de quatre millions quatre cent mille Euros par an, soit environ trois cent soixante dix mille Euros par mois, ce qui représente douze mille Euros par jour. Je comprends que l'on puisse réellement perdre les pédales avec des sommes pareilles.

    Pourtant... pourtant, s'abstraire de toute nécessité matérielle procure à coup sûr un confort total. Travailler devient inutile, et l'on peut se consacrer librement à faire tout ce que l'on aime, sans limite. Non, avec autant d'argent, on n'a plus de limite. 

    Moi qui, il y a peu, touittait que je rêvassais à un gros fourneau du genre La Cornue, pour cuisiner à gogo, je suis un peu descendu de ma montagne en regardant les tarifs des modèles les plus sophistiqués. Avec le dixième du pactole de demain, tout de suite, le prix n'est plus un problème. 

    De même, j'ai très envie de me commander un ustensile de cuisine assez cher dont l'utilité est certes toute discutable, mais qu'il me ferait très plaisir d'avoir. Avec le centième du pactole de demain, hop, plus de difficulté, je l'achète sans me poser de question.

    Alors demain, dans ma maison de la presse préférée, je cocherai à nouveau quelques cases fétiches, en rêvant à ce que je pourrai faire autant d'argent si, par le plus grand des miracles, la chance me souriait. 

    Et vous, vous feriez quoi avec autant d'argent ? 

    13 octobre 2021

    13. Toiture #Blogtober2021

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    Il paraît que les plus jolis villages sont ceux dont la toiture est uniforme. Je ne sais si cela est vrai. Mais toujours est-il que j'aime particulièrement prendre un peu de hauteur et admirer, par leur toiture, les villes où je passe.

    Par ici, les toitures sont évidemment en tuiles dont la couleur va du blanc cassé à un rouge cramoisis, en fonction de la nature de l'argile qui a servi à leur fabrication. Cela donne une très belle allure à l'ensemble dont les teintes se déclinent en un réjouissant camaïeux . Comme ici à Foix (les plus perspicaces auront reconnu que ce n'était pas Toulouse).

    12 octobre 2021

    12. Collé #Blogtober2021

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    Quelle est cette lumière 
    Douce et moite
    Dans laquelle je languis
    La tête la première
    Les gouttelettes miroitent
    Fleurs de pissenlits

    Je me suis élancé vers le ciel 
    Gracile
    Bleu comme la mer
    Poussé par un rire torrentiel
    Fragile
    Pour un voyage extraordinaire

    Voici la nuit
    Sur ses huit pattes de velours
    Son étreinte est mortelle
    Sans faire un bruit
    Mon souffle sera court
    Et cette toile mon unique stèle

    11 octobre 2021

    11. Acide / Aigre #Blogtober2021

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    Parmi la myriade des desserts que j'aime bien, se trouve la tarte au citron. Quand j'étais plus jeune, ma mère en préparait une fameuse dont la recette était écrite sur une fiche rectangulaire qu'elle conservait dans une grosse boite en plastique jaune au couvercle fumé. La boite des recettes pour grandes occasions. Elle ne sortait de son placard que les jours où l'on recevait du monde pour le diner. La face de la fiche représentait une belle tarte au citron, bien alléchante, toute de jaune vêtue, dans le style un peu vieillot de ce qu'il se faisait dans les années 80. Au dos la recette en question était détaillée, étape par étape.

    Je me souviens qu'à l'époque, il était possible de commander tout un tas de fiches, sur à peu près tous les sujets, moyennant quelques francs. Tous les gamins de ma génération ont dû commander, un jour ou un autre, des fiches sur un thème quelconque tel que les dinosaures, les volcans, les oiseaux, les grandes découvertes scientifiques, ou je ne sais quoi encore, ou ont vu leurs parents le faire. 

    Pour en revenir à la recette de tarte au citron que faisait jadis ma maman, elle est excellente, au point que c'est la seule que je fasse, encore aujourd'hui, même si cela ne m'est pas arrivé de puis un bout de temps. Ce n'est pas une tarte au citron meringuée. Libre à vous d'en ajouter, mais pour ma part je ne trouve pas cela particulièrement bon, surtout quand c'est fait maison (attention je vais tirer à balles réelles). En effet, ce qui est bon dans la tarte au citron, c'est écrit dans le titre : c'est le citron.

    Personnellement, j'aime quand la tarte est bien acide, car l'acidité tranche bien avec le gras de la crème. La meringue n'apporte rien à ce niveau là. Je trouve même qu'elle relève de l'hérésie. Surtout, beaucoup de gens font la tarte meringuée non pas avec une meringue dite "italienne" (faite avec un sirop de sucre brûlant que l'on verse sur les blancs montés) mais avec une meringue dite française, qui sert à faire les meringues craquantes que l'on cuit ensuite au four. Plus ou moins ratée, souvent préparée dans l'après-midi pour le soir, la meringue crue retombe, coule, et détrempe la tarte. Et c'est le désastre...

    Une autre alternative que j'ai goûté il y a quelques temps et qui me satisfait assez, c'est de remplacer la meringue par une crème montée au chocolat blanc. Le résultat est assez convainquant, car la douceur du chocolat blanc tranche plutôt bien avec l'acidité du citron. Par contre, ça ajoute énormément de gras à ce dessert qui n'est pas, de base particulièrement light huhuhu... 

    Et puisqu'on y est, la voici :

     La fameuse recette de la tarte au citron que fait ma maman

    Pour 6 personnes.
    Temps de préparation : 20 min + 30 min de repos pour la pâte
    Temps de cuisson : 30 minutes
    Environ 500 Kcal / portion

    Ingrédients pour la pâte :
    200g de farine
    120g de beurre ramolli + 10g pour beurrer le moule
    1 càs de sucre en poudre
    1 œuf
    1 pincée de sel

    Ingrédients pour la garniture :
    4 citrons
    1 orange
    250g de sucre en poudre
    100g de beurre
    4 œufs
    1 càc de maïzena

    1/ Mélanger la farine, 1 pincée de sel et la cuillerée de sucre en poudre dans un saladier.
    Ajouter 120g de beurre en petits morceaux. Écraser le tout avec une fourchette pour que le mélange soit "sableux".

    2/ Ajouter l’œuf entier. Mélanger rapidement du bout des doigts. Formez une boule de pâte. Laissez-la reposer 30 minutes au réfrigérateur. 

    3/ Beurrez un moule à tarte de 26 cm de diamètre. Étalez -y la pâte avec la paume de la main. Faites-la cuite à four chaud (210°C = Th 7) 10 minutes. 

    4/ Pendant ce temps, faites fondre 100g de beurre à feu très doux. Râpez finement le zeste de 3 citrons et de l’orange préalablement soigneusement brossés sous l'eau chaude. Pressez les fruits. 

    5/ Cassez les 4 œufs dans une terrine. Battez-les avec 200g de sucre, le beurre tiédi, les zestes et le jus des agrumes dans lequel vous aurez délié la maïzena. 

    6/ Versez ce mélange dans le fond de tarte précuit. Remettez au four chaud (190°C ) Th 6) et poursuivez la cuisson 20 minutes. 

    7/ Chauffez un verre d'eau et 50g de sucre dans une petite casserole. Laissez bouillir 3 minutes puis faites pocher le citron restant coupé en rondelles pendant 10 minutes à feu très doux. 

    8/ Démoulez la tarte. Décorez-là des rondelles de citron égouttées et laissez refroidir avant de déguster savourer.

    Bon appétit !

    10 octobre 2021

    10. Choix / Pioche #Blogtober2021

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    Choisir donc exclure, disait le philosophe. Et je crois que je fais partie de ceux qui ne savent pas choisir.

    Je suis typiquement le gars qui achète deux chemises lorsque les deux lui plaisent, alors qu'il n'en a besoin que d'une seule. Encore récemment, j'ai pris deux paires de chaussures au lieu de la seule dont j'avais réellement besoin, (mais aussi parce que la seconde était à moins cinquante pour cent... ça n'aide pas vraiment à se décider huhu). De la même manière, si j'avais été Néo dans Matrix, le film aurait duré cinq heures, le temps que je choisisse entre la pilule bleue ou la pilule rouge... pour finalement demander si elle n'existe pas en bicolore.

    À cet égard, si je devais me comparer à un personnage de série, ce serait probablement Chidi,  dans The Good Place. Chidi, dont le fait de devoir choisir constitue l'enfer personnel dans lequel il s'enlise régulièrement, en voulant essayer de maîtriser et d'anticiper toutes les conséquences de ses décisions. Souvent, en regardant cette série, je me suis dit que les scénaristes avaient dû me rencontrer et s'inspirer de ma vie pour écrire leur personnage. 

    Si je ne suis plus exactement comme ça, j'ai pu l'être à une époque pas si éloignée d'aujourd'hui. Apprendre à lâcher prise, mon Hydre de Lerne personnelle. Avec le temps, et probablement aussi par déformation professionnelle, je pense avoir appris à choisir. Enfin, un peu...

    Le pire dans ces situations, c'est que je finis souvent par choisir de manière totalement random, au pif total, comme si avoir trop réfléchi avait annihilé toute base rationnelle. 

    D'un excès à l'autre. 😁


    9 octobre 2021

    9. Pression #Blogtober2021

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    Je rentre tout juste de la Pride de Toulouse qui se déroulait donc logiquement aujourd'hui, la première depuis deux ans, celle de l'an passé ayant été annulée Covid19 oblige. Il y avait donc une soif de pavoiser nettement palpable dans les rues de la Ville Rose aujourd'hui. 

    Déprogrammée du mois de juin en raison du contexte sanitaire, son déroulement avait été mis en cause par la préfecture qui craignait des débordements, en raison de la manifestation concomitante des anti-passe. Pour avoir des yeux des oreilles un peu partout, je sais que la réunion avec le préfet et les représentants des différentes associations organisatrices, a été particulièrement houleuse. 

    Il aura fallu un gros coup de pression médiatique et la montée au créneau des asso pour que finalement la mairie annonce que la Pride 2021 aurait bien lieu le jour prévu. 

    C'est quand même assez dingue - et inquiétant - de se dire qu'en 2021, le droit et la liberté de manifester pour une cause telle que celle-ci, peuvent être remis en question aussi facilement. Alors j'adresse un grand bravo et un immense merci aux associations  d'avoir lutté pour le premier de nos droit, durement acquis.

    Et ce fut un excellent cru que cette Pride 2021. Il y avait un monde de fou en ville et le cortège des chars associatifs s'étendait tout le long des boulevards. 

    Pédés, gouines, bi, trans, puppies, bears, loutres, et toute la queer-sphère dans sa plus grande diversité, était au rendez-vous. Une belle marche, joyeuse et enthousiaste, très animée, pleine d'une énergie communicative comme j'en ai rarement ressenti. 

    Du vrai bonheur, sans pression. 


    8 octobre 2021

    8. Montre #Blogtober2021

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    Il ne sera pas question d'horloge aujourd'hui mais d'orgue. En plein Festival Toulouse les Orgues, il m'est difficile de passer à côté.
     
    En effet, presque tous les orgues possèdent une montre. Mais pas une du genre dont on l'entend habituellement. À l'orgue,  la montre désigne le registre de principal dont les tuyaux sont positionnés en façade de l'orgue. Cette disposition  en façade donne beaucoup de présence sonore à ces tuyaux qui parlent ainsi directement dans l'édifice.
    Les tuyaux de montre sont souvent prétexte à des décorations et leur apparence plus soignée que les tuyaux enfermés à l'intérieur du buffet de l'instrument. Dans les pays anglo-saxons, les tuyaux de montre sont souvent peints de motifs polychrome. En Espagne, sur les orgues baroques, les tuyaux sont parfois décorés de façon à les personnifier, un bouche humaine étant peinte autour de la bouche du tuyaux. Toute la fantaisie du facteur peut s'exprimer.
    Autre particularité de l'orgue, la longueur des tuyaux s'exprime non pas en centimètres, ni en mètres mais en pieds. Un pied mesure environ 33 centimètres. Ainsi, le registre de montre comporte toujours une indication en chiffre arabe : 16, 8, 4 parfois 32, indiquant la longueur du tuyau le plus grave du registre. Plus le nombre est grand, plus le tuyau est long et donc plus le son sera grave. À l'inverse, plus le nombre est petit, plus le tuyau sera court et plus le son sera aigu. 
    Par conséquent un registre de montre de 32 pieds, que l'on trouve sur de très très grands instruments, comme Notre-Dame de Paris ou la cathédrale de Dijon, signifie que le tuyau le plus grave de la série (il y a en principe autant de tuyaux par registre qu'il y a de notes sur le clavier) mesure environ 10 mètres de long. Il produit par conséquent un sont extrêmement grave.
    La photo ci-dessous présente un registre indiquant une montre de 8 pieds. Le tuyau le plus long de la série mesure donc environ 2 mètres 50 et produit un son moyennement grave. Les jeux de 8 pieds sont en effet la base de l'orgue. Ils produisent un son de tessiture que l'on peut qualifier de "normale" correspondant à celui de la voix humaine, le 3e La du clavier jouant ainsi le fameux "La 440", sur lequel s'accorde l'orchestre.


    7 octobre 2021

    7. Fan / Ventilateur #Blogtober2021

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    Je trouve assez drôle que le nom anglais "fan" donne lieu à deux possibilités de traduction française aussi diamétralement opposées. Du fan au ventilateur, il y a tout un monde. Faut-il comprendre qu'un fan brasse beaucoup d'air ?

    Toujours est-il que les ventilateurs sont bel et bien remisés jusqu'à l'année prochaine tant la météo se rafraichit. Même si Toulouse baigne encore dans la douceur d'un traditionnel été indien, la petite laine est désormais de rigueur le soir comme le matin. Et dans le même temps,  les potishorts se font rares. 

    Mais mon petit doigt me dit qu'il seront à nouveau de sortie ce samedi, à l'occasion de la Pride de Toulouse. Malgré les doutes qui ont plané ces derniers temps, suite aux grincements de dents de la Préfecture qui invoquait des raisons de sécurité du fait des manifs anti-passe, la Mairie l'a annoncé officiellement : la Pride 2021 de Toulouse aura bien lieu, samedi 09 octobre ! Ouf ! 

    J'ai d'ailleurs éclaté de rire tout à l'heure, en voyant la story Instagram des Touwin Rugby Club, qui annonce des températures luxuriantes à proximité du char de l'équipe qui défilera dans les rues pour l'occasion. 

     


     Huhuhu 😁

    Je sais que leurs fans seront au rendez-vous 😊

    6 octobre 2021

    6. Esprit #Blogtober2021

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    Depuis une petite semaine, je travaille un choral de Dietrich Buxtehude que j'ai découvert par hasard sur le net. "Nun komm, der Heiden Heiland" dit le texte : "Viens maintenant, Sauveur des païens".

    Buxtehude eut notamment pour élèves Jean Sébastien BACH et Nicolaus Bruhns. Son œuvre, particulièrement riche, mais injustement oubliée, fut progressivement redécouverte à la faveur des recherches musicologiques à la fin du XIXe siècle puis dans les années 1970.

    Le thème de ce choral, repris par tous les organistes dont en particulier J.-S. Bach, est emblématique de la période de l'Avent qui sera là dans quelques semaines. Il faut bien anticiper son répertoire.

    Aussi, depuis quelques jours, c'est un peu de l'esprit de nawouel qui s'installe à la maison, avec une petite longueur d'avance.

    .

    5 octobre 2021

    5. Corbeau #Blogtober2021

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    Le thème de ce jour renvoie tristement à l'une des affaires judiciaires les plus sombres et les plus passionnantes qu'a connue notre pays.

    L'histoire d'un drame familial et humain, toute pétrie de jalousie, de non-dits et d'une cruauté terrifiante. L'histoire d'un fiasco judiciaire dans laquelle se mêlent orgueil des uns, fascination des autres, des jeux d'emprises et de manipulation, à grands coups unes sensationnelles.
     
    L'histoire sordide d'un enfant de 4 ans, victime d'une haine indicible, et dont le nom restera pour longtemps encore associé à celui du cours d'eau dans lequel on le trouva.

    Et au-dessus de ce méli-mélo aujourd'hui inextricable sans le secours de la Science, plane l'ombre funeste de celui ou ceux dont voix et les lettres anonymes demeurent attaché à ce seul surnom : le corbeau.

    Pour ceux que cette affaire intéressent, je recommande vivement ce compte touiteur ainsi que la globalement excellente mini-série documentaire éponyme, diffusée sur Netflix.

    4 octobre 2021

    4. Noeud #Blogtober2021

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    Simple ou ennobli de windsor, double ou papillon, il peut être celui du problème lorsqu'il est gordien. Parfois il se cache dans un estomac. A l'instar du fromage, certains le préfèrent coulant. 

    Le thème du jour est donc, le nœud. 

    S'il y a bien des nœuds qui me fascinent depuis mon enfance, ce sont ces des quipu Incas, que je découvrais dans la série animée Les Mystérieuses Cités d'Or, meilleur animé ever de tous les temps, loin devant à peu près tout le reste (oui, même Totally Spies). 

    Régulièrement dans la série, Zia, une petite fille Inca arrachée à sa famille par les méchants Espagnols assoiffés d'or, guide ses amis Esteban et Tao en déchiffrant d'étranges cordelettes nouées, des quipu. Je me rappelle que j'étais très intrigué par le fait que de la corde et de la ficelle puisse servir à autre chose qu'à attacher des bottes de paille, ce qui était leur fonction première dans la ferme familiale. 

    Plus sérieusement, la question du sens, de la signification des objets m'avait alors interpellé : comment un objet aussi banal qu'un bout de ficelle noué pouvait-il avoir une signification aussi complexe ? Et à chaque fois que dans un épisode apparaissait un quipu, au détour d'un coffre ou planqué derrière un masque de cérémonie, c'était le grand suspens : quel était ce nouveau message ? Quelle était encore cette nouvelle énigme ? Et forcément, arrivait dans les secondes suivantes, le générique de fin qui nous tenait en haleine jusqu'à l'épisode suivant.

    Dans un style très différent, une autre histoire de nœud qui m'a marqué, et qui m'a surtout fait bien rire, il y a ce fameux sketch de Coluche sur la publicité à la télévision dans lequel il égratigne vigoureusement les codes de la publicité. Il est question d'une célèbre marque de lessive qui, à l'époque, se targuait de pouvoir déloger une tache de café même à l'intérieur d'un torchon noué.

     

    Ce sketch fait encore partie de mes préférés.

    Mais s'il y a un domaine en matière de nœud, ou je demeure imbattable, c'est pour m'en faire régulièrement au cerveau...

    3 octobre 2021

    3. Navire #Blogtober2021

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    Le thème du jour est l'occasion de continuer de raconter mes vacances de cet été en Bretagnie. Après avoir séjourné à Vannes (capitale européenne de la blague) me voici donc à Concarneau, charmante ville portuaire du Finistère, pour une seconde et dernière semaine de congés.

    Je ne m'étais jamais rendu compte d'à quel point la Bretagnie toute entière pouvait être tournée vers la mer. Ce que j'écris va bien au-delà des mots. Pour avoir observé minutieusement leurs mœurs et coutumes pendant 15 jours, je crois que les Bretons sont les enfants de Poséidon. En Bretagnie, on nait marin, on ne le devient pas. De la même manière que le goéland sait voler d'instinct. C'est pareil. Mettez un trois-mâts entre les mains d'un breton, et il vous l'emmènera n'importe où il y a de l'eau, même jusque dans votre baignoire. L'appel du large est consubstantiel aux lieux.

    Appel du large donc. Et j'avoue que séjourner en Bretagnie sans embarquer pour aller visiter les îles à portée de voile aurait été une faute de gout impardonnable. 

    Nous sommes donc le 1er septembre, il est 9h du matin. Le temps s'annonce encore une fois parfait. Nous embarquons à bord du Corentin, caboteur trois mats en résidence à Concarneau, pour nous en aller passer la journée dans l'archipel des Glénan. 

    Tandis que notre bateau vogue sur l'océan, un groupe de dauphins s'approche et nous suivra en front de proue pendant quelques minutes. L'instant est vraiment génial. Je ne savait pas que l'on pouvait croiser des dauphins si proche de nos côtes. 

    Au bout de deux heures de traversée, nous approchons de l'archipel. Nous débarquerons sur l'île de Penfret, sur laquelle est établie l'école de voile des Glénan. Notre objectif sera tout autre : se prélasser au soleil et ne rien faire du tout. Ça tombe bien, c'est à peu près tout ce qu'il y a à y faire. 

    Le lieu est idyllique. La plage de sable blanc est bordée d'eau turquoise. On hésite entre la Bretagnie et les Seychelles ! À quelques miles des côtes bretonnes, c'est vraiment incroyable. 

    Quand on a cette possibilité de dépaysement sous le coude à longueur d'année, je conçois que l'on n'ait pas réellement envie d'aller chercher ailleurs.

    La journée se déroulera sous les auspices d'un calme absolu, d'un soleil parfait et d'une mer quasi-tropicale, bien loin des inquiétudes du quotidien qui me semble, à cet instant précis, très, très, très loin.


    2 octobre 2021

    2. Costume #Blogtober2021

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    Lorsque j'étais gamin, il n'y avait pas une seule fête entre cousins qui ne fut costumée. Des fêtes, il y en a eu un certain nombre, la maison de mes grands-parents étant pour cela un champ de bataille formidable toujours prêt à accueillir nos facéties. Et ma grande cousine était toujours partante pour organiser ce genre de chose, à tout bout de champ et pour n'importe quelle occasion, et avec un certain talent.

    Pêle-mêle je me rappelle avoir incarné une méchante sorcière, un kazakh russe, un magicien, et je ne sais plus quoi encore. Il faut dire qu'un rien nous habillait et qu'une écharpe rouge devenait ceinture aussi facilement qu'un vieux gilet mité devenait une robe de bal. À ce jeu-là, les armoires de mes grands-parents étaient des cavernes d'Ali Baba absolument extraordinaires pour nous autres.

    En fouillant un peu dans les archives familiales, dans ces grosses boîtes à gateaux en métal entreposées au bas d'un buffet, quelque part à la maison, je pense qu'il doit être possible de retrouver de vieilles photos de nos exploits. Car même si instagram et les autres réseaux sociaux n'existaient pas encore, nous ne manquions pas de documenter ces moments et de les repasser en revue lors des grands repas de famille de Pâques, à Noël ou à la Toussaint.

    Je me rappelle même  une fois, m'être glissé dans la peau d'une bonne femme à l'aide d'une robe que m'avait prêté ma mère. Elle m'avait également rembourré la poitrine avec un petit oreiller et maquillé le contour des yeux, pour paraître plus vrai. Je devais avoir 7 ou 8 ans à peine. 

    Là encore, je sais qu'il existe une photo souvenir intercalée entre deux pages d'un album de famille. Il faudra que je la retrouve, pour voir si mon souvenir est fidèle...

    ÉDIT : Je l'ai retrouvée ! 🙀



    1 octobre 2021

    1. Cristal - #Blogtober2021

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    Nous voici au 1er octobre, qui marque le retour de #Inktober, et donc de #Blogtober ou #IWAK (Inktober with a keyboard) un mois de dessins et de billets de blogs quotidiens sur des thèmes imposés. Et comme j'avais bien aimé l'exercice l'an passé, je m'y recolle cette année. Hop !

    Dans la salle à manger de mes parents trône, accroché au plafond, un grand lustre en cristal. C'était la mode dans les années 70 d'avoir ce gendre de décoration chez soi. Aujourd'hui cela paraît un peu suranné voir complétement kitsch. Mais je dois dire que je n'en ai jamais vu de semblable, ou du moins de semblable effet.

    D'apparence il est relativement ordinaire. Six branches en laiton travaillé, bariolées de multiples pampilles transparentes à facettes. Chaque branche porte à son extrémité un manchon rosâtre qui imite la cire fondue d'une bougie, couronné d'une ampoule en verre dépoli. Rien d'extravagant en somme.

    Pourtant, celui-ci est en cristal de Bohème, du nom de cette région en République Tchèque réputée pour l'artisanat du cristal. Ma mère est d'ailleurs très fière de le rappeler à l'occasion : "Ha mais ce n'est pas du cristal ordinaire, c'est du cristal de Bohème !" ce qui impressionne toujours son interlocuteur, comme s'il s'agissant de Lalique ou de Murano !

    La réelle valeur de ce lustre modeste est pourtant ailleurs. Judicieusement placé dans la pièce par le pur fruit du hasard, il se trouve qu'en certaines périodes de l'année, le soleil du soir le percute de plein fouet. Durant quelques minutes, les dizaines de pampilles à facettes diffractent alors la lumière en une constellation d'arcs-en-ciel qui éclaboussent la pièce d'un décors féérique, dont l'intensité s'étiole au fur et à mesure que l'astre du jour décroît.

    Et pendant quelques jours, à la même heure, la magie du cristal de Bohème répand son enchantement, encore et encore.

    25 septembre 2021

    La folle aux chats

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     [Air connu]

    Je suis la folle, la folle aux chats,
    Celle qu'on moque mais qu'on n'voit pas.
    Du haut de mon quatrième étage 
    J'écoute monter les commérages.
    Il faut croire que le Bon Dieu
    Aime lui aussi rire un p'tit peu.

    Je suis la folle, la folle aux chats,
    Celle qui ricanne tout bas
    Quand les enfants rentrent de l'école
    Moi j'me bidonne en farandole.
    Les mistigris m'le disent aussi :
    "Va t'coucher c'est bientôt minuit".

    Je suis la folle, la folle aux chats,
    Celle qui danse sur les toits.
    Je n'ai que faire de vos avis,
    J'ai dix-huit félins pour amis
    Qui en gros ronrons et câlins
    Savent combler tous mes chagrins.

    Je suis la folle, la folle aux chats,
    Viens avec nous, on n'en meurt pas !
    Dire du mal, je vous l'confie,
    C'est mon p'tit plaisir dans la vie.
    La haine est un très bon moteur
    Quand les jours ne sont que douleur.

    Je suis la folle, la folle aux chats,
    Paraît qu'jai un flingue sous les draps.
    Et si par bonheur j'le fais pas
    C'est parc'que le Diable m'intéresse pas.
    On m'a dit que sur l'Achéron
    Les gondoles sont en béton.

    Je suis la folle, la folle aux chats
    Tra lalala lala lala
    Et si un jour je n'reviens pas
    Éloignez-vous à petits pas,
    Fermez la porte de votre mieux,
    Et surtout : mettez-y le feu !
    Qu'un grand brasier me consume,
    Voilà un funèbre costume !

    Je suis la folle, la folle aux chats...

    18 septembre 2021

    Z comme zenémar...

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    Difficile de passer à côté tant on ne parle que de cela, sans réellement en parler, tout en en parlant... 

    Entre les gugusses xenophobes qui crachent leur venin fieleux à travers tous les médias possibles, les impétrants aux épaules manifestement pas assez larges pour le costume mais qui se veulent faire aussi gros que le boeuf, et les caricatures de candidats mal dégrossis, le paysage politique est globalement affligeant. 

    La course à l'échalote ne fait que commencer... 

    14 septembre 2021

    TITANE - de Julia Ducournau

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    Deux jours après avoir vu TITANE, le dernier film de Julia Ducournau, palmedorisé lors du Festival de Cannes de cette année, je suis bien en peine de dire ce que j'ai pensé exactement.

    L'histoire en elle-même tient en trois lignes et ce n'est pas tellement là que se noue l'intérêt du film. La gazette du cinéma indépendant où je suis allé, indiquait que TITANE est un film dont il ne faut pas chercher à savoir grand chose avant de le voir. Et je crois que c'est un excellent conseil. 

    Cela tombait d'autant mieux que, hormis son prix cannois, je n'avais aucune idée du scénario ni n'avais lu aucune critique sur le film. C'est donc drapé dans une virginité totale que je m'asseyais au dernier rang de la petite salle toute en velours.

    J'avoue que j'ai mis quelques minutes avant de réellement me laisser faire par le film et à rentrer dans l'histoire dont on ne comprend pas vraiment bien les premières minutes. Images fortes, couleurs vives, violence parfois extrême, personnages mis dans des situations à la limite de la rationalité... La salle devient un immense shaker à sensations fortes dont le spectateur est autant les olives que les glaçons. 

    Et puis, sans m'en rendre compte, j'ai glissé. Je me suis laissé happer. Par les images. Par la narration. Une narration toujours en tension, qui avance sans relâche, en vous tenant très fort par la main. Une main que vous tenez tout aussi fermement, jusqu'à la dernière seconde, de peur de tomber. De tomber dans la folie des personnages ? 

    Une heure quarante plus tard, je me suis extirpé de mon fauteuil, un peu abasourdi de ce que je venais de voir, de ce que je venais de vivre. 

    Une expérience de cinéma. 

    28 août 2021

    Tambour Major en Bretagnie #1

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    Cela fait longtemps que je voulais venir en Bretagnie, ce pays lointain de mon Toulouse natal, dont j'entends parler depuis ma plus tendre enfance. Quand j'étais gamin j'avais un copain breton à l'école primaire qui s'appelait Erwan. Plus âgée que moi de 2 ou 3 ans, je me rappelle qu'il ne cessait de nous répéter "mais c'est bien la Bretagne" sans que je sache vraiment pourquoi ce ne serait pas bien...


    Voici donc une semaine que j'arpente la côte sud de ce Grand Ouest français. J'ai d'abord fait escale à Vannes qui m'avait été conseillée pour être une très jolie ville située, qui plus est, à quelques encablures de Carnac et de ses très célèbres alignements protohistoriques. Vannes est réellement une très jolie ville, avec un centre historique digne d'intérêt. J'ai beaucoup aimé me balader à toute heure du jour et de la nuit dans les rues sinueuses bordées de maisons à colombage, m'arrêter dans cette boulangerie pour acheter un savoureux kouign-amann ou encore me régaler d'une délicieuse crêpe a l'andouille de Guémené. Et puis au détour d'une vaste porte de pierre, s'ouvre la zone portuaire et, avec elle, le souffle vers l'océan. 

    Parmi mes visites, je me suis d'abord rendu à Quiberon en abandonnant ma voiture à Erdeven, le reste du trajet se faisant à vélo (54 Km tout de même !). Je l'ignorais mais c'est un fait certain : la Bretagnie est le paradis du cycliste. Il y a des pistes cyclables partout et même qu'elles sont souvent rudement bien aménagées. Même au bord d'une départementale, rouler est un plaisir et je n'ai jamais craint de me faire renverser, contrairement à ce qu'il se passe habituellement en Haute-Garonne où emprunter une départementale à vélo relève du suicide pur et simple. 


    À Quiberon j'ai beaucoup aimé la côte sauvage justement pour son aspect nature. J'ai aimé cette immensité de végétation encore laissée à son état d'abandon relatif, jalonnée de criques où les touristes viennent passer un peu de temps au soleil, dans un calme qui fait du bien aux oreilles et à l'esprit. J'ai aimé parcourir ces routes sinueuses au long desquelles se déploie un paysage immense bordé par la mer. L'autre partie de la presqu'île m'a un peu déçu car trop urbanisée, trop malmenée par l'homme.

    J'ai beaucoup aimé mardi cette journée sur l'île d'Arz. Après une petite demi-heure de bateau nous voici débarquant sur ce petit bout de terre au milieu du Golfe du Morbihan, à quelques brassées de la côte en réalité. Une île sur laquelle il n'y a pas grand-chose à faire si ce n'est se balader, profitez du paysage, écouter le vent chanter entre les branches des ifs immenses, faire quelques pas dans l'eau claire et jouer avec les crabes, ou encore se prélasser à l'ombre d'un arbre en savourant le temps qui passe.


    Et puis il y eut Carnac. J'attendais Carnac depuis longtemps sans savoir exactement ce à quoi je devais m'attendre. Alors, oui, c'est vertigineux de se dire qu'il y a plusieurs milliers d'années, des êtres humains ont décidé d'ériger des pierres parfois gigantesques sur des kilomètres et des kilomètres, pour des raisons qui nous sont encore inconnues, et que ce travail qui dépasse la raison soit encore face à nous aujourd'hui. Et je trouve encore plus vertigineux de se rendre compte qu'avec toute notre technologie, tout notre savoir et notre sentiment de supériorité d'homo sapiens du 21e siècle, nous sommes toujours dans l'incompréhension de cet acte simple, mais probablement très riche de sens pour ses auteurs, qui a consisté à dresser des pierres en pleine nature. 


    Pourtant je garde une pointe de regret que le site ait été massacré dans les années 70-80 par la création de routes qui sillonnent tout autour de cet immense édifice qui aurait mérité de demeurer vierge. J'ose imaginer le grandiose qu'aurait le lieu si l'ensemble pouvait être contemplé d'un seul regard, sans avoir à traverser constamment ici une route, là un carrefour ou un rond-point. 

    Comparaison n'est pas raison mais mon esprit chauvin garde quand même ce pincement de vertige que jai pu ressentir là-bas et que je n'ai pas ressenti ici, lorsque je m'étais rendu il y a quelques années tout en haut d'une montagne pour découvrir les cromlechs d'Espiau. Bien que ces derniers soient beaucoup moins ostentatoires que ceux de Carnac, tant pas leurs dimensions que par leurs proportions, je leur conserve une affection particulière. Probablement en raison de leur côté  "beauté cachée", inaccessible au premier regard et qu'il faut aller rencontrer au milieu de cet écrin hors du commun de l'immensité des montagnes, dans un face-à-face silencieux ponctué du seul tintement des cloches des villages d'en-bas.

    Depuis hier, je suis à Concarneau à une centaine de kilomètres un peu plus à l'Ouest. J'ai loué un vaste appartement avec vue sur la mer. Je m'y sens très bien et je crois que, pour la première fois depuis une semaine, je me sens apaisé dans ce lieu qui a tout pour me plaire. Baigné de lumière, calme, un panorama magnifique dont il doit être difficile de se lasser. Un cocon. Je ne saurais trop comment décrire mon ressenti mais j'ai l'impression de retrouver un peu ici ce que j'aime tellement dans la montagne. Le calme, la beauté de la nature relativement preservée, l'invitation à la contemplation, une présence humaine qui ne confine pas au blingbling. 

    Cette semaine je prévois notamment de me rendre la Pointe du Raz, l'extrémité Ouest du continent. Je compte y rester assez longtemps pour y admirer le coucher du soleil. Voir s'éteindre peu à peu les feux du jour parmi les vagues qui s'étendent à l'infini. Écouter s'installer le silence de la nuit merveilleuse, ponctuée par le rythme imperturbable des flots. 

    Un morceau d'éternité. 


    11 août 2021

    Je ne sais plus écrire

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    Je me rends compte que je ne sais plus écrire. Que les phrases ne viennent plus. Que les idées meurent dans mes doigts et s'évanouissent à la surface des touches.

    Je ne sais plus coucher sur les pixels ce que je ressens vraiment, cette foultitude de choses que j'aimerais pouvoir exprimer et que je mets un temps infini à analyser, comprendre, déconstruire. Tout ce qui, avant, me permettait de rédiger des billets denses et introspectifs. 

    Peut-être avais-je alors davantage de temps pour ce-faire ? Le temps de polir mes phrases, de choisir mes mots, de me lire et me relire en lissant les syllabes.... Ou est-ce la conséquence d'une déformation professionnelle qui m'oblige à écrire de manière droite et anguleuse ?

    Il me manque, ce temps d'avant, où je prenais le temps d'écrire.

    10 août 2021

    Revoir les priorités

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    Le constat est difficile mais il s'impose.

    Depuis le mois d'avril dernier et un événement particulièrement désagréable qui m'a pas mal chamboulé, je me pose (encore) beaucoup de questions sur mon boulot et ma légitimé à l'exercer. Je ne sais pas encore quelles décisions je prendrai dans un avenir plus ou moins lointain mais une chose au moins est certaine : je travaille trop. 

    Trop par éparpillement. Un éparpillement choisi, certes. Mais, que je le veuille ou non, cet éparpillement est générateur d'un surcroît de travail très important dont la rentabilité réelle reste à mesurer. Et, surtout, d'un stress que je ne veux plus subir dans les proportions qui ont été celles de ces derniers mois, voire ne plus subir du tout (douce illusion).

    Il me faut donc travailler mieux, c'est à dire dans de meilleures conditions, pour aller mieux. Et ce mieux passe nécessairement par certains renoncements. Me délester de certaines activités qui, bien que plaisantes, sont en réalité parasitaires quand je regarde le temps que j'y passe réellement, en plus de mes journées de travail ordinaires.

    Ce temps qui me manque et après lequel je cours en permanence, ne serait-ce que pour me reposer le weekend, déconnecter et me ressourcer, comme tout un chacun devrait le faire. Ce temps qui me permettrait de voir d'avantage mes amis, de faire du sport plus régulièrement, de travailler mon instrument bien davantage, bref de profiter un peu de la vie.

    5 juillet 2021

    Le panier de la discorde

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    Les chats ont la réputation d'être des bestioles relativement territoriales. Les chats-minous n'échappent pas à ce trait de caractère consubstantiel à leur félinité. 

    Pour suivre un certain nombre de mémères à chats sur Twitter et Instagram, je sais que la cohabitation entre plusieurs chats au sein d'un même logement peut s'avérer problématique. Des luttes de territoire s'organisent, des crises de jalousie d'un niveau de drama rarement atteint par l'homme se hourdissent, des guéguerres débiles sévissent afin de conquérir telle paire de genoux ou de gagner le droit de régner en maître absolu sur le canapé. Tous ceux qui ont des chats en ont été témoins.

    Il y a quelques temps à la télévision, je regardais l'une de ces émissions sur les chats. En l'occurrence il s'agissait d'une scientifique allemande qui travaille sur les miaulements des chats, leurs interactions avec les humains et celles entre semblables. Et c'était super intéressant de voir à quel point le chat peut être en recherche d'attention de la part de son maître tout en luttant pour son territoire face aux autres chats. 

    Je me souviens qu'à un moment donné, en regardant deux minous qui vivent ensemble et en analysant leur comportement, elle concluait que ces deux-là avaient fini par accepter de composer l'un avec l'autre, tout en se vouant une haine fratricide. Et j'avais trouvé ça tout à la fois assez drôle et inquiétant.

    Drôle car on prête souvent aux chats la réputation de psychopathes dont la seule raison de vivre serait de se débarrasser des humains. Et cela ne date pas d'internet : depuis longtemps on raconte que les chats viendraient voler le souffle des bébés pendant qu'ils dorment, ou qu'ils essaieraient de nous faire trébucher dans les escalier pour nous occire. Les films d'horreurs regorgent de ce genre de références.

    Inquiétant car je me suis interrogé sur les chats-minous, ces créatures si exceptionnelles qu'elles m'ont choisi pour être leur papounet d'amûr... (non je n'exagère pas). Les chats-minous donc, sont issus de la même portée et ont toujours vécu ensemble. Ils jouent ensemble. Régulièrement ils font leur sieste ensemble. Ils partagent la gamelle de croquettes, la gamelle d'eau, la litière... Il m'arrive même de les surprendre en train de se toilette mutuellement. C'est dire s'ils sont sociables.

    Pourtant, se pouvait-il que les chats-minous se tolèrent mutuellement ? Eux qui ne sont qu'amour, poils et gros ronrons ? 

    En effet, je ne les vois jamais se battre ouvertement en éructant ou en poussant des cris. Parfois j'en vois un emmerder l'autre, sans que cela aille plus loin. Et pourtant...

    Et pourtant, en les observant un peu plus attentivement je me suis mis à me rendre compte de certaines choses. En particulier de la lutte pour le panier. Celui qui est juché tout en haut de l'abrachat, qui domine tout le salon et offre une belle vue à travers la fenêtre. Depuis le canapé d'où je les observes, je me suis rendu compte à plusieurs reprises qu'au cours du même après-midi ce n'était jamais le même chat qui pionçait dans le panier. Tantôt Caramel, tantôt Pistache, puis le premier, puis le second, et ainsi de suite jusqu'à ce que l'un des deux déclare forfait et s'en aille bouder sur le tapis ou sous le lit. 

    J'ai d'ailleurs observé l'un des deux asséner (ou être sur le point) des coups de pattes sournois à l'autre pour le faire chier et l'en déloger. De ma place je l'ai invectivé. Il m'a regardé en écarquillant les yeux l'air de dire "Moooooiiiiiiiiiiiiii ?". Oui... Toi, petite canaille. Crois-tu que je ne t'ai pas vu faire ?

    Et ce petit manège m'a pas mal interpellé : oui, les chats-minous se font la guéguerre pour savoir qui occupera ce foutu panier, source de toutes les convoitises. 

    Alors, quand je rentre chez moi le soir et que je vois un chat-minou roupiller dans le panier de la discorde, je me marre tout seul en imaginant quelles luttes fratricides ont eu lieu, auxquelles je n'ai pu assister, pour aboutir à ce résultat...


     

    NB : Ce n'est que par pure coïncidence que j'écris ce billet alors que les chats-minous sont sur le point de souffler leur troisième bougie.

    2 juillet 2021

    Canardé

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     Vu sur Twitter. C'est très con mais ça me fait rire.

    1 juillet 2021

    Raz la cuve

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    Exténué
    Rompu
    Harassé
    Fatigué
    Fourbu
    Vanné
    Épuise
    Rendu
    Recru
    Las
    Vidé
    Éreinté
    Flapi
    Anéanti
    Brisé
    Claqué
    Lessivé
    Surmené
    Lassé
    Esquinté
    Défait
    Crevé
    Raplapla

    Tout ça à la fois. Ça fait un peu beaucoup pour un seul Tambour Major...

    Dans trois semaines les vacances. Il est temps, je vais finir par mordre quelqu'un.


    15 juin 2021

    La photo du mois : Les choses usées

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    Bonjour bonjour, nous sommes le 15 Juin, jour de notre rendez-vous mensuel avec La photo du mois.

    Pour rappel, chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris (hé oui, parce qu'il y a des participants d'un peu partout dans le monde).
     

    Pour ce mois-ci nous proposait comme thème Les choses usées: "celles qui ont été utilisées, qui ont eu une vie et qui ne servent plus chez nous ou à l'extérieur".

    Hé bien ma balade de dimanche dernier tombe à pic ! Je suis en effet allé me balader dans l'Aude, visiter des vieilleries des XIe et XIIIe siècles non-loin de la célébrissime cité médiévale de Carcassonne.

    Allez, je vous mets juste une photo, puisque tel est le concept de la photo du mois, avant de publier un billet un peu plus long par la suite.


    Il s'agit des quatre châteaux de Lastours, un site extraordinaire qui propulse le visiteur hors du temps. Les quatre châteaux ont été édifiés
    à 300 mètres d'altitude sur un éperon rocheux au-dessus du village de Lastours. Ils dominent les vallées de l'Orbiel et du Grésillou, dont ils constituaient un point de défense stratégique. 

    Sur la photo on voit  Cabaret au fond, la tour Régine toute ronde, et Surdespine. Le dernier, Quertinheux, se situe à droite, hors cadre.

    Le site est classé monument historique depuis 1905 et présente sa candidature à une protection UNESCO.

    La photo du mois continue chez les autres participants : Akaieric, Amartia, Betty, Blogoth67, Christophe, Danièle.B, El Padawan, Escribouillages, Eurydice, Frédéric, Gilsoub, Gine, J'habite à Waterford, Jakline, Josette, Julia, La Tribu de Chacha, Lau* des montagnes, Laurent Nicolas, Lavandine, Le souffleur de mots, Lilousoleil, magda627, Philisine Cave, Pilisi, Renepaulhenry, Sous mon arbre, Xoliv'.

    15 mai 2021

    La photo du mois : Fais ce que tu aimes

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    Bonjour à tous, nous sommes le 15 Mai, jour de notre rendez-vous mensuel avec La photo du mois

    Pour rappel, chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris (hé oui, parce qu'il y a des participants d'un peu partout dans le monde).

    Ce mois-ci nous devions pencher sur Fais ce que tu aimes, choisi par Sous mon arbre.

    Le choix a été assez simple. Car depuis trois semaines que j'ai décidé de franchement lever le pied au bureau et de rentrer à la maison à des heures acceptables, je me retrouve avec du temps libre que je peux mettre à profit pour (re)faire tout un tas de choses que j'aime, à commencer par la lecture. Ce qui me procure l'occasion d'enfin expurger les piles qui s'accumulent un peu partout dans l'appartement.

     

    Ma photo de ce mois-ci représente mes lectures du moment : La Bombe, un passionnant roman graphique sur l'histoire de la bombe atomique que je chroniquerai bientôt ici ; L'inconnu de la poste de Florence Aubenas que j'attaquerai ce soir et qui m'avait été chaudement recommandé ; et Secret défense de Hervé Témime, dont j'avais écouté l'interview à la radio en septembre dernier et qui m'avait donné envie de le lire.

    Et vous, quelles sont vos lectures du moment ? 

    La photo du mois continue sur les autres blogs participants : Akaieric, Amartia, Betty, Blogoth67, Christophe, Danièle.B, El Padawan, Escribouillages, Eurydice, Frédéric, Gilsoub, Gine, J'habite à Waterford, Jakline, Josette, Julia, La Tribu de Chacha, Lau* des montagnes, Laurent Nicolas, Lavandine, Le souffleur de mots, magda627, Marie-Paule, Philisine Cave, Pilisi, Renepaulhenry, Sous mon arbre, Tambour Major, Xoliv'.

    21 avril 2021

    Des jours comme aujourd'hui

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    Il y a des jours comme aujourd'hui qui me font me sentir totalement bête, nul, incapable de réfléchir. Un esprit vide et stérile usurpant la place d'autrui. Une baudruche. 

    Une illusion.

    Il y a des jours comme aujourd'hui où le stress me ronge les os et les sangs, jusqu'au malêtre. 

    Jusqu'à la nausée. 

    Ces jours comme aujourd'hui me montrent avec une certaine violence qu'il me faut vraiment travailler mon rapport au conflit, à l'estime de soi, et au lâcher prise.

    Sérieusement.

    Ces jours comme aujourd'hui, je me demande si je suis réellement fait pour ce que je fais dans la vie, et s'il ne faudrait pas changer, avant de crever d'un infarctus.

    Ou d'autre chose.

    Un jour comme aujourd'hui, j'ai regardé pour la première fois les noms des psychologues à portée de main. 

    Car des jours comme aujourd'hui, il y en a déjà eu beaucoup. Et je me demande si je serai longtemps capable de les supporter.

    Encore et encore.

    Et j'ai bien peur que la réponse soit non.
    Des jours comme aujourd'hui.

    15 avril 2021

    La photo du mois : Tonique

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    Bonjour à tous, nous sommes le 15 Avril, jour de notre rendez-vous mensuel avec La photo du mois

    Pour rappel, chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris (hé oui, parce qu'il y a des participants d'un peu partout dans le monde).

    Ce mois-ci nous devions pencher sur Tonique, choisi par J'habite à Waterford.
     
    Le sujet m'a d'abord fait penser au titre d'un album des Bidochons, et qui s'appelle précisément Toniques.
     
    Dans cet album - le 16e de la série - Raymonde et Robert découvrent les joies du sport, des silhouettes de rêves et des corps galbés dans les magazines, des produits de beauté "testés cliniquement" en tout genre qui vous chassent la cellulite des cuisses en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
     
    C'est en suivant cette idée que je suis naturellement arrivé à ma photo. Car moi aussi, malgré le confinement et la fermeture des salles, j'essaie de rester tonique
     
    En effet, il y a un peu plus d'un mois, je me suis acheté un rameur sur lequel je transpire quasi quotidiennement. Un achat que je ne regrette nullement et qui rend parfaitement son office : transpirer copieusement quelque soit le temps et limiter les ravages de la sédentarité contrainte. Moi qui faisait 3h de sport par semaine en salle, je revis !
     
    Ce sera donc ma photo du mois.
     
     

    13 avril 2021

    Famélique

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    Un petit strip que m'a envoyé une copine la semaine dernière et qui m'a bien fait rire, sur les attitudes irrationnelles et autres comportements stochastiques de nos z'amis les chats.



     Parce que c'est e.x.a.c.t.e.m.e.n.t ça...

    9 avril 2021

    Les dents de la mère

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    Vous excuserez le titre pourri, il m'est venu en regardant à nouveau Les Dents de la Mer cet après-midi... J'ai même hésité, craignant qu'il ne soit un peu trop freudien pour son contenu. Bref, ce n'est pas du dentier de ma mère dont je voulais parler dans ce billet, même s'il y est tout de même question d'une sorte de morsure de l'âme.

    Aussi loin que je me souvienne, l'idée et l'image de la mort ont toujours plané sur ma famille. La maladie, la mort des autres et la sienne propre, faisaient partie du paysage quotidien chez mes grands-parents, et d'une certaine normalité dans laquelle j'ai grandi. 

    Ainsi j'ai su très jeune que ma mère avait perdu son père alors qu'elle avait à peine vingt ans, ce dont témoigne un portait ovale toujours accroché dans le salon chez mes parents. Une photo en noir et blanc, qui le représente en tenue militaire, à peu près à l'époque de son mariage. De même, le fait que ma grand-mère maternelle ait perdu un enfant, renversé par une voiture devant sa porte, n'a jamais été un mystère. Pas davantage que l'une des filles de mon autre grand-mère soit décédée d'une méningite, alors qu'elle avait à peine onze ans. C'était un sujet annuel de lamentation, à l'occasion de son anniversaire posthume, et dont une vieille photo grise, placée dans la montée d'escalier, conserve le doux sourire à jamais figé. 

    Des morts, il y en avait partout, et tout le temps. C'était parfois un peu suffoquant. Mais c'était ainsi. En effet je suis issu d'une famille d'émigrés Italiens, éparpillée à travers toute l'Europe et le monde entier. Ma grand-mère avait même une cousine bonne-sœur en Tanzanie, avec laquelle elle correspondait régulièrement. Le facteur et le téléphone apportaient donc régulièrement leur lot de nouvelles sur la santé des uns et des autres et, avec elles, leur lot d'inévitables décès dont nous étions évidemment tenus informés. 

    Il y avait aussi ce rituel lors des repas de famille, à l'issue desquels une tante allait invariablement chercher une grosse boîte en métal logée dans un bas de buffet, remplie de photographies. Des parents plutôt éloignés, tous italiens, que pour la plus part je n'ai jamais connus, et dont mes grands-parents évoquaient tour à tour le souvenir, reconstituant un vaste arbre généalogique dont eux-seuls conservaient la mémoire.

    Celui de mes aïeux qui parlait le plus de la mort était ma grand-mère maternelle. Je crois qu'une phrase sur deux qu'elle prononçait, commençait par : "Quand je serai morte". Parfois même, elle disait qu'elle en avait marre, qu'elle avait assez vécu et qu'il lui tardait que le Bon Dieu la rappelle. Je n'ai jamais su si c'était du lard ou du cochon et ma mère, à chaque, fois haussait les épaules en signe formel de désapprobation. Mourir, vieillir, alors qu'à 80 ans passés et en dépit de ses problèmes de santé, elle faisait encore son ménage, sa lessive, cuisinait et promenait son chien toute seule... Des morts, elle avait dû en voir pendant la deuxième Guerre Mondiale, elle qui habitait en zone occupée et qui s'était mariée pendant une permission de celui qui allait devenir son époux.

    L'autre jour, alors que je vitupérais gentiment contre je ne sais plus exactement quoi, mon frère me demandait à propos de nos parents : "Tu ne les vois pas vieillir ?". Bien sûr. Bien sûr que si. C'est peut-être cela qui m'angoisse. Voir le temps passer inexorablement sur eux. Même si je me voile un peu la face et que je fais mine de ne pas voir qu'ils se sont assagis, je sais bien qu'ils n'ont plus vingt ans ni même cinquante, et que faire ensemble les quelques voyages que j'avais envie de de leur faire partager sera peut-être un peu plus compliqué que je ne le pensais. 

    Parfois je songe aux parents qu'ils étaient quand ils avaient mon âge. Je vais avoir quarante trois ans dans deux mois. J'ai trente ans d'écart avec mon père et vingt-sept avec ma mère. A mon âge, mon père avait deux enfants, dont un fils aîné qui était déjà au collège et qu'il aidait à apprendre ses leçons d'anglais. Ma mère se rendait aux réunions parents-profs et s'entendait dire par une prof de français acariâtre : "J'espère que vous n'avez pas attendu tout ce temps pour vous entendre dire que tout va bien ?". Autant de situations que je ne connaîtrais pas. A l'époque où ils avaient mon âge, je percevais mes grands-parents comme âgés, je les voyais vieux, à travers mes yeux d'ado. Et à travers ce souvenir, je perçois parfois, malgré moi, mes propres parents. Comparaison n'est pas raison, dit-on.

    Pourtant, mes parents ne sont pas "vieux". Mon père aura 73 ans dans quelques semaines, ma mère 70 dans quelques mois. Ils sont en bonne santé et ont encore de belles années devant eux. Mais déjà ma mère commence à placer des "quant on ne sera plus là" dans nos discussions et se plaint d'être "vieille", sur le ton de la rigolade pour justifier une petite baisse de régime. Je ne supporte pas de les voir s'auto-assigner un rôle de pré-grabataire qu'ils ne sont pas. A chaque fois je lui rétorque qu'elle n'est pas vieille, de la même manière qu'elle haussait les épaules quand la sienne disait qu'elle en avait marre de la vie. Même s'ils sont pleins de volonté, j'ai peur qu'ils ne baissent les bras et ne fassent plus de projets. Je refuse que s'instille dans leur tête cette idée qu'ils sont vieux, que le grand compte à rebours a bel et bien commencé. Et c'est cette préfiguration qui me terrifie.