Vendredi soir je me trouvais au Théâtre du Capitole pour assister à une représentation de Medea sur une musique de Pascal Dusapin et une chorégraphie de Sasha Waltz. Pour vous donner quelques repères et mettre grossièrement l'oeuvre dans son contexte, Pascal Dusapin est un compositeur né à Nancy en 1955, ayant bénéficié pendant ses jeunes années de l'influence de Xenakis, aujourd'hui bien installé sur la scène musicale internationale et récipiendaire de plusieurs distinction et prix internationaux récompensant ses travaux sur la musique contemporaine. Sasha Waltz quand à elle a créé ses chorégraphies sur les planches des plus grandes scènes lyriques d'Europe et collabore régulièrement avec les figures emblématiques de la musique contemporaine.
Medea, présentée vendredi soir au Théâtre du Capitole, est une commande effectuée par Bernard Focroulle, immense musicien (son intégrale de l'oeuvre d'orgue de Buxtehude est hautement recommandable, celle de Bach est trop cérébrale à mon goût) et directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Le cahier des charges indiquait que l'oeuvre devait être exécutée immédiatement après Didon & Aeneas de Purcell, au Théâtre de la Monnaie en 1992. Medea est donc une oeuvre plutôt concise (à peine plus d'une heure) faisant appel à un orchestre baroque utilisant un tempérament ancien permettant de différencier un do dièse d'un ré bémol. Sur scène une soprano coloratur récitante incarne Medea, et des danseurs.
Je ne parlerai pas de la représentation à proprement parler car ne je suis pas certain de maîtriser les ressorts de la musique contemporaine assez parfaitement pour me livrer à l'exercice d'une critique un tant soit peu objective. Un texte ancré dans la noirceur la plus absolue, une Médée un peu hallucinée, aux confins de la folie vengeresse, articulant chaque mot un à un, sur une musique toute en tensions et des corps qui fendent l'air, virevoltent, s'agglutinent, se disloquent. Tout cela était superbe. Si j'ai appris une chose, c'est qu'être aux premières logues - au sens littéral du terme pour le coup ! - ne permet pas de profiter pleinement du spectacle scénique. Finalement, en dépit d'un coté inattendu, parfois déroutant, j'ai passé un très agréable moment. Et pas seulement grâce à cerhâââââ lovely très mignon petit danseur, vraisemblablement colombien, dont j'aurais volontiers fait mon quatre-heure et toutes les heures du cadran et qui a constitué à lui seul à mes yeux un spectacle dans le spectacle.
Tandis que je me dirigeais vers le métro, m'accompagnèrent sans le savoir deux personnes qui visiblement venaient d'assister au même spectacle que moi, avec nettement moins de conviction. Déjà dans ma loge en début de représentation, deux petites mamies avaient furtivement échangé un "C'est spécial" qui en disait long sur leur incrédulité. Cette fois-ci dans la rue, les langues étaient autrement plus déliées. Le jeune homme se lamentait auprès de sa compagne des stridulations dissonantes des cordes, des accords étranges joués par l'orgue, des mélismes décharnés de Médée. Bref, nous n'avions visiblement pas passé la même soirée et, tandis qu'elle paraissait plus conciliante, lui semblait vilipender la musique contemporaine dans sa généralité, mimant au passage le grincement des archets couinants.
Ho c'est sûr on n'avait pas affaire au coussin des harmonies confortables d'un Poulenc et le langage musical a tout de même bien évolué depuis Prokofiev. Et même si je suis de longue date attiré par la musique contemporaine, j'admets qu'il arrive régulièrement que ça frotte, que ça pique et gratte parfois très fort au point de souhaiter que le supplice se termine au plus vite. J'ai notamment souvenir d'un concert, une création de Requiem, dans le cadre d'un fameux festival dans le Comminges, qui fut un calvaire. Demandez son avis à Méchant Chimiste pour voir... J'ai un autre souvenir de création dans une insigne basilique Toulousaine, encore un Requiem - a croire que les harmonies contemporaines ne trouvent pas grâce à mes oreilles face à ce monument d'art sacré - qui fut aussi un morceau de bravoure non seulement pour les interprètes, mais aussi - et surtout - pour l'auditoire qui, une fois le dernier accord posé, a promptement fui les lieux sans demander son reste.
Plongé dans mes pensées et songeant au mimiques de cet auditeur déçu, me revint alors en mémoire le titre d'un ouvrage que je conserve précieusement dans ma bibliothèque : Pour ou contre la musique moderne ?
Pour ou contre la musique moderne ? de Bernard Gavoty et Daniel Lesur paru en 1957, compilation d'entrevues radiophoniques de compositeurs contemporains de l'époque dont le nom de certains est aujourd'hui mondialement connu et reconnu : Olivier Messiaen, Henri Dutilleux, Maurice Jarre, Georges Enesco, Pierre Schaeffer... parmi d'autres. Véritable plaidoyer en faveur d'une musique contemporaine alors en disgrâce de la part d'un auditoire perdu,entre expérimentations hasardeuses et insondable cartographie mathématique de l'échelle des sons inaccessible au commun des mortels , les auteurs dressaient en un très long prologue à leur ouvrage, le constat suivant :
Alors ? Pour ou contre la musique contemporaine ?
Medea, présentée vendredi soir au Théâtre du Capitole, est une commande effectuée par Bernard Focroulle, immense musicien (son intégrale de l'oeuvre d'orgue de Buxtehude est hautement recommandable, celle de Bach est trop cérébrale à mon goût) et directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Le cahier des charges indiquait que l'oeuvre devait être exécutée immédiatement après Didon & Aeneas de Purcell, au Théâtre de la Monnaie en 1992. Medea est donc une oeuvre plutôt concise (à peine plus d'une heure) faisant appel à un orchestre baroque utilisant un tempérament ancien permettant de différencier un do dièse d'un ré bémol. Sur scène une soprano coloratur récitante incarne Medea, et des danseurs.
Je ne parlerai pas de la représentation à proprement parler car ne je suis pas certain de maîtriser les ressorts de la musique contemporaine assez parfaitement pour me livrer à l'exercice d'une critique un tant soit peu objective. Un texte ancré dans la noirceur la plus absolue, une Médée un peu hallucinée, aux confins de la folie vengeresse, articulant chaque mot un à un, sur une musique toute en tensions et des corps qui fendent l'air, virevoltent, s'agglutinent, se disloquent. Tout cela était superbe. Si j'ai appris une chose, c'est qu'être aux premières logues - au sens littéral du terme pour le coup ! - ne permet pas de profiter pleinement du spectacle scénique. Finalement, en dépit d'un coté inattendu, parfois déroutant, j'ai passé un très agréable moment. Et pas seulement grâce à ce
[De taille moyenne, une épaisse chevelure de jais coordonnée à une barbe soignée taillée de près, une peau d'ambre, un grand sourire et des yeux qui pétillent... c'est tout ce qu'il faut pour me faire craquer. C'est étonnant comme mon regard est toujours magnétisé par le même genre de garçon. ]Au moment des saluts finaux, après que la troupe de danseurs et Caroline Stein ont reçu un flot d'applaudissements fournis amplement justifiés, alors que Pascal Dusapin montait sur scène, j'eus la surprise d'entendre fuser quelques cris et sifflets de désapprobation. Tiens tiens, ça sent doucement le scandale et la castagne, une vague odeur de souffre, mais d'une toute autre veine que celle ayant pu irriguer la création de quelques unes des pages qui apparaissent aujourd'hui comme les plus magistrales du répertoire, mais aussi peut être beaucoup de navets. Pour ma part j'applaudissais satisfait de ma soirée, les oreilles et les yeux encore sous le charme.
Tandis que je me dirigeais vers le métro, m'accompagnèrent sans le savoir deux personnes qui visiblement venaient d'assister au même spectacle que moi, avec nettement moins de conviction. Déjà dans ma loge en début de représentation, deux petites mamies avaient furtivement échangé un "C'est spécial" qui en disait long sur leur incrédulité. Cette fois-ci dans la rue, les langues étaient autrement plus déliées. Le jeune homme se lamentait auprès de sa compagne des stridulations dissonantes des cordes, des accords étranges joués par l'orgue, des mélismes décharnés de Médée. Bref, nous n'avions visiblement pas passé la même soirée et, tandis qu'elle paraissait plus conciliante, lui semblait vilipender la musique contemporaine dans sa généralité, mimant au passage le grincement des archets couinants.
Ho c'est sûr on n'avait pas affaire au coussin des harmonies confortables d'un Poulenc et le langage musical a tout de même bien évolué depuis Prokofiev. Et même si je suis de longue date attiré par la musique contemporaine, j'admets qu'il arrive régulièrement que ça frotte, que ça pique et gratte parfois très fort au point de souhaiter que le supplice se termine au plus vite. J'ai notamment souvenir d'un concert, une création de Requiem, dans le cadre d'un fameux festival dans le Comminges, qui fut un calvaire. Demandez son avis à Méchant Chimiste pour voir... J'ai un autre souvenir de création dans une insigne basilique Toulousaine, encore un Requiem - a croire que les harmonies contemporaines ne trouvent pas grâce à mes oreilles face à ce monument d'art sacré - qui fut aussi un morceau de bravoure non seulement pour les interprètes, mais aussi - et surtout - pour l'auditoire qui, une fois le dernier accord posé, a promptement fui les lieux sans demander son reste.
Plongé dans mes pensées et songeant au mimiques de cet auditeur déçu, me revint alors en mémoire le titre d'un ouvrage que je conserve précieusement dans ma bibliothèque : Pour ou contre la musique moderne ?
Pour ou contre la musique moderne ? de Bernard Gavoty et Daniel Lesur paru en 1957, compilation d'entrevues radiophoniques de compositeurs contemporains de l'époque dont le nom de certains est aujourd'hui mondialement connu et reconnu : Olivier Messiaen, Henri Dutilleux, Maurice Jarre, Georges Enesco, Pierre Schaeffer... parmi d'autres. Véritable plaidoyer en faveur d'une musique contemporaine alors en disgrâce de la part d'un auditoire perdu,entre expérimentations hasardeuses et insondable cartographie mathématique de l'échelle des sons inaccessible au commun des mortels , les auteurs dressaient en un très long prologue à leur ouvrage, le constat suivant :
« (...) Comment faire un choix parmi tant de musiciens et d'ouvrages qui vont du meilleur au pire, du conformisme à l'outrancier et du chef-d'oeuvre à l'expérience de laboratoire ? Pour nous, auditeurs, la difficulté est de distinguer la bonne musique de la mauvaise. Sur cent concertos modernes, il n'y en a peut être qu'un seul d'excellent. Et le malheur veut, précisément, que les quatre-vingt-dix-neuf mauvais cachent le centième, qui est bon.»
Le problème est de tous les temps. A toute époque, il y a eu, cote à cote, des retardataires et des précurseurs, des hommes de génie et des artiste médiocres. C'est, en principe, le rôle de la critique de distinguer et de guider les amateurs. Toutefois, le critique est tributaire de ses goûts personnels, de son instinct et de sa sensibilité. Son jugement est loin d'être absolu, si bien que deux hommes également éclairés ont très souvent des opinions diamétralement opposées sur un même ouvrage ou sur un même auteur. Le rôle de la critique est plutôt d'amorcer la discussion générale. Pour le reste, le temps fait son oeuvre. Mais, comme l'écrit si justement M. Martel, le temps lui-même n'est pas à l'abri de l'erreur. résignons-nous donc à entendre beaucoup de musique et à élire celle qui s'accorde à notre sensibilité. (...)
« Les sens sont devenus fous, et c'est le résultat qu'obtiennent délibérément tous ces faiseurs de neuf qui, le jour et la nuit, s'escriment sur leur instrument à chercher des effets. Les nouvelles règles qui sont maintenant en vigueur et les nouveau modes qui en découlent rendent la musique moderne désagréable à entendre...» Quel est l'auteur de cette diatribe ? Un mélomane de 1957 ? Non point : c'est le chanoine Gian-Maria Artusi, compositeur et critique bolognais, qui accueillait par ces paroles amères la publication des Madrigaux de Monteverdi en 1600... (...)En 1802 on reprochait à Beethoven ses duretés, ses bizzareries. En 1875, on jetait à la tête de Bizet des adjectifs jugés alors insultants : wagnérien, brumeux, nordique - à propos de Carmen, si française par l'esprit, si méridionale par la lumière qui l'ensoleille ! En 1902, la répétition générale de Pelléas fut houleuse. En 1913, le Sacre du Printemps déchaînait des batailles. Mais assez rapidement, les critiques s'apaisèrent et firent place à l'admiration qui, depuis lors, ne s'est pas démentie. Tel est le sort de toute oeuvre à la fois originale et sincère : l'originalité heurte d'abord nos habitudes, mais la sincérité entraîne finalement notre adhésion. Honegger soutenait avec raison que le public est plus sensible à ce qu'on lui dit qu'à la manière dont on s'exprime. En d'autres termes, la pensée prime le vocabulaire et l'on accepte d'être surpris, à condition d'être convaincu. (...)
Alors ? Pour ou contre la musique contemporaine ?
Je ne peux bien évidemment n'être que pour ! Etre contre reviendrait en quelque sorte à refuser le progrès, l'évolution ou la nouveauté.
RépondreSupprimerToutefois, être "pour" ne veut pas dire forcément toujours tout aimer. De même que l'on aime pas forcément tout dans la musique classique.
En résumé, je crois qu'il faut vivre avec son temps car chaque époque contient son lot de (bonnes) surprises qu'il serait dommage de manquer sous prétexte que "c'était mieux avant".
Pour, archi pour, évidemment ! Comme je dis toujours, entre la Renaissance et le XXème siècle, il y a eu un truc à la mode, le "système tonal" qu'ils appellent ça, j'y ai jamais rien compris...
RépondreSupprimerBon, au-delà de la boutade, je voudrais quand même préciser que je trouve l'appellation "musique contemporaine" un peu ridicule. Sous ce seul et unique terme, on prétend regrouper toute la musique qui va en gros de Stravinski/Schönberg/Varèse jusqu'à Bacri/Dusapin/Escaich. Comme si la musique n'avait pas évolué au cours de ces 100 dernières années. Comme s'il n'y avait pas eu des dizaines de courants, de styles différents.
Ca n'a aucun sens de mettre sous la même étiquette les bruits organisés sur bandes magnétiques, le dodécaphonisme, les intervalles micro-tonaux, le minimalisme américain. Il n'y a aucun rapport entre un Jonchaies de Xénakis, un concerto pour orgue de Escaich, un Lux Æterna de Ligeti, un Déserts de Varèse, un Eight Lines de Steve Reich.
Je suis persuadé que contrairement à ce qu'on entend parfois, la musique tonale n'est pas plus naturelle qu'une autre. Si elle semble plus harmonieuse à la majorité des oreilles, ce n'est qu'une question d'éducation et d'habitude liée au fait que 99% de la musique qu'on entend à la radio, dans les films, dans la variété, dans le rock, est tonale. Que cela change, et c'est la musique tonale qui paraîtra bizarre et la musique "contemporaine" qui paraître normale !
A chaque fois que quelqu'un change quelque chose, il y aura ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. En matière de spectacle, c'est pareil : on aime ou on aime pas, il ne s'agit pas de choisir un camp. Certaines œuvres trouvent tout de suite un large public enflammé quand d'autres ne rencontrent jamais le leur, ou alors longtemps après la mort de l'auteur.
RépondreSupprimerCe spectacle compte au moins un spectateur satisfait : toi ! Quoiqu'il faudrait vérifier en remplaçant le danseur par un d'un tout autre style quand tu le verras à nouveau... :-)
C'est un complot communiste (Bernard Foccroulle a été au Parti Communiste Belge dans sa jeunesse) !
RépondreSupprimerPlus sérieusement, je ne puis ériger ma propre aversion de la musique contemporaine en dogme. Donc je suis pour (mais pour les autres).
Bon, alors !
RépondreSupprimerBen, j'apprends : récipiendaire, Théâtre du Capitile ...
Ensuite, je connais quoi, ou qui là dedans : Steve Reich, car Brian Eno ... David Bowie ...
Sinon, j'adore ça écouter les commentaires des gens dans le métro en sortant d'un spectacle ou d'un concert...
Quoi d'autre ! Ah oui, bien ce prologue, je pensais à Nick Drake et Ian Curtis qui dans les années de leurs productions musicales (années 1970), trois "couillons" les appréciaient; maintenant se sont des Dieux pour beaucoup plus de gens !
Voilà, voilà ! Tout ce que j'avais à dire !
Bon dimanche M'sieu !
:)
Je connais très peu de choses sur la musique contemporaine. Ceux qui la décrivent utilisent souvent un vocabulaire technique qui me la rend totalement inaccessible.
RépondreSupprimerJ'ai fait quelques tentatives d'écoute (Dutilleux, Schönberg, Boulez) qui m'ont laissé indifférent. Mais je suis bien disposé à croire que mon oreille n'est pas suffisamment éduquée.
En fait, je me souviens quand même d'un morceau qui m'a plu, dans les Ephémères de Philippe Hersant, mais ça me semble anecdotique de le préciser.
Au final, je n'ai rien contre la musique contemporaine, mais il n'y a pas eu de véritable rencontre pour moi.
"Le snob en phase terminal prétend aimer Shönberg 'Mais pas tout' " (Desproges)
RépondreSupprimerProvocation mise à part : pour bien sûr, l'histoire triera.
Quant au fameux Requiem de St Bertrand, ayons une pensée pour ce malheureux organiste de nos amis qui a dû jouer cette "chose" et qui plus est sur cet orgue-poubelle... C'est une vraie performance, d'autant plus méritante que le résultat n'y était pas.
Pour! et justement parce que tout n'est pas rupture dans ces productions. Pour, parce que le champ des possibles qui a été ouvert par des références à un autre alphabet musical est énorme. Pour, quand les productions contemporaines sont capables d'innover... et c'est peut-être là on l'on reste sur sa faim!
RépondreSupprimer@ Ek91 : Bien entendu la question - faussement provocatrice - n'est pas celle d'une querelle des Anciens contre les Modernes et que l'on sait obsolète. Quant à prétendre tout aimer sans restriction, cela dénoterait peut être un certain manque de consistance personnelle...
RépondreSupprimer@ Virgile : Sans compter que les compositeurs évoluent eux même beaucoup dans leur langage, parfois en assez peu de temps. Il suffit d'écouter La Nuit Transfigurée de Schönberg et dans la foulée Le Pierrot Lunaire (1899 pour l'un, 1912 pour l'autre) pour s'en rendre compte. Le parcours de Dutilleux est aussi assez intéressant à ce niveau là.
Question d'éducation, oui, sans l'ombre d'un doute. Question aussi éminemment pragmatique : hormis les cordes (et les vents sans clé), tous les instruments sont accordés -et construits - en fonction du système tonal. Il est donc compliqué de penser autrement qu'en fonction de ce découpage harmonique là. A quand un piano découpé en tiers de ton par exemple ? Mais surgit alors une autre difficulté : celle de la technique instrumentale elle même.
Je ne sais pas si la musique tonale est plus 'naturelle' en tous cas elle est construite sur la structure pyramidale des harmoniques naturelles des sons. Tu en sais plus que moi sur le sujet, je ne referai pas l'histoire de l'introduction des chacune de ces harmoniques dans les accords à travers les âges et des polémiques que cela a pu susciter.
@ Loup : J'ose croire qu'il y eut d'autres spectateurs (et -trices) satisfaits ce soir là, en dépit et indépendamment des charmes scéniques dont il fallait pouvoir approcher d'assez près pour profiter dans les moindres détails.
@ Karedig : J'ai cru comprendre que tu avais une préférence pour le cantor de St Thomas en effet :)
@ Gildan : Autant Capitile est une coquille (corrigée ! merci), autant récipiendaire existe.
Oui, les exemples sont nombreux. On pourrait en trouver d'autres dans tous les arts.
@ Endim : C'est vrai que la musique contemporaine a parfois tendance à être hautement intellectualisée ce qui contribue à lui donner cette fausse impression d'inaccessibilité. C'est un travers hélas assez fréquent, mais regrettable.
Entrer dans la musique contemporaine, ça peut se faire de différentes façons. Comme en d'autres domaines il peut être bon de préparer le terrain tranquillement. Essaye des choses faciles d'accès, comme des compositeurs tels de Debussy et Ravel : le Prélude à l'après midi d'un faune de l'un, l'oeuvre de piano de l'autre, ça forme l'oreille et ouvre à des harmonies assez riches. Tu peux aussi essayer Paul Indemith, notamment la Sonate en Mi Majeur, pur violon et piano, ainsi que ses sonates pour piano et instrument.
@ Méchant Chimiste : Je savais bien que tu en gardais un souvenir ému ^^
@ Dima : Bien sûr que non, tout n'est pas rupture. C'est une aberration d'affirmer que la création contemporaine fait table rase du passé. Les compositeurs contemporains, avant de laisser libre cours à leur imagination, ont tous noirci leurs cahiers d'exercices d'harmonie, veillant à éviter octaves directes et quinte parallèles. Renier son passé suppose de l'avoir d'abord parfaitement assimilé, pour parvenir à s'en démarquer vraiment.
Je n'en doutais pas pour "récipiendaire"... je ne connaissais pas, c'est autre chose !
RépondreSupprimerMerci, le "CNRTL" est maintenant dans mes favoris !
;^)
Ni pour ni contre.
RépondreSupprimerConcevant l'art comme une méditation et un rêve, tout ce qui peut me faire penser à un mauvais cauchemar ne trouve pas grâce à mes yeux!
Alors une musique qui ressemble au bruit de la scie circulaire de mon plombier non merci...
Bises
Eusèbe
Je répondrai par un retentissant: «ça dépend». D'une part, je trouve parfois que certaines musiques sont trop «intellectuelles», devenant inaccessibles parce que dénuées de ce que l'on reconnaît généralement comme étant des caractéristiques de la musique (tonale). D'autre part, j'ai été transfiguré par certaines musiques d'une beauté sublime porteuses d'une émotion profonde. Tout ne repose pas non plus sur la musique elle-même, mais aussi sur l'état d'esprit / d'âme de l'écoutant, tout comme du contexte dans lequel elle est jouée... et souvent la personne avec qui on partage l'expérience importe grandement.
RépondreSupprimerEduquons-nous. Rien à ajouter à ce qu'a dit Virgile plus haut. Ma première fois avec Paul Henry a été une catastrophe. Maintenant c'est pour moi un sommet. Et si j'écoute Mozart aussitôt après, je trouve Mozart inécoutable,lol.
RépondreSupprimerComme j’imagine qu’il ne s’agit pas ici d’un comparatif entre Lady Gaga et Madonna, je me garderais bien de faire le moindre commentaire, bien que …
RépondreSupprimerQuand on sait que Debussy, Satie ou d’autres encore plus « classiques » aujourd’hui, furent en leur temps raillés, pour ne pas dire conspués, il se peut que se risquer à émettre aujourd’hui un avis sur la question , soit bien difficile pour le boétien que je suis, sans risquer de passer demain, pour un has been.
Pour parler peu et essayer de parler bien mon gout naturel va plutôt se ranger vers les harmonies plus classiques voir romantiques oh oui romantique, ou Rome Antique selon les jours.
J’ai souvent le sentiment que la musique contemporaine n’exprime que des tensions internes comme des cris qui ne sont pas les miens et que je ne parviens que rarement à partager.
Et pourtant je découvre chaque jour des «petites choses » qui me séduisent ou qui me parlent.
Alors peut être quand le corps est en action, comme la liaison entre tout ce monde de tensions je dirais que oui il se pourrait que la musique contemporaine puisse me séduire mais sans doute ne suis-je pas capable de parler avec mon corps et sans doute est ce la raison pour laquelle je n’écoute que très peu de musique contemporaine
Cher Tambour Major,
RépondreSupprimerje viens de procéder à ta très légitime demande que maintenant! Désolé, je n'avais pas ouvert cette boite mail-là depuis longtemps. C'est fait et j'ai suiv tes recommandations, tu es dans les blogs francophones.
Je ne suis pas un expert en musique mais j'aime jouer du piano
alors ...
la musique moderne est belle quand elle n'est pas théorique ... je suis hermétique à la sérielle! La répétition de son qui oublie la mélodie ne peut faire partie de la Musique car elle n'a pas d'âme qui nous charme ou nous boulverse.
La musique 'facile', dont certaines et certain font commerce, doit être considérée avec plus de clémence quand elle fait bouger l'âme avec bonheur!
Bises
@ Gildan : Le CNRTL est un must have dans sa liste de liens favoris !
RépondreSupprimer@ Eussèbe : Heureusement la musique contemporaine offre des timbres autrement plus agréables !
@ Doréus : Je ne suis pas nécessairement d'accord avec toi sur la question de la personne qui accompagne. Je suis plutôt convaincu qu'écouter de la musique est un acte puissamment égoïste, guidé par notre subjectivité.
@ Flavien : Mozart m'ennuie par lui même. Je n'ai pas besoin de recourir aux effets contrastants de la musique contemporaine pour cela.
@ Stephan : Ta réflexion sur le ressenti corporel de la musique contemporaine, et au delà de la musique en général, est très intéressante. Je n'avais jamais songé à cela...
@ Lez Hard : Une musique théorique n'est pas nécessairement laide. J.-S. Bach en a donné des exemples magnifiques. Disons que la musique théorique ne se suffit que rarement à elle même. Il faut pour la rendre 'vivante' cette part de génie, de talent, qui appartient aux Grands compositeurs. (Et merci pour la modif' !)
On ne peu pas vraiment être contre, c'est une question de goût, de ressenti. Savoir quelle était l'intention du compositeur peut aider à apprécier un morceau. Sinon, je veux pas faire mon Maître Capello, mais on écrit une chevelure de jais (comme la pierre noire), pas de geais (comme les oiseaux qui n'ont pas de cheveux, et ne sont pas noirs).:)
RépondreSupprimer@ Bénédicte : Je me méfie comme de la peste des intentions avouées ou retenues de l'auteur. Si cela peut parfois être un élément de lecture et de compréhension supplémentaire de l'oeuvre, cela ne doit pas - comme tu l'écris justement - être le seul. Je crois que la musique doit être capable de susciter des émotions par elle même. Sinon, ben, cela veut dire que la 'rencontre' n'a pas eu lieu.
RépondreSupprimerMerci pour avoir relevé la coquille ;)
Bah, aujourd'hui comme hier, la contemporanéité artistique comporte une part d'oeuvres sincères, une part de foutage de gueule, des tentatives prometteuses, des insignifiances laborantines et des chef-d'oeuvres discrets. Impossible de s'y retrouver tant ça part dans tous les sens, mais il y en a pour tous les goûts. En musique, je sais que si mes attirances ne vont pas vers certaines expérimentations qui frôlent l'inintelligible, il y a assez de compositeurs qui ne m'arrachent pas les tympans pour que je ne crache pas sur la musique ("classique") actuelle.
RépondreSupprimerDe toute façon, nous savons bien qu'il faudra du temps pour que tout ça décante. La postérité retiendra ce qu'il y a à retenir, tout en étant coupable d'oublis regrettables. Mais c'est comme ça. Ce sera toujours comme ça. Et on continuera de pouvoir s'écharper au sortir de la salle, ayant enduré ou savouré telle pièce aux saveurs inédites.
Il faut avoir la curiosité d'explorer les tendances actuelles de la création musicale. Ce n'est pas si facile, les programmations ne sont généralement pas assez curieuses et suivent des modes. Mais se replier sur la musique d'hier sous prétexte qu'au moins on sait ce qu'elle vaut, ça ne mène qu'à scléroser son jugement esthétique. Quitte à rejeter les courants contemporains - mais au moins on aura essayé.
N'empêche qu'il y a aussi énormément à redécouvrir. On a l'amnésie facile devant bien des chefs-d'oeuvre datant de quelques décennies, qui ne méritent pas ça.
L'important est (en résumé) d'avoir l'oreille curieuse de tout.
Entre deux mille retards de lecture, j'ai eu l'œil bien accroché par ton texte.
RépondreSupprimerIntéressant compte-rendu de spectacle (pendant ce temps, nous étions dans "Les fiançailles" à Paris :-)). Au Capitole, on joue somme toute rarement de la musique contemporaine, et je me rends compte que depuis longtemps mon oreille pourtant très professionnelle est bien mal éduquée aux nouvelles sonorités. Et si je vais finalement rarement à leur rencontre (je ne parle pas de pop et de rock, parce que là c'est carrément mon dada), c'est que je trouve que bien souvent, la création est tellement conceptualisée que les compositeurs en oublient une chose : la musique est un art qui se veut immédiat. Pour moi, elle se doit de fonctionner sur un plan émotionnel sans qu'on ait besoin de se coltiner le mode d'emploi (je suis ringarde, je crois).
Quel est le bon compromis entre innover, déranger et créer de la nouveauté (choses indispensable), et toucher de manière spontanée ? Il est très très subjectif, forcément, mais selon moi, peu d'artistes arrivent au bon équilibre.
J'étais aussi à la représentation du vendredi et j'ai aussi été choqué par les huées qu'a essuyé Dusapin. Je pense néanmoins qu'elles s'adressaient plus au directeur du Capitole qu'au compositeur.
RépondreSupprimerÉvidemment oui pour le contemporain, mais force est de constater que je suis comme beaucoup : j'en écoute assez peu chez moi. En concert c'est différent (un peu comme un film que tu "t'oblige" à regarder au ciné alors que chez toi tu aurais déjà zappé).
Le problème de la musique contemporaine c'est que l'histoire n'a pas fait encore le tri et que donc il y a "plus de déchets" avant de dénicher le chef d'œuvre (combien de compositeurs ou d'œuvres oubliées pour un Tristan et Isolde) ?
Malheureusement les concerts de musique contemporaine se transforme plus en "pour" ou "contre" la musique contemporaine en générale, que pour l'œuvre réellement entendue.