Cette semaine j'ai eu 40 ans. Rien que le fait de l'écrire me donne le vertige. Quarante ans. Et dire que je célébrais avant hier (ou était-ce la semaine d'avant ?) mes trente printemps... voilà que d'un coup d'un seul je me trouve affublé d'une décennie de plus.
Le temps passe décidément très vite.
Le temps passe décidément très vite.
Et à bien y regarder, cette dernière décennie fut d'une richesse proprement inouïe, ce qui est encore plus vertigineux : j'ai soutenu une thèse de doctorat, j'ai vécu six mois en Argentine, j'ai vécu presque un an au Québec, j'ai traversé les Andes en bus, j'ai vu des baleines, je suis allé deux fois à Iguazu, j'ai randonné à cheval au clair de lune au Canada, je suis devenu papa-chat à temps partiel, j'ai travaillé dans plein d'endroits, j'ai beaucoup grandi professionnellement et créé ma propre boîte, j'ai publié dans articles dans des revues très sérieuses, j'ai rencontré plein de gens incroyables, j'ai vu des opéras magnifiques, j'ai vu des cromlech, j'ai renoué avec l'enseignement à la fac, je suis tombé plusieurs fois amoureux, j'ai fait mon coming-out à mes parents, j'ai assisté à des couchés de soleil fabuleux, j'ai dansé torse-nu sur un char à la Gay-Pride, j'ai des parents toujours aussi formidables qui prennent enfin soin d'eux... et j'en passe.
Quarante années.
Deux fois vingt printemps.
Sur le coup, je reconnais que ça pique un peu. On sent l'âge charnière, celui du passage d'une phase de vie à une autre. Peut-être le temps des moissons et d'être un peu plus adulte. A cet égard je crois que les jours à venir s'inscriront pleinement dans cette mouvance, à plus d'un titre.
Professionnellement, je commence enfin à
me sentir légitime dans ce que je fais. Cela peut paraître étrange mais
j'ai longtemps été hanté par le syndrome de l'imposteur, celui qui fait
qu'on ne se sent pas à sa place, que l'on n'est pas assez compétent,
pas assez bon, pas assez ceci ou trop cela. Celui qui pousse à bout à force d'efforts vains pour dépasser une limite qui n'existe pas. Usant. Épuisant. Et puis, à force de pratiquer
les autres, je me rends compte que je ne suis pas pire qu'eux, voire
meilleurs dans certaines choses et qu'en tout état de cause, on me
considère en égal. C'est un peu étrange. Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte. Le
moral ainsi que mon estime personnelle, chroniquement atrophiée, s'en
portent nécessairement mieux. Je ne saurais m'en plaindre.
Sur un tout autre tableau, depuis quelques temps on me faisait du pied pour prendre part à certaines responsabilités associatives que je n'avais pas envisagées il y a un an. Mais alors pas du tout... Mettre un petit doigt dans l'engrenage
et m'investir davantage dans le fonctionnement d'une association militante en laquelle je crois, apporter ma petite pierre à l'édifice,
aider, témoigner, me sentir utile à une cause qui me tient à cœur, est une chose qui me titille
depuis un moment. Toutefois, étant arrivé fraîchement dans la structure, je ne me sentais (là
non-plus...) pas
légitime. Pas autant que pourraient l'être d'autres qui sont là depuis
bien plus longtemps que moi et qui ont une connaissance plus approfondie
des choses, mais qui ne semblent pas tentés par l'expérience.
J'ai
énormément hésité, réfléchi, pris la question sous tous les angles...
Est-ce une bonne idée ? Serai-je à la hauteur ? Suis-je conscient de l'engagement que cela représente ? J'ai finalement accepté. Non pas par dépit mais par choix. Un choix que je veux assumer. Je n'avais vraiment pas envisagé que cela puisse se
produire si vite. Et j'en suis très (très) honoré.
Je viens d'avoir quarante ans, j'ai presque toutes mes dents (on m'a posé récemment ma première couronne...) et ma vie est enfin en train de s'épanouir. Progressivement.
C'est le bon moment de prendre un envol de plus, et m'affirmer davantage encore.