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  • 30 janvier 2011

    Pour ou contre la musique moderne ? - A propos de 'Medea' au Théâtre du Capitole

    21 commentairess
    Vendredi soir je me trouvais au Théâtre du Capitole pour assister à une représentation de Medea sur une musique de Pascal Dusapin et une chorégraphie de Sasha Waltz. Pour vous donner quelques repères et mettre grossièrement l'oeuvre dans son contexte, Pascal Dusapin est un compositeur né à Nancy en 1955, ayant bénéficié pendant ses jeunes années de l'influence de Xenakis, aujourd'hui bien installé sur la scène musicale internationale et récipiendaire de plusieurs distinction et prix internationaux récompensant ses travaux sur la musique contemporaine. Sasha Waltz quand à elle a créé ses chorégraphies sur les planches des plus grandes scènes lyriques d'Europe et collabore régulièrement avec les figures emblématiques de la musique contemporaine.

    Medea, présentée vendredi soir au Théâtre du Capitole, est une commande effectuée par Bernard Focroulle, immense musicien (son intégrale de l'oeuvre d'orgue de Buxtehude est hautement recommandable, celle de Bach est trop cérébrale à mon goût) et directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Le cahier des charges indiquait que l'oeuvre devait être exécutée immédiatement après Didon & Aeneas de Purcell, au Théâtre de la Monnaie en 1992. Medea est donc une oeuvre plutôt concise (à peine plus d'une heure) faisant appel à un orchestre baroque utilisant un tempérament ancien permettant de différencier un do dièse d'un ré bémol. Sur scène une soprano coloratur récitante incarne Medea, et des danseurs.

    Je ne parlerai pas de la représentation à proprement parler car ne je suis pas certain de maîtriser les ressorts  de la musique contemporaine assez parfaitement pour me livrer à l'exercice d'une critique un tant soit peu objective. Un texte ancré dans la noirceur la plus absolue, une Médée un peu hallucinée, aux confins de la folie vengeresse, articulant chaque mot un à un, sur une musique toute en tensions et des corps qui fendent l'air, virevoltent, s'agglutinent, se disloquent. Tout cela était superbe. Si j'ai appris une chose, c'est qu'être aux premières logues - au sens littéral du terme pour le coup ! - ne permet pas de profiter pleinement du spectacle scénique. Finalement, en dépit d'un coté inattendu, parfois déroutant, j'ai passé un très agréable moment. Et pas seulement grâce à ce rhâââââ lovely très mignon petit danseur, vraisemblablement colombien, dont j'aurais volontiers fait mon quatre-heure et toutes les heures du cadran et qui a constitué à lui seul à mes yeux un spectacle dans le spectacle.
    [De taille moyenne, une épaisse chevelure de jais coordonnée à une barbe soignée taillée de près, une peau d'ambre, un grand sourire et des yeux qui pétillent... c'est tout ce qu'il faut pour me faire craquer. C'est étonnant comme mon regard est toujours magnétisé par le même genre de garçon. ]
    Au moment des saluts finaux, après que la troupe de danseurs et Caroline Stein ont reçu un flot d'applaudissements fournis amplement justifiés, alors que Pascal Dusapin montait sur scène, j'eus la surprise d'entendre fuser quelques cris et sifflets de désapprobation. Tiens tiens, ça sent doucement le scandale  et la castagne, une vague odeur de souffre, mais d'une toute autre veine que celle ayant pu irriguer la création de quelques unes des pages qui apparaissent aujourd'hui comme les plus magistrales du répertoire, mais aussi peut être beaucoup de navets. Pour ma part j'applaudissais satisfait de ma soirée, les oreilles et les yeux encore sous le charme.

    Tandis que je me dirigeais vers le métro, m'accompagnèrent sans le savoir deux personnes qui visiblement venaient d'assister au même spectacle que moi, avec nettement moins de conviction. Déjà dans ma loge en  début de représentation, deux petites mamies avaient furtivement échangé un "C'est spécial" qui en disait long sur leur incrédulité. Cette fois-ci dans la rue, les langues étaient autrement plus déliées. Le jeune homme se lamentait auprès de sa compagne des stridulations dissonantes des cordes, des accords étranges joués par l'orgue, des mélismes décharnés de Médée. Bref, nous n'avions visiblement pas passé la même soirée et, tandis qu'elle paraissait plus conciliante, lui semblait vilipender la musique contemporaine dans sa généralité, mimant au passage le grincement des archets couinants.

    Ho c'est sûr on n'avait pas affaire au coussin des harmonies confortables d'un Poulenc et le langage musical a tout de même bien évolué depuis Prokofiev. Et même si je suis de longue date attiré par la musique contemporaine, j'admets qu'il arrive régulièrement que ça frotte, que ça pique et gratte parfois très fort au point de souhaiter que le supplice se termine au plus vite. J'ai notamment souvenir d'un concert, une création de Requiem, dans le cadre d'un fameux festival dans le Comminges, qui fut un calvaire. Demandez son avis à Méchant Chimiste pour voir... J'ai un autre souvenir de création dans une insigne basilique Toulousaine, encore un Requiem - a croire que les harmonies contemporaines ne trouvent pas grâce à mes oreilles face à ce monument d'art sacré - qui fut aussi un morceau de bravoure non seulement pour les interprètes, mais aussi - et surtout - pour l'auditoire qui, une fois le dernier accord posé, a promptement fui les lieux sans demander son reste.

    Plongé dans mes pensées et songeant au mimiques de cet auditeur déçu, me revint alors en mémoire le titre d'un ouvrage que je conserve précieusement dans ma bibliothèque : Pour ou contre la musique moderne ?


    Pour ou contre la musique moderne ? de Bernard Gavoty et Daniel Lesur  paru  en 1957, compilation d'entrevues radiophoniques de compositeurs contemporains de l'époque dont le nom de certains est aujourd'hui mondialement connu et reconnu :  Olivier Messiaen, Henri Dutilleux, Maurice Jarre, Georges Enesco, Pierre Schaeffer... parmi d'autres. Véritable plaidoyer en faveur d'une musique contemporaine alors en disgrâce de la part  d'un auditoire perdu,entre expérimentations hasardeuses et insondable cartographie mathématique de l'échelle des sons inaccessible au commun des mortels , les auteurs dressaient en un très long prologue à leur ouvrage, le constat suivant  :

                « (...) Comment faire un choix parmi tant de musiciens et d'ouvrages qui vont du meilleur au pire, du conformisme à l'outrancier et du chef-d'oeuvre à l'expérience de laboratoire ? Pour nous, auditeurs, la difficulté est de distinguer la bonne musique de la mauvaise. Sur cent concertos modernes, il n'y en a peut être qu'un seul d'excellent. Et le malheur veut, précisément,  que les quatre-vingt-dix-neuf mauvais cachent le centième, qui est bon.»
                 Le problème est de tous les temps. A toute époque, il y a eu, cote à cote, des retardataires et des précurseurs, des hommes de génie et des artiste médiocres. C'est, en principe, le rôle de la critique de distinguer et de guider les amateurs. Toutefois, le critique est tributaire de ses goûts personnels, de son instinct et de sa sensibilité. Son jugement est loin d'être absolu, si bien que deux hommes également éclairés ont très souvent des opinions diamétralement opposées sur un même ouvrage ou sur un même auteur. Le rôle de la critique est plutôt d'amorcer la discussion générale. Pour le reste, le temps fait son oeuvre. Mais, comme l'écrit si justement M. Martel, le temps lui-même n'est pas à l'abri de l'erreur. résignons-nous donc à entendre beaucoup de musique et à élire celle qui s'accorde à notre sensibilité. (...) 

                 « Les sens sont devenus fous, et c'est le résultat qu'obtiennent délibérément tous ces faiseurs de neuf qui, le jour et la nuit, s'escriment sur leur instrument à chercher des effets. Les nouvelles règles qui sont maintenant en vigueur et les nouveau modes qui en découlent rendent la musique moderne désagréable à entendre...» Quel est l'auteur de cette diatribe ? Un mélomane de 1957 ? Non point : c'est le chanoine Gian-Maria Artusi, compositeur et critique bolognais, qui accueillait par ces paroles amères la publication des Madrigaux de Monteverdi en  1600...  (...)
                 En 1802 on reprochait à Beethoven ses duretés, ses bizzareries. En 1875, on jetait à la tête de Bizet des adjectifs jugés alors insultants : wagnérien, brumeux, nordique - à propos de Carmen, si française par l'esprit, si méridionale par la lumière qui l'ensoleille ! En 1902, la répétition générale de Pelléas fut houleuse. En 1913, le Sacre du Printemps déchaînait des batailles. Mais assez rapidement, les critiques s'apaisèrent et firent place à l'admiration qui, depuis lors, ne s'est pas démentie. Tel est le sort de toute oeuvre à la fois originale et sincère : l'originalité heurte d'abord nos habitudes, mais la sincérité entraîne finalement notre adhésion. Honegger soutenait avec raison que le public est plus sensible à ce qu'on lui dit qu'à la manière dont on s'exprime. En d'autres termes, la pensée prime le vocabulaire et l'on accepte d'être surpris, à condition d'être convaincu. (...)

    Alors ? Pour ou contre la musique contemporaine ?

    28 janvier 2011

    Pour une réforme de l'amour (suite)

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    Quelques mots pour préciser ma pensée sur le billet d'hier à propos l'intervention d'Edgar Morin dans la matinale du  7/9 de France Inter. Le contenu de ces propos m'a tout d'abord séduit avant de céder le pas à la perplexité.

    Séduction tout d'abord en ce que Morin dénonce les idoles avec lesquelles on confond parfois l'amour. Je parle du tourbillon de la passion qui consume tout sur son passage jusques et y compris le couple lui même. Mettre en garde contre les illusions d'un amour total immédiat dont la presse people nous abreuve et qu'elle érige - malgré elle ?- en une forme de modèle auquel il est tentant de s'identifier, par suivisme autant que par le désir d'être dans une norme chimérique.

    Prévenir des risques de transformer le plus beau des sentiments en objet de consommation, on prend, on teste, on jette, on ramasse, un froisse, on casse, on recolle, dégage, reviens, au suivant, fous moi la paix, Next ! comme l'intitulait une émission de pseudo télé-réalité, ce que Ek91 a parfaitement résumé dans  son commentaire et auquel je souscris totalement :

    " Il me semble urgent de ne plus classer l'amour, le mariage, nos relations aux autres, etc... dans la même catégorie que nos Kleenex, nos Bic, nos BigMac et nos autres biens jetables, sans forme, sans odeur et sans goût."

    Perplexité ensuite car affirmer que "l'amour emballement conduit à l'échec", c'est aussi prendre le parti de l'immaturité. Certes une relation amoureuse ne débute pas nécessairement par l'emballement, mais tout de même les premiers instants sont tout-feu tout-flamme il me semble. Cela doit-il signifier que la relation est vouée à l'échec ? N'y a-t-il pas de la place pour la raison, pour une nécessaire prise de recul, attitude que l'on attend normalement d'un adulte et dont l'absence chez les adolescents fait sourire les grandes personnes ? Le danger est bien évidemment, avec l'empressement symptomatique auquel notre monde  nous astreint - de confondre cette effusion dégoulinant de bons sentiments avec la noblesse du véritable sentiment amoureux, lequel se corrompt parfois lorsqu'il est confronté à l'immédiateté du désir non canalisé.

    Je crois sans trop me tromper que nous rêvons tous de cet amour parfait qui débuterait par un coup de foudre pour se transformer ensuite en un perpétuel feu d'artifice dont chaque panache serait plus beau que le précédent. Rêve candide, utopie de jeune fille en fleur... peut être bien. La réalité n'est pas toujours aussi scintillante. Revenir à plus d'humanité dans la chose amoureuse, certes ; c'est un vaste et nécessaire chantier. Mais laissez nous nos rêves de princes charmants.

    27 janvier 2011

    Pour une réforme de l'amour

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    Ce matin sur France Inter, Patrick Cohen invitait à la matinale du 7/9 le sociologue, philosophe, essayiste Edgar Morin, à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage  "La Voie".

    Abordant la dernière partie du livre qui traite des 'réformes de vie', Patrick Cohen fait remarquer à son invité que cette thématique est étonnamment inconnue des politiques et du discours politique contemporain, à l'exception notable du slogan de campagne de François Mitterrand en  1981 "Changer la vie", slogan qui n'a d'ailleurs jamais été repris depuis. Ce à quoi Edgar Morin apporta la réponse suivante :
    " Et puis c'était vague. On ne savait pas comment ils allaient changer la vie alors  que le vrai problème, si vous voulez, est d'améliorer nos relations avec autrui ou avec nous même. Par exemple, prenez la question du mariage. Il est certain qu'on a cessé de vivre un mariage organisé par les familles et c'est le mariage d'amour. C'est ce qu'il y a de plus beau. Mais on constate que ces mariages d'amour s'effondrent la plus part du temps et provoquent des divorces. (...) Je pense qu'il faut maintenir l'amour à la source du mariage. Mais il faut à ce moment là réformer l'amour, c'est à dire l'amour emballement qui conduit à l'échec ; l'amour possessif qui conduit au drame. Il y a toute une série de formes d'amours dégradées alors que le véritable amour est quelque chose qui maintient l'émerveillement pour l'être aimé et qui peut faire un couple durable."

    L'émission est disponible en balado-diffusion sur la page oueb du 7/9.
    Les propos rapportés se situent à partir de 1:54:30.
    La vidéo concerne un autre moment de l'émission.

    26 janvier 2011

    Jardinage d'hiver

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    L'autre jour un copine m'a fait un cadeau un peu inattendu. Pour les fêtes de fin d'année je me suis vu médusé offrir un rosier nain. "Pour ton amour des plantes" m'a-t-elle dit toute souriante. Oui je n'ai pas tellement l'habitude qu'on m'offre des fleurs, encore moins des plantes, même si effectivement j'aime bien ça. Je vous avais d'ailleurs parlé en novembre 2009 de Eugène, Claudomire, Hysophore, Adaltrude ainsi que de leurs compères, qui se portent plutôt bien. Car des plantes, j'en ai un peu partout à la maison. Allez, je vous montre.

    Sur l'un des balcons pousse tout d'abord un bougainvillier qui n'a hélas pas supporté la vague de froid de ces derniers jours. Heureusement les blessures ne sont que superficielles.  En attendant je vais le tailler puis  le rentrer au chaud pour qu'il ne souffre pas trop et il repartira sûrement comme si de rien n'était au printemps. Juste à coté se trouve un jeune pied de vigne, du muscat je crois bien. Il se plait bien malgré des débuts difficiles. C'est très rustique ces choses là, et ça pousse à toute allure. J'ai du le ratiboiser sévèrement en décembre afin de contraindre le cep à se renforcer. Afin de tenir compagnie à la vigne et fleurir un peu  toute cette végétation foisonnante - bé oui, la vigne à part des feuilles ça ne fait pas grand chose et ce n'est vraisemblablement pas encore cette année que je pourrai récolter le moindre grappillon - je viens de planter une clématite. J'aime bien ce genre de fleurs un peu vieillottes. Je leur trouve un charme simple, un rien suranné, et ça me plait. On verra bien ce que ça donnera cet été !


    Au pied de la clématite, c'est de la menthe qui s'amuse à coloniser tout le bac. C'est très appréciable en été, et ça donne de super mojitos.  smileys Forum

    Sur l'autre balcon règne une énorme passiflore qui m'a donné cet été un fleurissement assez exceptionnel. Cette plante produit de grosses fleurs charnues au subtil parfum de fruit exotique, mais  hélas à la durée de vie trop éphémère. Pour garnir un peu le pied j'ai planté des bulbes de tulipes qui, si tout se passe bien, feront un tapis multicolore dès le mois d'avril. En attendant il n'y a gère que le petit rosier dernier arrivé qui mette un peu de couleurs sous le gris du ciel.


    Il y a aussi un mandarinier que j'ai rentré pour la saison froide. En ce moment il est couvert d'une multitude de fleurs blanches qui embaument tout l'appartement. C'est un véritable régal olfactif ! Ca donnerait presque envie de s'envoler immédiatement pour Séville tiens ! Peut être bien que je récolterai mes premières mandarines cette année ?


    Les amaryllis aussi donnent dans le spectaculaire avec leurs énormes fleurs. Dommage qu'elles soient si parfaitement inodores. Et l'orchidée semble préparer une jolie surprise pour bientôt. Espérons qu'elle ne dépérira pas, la culture en pot est assez lointaine des conditions naturelles de cette plante épiphyte !



    Ah, et pour finir, il fallait que je vous révèle une terrible nouvelle. Je redoute à vous l'annoncer... 
    C'est au sujet du monstroplante. Le lotus

    Ben... comment dire ? Il a fuit. Je n'ai pas d'autre explication rationnellement envisageable.

    Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais un beau matin j'ai retrouvé son bocal vide. Pas un mot, pas une explication. Tout allait pourtant très bien entre nous. Et comme ça du jour au lendemain, plus rien, nada. 

    Je suis éploré....

    21 janvier 2011

    Il est grand temps

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    S'il y a bien une question qui m'a toujours embarrassé, c'est celle de ce que je voudrai faire plus tard. Lorsque j'étais gamin je me souviens avoir voulu un temps devenir pâtissier ou cuisinier, puis cosmonaute, à moins que ce ne fut l'inverse. A vrai dire ce n'est pas tant moi que les autres que cette question a pu embarrasser. Car moi, ce que je voulais faire plus tard, je m'en foutais un peu. Le métier que je voulais faire ? Qu'importe ! du moment qu'il me plaise. Un jour quelqu'un m'a expliqué que pour faire un métier qui me plaise, il me fallait suivre les études qui vont avec. Oui, mais comment savoir ce qui nous plait vraiment quand on a le malheur de  pouvoir s'intéresser à tout ? Aussi lorsque au collège notre professeur principal  de 4° nous demanda  de rédiger un dossier sur le métier de notre choix, dans le but louable de nous faire réfléchir à la question  cruciale de l'orientation, je crois avoir ressenti comme un léger flottement dans le regard de l'enseignant à la lecture de la page garde : j'avais choisi "facteur d'orgues".

    Mon brevet en poche ce fut désormais au lycée que les mêmes non-interrogations reçurent les mêmes non-réponses, alors que dans le même temps je refusais paradoxalement d'admettre  certaines évidences qui s'imposaient pourtant à moi dans toute la violence du rejet de soi face à l'insoutenable regard des autres. J'ai donc fait des choix, parfois par défaut plus que par conviction, des choix auxquels j'ai finalement pleinement adhéré et dans lesquels je me suis véritablement plu et épanoui.  Non pas que je ne regrette rien mais au final cet itinéraire est celui qui m'a fait tel que je suis aujourd'hui et le résultat n'est en définitive pas si mal.

    L'horizon du baccalauréat approchant, et dans son sillage la perspective des portes de l'université, l'ombre du dilemme du choix de la filière à suivre me prit sous son aile. L'appel du coeur était séduisant mais c'est la voix de la raison qui eut le dessus : j'étudierai donc le droit, sachant que l'on pouvait y suivre des études longues, ce qui me donnerait le temps de réfléchir à un métier, pour plus tard.  Les semestres puis les années se passent  et le constat est inévitable : je n'ai jamais trop su quoi faire de ma vie. Pourtant je ne me plains pas, je n'ai jamais été vraiment malheureux, même lorsque ça n'allait pas. J'ai toujours gardé en moi une foi inébranlable en l'avenir, faisant confiance à ma bonne étoile et au sérieux de mon labeur. Il faut croire que cela marche car je n'ai pour l'instant jamais été pris en défaut et puis me targuer d'avoir toujours eu cette chance  formidable d'avoir vu le travail venir à moi, sans que je ne demandasse rien. Des activités qui pour la plupart n'existent pas pour des tiroirs un peu trop cartésiens. Et pourtant je les ai exercées.

    Aujourd'hui pourtant je me sens à l'étroit dans ma vie. Une vie en mutation. J'ai placé cette année sous le sceau de l'accomplissement. Et elle le sera. Je ne sais pas exactement où je vais, la carte est encore assez floue. Je sais seulement que je dois faire confiance à ma boussole et sais ce que je veux laisser derrière moi :  la gloriole dorée des parades de courtisans qui s'abreuvent de torrents de vanité suffisante et se noient dans une marre d'ennui tout en s'entretuant.

    Dans quelques mois je serai paré des nouvelles ailes que j'ai mis trop de temps à me confectionner, enfin prêt à prendre un envol qui sera comme une remontée à la surface afin d'y emplir mes poumons d'air neuf. Une grande bouffée d'oxygène vivifiant avant de m'en aller explorer le vaste Monde. Car vois-tu j'ai grand soif . Soif de nouveauté, soif de ces paysages que je ne connais pas, soif de ces rencontres qui m'attendent sur le bord du chemin, soif de ces souvenirs qui ne m'appartiennent pas encore, soif de découvrir tout ce que j'ignore et dont la vie me laissera en grande partie ignorant. Soif de vivre, tout simplement. Et peut-être enfin trouver ce métier qui n'existe pas et qui m'attend pourtant à bras ouvert.

    Oui, il est grand temps que les choses changent. Il est grand temps...

    19 janvier 2011

    Rubber

    12 commentairess
    Chargé d'un nombre invraisemblable de paires de jumelles, un homme avance dans le désert. Un peu plus loin un groupe de spectateurs semble l'attendre, parqués derrière un cordon de sécurité. Pendant que leur sont distribuées les jumelles, un agent de police les prend à partie et commence un curieux monologue :
    Pourquoi dans le E.T. de Steven Spielberg, l’extra-terrestre est-il marron ? « No reason ». Pourquoi dans Massacre à la Tronçonneuse de Hooper, les gens ne vont pas aux toilettes comme tout le monde dans la vraie vie ?  « No reason ». Pourquoi ne voit-on pas l'air autour de nous ? « No reason ». Parce que tous les bons films sont fondés sur le « No reason » et que la vie est essentiellement composée de « No reason », ce film sera un hommage au   « No reason ».
    Nous  voilà prévenus ! Les spectateurs braquent leurs jumelles vers l'horizon, le spectacle va pouvoir commencer, ou pas. C'est par ce prologue surréaliste que n'auraient pas renié les  Monty Python que débute Rubber.

    Ce que j'adore au cinéma, c'est la faculté qu'ont certains films de nous faire basculer dans la quatrième dimension avec le plus grand aplomb du monde et de défier les lois les plus élémentaires de la rationalité. Rubber se place sans conteste au rang de ces ovni cinématographiques.

    L'histoire est cette d'un... pneu. Oui, un pneu. Un pneu abandonné dans le sable du désert californien qui s'éveille, reprend (?) vie, recouvre force et vigueur et s'en va rouler de par le monde. Mais attention, il ne s'agit pas d'un pneu ordinaire : doté de redoutables pouvoirs psychokinétiques, celui-ci est de la race des tueurs. Passé l'acte fondateur de la première victime dont une innocente bouteille plastique fera les frais, repoussant sans cesse les limites de sa folie meurtrière, les cadavres s'accumulent. Et bientôt une enquête policière commence : qui a trucidé la femme de ménage dans ce motel en bord de route ? C'est donc aux aventures de ce pneu tueur, mystérieusement attiré par une jolie fille à la voiture rouge, que les spectateurs incrédules assistent. Mise en abîme plutôt déroutante au début, le film est en effet commenté de l'intérieur par ses propres spectateurs. Du foutage de gueule, certainement, mais aussi le parti pris d'un ton volontairement décalé et d'une narration qui entremêle en réalité deux histoires dont l'interaction, d'abord passive, ira crescendo.

    Film de genre, Rubber manie avec panache les ressorts de la comédie et du cinéma gore. On rit de situations totalement burlesques, voire parfois ubuesques, tout autant que l'on se réjouit de quelques magnifiques gerbes d'hémoglobine visqueuse telles que le cinéma gore pouvait nous en offrir à son âge d'or.  La trame de l'histoire est assez simple, linéaire, qui s'articule autour de trois pôles : l'enquête policière, la mystérieuse fille à la voiture rouge, et ce groupe de spectateurs qui vit au rythme des péripéties du serial killer vulcanisé. Et la sauce prend ! Outre son caractère très très décalé qui avait tout pour me plaire, j'ai été d'emblée séduit par la photographie absolument magnifique ainsi que les superbes lumières du film. Ca donne envie d'aller en Californie tout ça. La bande son très soignée et jamais envahissante n'est pas en reste non plus, cosignée par l'un des membres des so frenchie Justice  : la classe.

    Décalé, insolent, gore, plutôt fun et visuellement très beau, Rubber peut certes paraître comme un vaste foutage de gueule, mais un foutage de gueule qui a du panache, sans être non plus le film de la décennie, n'exagérons rien. A déconseiller aux grincheux, à consommer sans modération pour les autres. Et dernière petite chose : c'est un film français ! Preuve que l'on est nous aussi capables de produire des petites choses tout à fait intéressantes dans un terrain de jeu étroitement gardé par quelques réalisateurs de talent dont j'avais pu parler ici il y a quelques semaines.


    Le site internet de Rubber le film

    16 janvier 2011

    Un bien étrange colis

    28 commentairess
    Hier matin alors que j'étais en train d'astiquer ma cuisine revêtu de mon tablier à paillettes fuchsia, le crissement mécanique de l'interphone vint réduire à néant ma chorégraphie de Vogue (oui, il faut absolument me voir un plumeau à la main sur "strike a pose") Vogue disais-je, qui faisait alors vibrer tout l'appartement. Abandonnant mon éponge écumante de mousse, je me dirige vers la porte d'entrée.
    - Oui bonjour monsieur, c'est la Poste, j'ai un paquet pour vous.
    Un paquet ? Cela m'a un peu surpris car je ne me rappelais pas avoir commandé quoi que ce soit mais après réflexion je me suis souvenu que deux amis m'avaient chacun conseillé ces jours deniers de surveiller ma boite à lettres. Allez zou, sort son tablier, enfile un jean et un sweat, cherche sa paire de babouches et descends au rez-de-chaussée récupérer la livraison.

    Parvenu en bas le facteur me tend alors une grosse enveloppe à bulles en papier kraft, estampillée By Air Mail, sans indication précise de l'expéditeur. Le seul signe est un "£" suivi de ce qui ressemble à un tarif d'affranchissement, laissant sous-entendre que le bidule a traversé la manche. C'est un peu volumineux et tout léger à la fois... Etrange étrange.


    Une fois installé à mon bureau commence le déballage.  Hoooooo !! Mais qu'est-ce que c'est que ce bidule ?


    Choco Mouse "Wireless USB mouse" : c'est une souris sans fil en forme de tablette de chocolat ! Haha, c'est génial !


    Un gourmand l'a déjà croquée avant moi... Même le capteur USB est couleur chocolat. On aurait presque envie de mordre dedans, mais je ne suis pas certain que ce soit très bon.


    Hop, on glisse les 2 piles (non fournies) dans la bête et aussitôt l'oeil rouge s'allume - comme dans 2001 L'Odyssée de l'espace. Heureusement j'avais un paquet de pile toutes neuves dans le tiroir de la cuisine, sinon j'aurais été ultra-frustré de pas pouvoir l'essayer tout de suite ! Oui je peux être très impatient parfois. smileys Forum


    Oeil rouge : check ! Capteur USB : branché. Signal détecté...   Tadaaaaaaam : Ca marche !

    Hi hi, c'est vraiment génial ce machin...Cela tombe d'autant mieux que je voulais m'acheter une souris sans fil pour aérer encore mon bureau. C'est  fonctionnel et décalé juste ce qu'il faut, je kiffe. Alors même si j'en ai une vague idée, je sais pas encore exactement à qui je dois dire merci mais sachez une chose : je suis totalement fan de mon nouveau jouet !
    smileys Panneaux

    15 janvier 2011

    La Photo du Mois : Dans le Ciel

    30 commentairess
    Chaque mois, les blogueurs qui participent à La Photo du Mois publient une photo en fonction d'un thème. Toutes les photos sont publiées sur les blogues respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, le thème retenu par Marie est : Dans le ciel.



    Paris, mardi 28 décembre 2010 vers dix-huit heures trente. Les phares de la Tour Eiffel transperçant les cieux et le brouillard Parisiens de leurs feux tournoyants.

    Canon Digital Ixus 100 IS - 35mm - f/3.2 - 1/13s - ISO 400

    13 janvier 2011

    Arrietty, le petit monde des chapardeurs

    12 commentairess
    Tu les as déjà vus toi aussi hein, dis, tu les as déjà vus ? Tu le sais qu'ils existent... les chapardeurs ? Ne t'es tu jamais posé de question en découvrant un morceau de sucre abandonné sur le tapis du salon là où il n'y avait rien la veille au soir ? N'as-tu jamais surpris le chat en train d'éructer toutes griffes dehors devant cet inoffensif massif de pivoines en fleurs au jardin ? Si hein...? Ha, je le savais bien  ! Ecoute bien et ferme les yeux : tu les entendras peut être marcher à pas feutrés la nuit. Mais surtout ne cherche pas à les observer, ne les regarde pas, laisse les vivre leur vie, fais comme s'ils n'étaient pas là, ton regard pourrait les effrayer, les contraindre à l'exil. Car tel est leur destin : vivre cachés, juste à coté de nous. Ils ne font aucun mal et nous pouvons leur apporter du bien, tant que nous les laissons en paix. Alors laisse les vivre, comme si de rien n'était.

    Une nouvelle fois les Studios Ghibli démontrent avec une virtuosité toute contenue leur suprématie absolue dans l'animation traditionnelle, pied de nez révérencieux mais foudroyant à la fureur numérique et  à la mode de la 3D dont nos écrans sont envahis. Un scenario tout simple servi par un dessin somptueux foisonnant de détails, une bande son caressante, des personnages pittoresques et attachants, une atmosphère baignée par la douceur de vivre teintée d'une once de nostalgie. Tout cela sent bon l'herbe fraîche, le bois vieux et le parfum des fleurs, la caresse du vent sur la joue. On ressort d'Arrietty comme l'on ressort d'un joli rêve et, lorsque la salle obscure rallume ses feux, ce n'est pas sans mal que l'on quitte la poésie extatique de ce petit chef d'oeuvre. A voir, absolument.


    12 janvier 2011

    Les Fiançailles au Couvent au Théâtre du Capitole

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    La programmation du Théâtre du Capitole de Toulouse saison 2010-2011 m'avait tout de suite frappé par son caractère résolument moderne puisque une grande partie de la programmation est consacrée à des oeuvres du XX° siècle, dont précédemment Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Kurt Weil, sur un texte de Bertolt Brecht et dont je garde un souvenir formidable, quand bien même le traitement burlesque décadent fut un brin en décalage avec l'aridité caustique du théâtre de Brecht.

    Hier soir j'assistais à la première des Fiançailles au Couvent de Sergueï Prokofiev, oeuvre créée en novembre 1946 à Leningrad,  dirigé dans cette production par le formidable (et plutôt très mignon) Tugan Sokhiev, sur une mise en scène de Martin Ducan.  L'histoire des Fiançailles est assez classique et renvoie sans difficulté au théâtre de farce : à Séville (!) les deux plus grands marchands de poisson décident de s'associer pour fonder un monopole. Afin de consolider leur pacte, Mendoza demande à Don Jérôme de lui donner la main de sa fille, Louisa. L'affaire ne sera pas si simplement conclue car Louisa ne l'entend pas de cette oreille. Aidée de sa malicieuse nourrice elle met au point un astucieux stratagème pour échapper à cet hymen contraint et épouser Antonio son aimé. Bien entendu vont s'enchaîner toute une série de  qui pro quo et coups de théâtre tout droit venus de Molière.

    Quoique ne connaissant qu'assez peu la musique de Prokofiev je ne me faisais aucune inquiétude particulière sur le tissu musical dont je me doutais de la parfaite écoutabilité à mes oreilles. Et j'avoue que les presque trois heures de spectacle furent un enchantement sonore continu. Tugan Sokhief maîtrise il est vrai ce répertoire à la perfection et a su donner à la partition tout le dynamisme nécessaire, avec une immense subtilité dans le travail des couleurs. Je me suis régalé de bout en bout, souvent fasciné par cette écriture absolument géniale qui accompagne le texte de très près au point de ne faire qu'un avec le jeu des acteurs, ce qui demande souvent une parfaite synchronisation du geste comme de la parole, et cela au service d'effets notamment comiques particulièrement réussis. Pour rester objectif, on pourrait reprocher à l'orchestre quelques problèmes passagers de justesse en particulier chez les bois, mais l'étroitesse de la fosse que j'imagine surchauffée ne doit pas aider à la stabilité de l'accord.

    Sur scène, les décors sont résolument modernes, très loin du baroquisme ou de l'abondance ostentatoire que l'on aurait pu voir dans d'autres productions et à laquelle on pourrait s'attendre, mais leur apparente simplicité est en réalité au service d'une astucieuse scénographie qui fait évoluer les volumes au gré des nécessités narratives, le tout assisté d'un travail sur la lumière absolument fabuleux, tout en nuances et subtilités. J'ai été bluffé de voir comment le même décors, simplement par le travail de la lumière, pouvait figurer autant l'intérieur d'un appartement cossu qu'un verdoyant jardin de couvent.

    Au rang des interprètes, je n'ai pas grand chose à dire : brillant ! Brian Galliford nous a servi un  Don Jérôme magistral, Larissa Kalagina était parfaite dans son rôle de Duègne facétieuse, Mikhail Kolelishvili  a fait un très bon Mendoza... Tout ce petit monde visiblement tendu au début de la représentation a fini par trouver ses marques pour, se libérant de la partition, véritablement rentrer dans leur personnage. Car la particularité des Fiançailles au Couvent est d'être un opéra "lyrico-comique" mêlant étroitement chant, théâtre et danse, ce qui conduit les interprètes à chanter une partition techniquement exigeante tout en jouant la comédie, à grands renforts de grimaces et autres facéties grivoises. J'attribuerais en particulier une mention particulière au huitième tableau, qui se déroule dans un monastère : un moment de décadence de premier choix !

    En revanche les danseurs qui interviennent ponctuellement, soit mêlé aux comédiens soit en pur aparté, m'ont un peu déçu. Il faut dire que dans une troupe, quelle qu'elle soit, le niveau moyen se situe au niveau du plus faible de ses éléments. Or hier soir  il est évident que l'un d'eux dénotait très nettement, visiblement peu à l'aise et peu convainquant dans ses mouvements approximatifs et médiocrement engagés. Dommage car d'autres étaient d'un réel très bon niveau.

    J'ai donc passé une très bonne soirée, riant assez souvent d'ailleurs, non pas à cause mais avec les personnages, emporté par les élans d'une très belle production.  Les applaudissements soutenus qui ont accompagné le dernier baissé de rideau ne furent pas dé-mérités.  Une jolie première qui augure de très belles choses pour les représentations à venir car qu'il se soit agit de la toute première ne fut pas exactement le meilleur moyen de mettre tout le monde à l'aise. Qu'il s'agisse des danseurs autant que des interprètes, je crois qu'il fallut attendre le premier entracte pour que tout ce beau monde commence à réellement prendre ses marques, l'aisance de son personnage et nous servir une seconde partie enlevée et truculente.  Cela me donnerait presque envie de revenir voir ce spectacle pour vérifier comment, après ce premier rodage, tout cela évolue. Il y a fort à parier que la dernière sera formidable.


    Les Fiançailles au Couvent de Sergueï Prokofiev
    Théâtre du Capitole
    Jusqu'au 19 janvier 2011

    10 janvier 2011

    Hyper actif

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    Parmi les choses que je déteste, l'ennui figure certainement dans la tête de liste. Ne pas savoir que faire, tourner en rond comme un lion dans sa cage, faire et refaire dix fois la même chose pour tromper le néant, voilà certainement l'une des pires choses qui pourraient m'arriver, capable de me faire plonger dans une douce folie  à l'image de celle qui frappe le joueur d'échec de Stefan Sweig.  "La vie est courte, mais l'ennui l'allonge. Aucune vie n'est assez courte pour que l'ennui n'y trouve sa place" écrivait avec beaucoup de justesse Jules Renard dans son Journal.

    Hyper actif. C'est un qualificatif qui revient souvent dans la bouche des amis à qui je raconte ce que j'ai pu faire lors de mes week-ends. Certains sont même épuisés rien qu'à m'entendre déclamer la litanie de mon emploi du temps. Encore vendredi après midi sur MSN un copain me demandait ce que j'allais faire ce week-end, si j'avais prévu des trucs, ce qui est une mauvaise question lorsque l'on me connaît, mon agenda ayant cette faculté extraordinaire de se remplir en quelques heures seulement. Ainsi il est plus que fréquent que mon week-end soit booké en une matinée et que je sois malgré moi conduit à renoncer (argh... que ce mot m'est violent !) à me rendre à tel apéro ou à telle soirée pour cause de soirée concurrente dont l'antériorité lui confère de facto sa priorité. Donc après lui avoir exposé mes projets pour les journées de samedi et dimanche, mon correspondant lâchât un "Ha oué, t'es un vrai hyper actif toi !".

    C'est vrai que j'aime bien faire des dizaines centaines milliards de choses, avoir une vie bien remplie et rythmée. Vivre, voir, entendre, découvrir, rire, goûter, m'émerveiller, écouter, bouger, apprendre, voilà ce qui me plait. Je déteste l'inertie, le plan-plan des habitudes un peu trop installées. Ho, détrompez-vous tout de suite, mes journées ne sont pas un étourdissant tourbillon multicolore, il s'en faut de beaucoup. Elles sont en réalité assez mornes, passées à travailler, le nez dans les bouquins et les yeux rivés à mon écran d'ordinateur qui m'est aussi une fenêtre sur le monde ainsi qu'une porte ouverte sur mes amis. Aussi par contraste j'utilise et optimise mon temps libre pour donner tout le relief que je souhaite à mon existence, sans trop me poser de questions. Et cela m'étonne toujours de susciter l'étonnement pour ce que je considère comme quelque chose de somme toute très normal, même s'il m'arrive aussi de larver puissamment.

    Ce dernier week-end n'a pas échappé à la règle des quatre journées en une, et ce n'est qu'en raison d'une trop courte nuit de cinq heures ayant succédé à une soirée trop arrosée, elle même précédée d'une longue et fastidieuse journée de déménagement, que je ne suis pas parvenu à caser une petite heure de sport dimanche matin avant de prendre la route pour aller tenir les claviers dans une église lors de la messe dominicale pour ensuite revenir bruncher à Toulouse avant de me rendre en milieu d'après midi à une tea-party. Rentré chez moi vers 19 heures, il me restait juste assez d'énergie pour  regarder un épisode de Dexter en attendant l'arrivée de ce charmant Brésilien de passage dans la Ville Rose et passer un très agréable moment à le réconforter. Quand j'y pense, quelle ironie ! Alors qu'il y aura tout juste un an dans quelques jours, j'étais moi même au Brésil et que pas une fois je n'ai eu l'occasion de goûter les charmes autochtones, voici qu'un délicieux garçon originaire de Salvador me tombe tout droit dans les bras sans que je ne demande rien.  La vie est parfois bien faite. Une vie presque ordinaire.

    7 janvier 2011

    Mon nouveau copain !

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    Depuis que je suis rentré de Paris, un nouveau copain surveille mon bureau. Il a quatre pattes, de belles oreilles et une longue trompe. Oui, c'est un petit éléphant. Pas un vrai hein. Un éléphant du Kenya taillé dans du bois de savon et que j'ai ramené de la boutique du musée du Quai Branly. J'ai bien vérifié, l'étiquette collée sur son ventre mentionne bien Made in Kenya et non pas Made in China.  Petit mais  ne vous y fiez pas : il est fichtrement lourd. Hé oui, un éléphant ça trompe énormément ! Lui, ajouté à tous les bouquins, je vous assure que mon poids de bagages avait pratiquement doublé entre l'allée et le retour. Heureusement qu'en train cela ne pose pas le même genre de difficultés qu'en avion.

    Comme je sais qu'en principe les éléphants ont peur des souris, je craignais que la cohabitation avec la souris de mon ordinateur ne soit difficile. Mais finalement non, ils s'entendent plutôt très bien. Et il semble s'être très bien habitué à son nouvel environnement Toulousain. La preuve en images :


    Je sais qu'il a un frère jumeau quelque part sur la toile. Et quelque chose me dit que cela lui ferait plaisir d'avoir de ses nouvelles. Si jamais il lit ce message... smileys Forum

    2 janvier 2011

    Mutatis mutandis

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    Le philosophe Anaxagore de Clazomènes (500-428 av. J.-C.) était parvenu  quelques  2200 ans avant Antoine Lavoisier à concevoir l'idée selon laquelle « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ». C'est exactement cette théorie que le scientifique Français reformulera dans son Traité élémentaire de chimie paru 1789, sous la maxime aujourd'hui très connue : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». En ce début d'année où chacun s'adonne à la tradition des bons voeux et espère des jours meilleurs, voici de quoi  faire se volatiliser quelques illusions.

    Une nouvelle année qui commence donc, et qui ne sera cependant pas foncièrement différente de la précédente. Ainsi que je l'avais pu écrire l'an passé, elle sera ce que vous voudrez bien en faire, et la récolte le fruit de ce que l'on aura semé . Ni plus, ni moins.  Les malheurs passés, pas plus que toutes ces petites choses qui vous donnaient des occasions de vous réjouir, ne disparaîtront pas. Ils perdureront, ou se commueront en autre chose dont nous sommes chacun responsable.

    D'un point de vue personnel, cette année sera non pas celle des transformations à proprement parler, mais celle de l'accomplissement et des moissons C'est une chose acquise, une certitude qui se paiera au prix fort. Tel le faucheur qui a vu ses blés patiemment mûrir au soleil, j'aiguise méticuleusement ma faux qui, dans le déploiement d'un geste mille fois répété, couchera les épis d'or sur la terre nourricière avant que d'être cueillis, broyés et transformés en une farine savoureuse qui donnera du bon pain. Il n'est que temps ! Par cette métaphore agricole je veux bien sûr évoquer l'achèvement tant attendu de mon travail de thèse dont l'aboutissement est désormais programmé. Un lourd mais nécessaire labeur qui s'annonce. Mais quelle délivrance aussi !

    Alors, pour sacrifier au rituel des voeux inauguraux, je ne vous souhaite pas de changer ni de vous transformer radicalement. Ce n'est ni possible, ni vraiment souhaitable. Je vous souhaite en revanche de vous accomplir pleinement dans ce que vous êtes, de vous révéler pleinement dans ce que vous entreprendrez, et de trouver les ressources nécessaires afin de vaincre les obstacles qui vous contraignent à une sclérosante inertie.

    Bonne année 2011 à tous et à chacun !