Doté d’un goût immodéré pour le « non-sens » le plus débridé, j’avais hâte de découvrir ce qui se présentait comme un ovni du film d’animation.
Présenté par la firme Sony Entertainment, Tempête de Boulettes Géantes repose sur des ficelles classiques sans profondément renouveler le genre, si ce n’est l’idée originelle pour le moins pas banale.
Sur une île, capitale mondiale de la sardine, Flint Lockwood, inventeur au talent injustement méconnu et passablement ado attardé, court après une renommée que le destin se refuse à lui offrir. Fermement décidé à mettre au point le chef d’œuvre de sa vie, il invente une machine capable de synthétiser de la nourriture à partir d’eau. Cela tombe à pic d’autant que les insulaires commencent à en avoir raz la barquette de bouffer des sardines à toutes les sauces. Désormais placée en orbite au dessus de la ville suite à une expérimentation qui ne s’est pas déroulée tout à fait comme prévu, il suffit à notre gentil génie incompris d’appuyer sur un bouton pour que tombe du ciel hot-dogs, donught savoureux, cheeseburgers et pancakes… à profusion ! La ville se transforme régulièrement en royaume de Hansel & Gretel et certaines scènes m’ont fait penser à une vieille pub Carte d’Or où une belle jeune femme ouvre son congélateur et se retrouve propulsée dans un monde des mille merveilles où tout n’est que plaisirs glacés. Oui, petit conseil : calez vous bien le bide avant d’aller voir le film, vous risquez sinon de saliver régulièrement ! Bref, grâce à cette machine, c’est le paradis sur terre. Sauf que bien évidemment ce qui devait arriver finit par se produire : à trop vouloir en faire, patatras, la machine se dérègle… Et la situation commence à craindre franchement lorsqu'une tornade de spaghettis frappe la ville !
Sur cette trame classique de l’invention géniale qui échappe à son créateur va se greffer une série d’éléments récurrents au genre.
De l’amûûûr, avec la charmante stagiaire présentatrice météo que notre gentil héros va tenter de séduire. Une (brêve) lutte du bien contre le mal avec une scène de tentation par le Malin titillant la corde sensible de l’orgueil face à la raison. On ne nous épargne pas non plus les clichés habituels du génie incompris, ni la voix de la raison incarnée par la figure du père, un gentil mastodonte passablement renfrogné dont le regard se réduit à une épaisse frange de sourcils doublée d’une moustache tout aussi improbable ; personnage présent mais peut être un peu sous exploité et qui aurait sûrement gagné à acquérir un peu plus d’ampleur, nous y reviendrons.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste mais l'importance qui leur est dévolue reste très marginale. Qui plus est, caricaturés parfois jusqu'à l'extrême dans une recherche comique je suppose, ils finissent par devenir grotesques et agacent au lieu de séduire, desservant le but qui est normalement assigné aux faire-valoir.
Quelques éléments de critique sociale sont doucement saupoudrés : satire de la société de consommation qui, à force d’en demander toujours plus, finit par faire n’importe quoi, fut-ce avec les meilleures intentions du monde. Les petites incuries des uns et des autres mises bout à bout qui finissent par produire des catastrophes irréversibles. Petite pique en direction des pays de l’hémisphère Nord qui produisent bien plus qu’ils ne peuvent consommer, le surplus de bouffe finissant tout simplement stocké dans un immense barrage dont l’ombre assombrit chaque jour d’avantage la ville. A aucun moment n’est évoquée la possibilité de nourrir la planète, l’utilisation de la machine restant très égoïste ; critique assumée ou absence de parti pris ?
Mais tout cela n’est distribué qu’au compte gouttes, avec la crainte que l’on peut avoir lorsque l’on manie le piment de Cayenne pour la première fois : par peur de trop en mettre on finit par ne pas en mettre assez, laissant planer une certaine fadeur sur l’ensemble.
Car c’est peu être le défaut majeur du film : quoique tous les ingrédients nécessaires à faire un bon film soient réunis, malgré un panel de personnages bien campés (peut être un peu trop d’ailleurs) et une avalanche de gags, la sauce ne prend pas vraiment et manque un peu de corps.
Drôle, Tempête de Boulettes Géantes l’est assurément. J’ai ri assez souvent, l’humour est présent à différents degrés, ce qui en fait un film accessible à un très large public, y compris aux plus jeunes. Outre les quelques running gags bien sentis qui ponctuent régulièrement le film, je vous conseille en particulier dans le dernier tiers, une désopilante attaque de nounours totalement hallucinatoire (je crois que les scénaristes sont toujours en cure de désintoxication…), qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler un cartoon mettant en scène un Bugs Bunny pilote, en proie avec un Gremlin facécieux. C’est du lourd, du burlesque fortement déjanté confinant parfois aux psychédélique, qui regorge d’une bonne humeur des plus appréciables.
Graphiquement, la réalisation est plutôt soignée, ce qui est la moindre des choses eu égard à ce que font les concurrents en ce domaine, le terrain est plutôt glissant. Bien que ce ne soit pas le plus extraordinaire qui m’ait été donnée de voir, ce n’est pas non plus, et de très loin, ce que j’ai vu de pire. Les partis-pris esthétiques sont assumés et justifiés par le ton de l’ensemble. L’ombre de Pixart, les maîtres absolus, plane et les comparaisons sont inévitables. Pour autant, le film réserve de belles surprises et certains renderings sont de premier choix. Je pense notamment à la scène du château en gelly où l’animation et le rendu dynamique sont vraiment excellents.
En définitive ce qu’il manque vraiment à Tempête de Boulettes Géantes tient à peu de choses : des personnages un peu plus attachants et un soupçon de poésie en plus auraient pu hisser le film au rang des grandes réalisations. Car aligner les vieilles recettes de cuisine et les gags – même globalement très réussis – ne suffit pas pour faire un bon film drôle. Il y faut à mon goût un ingrédient magique : un peu de poésie, de supplément d’âme, de profondeur, un peu de rêve…
C’est peut être l’apanage des grands : savoir nous donner à rire tout en éveillant en nous l’enfant qui sommeille. Quoique ayant bien ri, l’enfant qui dort en moi a écarquillé les yeux, sans les ouvrir complètement.
Présenté par la firme Sony Entertainment, Tempête de Boulettes Géantes repose sur des ficelles classiques sans profondément renouveler le genre, si ce n’est l’idée originelle pour le moins pas banale.
Sur une île, capitale mondiale de la sardine, Flint Lockwood, inventeur au talent injustement méconnu et passablement ado attardé, court après une renommée que le destin se refuse à lui offrir. Fermement décidé à mettre au point le chef d’œuvre de sa vie, il invente une machine capable de synthétiser de la nourriture à partir d’eau. Cela tombe à pic d’autant que les insulaires commencent à en avoir raz la barquette de bouffer des sardines à toutes les sauces. Désormais placée en orbite au dessus de la ville suite à une expérimentation qui ne s’est pas déroulée tout à fait comme prévu, il suffit à notre gentil génie incompris d’appuyer sur un bouton pour que tombe du ciel hot-dogs, donught savoureux, cheeseburgers et pancakes… à profusion ! La ville se transforme régulièrement en royaume de Hansel & Gretel et certaines scènes m’ont fait penser à une vieille pub Carte d’Or où une belle jeune femme ouvre son congélateur et se retrouve propulsée dans un monde des mille merveilles où tout n’est que plaisirs glacés. Oui, petit conseil : calez vous bien le bide avant d’aller voir le film, vous risquez sinon de saliver régulièrement ! Bref, grâce à cette machine, c’est le paradis sur terre. Sauf que bien évidemment ce qui devait arriver finit par se produire : à trop vouloir en faire, patatras, la machine se dérègle… Et la situation commence à craindre franchement lorsqu'une tornade de spaghettis frappe la ville !
Sur cette trame classique de l’invention géniale qui échappe à son créateur va se greffer une série d’éléments récurrents au genre.
De l’amûûûr, avec la charmante stagiaire présentatrice météo que notre gentil héros va tenter de séduire. Une (brêve) lutte du bien contre le mal avec une scène de tentation par le Malin titillant la corde sensible de l’orgueil face à la raison. On ne nous épargne pas non plus les clichés habituels du génie incompris, ni la voix de la raison incarnée par la figure du père, un gentil mastodonte passablement renfrogné dont le regard se réduit à une épaisse frange de sourcils doublée d’une moustache tout aussi improbable ; personnage présent mais peut être un peu sous exploité et qui aurait sûrement gagné à acquérir un peu plus d’ampleur, nous y reviendrons.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste mais l'importance qui leur est dévolue reste très marginale. Qui plus est, caricaturés parfois jusqu'à l'extrême dans une recherche comique je suppose, ils finissent par devenir grotesques et agacent au lieu de séduire, desservant le but qui est normalement assigné aux faire-valoir.
Quelques éléments de critique sociale sont doucement saupoudrés : satire de la société de consommation qui, à force d’en demander toujours plus, finit par faire n’importe quoi, fut-ce avec les meilleures intentions du monde. Les petites incuries des uns et des autres mises bout à bout qui finissent par produire des catastrophes irréversibles. Petite pique en direction des pays de l’hémisphère Nord qui produisent bien plus qu’ils ne peuvent consommer, le surplus de bouffe finissant tout simplement stocké dans un immense barrage dont l’ombre assombrit chaque jour d’avantage la ville. A aucun moment n’est évoquée la possibilité de nourrir la planète, l’utilisation de la machine restant très égoïste ; critique assumée ou absence de parti pris ?
Mais tout cela n’est distribué qu’au compte gouttes, avec la crainte que l’on peut avoir lorsque l’on manie le piment de Cayenne pour la première fois : par peur de trop en mettre on finit par ne pas en mettre assez, laissant planer une certaine fadeur sur l’ensemble.
Car c’est peu être le défaut majeur du film : quoique tous les ingrédients nécessaires à faire un bon film soient réunis, malgré un panel de personnages bien campés (peut être un peu trop d’ailleurs) et une avalanche de gags, la sauce ne prend pas vraiment et manque un peu de corps.
Drôle, Tempête de Boulettes Géantes l’est assurément. J’ai ri assez souvent, l’humour est présent à différents degrés, ce qui en fait un film accessible à un très large public, y compris aux plus jeunes. Outre les quelques running gags bien sentis qui ponctuent régulièrement le film, je vous conseille en particulier dans le dernier tiers, une désopilante attaque de nounours totalement hallucinatoire (je crois que les scénaristes sont toujours en cure de désintoxication…), qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler un cartoon mettant en scène un Bugs Bunny pilote, en proie avec un Gremlin facécieux. C’est du lourd, du burlesque fortement déjanté confinant parfois aux psychédélique, qui regorge d’une bonne humeur des plus appréciables.
Graphiquement, la réalisation est plutôt soignée, ce qui est la moindre des choses eu égard à ce que font les concurrents en ce domaine, le terrain est plutôt glissant. Bien que ce ne soit pas le plus extraordinaire qui m’ait été donnée de voir, ce n’est pas non plus, et de très loin, ce que j’ai vu de pire. Les partis-pris esthétiques sont assumés et justifiés par le ton de l’ensemble. L’ombre de Pixart, les maîtres absolus, plane et les comparaisons sont inévitables. Pour autant, le film réserve de belles surprises et certains renderings sont de premier choix. Je pense notamment à la scène du château en gelly où l’animation et le rendu dynamique sont vraiment excellents.
En définitive ce qu’il manque vraiment à Tempête de Boulettes Géantes tient à peu de choses : des personnages un peu plus attachants et un soupçon de poésie en plus auraient pu hisser le film au rang des grandes réalisations. Car aligner les vieilles recettes de cuisine et les gags – même globalement très réussis – ne suffit pas pour faire un bon film drôle. Il y faut à mon goût un ingrédient magique : un peu de poésie, de supplément d’âme, de profondeur, un peu de rêve…
C’est peut être l’apanage des grands : savoir nous donner à rire tout en éveillant en nous l’enfant qui sommeille. Quoique ayant bien ri, l’enfant qui dort en moi a écarquillé les yeux, sans les ouvrir complètement.
Pour l'enfant qui sommeille en toi, je recommande la lecture de Hansel et Gretel (en allemand Hänsel und Gretel).
RépondreSupprimeril "tombe du ciel hot-dogs, donught savoureux, cheeseburgers et pancakes…" Ca serait-y pas un truc américain ?
RépondreSupprimerD'un autre côté, il pleuvrait du cassoulet, de la choucroute et du foie gras mi-cuit, les français auraient gueulé !