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  • 1 août 2011

    Soyons heureux

    Mes fonctions d'organiste suppléant dans une importante paroisse Toulousaine me conduisent régulièrement à tenir les claviers pour des enterrements. Glauque crieront certains. C'est assez particulier en effet d'assister à la douleur des familles, d'entendre les pleurs des uns et les sanglots des autres, de ressentir le poids de l'émotion contenue malgré la dignité affichée. Mais je ne me sens pas impliqué dans ce qu'il se passe, je reste extérieur à tout cela. Mon rôle est purement fonctionnel et décoratif. Parfois cependant il est difficile ne pas être touché. Je pense notamment à cette fois où, voici une quinzaine de jours, je fus littéralement pris au tripes à la vue d'un très beau garçon qui pleurait à chaudes larmes la perte brutale de sa sœur cueillie dans la fleur de l'âge. On le sentait tellement effondré par cette épreuve que, par réflexe humain, on avait pour seule envie de le prendre dans ses bras, de le serrer très fort contre soi pour le consoler et lui apporter un peu de ce réconfort dont il semblait avoir un besoin incandescent.

    Je n'ai pas vraiment peur de la mort, de ma mort. Non pas que j'aie particulièrement envie de mourir, ni maintenant ni plus tard. Je sais seulement qu'elle est inévitable, qu'elle peut frapper à tout moment, n'importe où et qu'en tout état de cause nous finirons tous par mourir un jour. C'est le sens de la vie. Nous n'y couperons pas. Il y a pourtant une chose qui m'effraie dans la mort : la solitude et l'oubli.

    Ce matin dans l'église parfumée d'encens, il n'y avait que de cinq personnes réunies autour du cercueil. Un petit cercueil pour une petite dame presque centenaire vivant en maison de retraite. La défunte était célibataire, elle n'avait pas d'enfant, visiblement pas ou plus d'amis. Elle s'est éteinte "comme la flamme d'une bougie" a dit le prêtre. Et personne autour d'elle pour rallumer le feu ni s'abandonner à la douce nostalgie que procure la perte d'un être cher. Quel sentiment de désolation de s'apercevoir, en se retournant à l'heure funeste, que le vent a balayé les empreintes marquées dans la neige et que plus rien ne nous relie au passé. Oui, voilà ce qui me fait peur : mourir dans l'indifférence, ne manquer à personne, ne laisser aucune trace derrière soi, sombrer dans l'oubli comme si l'on n'avait jamais existé, retourner poussière parmi la poussière, anonyme.

    La vision de ces cinq personnes réunies autour du petit coffin de bois vernis m'a profondément attristé. Cela m'a fait réaliser encore une fois combien il est important de vivre pleinement  et d'être heureux avant de mourir. Rétrospectivement je n'en apprécie que davantage la très belle soirée d'hier passée en compagnie de cet adorable blogueur dont ni la gentillesse tout autant que le charme ne m'ont laissé indifférent...


    24 commentairess:

    1. Bobillé, conclu sur du Sheller, doublement bobillé, alors

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    2. effectivement tu n'as pas du t'ennuyer hier soir...^^
      Et vos minons, ils ont fait "poils-poils" eux aussi???:)
      ps: je suis encore hors sujet!!

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    3. Alors, toi aussi, tu veux devenir Président ?

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    4. Moi face à la mort je suis profondément égoïste. Car si de son vivant on s'évertue à vivre pour soi et non pas pour l'autre (quand on est bien avec soi même on l'est beaucoup plus facilement avec les autres) ce n'est pas au dernier jour que je vais me tracasser de savoir si je suis seul abandonné.

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    5. Bô Billet !
      Très Bô Billet !
      ...
      La mort ...
      C'est un peu (beaucoup) pour ça que j'ai décidé de redécorer (un peu) mon blog ...(aidé d'un ami)
      ...
      Je veux être un homme heureux !
      :)

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    6. C'est "drôle". Le mot du "vérificateur" de mon précédent com était "reapper" ... presque "reappear"!
      :)
      Bon, c'est nul, je sais !
      ...
      Mais c'était presque ...
      :)

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    7. J'aime à penser que chacune de ces cinq personnes qui étaient présentes lors de cet enterrement l'aimaient de façon profonde, peut être plus que si il avais eut une centaine de personnes.

      Et que la trace que cette presque centenaire aura laissé en leurs cœurs et vies aura été plus profonde que celle qu'elle aurais pu faire dans une centaine d'autres cœurs et vies.

      La Trace... l'idée développée dans ce billet est proche, très proche du précédent.
      Un enfant est une trace dans la Vie, mais d'autres traces sont possibles et envisageable, ou tout simplement (ou encore plus difficile ?) ne pas laisser de trace est une façon d'en faire une, par la démarcation de volonté de laisser cette fichue Trace...
      Et puis après tout comme le disais Marc Aurèle : '(...)Peu de choses donc est la vie de chacun, peu de chose le coin de la terre où on vit, peut de chose enfin la renommée posthume même la plus longue : car elle n'existe que par la transmission que s'en font des petits hommes qui vont mourir, qui ne se connaissent pas même eux-mêmes et qui, sûrement, ignorent ce qui sont morts depuis longtemps.' Pensée 10 livre III

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    8. J'ai longtemps nourri cette peur de mourir seul. Moi, le fils unique qui resterai probablement sans enfant. Et puis finalement, ça sert à quoi d'avoir peur à l'avance? Notre vie n'est que ce que nous en faisons.
      Sinon, nous avons une connaissance en commun ;)

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    9. Organiste suppléant dans une paroisse? Je trouve que ça ferait un bon point de départ pour une série qui pourrait s'appeler Ten fingers above.
      Quant à la petite dame, ce qui m'attristerait le plus pour elle je crois, c'est qu'elle ait fini sa vie sans la présence d'êtres chers.

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    10. J'aimerais penser comme l'araignée tisseuse, même si cette histoire me rappelle un douloureux souvenir d'une personne inhumée dans la discrétion, ceux qui étaient ses "amis" ayant mal digéré le fait qu'ils n'étaient pas sur le testament.

      Tu conclues avec la belle chanson de William Sheller, mais les dernières secondes du film Cris et Chuchotements de Bergman pourraient tout à fait convenir. Je ne vais pas faire de spoiler mais si tu ne l'as pas vu, je te le conseille :)

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    11. Il y a deux façons de voir la mort. Celle du défunt et celle des autres.
      Pour moi, quitter un vieux corps, c'est comme retirer un vêtement usé dans lequel on a beaucoup travaillé.
      A cause de mon boulot, je suis souvent dans les cimetières. Il y a des choses pires que les inhumations, ce sont les exhumations. Crois-moi, là, il n'y a personne et on se rend compte combien l'importance donnée au corps est futile. Les défunts ne vont pas dans les cimetières, ils demeurent près de ceux qu'ils aiment.

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    12. Etonnant le hazard ! Aurais-tu regardé Pratice sur France 2 ? Un épisode nous montrait différentes approches à l'arrivée de la mort. La 1ère celle d'une petite fille atteinte de mucosividose (11 ans)entourée par son papa et celle d'un homme seul qui allait mourir d'un cancer sans famille. Et sa réflexion était quelle trace allait-il laisser ? Moi je sais que je mourais seul, mais je ne suis pas préssé . Alors qui sait ?

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    13. Beaucoup de choses à découvrir sur ce tit'Tambour ;-))
      Je pense de temps en temps à la mort oui... et a ses conséquences... et la perspective de cet instant ne me laisse pas indifférent. Une bougie qui s'éteint naturellement sans plus... et le monde continuera de tourner (commentaire pas construit désolé).

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    14. Mort, mot à peine plus long que vie... Ah, le rêve d'éternité, j'aime à croire qu'on ne meurt jamais tant qu'il y aura des gens pour penser à nous... Alors, il serait temps que je fasse quelque chose pour qu'on se souvienne de moi, femme de peu de foi que je suis, qui ne croit même pas à son existence (inutile), être heureuse, par exemple, et, pourquoi pas, rendre les autres heureux... tâche bien difficile... Très beau billet, TM...

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    15. @ Corto : Double merci :)

      @ Nigloo : M'ennuyer ? Je ne sais pas ce que c'est :)

      @ Kynseker : Heu, non... pas spécialement. Empereur m'irait davantage :)

      @ PascalR : C'est drôle, je trouvais justement que l'attitude consistant à se préoccuper de savoir si l'on ne serait pas seul au dernier instant était déjà très égoïste...

      @ Gildan : La mort, c'est ce qui donne son relief à la vie :)

      @ L'araignée : Je ne sais pas qui étaient les 5 personnes présentes ce jour là, si elles étaient de la famille ou des amis. Je n'avais pas non plus fait de lien dans ma tête avec le billet précédent ; il y a un peu de cela peut être, mais pas seulement.

      @ Ditom : Que nous ayons une connaissance en commun peut vouloir dire deux choses : soit tu es une trainée, soit tu es un être exceptionnel :D Et qui est-ce donc ? ^^

      @ Endim : Haha oui tiens, ça pourrait être marrant. Un spin-off de 6 feet under ^^

      @ Titem : Encore un film à ajouter à la longue liste de mon inculture cinématographique !

      @ Krn : Ton commentaire me fait penser à une histoire lue il y a quelques temps. Deux personnes se recueillent chacune sur la tombe de leurs proches. Le premier a porté des fleurs. Le second a mis sur la sienne une assiette de riz. Le premier, moqueur, dit au second : vous croyez vraiment qu'ils vont venir manger le riz ? Oui, répond l'autre, il viendront en même temps qu'il viendront sentir le parfum de vos fleurs.

      @ Traileurfou : Cela aurait pu mais, non je n'ai pas regardé la télévision. Il y a sur la question de l'accompagnement un très beau film : Hana-Bi de Takeshi Kitano.

      @ Fred : Le monde continuera à tourner en effet. Ton commentaire me fait penser à ce billet de Gay mais pas que.

      @ Antrhrôpos : Mais tout le plaisir est pour moi :)

      @ Colibri : Billet d'inspiration en effet plutôt Sartrienne avec cette thématique de la mémoire de l'après...

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    16. @Tambour Major
      Quand ton meilleur ami travaille dans le cinéma et que celui avec qui tu vis est un grand cinéphile, tu es bien vite obligé de rattraper ce retard :)

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    17. j'étais persuadé que tu étais parisien ! (moi aussi suis hors sujet mais la mort ca ne m inspire pas trop)
      bizz

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    18. J'ai souvenir d'un enterrement où j'avais apperçu un jeune mec, grand gaillard, qui ne pouvait contenir sa tristesse et qui pleurait donc... ça m'avait particulièrement ému à tel point que je dus me contrôler pour ne pas verser de larmes à mon tour. Le fait que je sois gay n'est pas indifférent à cette sensation devant un mec qui pleure. Laisser une trace sur cette planète, quand on est homo c'est plus difficile (pas de descendance), il faut créer qqch (une invention) mais c'est rare aussi... Tu laisseras ta thèse dans une bibliothèque, c'est déjà ça! Tout ça nous incite à se dire qu'il faut profiter, et tampis si on ne laisse pas de trace de notre passage sur terre: soyons hédonistes :)

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    19. @Titem : Effectivement, c'est un bon argument ! :)

      @Fiuuu : Bé nan, Toulousaing, avé l'assang ;)

      @Anthonygay : Je me suis aussi posé la question du fait d'être gay et d'être ému par un mec qui pleure ; je crois que l'un n'est pas étranger à l'autre :) Pour le reste de ton commentaire, laisser une trace de soi ne se limite pas à avoir une descendance. La paternité peut être morale, en dehors du cercle familial.

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    20. Et pis cure, alors ;-)

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    21. Je ne sais pas ce que je pense de la mort. J'ai longtemps rêver de me cryogéniser, pour l'éviter.
      A priori, je ne serai pas une star internationale et ne manquerai donc pas à des millions de personnes.
      Maintenant, j'essaie de me dire que dans 50 ans, ce sera fini (sinon avant) et qu'il faut en profiter. Mais ce n'est pas si évident de penser ainsi et de lâcher prise pour moi, j'ai tendance à trop me triturer le cerveau :(

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    22. je me dis que je mourrai bientôt, non pas que ce soit prévu par les médecins, mais surtout parce que l'envie m'en taraude l'esprit de plus en plus et que, en ces quatre dernières années, j'ai perdu les cinq membres qui composaient ma famille... certes j'ai des enfants, mais doit on se forcer de vivre pour ses enfants ?? je ne sais pas d'autant que j'en ai aussi perdu un et que sa mémoire me rappelle à lui tous les ans à même époque ! Je me dis que la mort n'est qu'un passage vers un ailleurs, certes que je ne connais pas encore, mais en tous les cas, il n'y aura pas d'orgues, pas de messe, juste une musique et la crémation...
      Jj

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    23. Alain Souchon : Et Si En Plus Y'a Personne
      http://www.deezer.com/listen-3371738

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