S'il y a bien une question qui m'a toujours embarrassé, c'est celle de ce que je voudrai faire plus tard. Lorsque j'étais gamin je me souviens avoir voulu un temps devenir pâtissier ou cuisinier, puis cosmonaute, à moins que ce ne fut l'inverse. A vrai dire ce n'est pas tant moi que les autres que cette question a pu embarrasser. Car moi, ce que je voulais faire plus tard, je m'en foutais un peu. Le métier que je voulais faire ? Qu'importe ! du moment qu'il me plaise. Un jour quelqu'un m'a expliqué que pour faire un métier qui me plaise, il me fallait suivre les études qui vont avec. Oui, mais comment savoir ce qui nous plait vraiment quand on a le malheur de pouvoir s'intéresser à tout ? Aussi lorsque au collège notre professeur principal de 4° nous demanda de rédiger un dossier sur le métier de notre choix, dans le but louable de nous faire réfléchir à la question cruciale de l'orientation, je crois avoir ressenti comme un léger flottement dans le regard de l'enseignant à la lecture de la page garde : j'avais choisi "facteur d'orgues".
Mon brevet en poche ce fut désormais au lycée que les mêmes non-interrogations reçurent les mêmes non-réponses, alors que dans le même temps je refusais paradoxalement d'admettre certaines évidences qui s'imposaient pourtant à moi dans toute la violence du rejet de soi face à l'insoutenable regard des autres. J'ai donc fait des choix, parfois par défaut plus que par conviction, des choix auxquels j'ai finalement pleinement adhéré et dans lesquels je me suis véritablement plu et épanoui. Non pas que je ne regrette rien mais au final cet itinéraire est celui qui m'a fait tel que je suis aujourd'hui et le résultat n'est en définitive pas si mal.
L'horizon du baccalauréat approchant, et dans son sillage la perspective des portes de l'université, l'ombre du dilemme du choix de la filière à suivre me prit sous son aile. L'appel du coeur était séduisant mais c'est la voix de la raison qui eut le dessus : j'étudierai donc le droit, sachant que l'on pouvait y suivre des études longues, ce qui me donnerait le temps de réfléchir à un métier, pour plus tard. Les semestres puis les années se passent et le constat est inévitable : je n'ai jamais trop su quoi faire de ma vie. Pourtant je ne me plains pas, je n'ai jamais été vraiment malheureux, même lorsque ça n'allait pas. J'ai toujours gardé en moi une foi inébranlable en l'avenir, faisant confiance à ma bonne étoile et au sérieux de mon labeur. Il faut croire que cela marche car je n'ai pour l'instant jamais été pris en défaut et puis me targuer d'avoir toujours eu cette chance formidable d'avoir vu le travail venir à moi, sans que je ne demandasse rien. Des activités qui pour la plupart n'existent pas pour des tiroirs un peu trop cartésiens. Et pourtant je les ai exercées.
Aujourd'hui pourtant je me sens à l'étroit dans ma vie. Une vie en mutation. J'ai placé cette année sous le sceau de l'accomplissement. Et elle le sera. Je ne sais pas exactement où je vais, la carte est encore assez floue. Je sais seulement que je dois faire confiance à ma boussole et sais ce que je veux laisser derrière moi : la gloriole dorée des parades de courtisans qui s'abreuvent de torrents de vanité suffisante et se noient dans une marre d'ennui tout en s'entretuant.
Dans quelques mois je serai paré des nouvelles ailes que j'ai mis trop de temps à me confectionner, enfin prêt à prendre un envol qui sera comme une remontée à la surface afin d'y emplir mes poumons d'air neuf. Une grande bouffée d'oxygène vivifiant avant de m'en aller explorer le vaste Monde. Car vois-tu j'ai grand soif . Soif de nouveauté, soif de ces paysages que je ne connais pas, soif de ces rencontres qui m'attendent sur le bord du chemin, soif de ces souvenirs qui ne m'appartiennent pas encore, soif de découvrir tout ce que j'ignore et dont la vie me laissera en grande partie ignorant. Soif de vivre, tout simplement. Et peut-être enfin trouver ce métier qui n'existe pas et qui m'attend pourtant à bras ouvert.
Oui, il est grand temps que les choses changent. Il est grand temps...
Mon brevet en poche ce fut désormais au lycée que les mêmes non-interrogations reçurent les mêmes non-réponses, alors que dans le même temps je refusais paradoxalement d'admettre certaines évidences qui s'imposaient pourtant à moi dans toute la violence du rejet de soi face à l'insoutenable regard des autres. J'ai donc fait des choix, parfois par défaut plus que par conviction, des choix auxquels j'ai finalement pleinement adhéré et dans lesquels je me suis véritablement plu et épanoui. Non pas que je ne regrette rien mais au final cet itinéraire est celui qui m'a fait tel que je suis aujourd'hui et le résultat n'est en définitive pas si mal.
L'horizon du baccalauréat approchant, et dans son sillage la perspective des portes de l'université, l'ombre du dilemme du choix de la filière à suivre me prit sous son aile. L'appel du coeur était séduisant mais c'est la voix de la raison qui eut le dessus : j'étudierai donc le droit, sachant que l'on pouvait y suivre des études longues, ce qui me donnerait le temps de réfléchir à un métier, pour plus tard. Les semestres puis les années se passent et le constat est inévitable : je n'ai jamais trop su quoi faire de ma vie. Pourtant je ne me plains pas, je n'ai jamais été vraiment malheureux, même lorsque ça n'allait pas. J'ai toujours gardé en moi une foi inébranlable en l'avenir, faisant confiance à ma bonne étoile et au sérieux de mon labeur. Il faut croire que cela marche car je n'ai pour l'instant jamais été pris en défaut et puis me targuer d'avoir toujours eu cette chance formidable d'avoir vu le travail venir à moi, sans que je ne demandasse rien. Des activités qui pour la plupart n'existent pas pour des tiroirs un peu trop cartésiens. Et pourtant je les ai exercées.
Aujourd'hui pourtant je me sens à l'étroit dans ma vie. Une vie en mutation. J'ai placé cette année sous le sceau de l'accomplissement. Et elle le sera. Je ne sais pas exactement où je vais, la carte est encore assez floue. Je sais seulement que je dois faire confiance à ma boussole et sais ce que je veux laisser derrière moi : la gloriole dorée des parades de courtisans qui s'abreuvent de torrents de vanité suffisante et se noient dans une marre d'ennui tout en s'entretuant.
Dans quelques mois je serai paré des nouvelles ailes que j'ai mis trop de temps à me confectionner, enfin prêt à prendre un envol qui sera comme une remontée à la surface afin d'y emplir mes poumons d'air neuf. Une grande bouffée d'oxygène vivifiant avant de m'en aller explorer le vaste Monde. Car vois-tu j'ai grand soif . Soif de nouveauté, soif de ces paysages que je ne connais pas, soif de ces rencontres qui m'attendent sur le bord du chemin, soif de ces souvenirs qui ne m'appartiennent pas encore, soif de découvrir tout ce que j'ignore et dont la vie me laissera en grande partie ignorant. Soif de vivre, tout simplement. Et peut-être enfin trouver ce métier qui n'existe pas et qui m'attend pourtant à bras ouvert.
Oui, il est grand temps que les choses changent. Il est grand temps...
Je me souviens que tout jeune ma mère nous disait toujours faites ce que vous voulez comme métier mais l'important est d'aimer ce que vous faites. Sa progéniture a beaucoup zigzagué d'un boulot à l'autre mais toujours en aimant ce que l'on avait à faire. Pour ma part, j'ai été chanceux, mes emplois m'arrivant presque toujours en étant simplement là au bon moment, si bien que je serais bien en peine de savoir écrire un cv correctement. Bien sûr on a des angoisses, de durs moments mais ils ne sont que cela, des moments dans un océan de plaisir à faire ce que l'on aime. C'est ce que je te souhaite.
RépondreSupprimerQue 2011 t'apporte cet envol tant désiré !
RépondreSupprimer(tu dis que c'est difficile lorsque l'on s'intéresse à tout ... Je trouve que l'inverse est encore plus difficile, et je pense que ça doit être souvent le cas au collège ...)
Croire à ses rêves, et pour le reste mettre un pied devant l'autre. On ne peut traverser qu'un pont à la fois disent les anglo-saxons.
RépondreSupprimerDéja, je viens de comprendre qui donnait des cours d'emploi du subjonctif à la plus petite des marionnettes des guignols!!;-)
RépondreSupprimerEt....si tu veux avoir une retraite, il serait grand temps ...d'y penser sérieusement!! ;-)
Les journées passent sans se rendre compte que tu as passé des années entières. C'est ça le plus beau métier, te rendre à l'évidence que ce que tu fais est ce que tu aimes. Il faut juste un déclic. Je propose écrivain :)
RépondreSupprimerJe suis déjà passé par là. Ma profession d'historien s'est quelque peu imposé d'elle-même, au fil des ans. Aujourd'hui, je suis très heureux d'exercer un métier que je ferais gratuitement si j'avais les moyens... Mais il faut bien vivre. Il importait peu à mes parents, qui étaient ouvriers, ce que je choisirais comme voie. Il me voulaient heureux dans ce que je fais. Je le suis. Ils ont donc réussi.
RépondreSupprimer@ Magoua : Comme je l'ai écrit je ne me plains pas trop, le boulot m'est toujours tombé dessus sans que j'aie besoin d'aller le chercher. Mais là j'ai besoin d'un grand bol d'air frais. Et je me souhaite exactement ce que tu me souhaites. Merci :)
RépondreSupprimer@ Blau : L'inverse doit être certainement pire : trouver un point d'ancrage sur une vitre lisse, quelle gageure !
@ Eric : Exactement. Je ne suis pas du genre à attendre le train sur le quai de la gare : s'il ne vient pas, c'est moi qui prend les devants.
@ Nigloo : T'inquiète pas pour la retraite, ça fait bientôt 10 ans que les cotisations rentrent chaque mois.
@ Un autre Fred : Oui, je ne peux de toutes façons pas travailler proprement si je m'ennuie. C'est l'une des choses que j'ai apprises ces dernières années. Ecrivain ? Je ne l'ai jamais envisagé. Mais qui sait de quoi demain est fait ?
@ Doreus : Autour de moi j'ai des amis dont le parcours professionnel atypique est une source formidable d'inspiration. Aller là où nous guident nos pas, et savoir se faire confiance pour trouver son bonheur, c'est une chose que j'ai appris à oublier et que je redécouvre. Le meilleur est à venir !
Le meilleur est à venir en effet et c'est tout ce que je te souhaite ! Je suis entouré d'amis qui ont fait le choix de changer de carrière malgré les études, malgré la précarité et malgré les risques pour faire ce dont ils avaient vraiment envie. Et ils n'en sont que plus heureux. Un point commun : ils ignoraient tout du métier qu'ils ont découvert un peu par hasard.
RépondreSupprimerEnvole-toi ! Et si tu as besoin de guide(s), tu sais où le(s) trouver ;-)
"la gloriole dorée des parades de courtisans qui s'abreuvent de torrents de vanité suffisante et se noient dans une marre d'ennui tout en s'entretuant."
RépondreSupprimerTrès belle description du monde universitaire. :)
Dans moins d'un mois, j'aurai mes ailes et bien que j'ai déjà un poste permanent, je songe depuis très longtemps à une voie radicalement autre. Je me donne deux-trois ans pour décider;
J'en connais qui ont su tout de suite quoi faire, qui ont tout fait, tout bien, très vite, et qui à 30 ans avaient tout réalisé et commençaient sérieusement à s'ennuyer.
RépondreSupprimerJ'en connais qui ont pris leur temps et qui maintenant déchirent tout, vivent une vie pas forcément toujours prévue, pas en ligne droite, mais qui les éclate. Je pense que prendre le temps de se construire, de se connaître permet ensuite un réel accomplissement, à notre image.
Eternel étudiant ce n'est pas un métier. Envole toi TM. J'ai la chance de faire un métier que j'aime, même si c'est calme en ce moment à cause de la crise. Je ne progresserai plus car je n'ai pas envie d'écraser mon prochain et dans la société c'est la seule facon de monter dans la hiérarchie. La "technique" celà ne paie pas.
RépondreSupprimerJe ne peux qu'applaudir comme Bashô à la formule des courtisans dans la mare d'ennui, c'est très frappant.
RépondreSupprimerPuisque les vœux sont encore possibles, je te souhaite la réussite de cette importante entreprise.Défriches et fais quelque chose qui te plaise de ta vie, tu le mérites bien. Sans gloire inutile, sans panier de crabes, mais avec talent.
J'ai pour ma part fait tellement de projets sans tous les réaliser que c 'est vrai qu'il m'arrive de penser aujourd'hui, que l'on part toujours avec soi meme et qu'au fond bien plus que de changement on peut parler d'évolution et c'est déjà pas mal....
RépondreSupprimerQuel talent d'écriture!
RépondreSupprimerJe te souhaite de trouver tout l'air frais dont tu as besoin et envie.
Encore un grand moment d'écriture et d'émotion. Ecrivain, philosophe, humoriste, "humeuriste"... tu as le choix ! Et encore, facteur (d'orgue), gogo danseur, tresseur de poils, avocat, humanitaire... Je te connais si peu mais les quelques moments en ta compagnie m'ont démontré l'étendue de tes capacités à avancer dans une vie que tu fais belle, pour toi sans doute mais aussi pour ceux que tu rencontres!
RépondreSupprimerOui, je sais, c'est bientôt la Saint Tambour, alors j'anticipe!! ;-)
Bah ça va, tu as pas trop de questions à te poser dans ton cas : il y a un panneau en haut de la page qui indique la direction à prendre ! :-)
RépondreSupprimerCela dit, les années où on est étudiant, c'est quand même souvent les dernières années d'insouciance...
Moi aussi je voulais devenir cuisinier...Puis on m'a poussé à faire des études. Quoi qu'il en soit, traducteur, moi, ça me va :)
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerQuelle belle prose, avec tant d'espoir sublimé qu'on ne voit pas comment tu échouerais dans ta quête... Dans mon blog (de cuisine !!!) où, de temps en temps, je m'autorise des états d'âme en publiant des extraits de textes dormant au fond de mes tiroirs, j'avais abordé le sujet dans une "short cut" de ma vraie-fausse (ou vice-versa ?) vie ( http://colibri-spleen.blogspot.com/2010/01/epiphanie-ou-le-temps-de-linsouciance_20.html ), le dernier chapitre de "ELISE" se terminant ainsi « …Rien de comparable avec le stress de ma vie d'aujourd'hui, de la difficulté que j'éprouvais à rester sur des rails que, somme toute, je n'avais même pas posés, engoncé dans des responsabilités familiales castratrices et dans une profession qui, dans ma spécialisation, est certes passionnante mais si éloignée de mes rêves premiers (...) » Curieusement, dans ce schéma de ma vraie-fausse (ou vice-versa ?) vie, j’ai éprouvé le besoin d’écrire au masculin, comme si c’était plus facile… Aujourd'hui, je me dis qu'il n'est jamais trop tard pour essayer de vivre la vie qui nous fait plaisir, et d'ailleurs, j'y travaille sérieusement ! Merci pour ce très beau moment de lecture...
RépondreSupprimerAlors,qu'as-tu décidé? pâtissier ou cosmonaute ?
RépondreSupprimerTout pareil que "Le Colibri", en mieux !
RépondreSupprimer:))
Bises du dimanche !
Et "si tu as soif de mordre... mord la vie comme une pomme..."
RépondreSupprimerC'est un billet important je trouve. Le penser, l'écrire, c'est l'inscrire dans le marbre. Cela résume bien ta détermination.
RépondreSupprimerJe te souhaite de réussir cette nouvelle étape ! (il y a des places en Normandie, lol !!)
Déployer ses ailes... C'est un beau projet. Tu as pris de l'avance sur moi apparemment.
RépondreSupprimerBon vol alors!
On va enfin faire notre vidéo?
RépondreSupprimerDu coup, je m'interroge sur ton sujet de thèse. A un moment j'imaginais que c'était en musicologie, mais tu parles d'études de droit...
RépondreSupprimerEt ce qui est bien avec de nouvelles ailes, c'est qu'on ne sens pas trop le petit caillou dans la chaussure ;-)
Courage pour la rédaction de ta grosse rédac. ;)
RépondreSupprimerPour ce qui est de savoir ce qu'on veut faire plus tard, moi je ne sais toujours pas à quarante balais. Alors bon... ;)
les études en rapport avec le métier..non c'est fini ça... surtout que lorsqu'on cghoisit les &études, on en e sait pas ce que c'est que la vie professionnelle ou peu....donc faut évoluer, surtout pouvoir... ne pas trop "se figer" dans un métier... après la vie évolue, les métiers aussi... ne dis pas que tu as pris "trop de temps"... chacun son rythme....
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