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  • 25 novembre 2020

    En attendant Noël

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    Le Président l'a dit, les fêtes de fin d'année auront donc lieu. La grise-mine du confinement et ses conséquences délétères sur le moral des troupes laissait présager le pire. J'ai même pu lire ici et là que ces fêtes seraient inutiles et que nous pourrions y renoncer. Franchement je ne le pense pas, ce serait même une erreur.  Ne serait-ce que du fait de leur force rituelle, dont l'origine remonte au fond des âges. Je doute que nous sachions nous en passer, simplement parce qu'elles constituent l'un des rares moments qui soit célébré par à peu près toute la planète. 

    Au-delà de cette considération de café de commerce, les fêtes de fin d'année sont peut-être surtout l'occasion de tout un tas de petits rituels qui sont réservés à cette période et qui la rendent unique. C'est en tout cas de cette manière que je le perçois. 

    Ce sont d'abord certaines couleurs et odeurs, que je leur associe, comme celle de cannelle, de girofle et de muscade. J'ai d'ailleurs un mélange de ces huiles essentielles que je ne ressors du placard qu'à ce moment-ci et qui me plonge instantanément dans un certain esprit un peu festif. C'est très apaisant.

    En outre, à défaut d'enguirlander tout l'appartement - que les chats-minous mettraient un malin plaisir à saccager en une nuit - c'est aussi l'occasion de remettre en service le carillon des anges que j'avais acheté l'an dernier au marché de Noël à Strasbourg. La lueur des bougies qui se reflète dans l'or du laiton mêlé au tintement aigu des deux petites cloches, produit un effet féérique. Cela me rappelle ces moments d'enfance où, du haut de mes trois petites pommes, je m'émerveillais sur celui que possédait ma grand-mère... C'est aussi la saison où certaines préparations refont leur apparition, je pense aux petits gâteaux en pain d'épice que je passe une après-midi à préparer et à décorer, afin de les savourer en famille autour d'un bon feu de cheminée, avec une grosse tasse de vin chaud à l'orange et aux épices.  

    A quoi tout-cela sert-il ?  Comme tout ce qui n'est pas absolument nécessaire, à pas grand chose, j'en conviens  mais cela met un peu de couleur dans nos vies sacrément bariolées de gris en ce moment. J'y vois avant tout un moyen de se redonner un peu de courage, en songeant aux bonnes choses à venir, aux vacances qui approchent doucement (et dont j'ai grandement besoin !) et aux quelques jours pendant lesquels ont va se faire du bien en toute impunité. 

    Trois fois rien donc. Et c'est déjà pas mal.

    15 novembre 2020

    La photo du mois : Transmission

    10 commentairess

    Bonjour les confinés, nous sommes le 15 Novembre, jour de notre rendez-vous mensuel avec La photo du mois.

    Chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris (hé oui, parce qu'il y a des participants d'un peu partout dans le monde).

    Le thème de ce mois-ci nous a été donné par USofParis qui nous propose de plancher sur : Transmission.

    Nous avions les indications suivantes : 

    Rendez hommage à un mentor, un parent, un ami ou un artiste. Quelqu’un qui vous a apporté l’essentiel dans votre vie actuelle, et qui vous guide encore.

    Ce thème m'a donné beaucoup de fil à retordre de par le choix qu'il présuppose. Qui m'a apporté l'essentiel dans ma vie actuelle et qui me guide encore ? Je dois beaucoup de choses à beaucoup de monde. Il serait difficile en une seule photo d'en faire le tour. Et j'ai pas mal creusé la question posée par la photo de ce mois-ci. Et soudain l'illumination...

    Je dois remercier Pāskuålitø Blåmusling 🌈 un twittos toulousain que je suis depuis quelques temps, et qui, au détour de quelques tweets, m'a apporté un éclairage inattendu sur une situation dont le constat est établi de longue lune : chez les Tambour Major, on ne sait pas exprimer ses sentiments. On ne sait pas se dire qu'on s'aime. On ne se fait jamais de câlins, on ne se prend jamais dans les bras l'un de l'autre... Mais on s'aime, on le sait, on le sent. Parce que c'est évident.

    Et puis, le 7 novembre dernier, il partageait sa propre expérience par une série de quatre tweets dans laquelle je me suis totalement reconnu :

    Dans ma famille, on ne parle pas de choses intimes, personne ne s'est jamais dit "je t'aime".
    Non, on se montre qu'on s'aime en faisant à manger. La cuisine chez nous, c'est LA chose fondamentale. On sait tous (bien) cuisiner. C'est ce qui nous rassemble.

    On montre aux gens qu'on les aime en leur préparant à manger.
    Je suis incapable de dire à mon mec que je l'aime mais il sait que quand je lui fais des lasagnes ou une pavlova, ça veut tout dire !
    Il sait aussi que le jour où j'arrête, il doit s'inquiéter !
     
    C'est pareil avec mes amis, quand je reçois j'ai besoin de tout faire moi-même : servir quelque chose dans lequel je n'ai pas mis tout mon amour en le préparant me gêne. (Je sais, c'est con) 
    Bref, tout ça pour dire que témoigner son amour à quelqu'un peut se faire de mille façons.
    Ce soir je lui dirai que je l'aime avec des plats traditionnels de ma famille : couscous et salade d'oranges à la cannelle et à la menthe.
    From my kitchen with love.

    Pour tout dire, ce fut une révélation. Car comme lui je me débrouille plutôt bien en cuisine et j'aime recevoir mes amis pour partager un bon repas que j'aurai passé toute la journée à préparer, et davantage s'il le faut. C'est comme ça. C'est quelque chose que j'ai reçu et dont je ne saurai me défaire. C'est quelque chose qui nous unit chez les Tambour Major : cuisiner les uns pour les autres et passer un bon moment à table, tous ensemble, parfois pendant des heures. 

    Les repas de famille chez ma grand-mère paternelle étaient à cet égard l'exemple parfait. Il n'était pas rare en effet que nous soyons plus de vingt à table. Alors ma grand-mère préparait une énorme marmite de coq au vin qui cuisait toute la nuit sur la cuisinière à bois ; mes tantes se chargeaient des entrées ; l'une rapportait inévitablement de son pays d'Espagne quelques spécialités méridionales inconnues sous nos latitudes et  qu'il lui plaisait de nous faire partager ; mon père allait couper un peu de la charcuterie maison qui séchait doucement dans la vieille cave ; ma mère s'attelait au dessert. Chacun mettait la main à la pâte en ayant en tête le moment précis où le plaisir des uns et des autres s'exprimerait à la première bouchée de ce qu'il aurait préparé. 

    La préparation de la table de la salle à manger était également tout un cérémonial. Après avoir compté le nombre de convives, il fallait installer les rallonges pour déployer une immense table de bois noir que deux gigantesque draps de coton venaient habiller de blanc. Les plus petits d'entre nous disposaient ensuite verres, assiettes, serviettes et couvert, sous la haute autorité d'une cousine plus âgée et rompue à cet exercice hautement protocolaire. Mon grand-père apportait un peu de braise rouge pour allumer le poêle. 

    Seulement alors la table commençait à se parer des premiers hors-d'œuvres froids et d'un ou deux bouquets de fleurs composés par mes cousines en fonction de la saison. L'incontournable foie gras  maison, sans lequel un repas ne saurait être digne de ce nom, faisait son apparition. Rapidement la table rutilait d'une abondance parfois décadente, où chacun trouvait de quoi lui plaire, petit cousin comme vieil oncle dont nous ne connaissions pas le nom.

    Ma photo sera donc un hommage à ceux et celles qui m'ont beaucoup appris et qui m'ont transmis ce goût peut-être un brin suranné pour les grandes tablées, la belle vaisselle, le plaisir de faire et les plats de fête. Ceux et celles pour qui l'art de recevoir est, au-delà des mets, un acte d'amour.