Tom Of Finland
Réalisé par Dome Karukoski.
Avec : Pekka Strang, Lauri Tilkanen, Jessica Grabowsky...
Genre : Biopic avec des dessins de gros zizis dedans.
Durée : On ne t'a jamais dit que ce n'est pas la taille qui compte ?
Synopsis : Dans la Finlande des années 1940, alors que RuPaul et Priscilla n'avaient pas encore été inventés, l'homophilie est encore plus répréhensible qu'être hipster ou que de porter des chaussettes avec des claquettes. Alors Touko se cache, comme tous ses semblables.
En effet, Touko Laaksonen a deux passions dans la vie : sucer des bites et dessiner. Sur le front de guerre où il est mobilisé, il enfile l'uniforme d'officier, à défaut de pouvoir enfiler autre chose... même si le soir venu les buissons bruissent de murmures familiers.
De retour au bercail la guerre finie, Touko est un simple dessinateur pour une agence publicitaire, propre sur lui et bien sous tous rapports. En apparence seulement car entre deux promenades nocturnes dans les parcs à observer les beautés de la faune locale, tout en évitant les policiers qui ont la matraque passablement facile, Touko danse la carioca dans des salons privés et dessine en secret des grosses brutes aux gourdins turgéscents. Mordu tout petit par un crayon radioactif, Touko est en effet doté d'un super pouvoir : celui de faire instantannément gonfler l'entrejambe de ses correligionnaires grâce à ses dessins de messieurs puissamment membrus.
Touko Laaksonen ne le sait pas encore mais il sera... Illustrator Tom Of Finland !
Extraits [attention, divulgâchages]
:
- Garde à vous !
- Ho le gros canon que voilà...
- Bonsoir, vous aimez les films de gladiateurs ?
- Non, je chasse le faisan.
- Was is das ?
- Das ist eine grosse bite...
♪♫ Young man, there's no need to feel down
I said young man, pick yourself off the ground ♪♫
- Toc toc toc ?
- Cours Forest, cours !
- Vous aimez la chasse au faisan ?
♪♫ BoooOooorn in the U.S.A.♪♫
L'avis de la rédaction : Avant de voir ce film je ne connaissais rien de la vie de Touko Laaksonen, alias Tom Of Finland, hormis les dessins très ronds de ses grosses brutes abondamment membrées à la sexualité décomplexée. Et je dois dire que, grâce à ce film, j'ai beaucoup appris, tant sur la vie de Touko que sur ce que pouvait signifier être gay dans un pays où l'homosexualité était une grave infraction pénale.
Plutôt contemplatif, servi par une photographie absolument magnifique, parfois cru sans jamais être gratuitement vulgaire, Tom Of Finland nous plonge dans la génèse du personnage de Tom et nous dévoile comment Touko, dessinateur publicitaire, deviendra le célebrissime Tom Of Finland au gré de ses déboires, de la découverte fortuite de sa notoriété hors de son pays, en même temps qu'il offre une formidable plongée dans l'histoire de la culture Gay, de ses codes et de ses angoisses des années sida.
Le biopic nous renvoie en effet à cette époque pas si lointainte où être gay pouvait signifier courir le risque de se faire casser la gueule à tout moment, où la seule manière de vivre sa sexualité était de se cacher de tout le monde, de vivre dans la peur quotidienne des arrestations musclées et des déscentes de police. Une époque où, loin des applications téléphoniques modernes, recontrer d'autres garçons était toute une aventure. Le film a au moins cette vertu pédagogique de montrer dans toute sa violence le quotidien des homosexuels d'alors. Un passé qui n'est qu'à un jet de pierre de notre présent. Ne l'oublions pas, à défaut de l'avoir vécu.
Corrolairement, j'ai également beaucoup appris sur le sens de l'oeuvre de Tom, sur le pourquoi de ses personnages de bûcherons, de policiers à moto, de marins et motards habillés de cuir, et du mythique Kake dont on saluera les apparitions ponctuelles.
En effet, au-delà de l'obsénité apparente des dessins pornographiques à vocation notamment masturbatoire de Tom, se cache la souffrance et la frustration d'un homme et, avec lui, de milliers d'autres à qui la loi interdisait de vivre librement leur sexualité. Dessiner ses fantasmes les plus fous, à défaut de pouvoir seulement les effleurer du bout des mains, pour ne pas devenir complètement fou tant l'oppression sociale est pesante. Situation effroyable lorsque l'on y pense. Le film est à cet égard indispensable.
Tom Of Finland pêche toutefois à de multiples égards. Ainsi l'on regrettera que la relation ambiguë de Touko avec sa soeur ne bénéficie pas de plus amples développements. C'était pourtant un axe très interessant et probablement fort instructif sur l'arrière plan socio-culturel de la Finlande de l'époque et, par extrapolation, de certainement beaucoup d'autres pays dont le nôtre. De même, la mort de son compagnon est étrangement expédiée en quelques secondes seulement. La question du dénouement de ses déboires financiers et de la gestion de sa notoriété aurait également pu recevoir quelques éléments explicatifs complémentaires...
Surtout, loin de retracer toute la vie de Touko, Tom Of Finland s'arrête en 1978, limitant son propos à la seule génèse de celui qui sera, par la suite, mondialement connu sous le pseudonyme de Tom Of Finland. Soit... Nous ne saurons donc rien de ce qu'il est advenu ensuite tant de la communauté homosexuelle en Finlande dont les dessins de Tom ont chamboulé partout ailleurs les codes, ni de la réception mitigée de son oeuvre par ses pairs. Malgré les deux heures que dure le film, il y aurait pourtant eu encore beaucoup à dire.
En conclusion : Sans être un grand film et à défaut d'ètre complet, Tom Of Finland ouvre une fenêtre bienvenue sur un dessinateur complètement culte et incontournable de la culture Gay, et nous replonge avec effroi dans une période charnière qui - même si ce n'en est pas le sujet - a vu naître la Gay-Pride, manifestation dont on comprend toute l'importance qu'elle pouvait revêtir alors et dont on mesure d'autant mieux le sens à lui donner aujourd'hui. Et rien que pour cela, ce film mérite d'être vu par tous.
Note de la rédaction : Jockstrap en zèbre mention bottes de cuir.