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  • 31 janvier 2010

    Le boulet

    5 commentairess
    Un boulet me direz-vous ?

    On en a tous un... si si si... cherchez un peu. Je suis même certain qu'à la simple évocation du mot "boulet", rejaillit instantanément de votre inconscient le nom d'une au moins de vos connaissances, voire - pire encore -  de l'un de vos amis.

    A quoi reconnait-on un boulet ?

    Quelques rappels lexicographiques tout d'abord ; loin de m'engager dans une étude approfondie du sujet, je m'en tiendrai au strict élémentaire.

    Au sens premier, le boulet désigne le "projectile sphérique d'artillerie, en pierre ou en métal, utilisé avant l'invention de l'obus". Ces premiers éléments - à prendre dans notre cas au figuré - permettent une approche du boulet non pas par sa nature, mais par ses effets : ceux désastreux sur notre moral qui en ressort aussi déstabilisé qu'une maison de paille après que le grand méchant loup a soufflé dessus. Cette définition n'est pourtant pas suffisante. Continuons notre enquête.

    Dans un sens figuré ensuite, le boulet désigne la "peine infligée aux forçats condamnés à traîner un lourd boulet attaché à leurs pieds par une chaîne". Nous y voici ! Vous le sentez vous aussi ce poids à la cheville qui oscille entre le simple point de côté et l'envie de vous scier le tibia fut-ce avec un couteau en plastique ?

    Dans un sens métaphysique enfin, le boulet désigne une "contrainte, obligation pesante empêchant l'épanouissement de l'être". De plus en plus intéressant n'est-ce pas ?

    Après avoir tenté d'appréhender le boulet par son coté théorique, passons maintenant à l'aspect pratique.
    Pour les besoins de notre étude nous ferons appel au très compétent Léon, mon boulet officiel, qui a l'insigne honneur de me connaître depuis de (trop) longues années et qui n'a toujours pas compris le caractère unilatéral de la relation qu'il s'évertue à entretenir.

    Maintenant que les présentations sont faites, abordons in concreto quelques uns des divers éléments qui permettent d'identifier notre boulet.

    Le premier consiste en sa faculté hors du commun à vous saouler en un temps record par une conversation brillante qui tourne souvent à l'insipide et dont vous n'avez probablement rien à cirer. Pèle-mêle, et en ce qui concerne celui dont je m'affuble périodiquement par pure bonne conscience judéo-chrétienne, il s'agit invariablement (dans le désordre) de son salaire/de son augmentation, de ses RTT et de ses week-end avec pôpa môman dans le Gers à tailler les rosiers (NDLR : notre boulet est trentenaire, encore puceau, sa vie sexuelle est un électroencéphalogramme plat...), de son prochain week-end dans le Périgord chez son arrière grand cousine par alliance au 8° degré qui cultive des renoncules jaunes sous serres, de la "petite" - comprenez sa nièce qui a je-ne-sais-plus-quel-âge-et-dont-je-me-fous-éperdument, que je n'ai jamais vue sinon en photos dont je me fous comme de ma première couche - et enfin des derniers potins du PS sur l'UMP à moins que ce ne soit l'inverse. Oui parce que le boulet est féru de politique, surtout quand les arguments lui tombent tout cru du ciel (enfin, des sbires du Parti) et qu'il n'est pas besoin d'esprit critique pour se forger sa propre opinion des choses - notre boulet souffre de myopie intellectuelle.
    Autre sujet de prédilection du boulet (enfin, surtout du mien) la hausse des taux d'intérêt du Livret A (dont  il connait tous les indices de variation par coeur depuis sa création en 1818), ou la baisse de la valeur de son porte-feuille EDF qui lui fait perdre 4,68% des plus-values non indexables sur les 4 derniers mois...

    Tout l'art du combat dans ce genre de situation tient en une endurance hors du commun et une capacité d'abnégation digne d'une béatification immédiate. Toute rencontre avec notre boulet recèle conséquemment des vertus expiatoires redoutables, tellement puissantes que même l'Eglise Catholique s'est refusée à les employer contre les hérétiques et relapses qui ont jalonné l'histoire de la chrétienté dès l'aube des premiers siècles. En principe, tout contact avec  la bête vous conduit tout droit vers une humiliation publique qui justifierait à elle seule un changement de sexe pour raison thérapeutique ou une demande d'asile politique au Liberia. Soudain vous considérez que broyer un bloc de granit d'une tonne à l'aide d'un cure dent est finalement une activité follement distrayante.

    Autre caractéristique de notre boulet : ses goûts de chiottes. Je ne prétends pas détenir les clés de l'esthétisme absolu, loin de là, mais revendique une certaine conception du bon goût. Je me souviens il y a quelques temps déjà, de passage dans l'appart de mon boulet, avoir discuté déco quelques (trop longs) instants... et mon boulet de me dire :
    "Ah oué, j'adôôôre le mobilier contemporain ! Comme ma table basse.. J'adôôôre !" 
    Alors, pour vous situer le contexte, ladite table basse en fer forgé cérusé  vert et plateau en verre fumé, est aussi contemporaine que peut l'être du mobilier régence. En fait, je pense après réflexion que, dans son esprit, est contemporain tout ce qui a  été réalisé après le XVIII° siècle... N'envisagez même pas de lui suggérer que le mobilier d'un LeCorbusier est maintenant somme toute classique, ou encore de lui faire découvrir  l'école de Bauhaus et ses dérivés. Quant à lui montrer des photos du Guggenheim de Bilbao...  son cerveau n'est pas encore prêt, sauf à le tuer net (LA solution me direz vous ?).

    Autre argument plaidant en sa défaveur artistique, son inconsistance musicale totale...  Confondre Cécilia Bartholy et Arielle Dombasle vous y croyez ? Non hein ? Et pourtant... Connaissant mes goûts musicaux et notamment pour la musique classique, Léon me sortit un beau jour :
    "Houlà, j'ai acheté un CD hier à la FNAC, c'est génial ! Faut absolument que je te fasse écouter !! Je pense que ça va te plaire"
    Je lui demandais, vaguement inquiet :
    "Heu... c'est quoi ?" 
    Lui, avec son enthousiasme de gamin de 5 ans, arborant le sourire difforme dont il détient le secret et articulant son cou tordu entre ses épaules osseuses, me répondit :
    "C'est du classique. Tu verras. Mais je suis sûr que ça va te plaire !"
    Le lendemain, il débarque à la Fac avec son baladeur CD et entre deux cours insiste pour me faire écouter la chose. Il me passe les écouteurs et lance sa piste favorite. Aussitôt mes tympans sont agressés par une cohorte de meuglements stridents aussi insoutenables les uns que les autres, auxquels se mêlent des rythmes aux accents techno honteusement commerciaux... pour vous donner une idée, on aurait dit un son de scie circulaire remixé par un DJ de Skyrock.
    Mais oreilles n'en pouvant plus, je m'empare du lecteur et m'empresse de cliquer sur "suivant"... Le répit ne fut que de courte durée (en fait le silence entre 2 plages). Je parcourus le CD en sautant de plage en plage, n'écoutant à chaque fois que les toutes premières secondes du massacre perpétré par un bourreau sans coeur ni voix (quant à parler de talent... je n'aurais pas cette hardiesse). Mon boulet, qui ne m'avait pas quitté des yeux une seconde, et toujours ce même rictus grimaçant aux lèvres, me demande, le regard pétillant :
    "Alors ..?" 
    espérant sûrement que j'abonde dans le sens de ce qu'il concevait comme l'aboutissement suprême de ce dont le génie humain était capable.
    Ma réponse fut, je le crains, un brin cynique, voire ironique (le lecteur de ces lignes n'en sera qu'à moitié étonné) et je pus lire dans ses yeux, non sans délectation, la déception qu'éprouve un petit enfant lorsque son grand cousin plus âgé lui révèle par pure méchanceté que le père noël n'existe pas...

    Alors, reste une dernière question : comment se débarrasser d'un boulet ?

    Méthode n°1/ Certains ont mis au point une technique simple à base d'essence ou d'allume barbecue liquide (vous pouvez toujours lui faire bouffer les tablettes d'alcool solidifié si ça vous fait plaisir mais les résultats ne sont pas garantis) : imbibez le boulet puis proposez lui une clope... Très pratique en hiver - ou en été si vous faites des grillades, veillez toutefois à réaliser loin des espace boisés comprenant des conifères (risques d'incendies de forêts).

    Méthode n°2/ La noyade. Toujours efficace. Compter 0,5 Kg de lest par Kg de poids de corps. Le point d'eau doit être assez profond (2 mètres au moins).

    Méthode n°3/ Le petit coup derrière la nuque... rapide, indolore. Un grand classique.

    Méthode n°4/ Le "je préfère-pas", communément adoptée par un ami radiologue. Consiste à décourager passivement l'adversaire par un refus systématique de toute rencontre. Présente l'inconvénient majeur de ne pas éviter les coups de téléphone inutilement rasoirs.

    Méthode n°5/ Bob, tueur à gage réputé de la Ville Rose. Fait payer néanmoins assez cher ses prestations. Discrétion assurée.

    Méthode n°6/ L'affrontement direct : lui dire frontalement ses 4 vérités... Inconvénient : demande une certaine dose de courage et de cruauté.

    Pour conclure, il est une question à laquelle je n'ai toujours pas de réponse : pourquoi s'accroche-t-il ? Que se passe-t-il dans la tête d'un boulet pour qu'il s'obstine à ce point à nous pourrir la vie avec la meilleure volonté du monde et le plus grand désintéressement ? J'avoue mon impuissance face à cette énigme insondable de l'esprit humain... Je ne me perdrai pas en conjonctures. A l'impossible nul n'est tenu !


    Ce billet, largement retravaillé, fut publié sur mon premier Blog le  2 novembre 2007

    29 janvier 2010

    Crucified in Silence

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    Séquence souvenirs aujourd'hui alors que je farfouillais dans les profils Facebook de quelques amis. L'un en particulier s'avéra une madeleine de Proust inattendue qui me replongea dans mes années adolescentes par la redécouverte de musiques qui me font toujours aussi vibrer. C'est bête la mémoire, comme on oublie ce qu'on a pu aimer.

    Dès mes 8 - 10 ans, imitant mes cousines plus âgées, j'écoutais un peu tout ce qui passait sur les ondes sans trop de discernement : Prince, Mickael Jackson, WAM puis Georges Michael, Boy Georges, Madonna, Cindy Lopers, Bananarama et leur clip (alors torridissime) Venus, et pléthore d'autres dont j'ai oublié le nom et dont l'univers ne se rappelle même pas l'existence. Cet éclectisme  précoce, à un âge où je me nourrissais encore de Dorothée et de Chantal Goya,  peut paraître étonnant mais m'a permis néanmoins de me forger assez  tôt, en ce qui concerne la variété - ma passion pour le classique a suivi d'autres voies - des goûts musicaux assez affirmé dont je m'aperçois aujourd'hui qu'ils n'ont par tellement varié.

    Un peu plus tard, ce devait être vers mes 12 ans,  quoiqu'étant tout gaminot, je fus profondément ému, ou plutôt dirais-je troublé, par certaines choses que j'entendis alors, et dont le trouble reste aujourd'hui intact. Le genre d'émotion dont je parle ne se cantonne pas au manichéen j'aime / j'aime pas qui présente au moins le mérite de permettre un premier tri par exclusion. Non. Là je parle du genre d'émotion qui vous prend durablement aux tripes, qui vous fascine jusqu'à l'hypnose, de quelque chose qui vous fait du bien sans que vous ne sachiez vraiment pourquoi et qui agit en vous comme de puissantes bouffées enivrantes de mélancolie. Car oui, je le suis à mes heures.

    Aussi loin que je me souvienne, ma première véritable expérience de ce type me fut procurée par le clip "Enjoy the silence" du groupe Depech Mode.


    Je ne sais pas vraiment ce qui me fascinait le plus. J'aimais beaucoup le clip ( dont l'original ne semble être disponible que sur sur cette page du site officiel du groupe) avec ce roi  vêtu de son manteau et de sa couronne, qui erre solitaire, au milieu de la nature immense et vide, à la recherche d'un absolu qu'il ne trouve pas. La musique avait à elle seule cet effet hypnotisant sûrement provoqué par le riff lancinant de la basse, ses rythmes syncopé des accords de guitare, et les sonorités aujourd'hui presque datées des synthés qui révolutionnaient alors la façon de faire de la musique, sonorités pourtant étonnamment riches,  puissamment chaleureuses, pleine de charme . Et la voix...
    Quant cet après midi je suis tombé par hasard chez mon pote sur la vidéo ci-dessus, j'ai bloqué, et l'ai écouté 4 ou 5 fois de suite, envoûté... C'est bon de retrouver la douceur d'émotions passées.

    Cette première bouffé de souvenirs m'a aussitôt fait penser à une autre chanson d'un tout autre genre, (quoique...), dont je m'étais abreuvé en son temps lorsque le clip passait en boucle à la télé, mais dont le titre persistait à m'échapper. Je songeais tout d'abord à un tube de Dave Stewart & The Spiritual Cowboys dont je me souviens parfaitement m'être entraîné, non sans difficulté, à retenir par coeur le nom étrange, alors que je ne balbutiais seulement quelques mots d'anglais. En fouillant un peu je tombe sur le titre très joli Jack's Talking qui m'est effectivement familier. Mais non, quoique mes souvenirs remontent de façon certaine à une période toute proche, voire la même période, ce n'est pas ça.

    J'avais en tête des images du  clip assez précises : ducs et duchesses, des beaux habits un peu baroques, et des gens qui marchent dans des couloirs en chantant, des éventails... En revanche je n'avais plus aucune idée de la mélodie, ci ce n'est des réminiscences d'un rythme plutôt entraînant qui avait du faire se trémousser les foules sur les dance floors.
    Et puis et puis, tout d'un coup, un mot refait surface perdu au milieu de quelques notes : crucified...  Je me précipite sur mon clavier et soudain le nom m'apparait enfin : il s'agit du titre Crucified du groupe improbable  Army Of Lovers. Nous sommes en 1991, j'avais 12/13 ans.

    Alors, soyons francs, j'ai kiffé, amusé autant qu'ému de cette retrouvaille. Mais disons qu'après l'avoir revu, je me rends compte avec le recul que je n'avais pas à l'époque,  que ce clip est plutôt .... heu... disons... carrément Queer ! 

    Jugez plutôt, beaucoup plus léger de Depech Mode, cela vous rappellera sûrement des choses à vous aussi :


    Mein Gott !!

    En fait, je trouve ce clip vraiment drôle, totalement excessif et décalé.  Je suis à chaque fois mort de rire par la séquence de la baignoire de 1:17 à 1:20 , que l'on revoit un peu plus loin.  C'est tellement... trop ! Et quoique la zique ne soit pas ce que l'on a fait de mieux dans l'histoire, bah je lui trouve un petit goût de reviens-y tout à fait plaisant.
    Totalement Gay quoi....
    12 / 13 ans... et déjà !
    Aaaaaaaillmeu crwooouuussifaaaaaïd, 
    crwooouuussifaaaaaïd...


    27 janvier 2010

    Epopée Brésilienne - Episode 3 : Salvador de Bahia

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    Après avoir fait nos premières armes dans la brousse, nous nous attaquons le lendemain au centre de Salvador que  nous avions soigneusement évité jusque là.

    Salvador, première capitale historique de l'empire Portugais, fondée en 1548, se trouve immergée au coeur du Brésil occidental. Sale, mal entretenue, corrompue, bruyante (très) et pauvre, cette ville qui compte parmi les plus importantes du pays, est entourée des mêmes ghettos, les "favelas" que ses grandes soeurs Rio, Sao Polo et Brasilia.

    Quittant l'hôtel nous longeons tout d'abord le littoral est assez joli : la plage s'étire sur des kilomètres, façon coté carte postale, rythmée par la silhouette élancée des palmiers. Déjà la municipalité installe le long de la côte les échafaudages qui supporteront les tribunes d'où la foule viendra saluer les défilés du Carnaval tout proche. Plus qu'ailleurs au monde, Carnaval est ici une véritable institution mobilisant tout le pays à un point difficilement imaginable. Nous en aurons d'ailleurs une illustration étonnante à Rio, notre dernière villégiature.

    Las du sable blanc, nous prenons la direction de la haute ville dans laquelle nous allons bientôt nous perdre.

    L'alternance de bâtiments anciens et de buildings beaucoup plus modernes fait de Salvador une ville étonnante d'un point de vue urbanistique. Les constructions paraissent avoir poussé anarchiquement, un peu là où elles avaient la place, la seule contrainte étant de respecter le volume destiné à la voirie routière.

    Le bus nous laisse non loin de l'Elevador Lacerda, l'ascenseur de Salvador qui relie la ville haute (le Pelourinho) et la ville basse en surplombant la baie de tous les Saints. A perte de vue de vilains immeubles cubiques encrassés dressent leur imposante stature, dissimulant ça et là des reliques coloniales étouffées par l'ombre massive des géants de béton. Au loin d'immenses navires de fret ponctuent le bleu de l'océan dont le point d'horizon de confond avec le ciel.

    Nous nous engageons dans la vielle ville. Le changement de décors est radical ! Le bitume laisse place aux rues pavées, l'espace s'aère par de grandes places et esplanades largement ouvertes aux piétons, bordées par de très beaux ensembles coloniaux. La lumière vive dessine en contre-jour les pointes noires des clochers attestant de la présence de nombreuses églises, signe extérieur d'une richesse antérieure indubitable. Elle n'est pas si mal que ça finalement cette ville...

    Plus nous avançons, plus nous plongeons dans le passé colonial : les façades se colorent, les azulejos font leur apparition, l'encadrement des fenêtres s'orne de volutes baroques, et l'ondulation des rues qui suivent la courbe d'un relief collinaire offre régulièrement des points de vue époustouflants. J'aurais beaucoup aimé passer plus de temps à explorer Salvador, errer sans but précis, juste pour savourer les couleurs, les sons, respirer la lumière, me noyer jusqu'à l'écoeurement dans ses méandres pastichés et m'imprégner de l'ambiance locale.Car à l'instar de beaucoup d'endroits, Salvador est certainement une ville qu'il faut découvrir par une immersion totale plus que par le prisme du tourisme express auquel nous nous livrons par la force des choses, sous la houlette de notre guide.

    Elle était marrante notre guide... Doté d'un sens aigu des affaires, elle ne nous a épargné aucun des attrape-touristes de Salvador vers lesquels elle nous trainait insensiblement à coup de grands sourires et où mes coreligionnaires se faisaient extirper insensiblement quelques Réals à chaque passage. C'est la loi du genre ! Par contre le fond fut un peu plus léger... impossible d'aborder des questions un peu plus sérieuses sans qu'elle botte en touche par un habile tour de passe-passe dont j'ai du me satisfaire. Mais le plus insupportable était certainement sa façon très étrange d'accentuer certains mots ou syllabes un peu à la façon de Jean-Claude Van Damme... Au début cela lui donnait un coté exotique qui fut rapidement supplanté par une légère migraine de fort mauvais aloi !

    Le soir nous clôturons la journée et notre (courte) escale de deux jours à Salvador par un spectacle Capoeira vraiment impressionnant, tant par la gracieuse virtuosité des athlètes que par leur plastique affolante (gasps ...!). S'en est suivi un copieux et délicieux repas dans un restaurant du centre ville où nous avons pu goûter quelques spécialités de la région.

    Il est presque minuit lorsque nous regagnons l'hôtel après un petit tour panoramique by night au cours duquel nous apprendrons que les feux rouges deviennent facultatifs passé dix heures du soir afin d'éviter les risques de car-jacking aux carrefours ! Bien entendu les autorités ont tenté de faire marche arrière et d'imposer à nouveau le respect du code de la route à toute heure du jour et de la nuit,  mais il est difficile d'abroger un tel privilège ...

    La nuit qui suivra sera symbolique car nous devrons nous lever fort tôt pour prendre l'avion en direction de Goiana où nous attend la seconde étape de notre périple Brésilien.



    A suivre...


    Episodes précédents : Départ, Autour de Salvador

    26 janvier 2010

    Epopée Brésilienne - Episode 2 : Autour de Salvador de Bahia

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    Avant de débuter ce second épisode, deux ou trois précisions sur l'organisation de ce voyage qui suscite quelques questions et appelle de légitimes réponses.

    Tout d'abord, il s'agissait d'un voyage organisé, grosso modo - et pour rester volontairement évasif sur ce point - par un groupement professionnel auquel est affilié un membre de ma famille.  J'étais donc entouré d'inconnus dont j'ai fait la connaissance lors du départ ; en revanche eux connaissent parfaitement ce parent qu'ils côtoient régulièrement. 
    Ensuite, et conséquemment, le "nous" employé n'est pas une première personne de majesté ni n'a  vocation à déguiser un éventuel alter ego avec lequel j'eusse convolé. Cupidon me fout une paix royale en ce moment...

    J'espère avoir répondu aux interrogations soulevées.
    Et maintenant, place à la suite de mes aventures.

    *  *  *

    Voici quelques heures seulement que nous avons posé le pied sur le sol Brésilien après un voyage débuté la veille à Toulouse qui nous a conduit jusqu'à Salvador de Bahia, seconde capitale historique du Brésil avant que la découverte d'importantes ressources en or ne pousse l'activité économique et politique vers Rio située plus au sud.

    Nous passons tout d'abord la matinée dans une petite ville située à une petite heure de route de là, pour assister au traditionnel marché. Arpentant les routes chaotiques qui sillonnent la pampa, nous voici bientôt au milieu de la foule bariolée d'ethnies, de couleurs, d'odeurs et de sons de Santo Amaro, perdue au milieu des collines.

    A travers les rues sales et délabrées que survolent de kafkaïennes lignes électriques, se déploient les premiers étals des marchands: vêtements, DVD et Divx pirates des derniers succès hollywoodiens, lunettes de soleil et accessoires de mode bas de gamme, maroquinerie et objets fantaisie accueillent le chaland.

    Fendant le flot des passants en poussant une drôle de machine à rouages peinturlurée en bleu, un homme à casquette blanche hèle la cohorte : c'est le vendeur de jus de canne ! Aussitôt on se groupe autour de cette attraction : enfilant d'un coté une à une les tiges de canne toute fraiche dans un puissant laminoir mû par un moteur fonctionnant à l'alcool, et sans se prendre les doigts, le jus de canne coule à flots de l'autre coté  dans un simple seau en plastique. Invités par notre guide,  nous goûtons tour à tour ce nectar encore inconnu, servi dans des gobelets munis de pailles : c'est assez frais, sucré, avec un goût végétal qui pourrait rappeler celui du mais vert encore immature sur sa panouille tout juste formée que mon grand père nous faisait croquer en plein champ lorsque mon frère et moi étions gamins.

    Arrivant un peu plus loin sur l'artère principale, les premiers fruits et légumes font leur apparition : pommes, bananes, jacquiers, noix de cajou, noix de coco, pastèques, tomates à peine mûres, épices en tous genres... Ici point de fruits luisants tels qu'on les voit sur les cartes postales : bienvenue dans le monde réel des vrais gens ! Puis vient le tour des salaisons dont les fragrances musclées mêlées à celles non moins viriles des poissons séchés - vendus en tresses comme on vend l'ail par chez nous - nous épargnent  efficacement des mouches, tandis qu'un peu plus loin des poules maigrichonnes se disputent un coin d'ombre sous une table. Le dépaysement est total : nulle odeur familière à laquelle se raccrocher, rien qui n'évoque un quelconque souvenir, les points de repères volent en éclat ...  déracinement garanti !

    Notre guide touristique s'improvise guide culinaire et nous fait goûter qui un fruit de jacquier par-ci, qui des tamarins frais par-là... le plaisir des yeux se mêle désormais au plaisir des papilles pour notre plus grande satisfaction. On mâche, on savoure, on grimace, on sourit, on avale ou l'on recrache... les joies de la découverte !

    Nous faisons quelques pas et tombons nez à nez avec une une bien étrange cargaison qui gigote sur une brouette. De loin cela a l'apparence et l'odeur d'un tas d'algues en décomposition, sauf que ça semble onduler lentement ... De plus près on commence à distinguer des formes oblongues dotées de quelques aspérités blanchâtres, des pattes, des pinces... Ce sont des crabes de vase, dont les brésiliens du coin sont particulièrement friands. Après les avoir soigneusement lavés dans un océan d'eau claire, faites cuire la bestiole au bouillon, laissez refroidir et dégustez muni de votre maillet, accompagné d'une bière bien glacée. Hé bien, malgré une apparence (et une odeur) de prime abord repoussante, ces crabes de vase ont une chair particulièrement savoureuse ! Arrosée d'un peu de citron vert et accompagnée de christophine rappée, c'est un délice ! Notre repas du midi en sera l'épatante démonstration.


    Après un copieux repas pris dans un ancien couvent transformé en superbe restaurant,  nous nous dirigeons vers Cachoeira, très belle ville coloniale dans les environs de Salvador. Des maisons aux façades ornées exposent leurs couleurs éclatantes au soleil tandis que d'autres, en état de délabrement, attendent qu'un généreux bienfaiteur les sauve d'une funeste et irréversible décrépitude.
    Ville étalée à flanc de colline et bordant une rivière, les rues de Cachoeira serpentent de quartiers en quartiers sous les rayons d'un Phebus plein d'ardeur en ces latitudes tropicales. La crème solaire est de rigueur si l'on ne veut pas se transformer en homard !

    Profitant de quelques instants de répit, un petit groupe d'intrépides décide d'aller prendre une bière au troquet du coin afin de contrer la canicule. Nous pénétrons dans un bar dont la pénombre contraste avec la lumière aveuglante qui inonde les rues, peut être un moyen de masquer le coté crasseux de l'endroit. Nous commandons des bières. Ne parlant pas un mot de portugais, c'est un improbable baroudeur Belge bedonnant se trouvant là par le plus grand des hasards qui nous sert d'intermédiaire. Alors que nous étions sur le point de commander 6 bières, puisque nous étions 6, notre intrépide visiteur du plat pays nous explique qu'au Brésil on commande non pas 6 bières, mais de la bière pour 6... Petit détail qui en dit assez long sur les mentalité de nos peuples respectifs et l'individualisme Occidental. En tout ca cela m'a fait pas mal réfléchir...  Effectivement dans les minutes qui suivirent le patron nous apportait 6 verres (propres) et deux grandes bouteilles de bière, assez pour que notre petit groupe boive a satiété.

    Pendant que nous trinquons bruyamment dans le tintement des verres à peine perceptible au milieu du tumulte ambiant, affalé de tout son long sous la table et assommé par la chaleur écrasante de l'été culminant, un énorme chat roux tigré ronronne de toutes ses forces, visiblement  aussi bienheureux de son sort que nous l'étions du notre à cet instant.


    A suivre...


    Episode précédent :  Départ.

    25 janvier 2010

    Epopée Brésilienne - épisode 1 : Départ

    5 commentairess
    12 Janvier 2010.
    Cela fait maintenant trois heures que notre petit groupe patiente, en transit à l'aéroport de Lisbonne, sous la pluie et la grisaille. Une trentaine de personnes dont la moyenne d'âge est plus proche de la retraite que de leur première cuite. Le contact est bon et l'ambiance m'a l'air tout à fait sympathique.

    Soudain une farandole d'hôtesses en uniforme traverse l'espace d'attente en un ballet doublement aérien puis se groupe en essaim autour de la porte d'embarquement. Aussitôt un éclair d'excitation parcourt les futurs passagers. Encore quelques instants puis nous embarquons à bord d'un A330 de la compagnie TAP en partance pour Salvador de Bahia. Une fois installé, je me dis que les 8 heures de vol vont être longues : bien à l'étroit dans mon fauteuil high-tech, mes jambes scrutent le moindre intestice susceptible de me procurer un semblant de confort supplémentaire. J'aurais dû garder avec moi un comprimé de Stillnox histoire de me mettre KO pendant toute la traversée. A mon avantage je me trouve assis en bord de travée ce qui me permet d'extirper une jambe de son carcan pour l'allonger, me donnant ainsi l'illusion d'être parfaitement à mon aise. De plus, ma voisine est de gabarit cure-dents : elle ne se battra pas pour l'accoudoir !

    A présent l'avion se remplit. Bruits métalliques de ceintures qui claquent, gens qui bavardent en demi-chuchotement, le sensuel chuintement du lusitanien dont le sens m'échappe totalement. Les hautparleurs diffusent de la variété portugaise dans un froufrou de vêtements qui se froissent, de poches plastiques qui crissent, le ronron des moteurs sous les pieds.

    17h30 heure française, 16h30 heure locale. Les stewarts ferment les coffres, le calme tombe, le commandant prend la parole, un bébé pleure...

    Nous décollons.

    18h20 / 17h20 / 14h20 je ne sais plus quelle heure il est !!
    Nous avons déjà parcouru 133 Km. Il nous en reste encore 6319.
    Altitude 8700 mètres.
    Température extérieure : -42°C
    Arrivée prévue : 22h locales.

    Pour tuer le temps je regarde en boucle "Tempête de boulettes géantes" en VO non sous-titrée. Mais pourquoi j'ai pas gardé un Stillnox avec moi ?? Arf, j'ai même oublié mes boules Quies afin de m'isoler dans un cocon de silence. Je demande au personnel de bord si par le plus grand des hasards ils n'en auraient pas à disposition.... mais, comment on dit "boules Quies" en anglais ?? Bon, finalement je réussis à me faire comprendre et on me propose d'acquérir une paire de bouchons d'oreilles pour la modique somme de ... 9€ ! Hé oui ma chère Simone ! Namého... ils ont fumé du kérosène dans cette compagnie ou quoi ? A ce tarif là, je préfère encore me passer de ce petit gadget pourtant utile en de telles circonstance. J'utiliserai les écouteurs de mon Ipod qui leur tiendront place, même si c'est avec une efficacité moindre.

    21h45 heure de Salvador : plus qu'une demi heure avant l'atterrissage... Température au sol : 28°C. Ca va nous changer du froid et de la neige !

    Je suis crevé et j'ai mal au dos. Vivement que nous soyons installés à l'hôtel...

    Nous nous sommes posés. Quelques applaudissements fusent. Je ne sais pas pourquoi je trouve ça aussi débile que d'applaudir un film pendant le générique de fin... Sitôt la lumière revenue à bord, les passagers de lèvent dans l'anarchie la plus totale, chacun luttant pour récupérer son bagage à main. Nous saluons l'équipage et nous lançons tête baissée dans le cordon hombilical du tarmac.

    Muni de mon passeport et des documents destinés à la douane, nous patientons une bonne heure dans un hall de l'aéroport en attente d'un examen de passage que tous espérons purement formel. Il faut chaud, l'air est lourd, épais et humide. L'odeur des vacances est palpable... Les douaniers n'ont pas l'air particulièrement zélés et tamponnent assez distaitement tout ce qu'on présente à la mâchoire d'acier de leur tampon. "Clong, clong clong" ça défile finalement assez vite.

    Après avoir récupéré nos bagages qui avaient eu la délicatesse de bien vouloir nous suivre sagement de soute en soute, tout le monde monte dans le car, accueillis par notre tonique guide locale, direction la baie de Salvador où nous attend notre très bel hôtel dominant les flots du haut de son promontoire, ainsi que notre premier repas brésilien. Tandis que les mines acccusent la fatigue du voyage, les esprits sont déjà tournés vers les découvertes qui nous attendent dès le lendemain matin, après une bonne mais courte nuit de sommeil.

    24 janvier 2010

    Ma vie est un drame...

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    Haaaaaaaaan, mais c'est horrriiiiiiiiiiiiiiiiiiiible !! A peine rentré du Brésil que la réalité dans tout ce qu'elle a de plus épouvantable me rattrape à la vitesse d'une mangouste au galop (c'est une image).

    Pour faire simple, j'avais dabord vu ce billet publié chez Cosmic Teddy. L'offre du siècle : les trois saisons de la série Le Coeur a ses Raisons en pack spécial hors série, pour la modique somme de 39 €uros 99 !! Il n'en fallait pas plus pour mettre un Tambour Major dans tous ses états ! Coiffant mon plus beau diadème, je me mettais alors à parcourir l'appartement en tressautant comme un petit cabri, alternant sauts carpés et triples saltos arrière avec toute la grâce dont je suis capable, tandis que des flots de pétales d'orchidées pleuvaient du ciel sur mon passage... Haaaaaaaaaa il me le faut, il me le faut, il me le faaaaaaaaut .... !!

    Ni une ni deux, muni de ma carte bleue et exité comme un végétarien devant un buffet d'hommes-grenouilles, je me précipitais sur le site de FNAC où je passais illico presto, rêvant déjà du paquet qui allait m'attendre à mon retour du Brésil. Je ne suis pas sûr qu'aucun moine bouddhiste ait jamais atteint un tel degré d'extase depuis l'aube de l'humanité.

    Normalement j'aurais dû recevoir livraison sous 15 jours maxi, donc au plus tard le 19 janvier. A la veille de mon départ je n'avais toujours rien reçu mais le site de suivi annonçait que la commande "en cours de traitement" allait m'être expédiée dans les prochaines heures. A priori aucune raison de s'inquiéter donc... Et c'est dans l'insouciance la plus totale que j'embarquais le 12 au matin direction le continent Américain.

    De retour chez moi hier, je m'inquiète de ne trouver que des factures à régler, mais point de colis ni l'ombre d'un DVD. Glups... ça sent le roussi.
    Un peu plus tard, renouant avec la civilisation, j'ouvre ma boite mail restée close jusqu'alors, fais le tour du raz-marée de messages en souffrance et tombe sur une notification de la FNAC. J'ai cru un instant que le sens de rotation de la Terre s'était soudainement inversé.

    L'image qu'afficha mon écran - de ses petits pixels viceux comme un herpès génital - me fit l'effet d'un jet de jus de citron dans l'oeil.  Voyez par vous même et mesurez l'ampleur des dégâts :



    Vous vous rendez un peu compte ??? INDISPONIBLE ??? Alors que le produit était en ligne, référencé, et tout et tout....??? Et là tout d'un coup, hop, Abracadabra, envolé, disparu, que dalle !!!???

    Niiiiiiiiiiiiinh !!!

    23 janvier 2010

    De retour !

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    Kikou les amis !! I'm back from Brésil, les yeux débordants d'images extraordinaires, des souvenirs pleins la tête, des Go de photos à trier, des miliards de choses à raconter, totalement exténué, mais j'ai passé 12 jours absolument FA-BU-LEUX !!

    12 jours sans internet, à peu près coupé du monde, sans me tenir au courant de tout ce qu'il a pu se passer dans la blogosphère et par conséquent sans possibilité de noyer vos blogs respectifs de commentaires (oué je sais, c'est cruel...), une boite mail over-saturée, des messages à la pelle sur mes sites de rencontres, et un blog laissé à l'abandon depuis presque deux semaines ... Mon dieu ce que vous avez dû souffrir loin de moi !

    Allez séchez vos larmes car me voici de retour de l'autre bout du monde ! Je file me coucher pour récupérer le sacré coup de jet-lag et les heures jours de sommeil de retard tant notre timing a été serrée, et promis, tout bientôt je vous livrerai des billets réguliers sur mon périple au pays de la samba et de la caipirinha ...

    A bientôt les louloutes !

    12 janvier 2010

    Si tu vas à Rio...

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    A l'heure où vous lirez ces lignes, pendant que certains greloteront sous la neige et le froid ou s'énerveront dans des embouteillages foudroyants, d'autres ricaneront doucement depuis l'autre bout du monde tandis qu'ils se passeront une troisième tartine de crème solaire écran total, se réajusteront les lunettes de soleil, et qu'un charmant serveur tout bronzé leur servira de la cachaça ad nutum.

    Effectivement, en ces temps de crise économique et de récession mondiale, un sens aigu de la sagesse m'a fait jugé bon de prendre un peu de recul sur les tourments du monde, de me retirer loin de la foule hurlante et de partir pour quelques jours en vacances au pays du soleil, du café, du football, des beaux mecs chauds comme la braise et des transsexuels : le Brésil !

    Sous les auspices d'un soleil resplendissant et d'une température tropicale (entre 24 et 35 °C d'après les derniers renseignements pris), mon périple de 12 jours me mènera de beautés en splendeurs à travers une bonne partie du Sud du pays que nous traverserons de part en part : de la Baie de Salvador - où nous atterrissons mardi après midi - à la Baie de Rio  - d'où nous repartirons après une ultime halte de trois jours - en passant au centre par Gôiania  pour une courte escale  avant que nous poursuivions plus au Sud en direction des chutes monumentales de Iguaçu situées sur la frontière  avec l'Argentine et le Paraguay.


    Je ne sais pas si j'aurais l'opportunité de vous transposer ici en léger différé mon carnet de bord pour vous faire partager mon aventure, ni si j'aurais seulement le temps de me connecter à internet, mais pour tout vous dire, je crois bien que j'aurai autre chose à penser... Oui, oui, vous pouvez le dire : ma vie est un enfer...


    En attendant, portez vous bien, ne soyez pas sages et allez donc faire un tour chez Lo Grelh, ça devrait vous donner envie de voyager ! smileys Forum

    Ha, si... une dernière chose : ne prenez pas froid surtout ! Mwouahahahahaha....

    10 janvier 2010

    De briques et de gel

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    Endormie sous son manteau de cristal
    La Ville Rose s'apaise dans le froid de l'hiver.
    La vigne enlace la brique comme on enserre une couverture
    Et les tuiles engourdies espèrent le soleil.




    Quant à moi je vous abandonne le temps de quelques vacances... bien au chaud !

    8 janvier 2010

    Intermède musical

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    Il y a un peu plus de vingt ans que je débutais par le plus grand des hasards l'étude du piano, bien que  n'ayant aucune prédisposition naturelle ni familiale à cela. En effet, quoique ma mère ait toujours fait partie de chorales amateurs depuis sa tendre enfance et mon père su vaguement jouer de la clarinette lorsqu'il était ado, le climat modeste de la maison Tambour Major n'avait rien d'un panthéon de la musique. Lorsqu'un beau jour débarqua dans mon école primaire un professeur de piano qui proposait ses services aux élèves intéressés. Je me souviens qu'à ma mère qui me demandait si cela me plairait, je répondis que je préfèrerais apprendre la trompette plutôt que le piano parce qu'une trompette c'est plus facile à transporter. En réalité je n'avais jamais réfléchi à la question ni à aucun instrument que ce fut mais toujours est-il que quelques semaines plus tard je me retrouvais assis pendant la récréation de midi, devant le clavier d'ivoire et d'ébène du vieux piano droit de l'école, relégué dans une salle oubliée.

    Je n'ai pas de souvenir particulier de ce premier professeur qui eut pourtant le mérite de m'initier aux premières gammes et sous la férule duquel je fis mes débuts en solfège. La pédagogie n'était pas son atout majeur et je me revois encore étouffant des baillements étourdissants tandis qu'il m'exposait l'enchevêtrement des tétracordes auxquels je feignais de porter un intérêt passionné. Cet épisode fut d'assez courte durée, puisque à la rentrée suivante la petite salle de musique demeura porte close et le piano muet. Mes parents se mirent alors en quête d'un remplaçant que nous trouvâmes dans notre village et chez qui je me rendis pendant de longues années.

    Si elle n'était pas une grande virtuose du piano, cette remplaçante sut en revanche transmettre avec humanité et passion le feu sacré de la musique. Je passais chez elle des heures somptueuses, souvent à discuter beaucoup plus qu'à "faire" de la musique. Nous parlions de ses années au conservatoire, de ses professeurs, de compositeurs que je commençais à découvrir et à apprécier. Elle n'hésitait pas à sortir de ses placards des monticules de partitions qu'elle étalait sur le piano et que nous lisions ensemble ou dont elle me jouait de courts fragments. Car elle savait que le musicien n'est pas tant celui qui sait jouer que celui qui sait  tout autant aimer avec curiosité. L'envie d'aimer, l'envie d'apprendre le beau, d'en être envelopper jusqu'à l'écoeurement... pour mieux cacher ma laideur.

    A cette même époque, voyant que la musique commençait à devenir une maitresse exigeante pour laquelle je montrais une passion dévorante, ma mère se mit à acheter chaque semaine une collection de CD "avec son fascicule"  Les Génies du Classique. Le plus drôle c'est qu'à l'époque nous n'avions même pas de lecteur CD à la maison ! Mais elle disait que cela me servirait peut être plus tard si je décidais de continuer dans la musique et de faire des études dans ce domaine, question brûlante que je devais me poser quelques mois avant  de passer mon bac. Finalement à la musicologie j'ai préféré le droit, histoire de m'assurer un avenir professionnel plus certain.

    Anthologie de la musique classique au sens le plus large du terme, cette collection - qui s'est étalée sur plusieurs années, proposait la découverte des grands noms de la musique classique par périodes, avec quelques unes des oeuvres les plus représentatives des compositeurs marquants chacune d'elles - me procura mes premières armes, me permit de me forger une oreille et d'affirmer mes premiers goûts musicaux. C'est ainsi que progressivement je découvris notamment Bach, Scarlatti, Haendel, les sonates pour piano de Beethoven dont je rêvais de jouer un jour les oeuvres, puis Chopin qui fut longtemps mon préféré. Chopin... j'ai passé tellement d'heures à écouter ses Mazurkas, Nocturnes et Valses... J'aimais en lui cette liberté, la fluidité de sa musique dictée par l'ivresse, les harmonies chaudes et sa douce mélancolie à laquelle je m'abandonnais aveuglément. Il me suffisait de m'allonger sur le lit, de fermer les yeux et de me laisser aller, emporté par le balancement des couleurs, pour que je sois transporté en des univers lointains et voluptueux dont le retour était chaque fois un déchirement.

    Quelques temps plus tard je fis l'expérience décisive du Prélude à l'après midi d'un Faune, de Debussy, première rencontre me semble-t-il avec l'école française dont les affinités ne se firent que croissantes.  De  la musique pour piano  de Debussy je retiens le coté immatériel, transparent, parfois totalement évanescent...  de la musique sans mélodie. C'était une vraie nouveauté pour moi. De la musique "pure" détachée de toute contrainte formelle apparente. Et ses harmonies scintillantes, ses rythmes...



    Puis , filiation assez évidente, de Debussy à Ravel il n'y eut qu'un pas. Bien entendu j'entendis tout d'abord l'oeuvre à laquelle on associe trop souvent Maurice Ravel : son inoxydable Boléro, qui demeure aujourd'hui l'une des pièces les plus jouées au monde. Et pourtant, je trouve cette oeuvre tellement peu représentative de la musique de Ravel ! Comme si Paris se résumait à la Tour Eiffel ! Ravel est lui-même assez clair sur le son contenu  :

    « Je souhaite vivement qu’il n’y ait pas de malentendu au sujet de cette œuvre. Elle représente une expérience dans une direction très spéciale et limitée, et il ne faut pas penser qu’elle cherche à atteindre plus ou autre chose qu’elle n’atteint vraiment. Avant la première exécution, j’avais fait paraître un avertissement disant que j’avais écrit une pièce qui durait dix-sept minutes et consistant entièrement en un tissu orchestral sans musique – en un long crescendo très progressif. Il n’y a pas de contraste et pratiquement pas d’invention à l’exception du plan et du mode d’exécution. Les thèmes sont dans l’ensemble impersonnels – des mélodies populaires de type arabo-espagnol habituel. Et (quoiqu’on ait pu prétendre le contraire) l’écriture orchestrale est simple et directe tout du long, sans la moindre tentative de virtuosité. […] C’est peut-être en raison de ces singularités que pas un seul compositeur n’aime le Boléro — et de leur point de vue ils ont tout à fait raison. J’ai fait exactement ce que je voulais faire, et pour les auditeurs c’est à prendre ou à laisser. »
     Entretien accordé par Maurice Ravel au London’s Daily Telegraph,
    11 juillet 1931, repris dans Ravel 1989, p. 365


    Je ne sais plus comment s'est faite ma première rencontre avec la musique pour piano de Maurice Ravel mais elle fut l'un des chocs esthétiques les plus puissants que j'ai connu à ce jour. Elle fait partie des rares musiques, avec celle de Poulenc, capable de m'émouvoir aux larmes alors même que je suis heureux. Je ne me risquerai pas à une tentative de description voué à l'échec mais me contenterais de quelques extraits plus ou moins connus du grand public, dont l'inventivité et la poésie extraordinaire n'ont de cesse de me faire voyager, loin, loin, loin...

    Un peu de poèsie subtilement médiévalisante :


    Quelques instants de virtuosité débridée :


    Le sublime à l'état pur :


    A moins que ce ne soit ça :


    Et le meilleur pour la fin :


    L'ensemble ne brille peut être pas par son coté transcendantalement joyeux, je le reconnais. Ce sont néanmoins des harmonies qui m'accompagnent toujours, parce que la beauté n'est ni joyeuse, ni triste... elle est par elle même, dans toute sa subjectivité.

    5 janvier 2010

    Lettre au bouffeur de pop-corn

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    Cher toi,

    Hier soir je suis allé au cinéma, et toi également avec ta nouvelle petite amie, celle avec qui tu navigues en plein bonheur depuis 4 jours que tu sors avec elle. Hier soir toi et ta petite pétasse brunette habillée comme une pute et plus maquillée qu'un drag-queen, étiez comme moi  à la séance de 22H pour voir un film un peu effrayant, histoire de lui montrer, à ta pipeuse de luxe, que tu sais affronter la peur comme un vrai mec en te grattant régulièrement les couilles, elle pour te montrer combien elle te kiffe grave, surtout quand tu lui déchires le fion en la drapant d'insultes choisies dont tu as le secret. Mais je m'égare.

    Avant d'entrer dans la salle, tu t'étais arrêté acheter des pop-corn, pour faire style. Moi aussi j'aime bien les pop-corn vois-tu, même si je n'en mange pas souvent, parce que ça fait grossir et que je surveille ma ligne. D'ailleurs, quand il m'arrive d'en acheter, la boite est vide avant la fin des pubs. Visiblement, la taille des boites de pop-corn a sérieusement augmenté ces derniers temps. Ou alors c'est juste une impression.

    Parceque j'ai été pris d'étonnement lorsque j'ai constaté que  les 30 minutes d'annonces qui précédaient le film n'avaient pu suffire à venir à bout des innombrables "scratch-scratch-scratch" qu'a fait ta main farfouillant parmi les flocons de maïs soufflé. Pendant la pub, je le reconnais, ce n'est pas très grave. Le film n'a pas encore commencé, on en profite pour papoter avec son voisins, envoyer un ou deux derniers SMS... rien de bien sérieux.

    Mais quand le film commence, là, il faut faire un minimum attention à ses voisins. Mais siiiii, les voisins... ? Tu sais, tous ces gens dans la salle qui, comme moi hier soir, essayaient de regarder le film  Esther tranquillement ? Ce film où la tension monte d'un cran à chaque quart d'heure ? Haaaaaa mééé non bien sûr... suis-je bête... tu ne vois pas de quoi je parle évidemment. Pas plus que si je te demande si tu as une vague idée de ce que singnifie le mot "respect" pourtant si à la mode, et notamment chez vous des djeuns'. Sinon, tu aurais  certainement fait attention à ne pas pourrir toute la salle avec tes inlassables "scratch-scratch-scratch" pendant les 2H qu'a durée la séance. Je suis bête parfois....

     Car oui, tes putains de "scratch-scratch-scratch" nous ont fait royalement chier !

    J'avoue que l'idée de me retourner pour t'arracher les doigts avec les dents, phalange par phalange, puis te faire avaler ton putain de carton  en entier en t'enfonçant mon poing dans la gorge jusqu'à te faire exploser l’œsophage m'a traversé l'esprit une paire de fois.

    Estime toi heureux d'être encore en vie ce matin.

    Alors, cher toi dont j'ignore le nom, laisse moi te dire que je t'exècre de toutes mes forces, toi ainsi que ta pouffiasse de meuf. Oui, celle-là même qui a recommencé à vomir sa vulgarité dès le début du générique de fin en passant un coup de fil à l'une quelconque de ses connasses de copines de merde.

    Tu n'es qu'un résidus de furoncle putride de teckel eczémateux puant, et à ce titre je te chie à la gueule.

    Je ne te salue pas.
    Ton courroucé.

    PS : Dans des conditions "normales", Esther est un très bon film à suspense...

    3 janvier 2010

    L'étourdissante "Vie Parisienne" au TNT

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    Finir l'année autour d'une opérette, fraîche et pétillante, mais quelle formidable idée ? Il est donc naturel qu'elle ait traversé mon esprit exceptionnellement brillant.

    Mercredi 30 nous avions donc rendez-vous au TNT pour assister à La Vie Parisienne de l'ami Jacques Offenbach qui, par un hasard cocasse, était diffusée quelque jours auparavant en fin de soirée à la télévision. Mais désireux de conserver intact le plaisir de la découverte, j'avais soigneusement boudé cette production pourtant alléchante.

    Le propos de cet opéra bouffe est assez simple : deux gredins, Gardefeu et Bobinet convoitent la même femme. Dans une gare où ils attendent, Gardefeu se fait passer pour un guide auprès du baron de Gondremarck et Madame à qui il promet de faire visiter tout Paris et de les introduire dans le grand monde. Ce n'est là que le début de leurs soucis (pour l'argument dans son intégralité allez voir par ici).

    Lors de la réservation des places, je n'avais pas lésiné sur le prix, allons y franco, de sorte que nous nous sommes retrouvé très proche de la scène et pile poil au centre. Malgré un instant de doute, j'aime bien me trouver un peu en hauteur de sorte à dominer l'espace scénique, il s'avéra rapidement que cet emplacement fut stratégiquement parfait. En effet, des travaux importants obligent l'opéra à tenir portes closes pour la saison en cours, cette saison doit par conséquent se tenir hors les murs. Les Dialogues des Carmélites avaient déjà, dans un autre lieu, un peu souffert d'un espace à l'acoustique mal appropriée aux voix d'opéra. La salle du TNT qui nous accueillait ce soir là ne s'est montré guère plus convaincante. Les contraintes du théâtre ne sont pas celles de l'opéra et le conduit d'une voix qui chante n'a pas les mêmes besoins que celui d'un acteur qui déclame. Notre position avantageuse nous a toutefois permis de suivre les 4 actes sans trop de mal, même si certains choeurs d'arrière scène demandaient à ce que l'on tende un peu plus l'oreille. Je ne pense pas que les spectateurs situés tout en haut de la salle aient pu profiter tout autant du spectacle, du moins pour les séquences chantées. L'orchestre, peu à son aise dans une fosse bien étroite, a certainement pâtit de ces mé-dispositions, avait à sa tête un jeune chef - Alfonso Caiani -  à la bouille sympathique dont la direction vive et franche - et physiquement engagée jusqu'à la dernière seconde - ne souffre presque aucune critique de mon point de vue. Malgré quelque décalages très vite rattrapés, et le manque évident de réverbération, la petite troupe a mené son affaire tambour major battant, préservant l'équilibre voix/orchestre si fragile jusque dans les passages pianissimo.

    Malgré cette inadéquation du lieu sur ce point - ce qui témoigne hélas des énormes lacunes de la Ville Rose dans ce domaine - la soirée fut toutefois magnifique.
    Si elle n'a pas les proportions de la scène d'opéra, celle du TNT fut astucieusement exploitée. Quoique l'action se déroule dans le dernier tiers du XIX° siècle, le parti fut pris d'un modernisation parcimonieuse mais efficace tant sur du discours que des décors.

    Hormis l'acte deuxième qui fait montre de plus de parcimonie, les décors sont abondants, très riches, colorés, multipliant les arrières-plans permettant une profondeur de scène impressionnante dont chaque recoin ou presque est utilisé. Point d'économie de moyens, place à l'artillerie lourde pour la fin de l'année ! Un décors par acte, fortement référencé dans le Paris contemporain, ne réutilisant chaque fois que peu d'éléments du précédent, à l'exception du fond de scène mais qui fut néanmoins astucieusement remaquillé au fil de la soirée, donnant l'illusion d'un renouveau permanent. Voitures sur scènes, cadres géants, table de douze mètres, escalator, la démesure des décors - souvent interactifs - se veut à l'image de la démesure de la vie parisienne rêvée par les touristes dont on se joue. Et cela fait un sacré bien.

    La mise en scène ne fait pas non-plus dans la demi mesure (pas plus que la musique d'ailleurs), ne cachant pas les ambitions des personnages : c'est bien de gaudriole et de parties de jambes en l'air qu'il s'agit. Point de chichitage : Bobinet (le très mignon Marc Callahan, surtout en petite tenue...) et son comparse Gardefeu ont le sang très chaud et la sève haute... les enjeux sont clairs, et le jeu sur scène ne laisse aucun doute à ce sujet, faisant litière de la bienséance puritaine qui pourrait enrober le froufrou des dames de la haute société et de la position à laquelle doivent se conformer les hommes du monde. Mis à part la trivialité du propos frisant parfois l'obscène - nous eûmes droit à de nombreux coups de rein sans équivoque ainsi qu'à une éjaculation de Veuve Cliquot - la bonne humeur était au rendez-vous et, quoique les acteurs ne furent pas "à fond" tout le temps (sauf à se repoudrer le nez entre deux actes) une belle énergie se dégageait de l'ensemble, les uns et les autres prenant un plaisir évident à jouer cette bouffonnerie trépidante. Dès le premier acte (à la gare) ça court dans tous les sens, ça crie, ça tressaute, ça manifeste à grands coups de banderoles remises au goût du jour, le poing levé. On s'y croirait ! Le détail a même été poussé jusqu'à introduire une hôtesse chargée de faire des annonces régulières d'arrivées et de retards de trains au micro, ponctuées par le jingle SNCF. On est là pour s'amuser, allons y à fond sans craindre la surenchère, tel semble avoir été le maître mot de la mise en scène que j'ai trouvée tout à fait réussie. J'attribue une mention toute particulière aux deux interludes placés au premier puis second tiers, et censés représenter la rue parisienne au petit matin. Rabaissée à une hauteur d'environ 3 mètres par le tomber du rideau et éclairée par des ampoules électriques clignotant par alternance, la scène se trouve réduite à la largeur d'un couloir. Des gens vont et viennent, éboueurs, princesses et autres diablotins de la nuit, le diable au corps, se livrent à des frasques totalement délirantes et purement jubilatoires. Clou du spectacle lorsque, une fois le rideau tombé, toute la troupe réunie sur scène - chef inclus - se lance dans un dernière chorégraphie au son de l'orchestre endiablé. Un vrai bonheur !

    Il n'en fallait pas moins pour donner à cette Vie Parisienne tout son panache. Car il en va de la musique de Offenbach comme d'un gros hamburger avec ses frites : d'allure massive, passablement décadent, c'est joli, ça sent bon, ça rassasie sur le moment, mais on a vite à nouveau faim.... Après tout, il n'y a pas de mal à se faire du bien de temps en temps et se faire du bien au moral.

    1 janvier 2010

    Non-voeux

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    En ce premier jour de l’an, il est de tradition de souhaiter ses voeux de bonheur, santé, réussite, amour, argent, gloire, beauté, trépanation, parallélogramme, australopithèque, kangourou,  etc., ad lib… (rayez les mentions inutiles).

    Hé bien, voyez vous, j’ai décidé cette année de ne pas faire comme tout le monde :

    J’ai l’honneur de ne pas vous adresser mes voeux pour 2010.

    Du moins, pas des voeux ordinaires ( venant de Tambour Major, quoi de moins surprenant ?)
    Car, non, le 31 décembre à 23h59, nos  experts sont formels là dessus, aucun vortex spacio-temporel n’engloutit l’année passée dans les limbes d’une dimension parallèle pour faire surgir ex nihilo une nouvelle ligne du temps totalement vierge que l’on mettrait un point d’honneur à saloper comme des gorets tout au long des 365 jours à venir. Il ne s’agit pas d’un bouton “Erase All Datas” ou “Boot System” qui remettrait tout à plat… ce serait trop facile !

    Ainsi vos problèmes quotidiens ne s’effaceront pas d’un trait de plume par les seules vertus de l’agencement du calendrier. Vos tracas et soucis d’hier resteront ceux de demain. Si vous cherchez le prince charmant, il ne vous attendra pas avec un bouquet de fleurs devant votre porte demain matin au réveil, ni  après demain, ni la semaine suivante ni… jamais ! Les amours perdues vous feront tout autant souffrir que l’heure d’avant, vos blessures demeureront inchangées… Votre banquier restera aussi con, votre assureur sera toujours un escroc, le chien de la voisine viendra encore pisser sur vos plates-bandes, les voisins du dessus demeureront les beaufs insupportables qu’ils ont été tantôt. Quitte à me répéter, le passage à l’année N+1 ne relève pas de la magie, mais tout simplement d'une mesure de convenance pour calculer le temps qui passe… Rien ne change : tout continue, comme si de rien n’était.

    Surtout, si vous avez pris de bonnes résolutions, elles ne se réaliseront pas toutes seules ! Hééééééé  non !! Il faudra y payer de votre personne en vous donnant du mal pour réussir, voire – pire ! – que vous mettiez d’autres que vous à contribution… Et l’on sait depuis Sartre que l’enfer c’est l’autre, parce que l’autre n’en a rien à cirer de nous, ou si peu…

    Cependant, pour ne pas donner une couleur trop sombre à ce premier billet de l’année, je voudrais juste vous demander que vous fassiez en sorte que cette année 2010 qui s’offre à vous soit la meilleure possible. Car elle ne sera pas plus que ce que vous en ferez. Alors vous mobilisez toutes vos forces et votre ténacité pour réussir une belle et heureuse année, en commençant par prendre soin de vous. On l’oublie trop souvent : la personne la plus importante dans sa vie, c’est d’abord soi-même…

    Bonne Année à tous !