Au milieu du cloître des Jacobins, quatre cyprès se dressent en sentinelles éternelles. Le vert de l'herbe se fait plus dense alors que le jour se retire dans le silence dévolu aux lieux. Et pourtant aujourd'hui, les pierres séculaires ne sont que murmures et bruissements. La brique fière de ces visiteurs d'un soir se pare de pourpre avec ardeur. Les chapiteaux font mine de se taire du haut de leur piédestal et les hirondelles dansent en signe de bienvenue. Nous nous asseyons, attendons, que le calme s'installe.
Soudain une voix retentit. C'est Borges qui nous emporte dans ses Fictions vertigineuses. L'esprit de Don Quichotte plane sur les murs de corail absurdes avant que les allées du cloître ne nous transportent au coeur de l'oppressante bibliothèque de Babel.
La lecture s'achève et ce court voyage extraordinaire avec lui. Je rouvre les yeux comme l'on sort d'un rêve. A moins que ce ne soit un autre qui ait rêvé à ma place...
En sortant, je profite d'un stand librairie pour me procurer ce livre dont on vient pour moi d'entrouvrir quelques pages. Et le sourire aux lèvres je n'ai qu'une hâte : rêver à nouveau de ces labyrinthes merveilleux.
Du rêve au rêve, il n'y eut qu'un pas. Dès le lendemain je me laissais à nouveau conduire par ma copine Nadia au Casino Barrière, que je découvrais par la même occasion. Beaucoup de poésie, un univers quelque part entre Burton et Jeunet, Oyster, un spectacle formidable autour de l'histoire de l'enfant huître. Ni vraiment triste, ni vraiment gai, un monde entre deux mondes, perdu certainement dans son propre labyrinthe intérieur.
Porté par la magie de la danse et du théâtre, je me suis ennivré jusqu'à l'étourdissement de cette ambiance douce-amère, prolongée un peu plus loin autour d'une coupe de champagne dont les bulles accomodèrent parfaitement, ce soir là, la pétillance de notre conversation.
Quelques jours plus tard, j'ai le plaisir de m'asseoir en la toujours bonne compagnie de NekkoNezumi et Enflammée au fond d'une cour bariolée de lampions multicolores. Un petit courant d'air frais nous apporte l'odeur du jasmin en fleurs empruntée au jardin voisin. Dans les assiettes, mille délices attendent de surprendre nos papilles alanguies. Dans les verres la mousse se fait bière et le vin prend des reflets de saphir. Nos conversations enjouée égrènent le chapelet du temps. Mystère joyeux, assurément.
Le ciel impassible se drape de violine et sur cette main tendue sur nos têtes dansent les premières étoiles. Avant de partir nous faisons une dernière fois les imbéciles avec nos joujoux technologiques. Bienheureux, nous rions.
Quelques pas dans la rue, je fais un bout de chemin avec mes comparses que j'abandonne au détour d'une station de vélos. Nous nous disons au revoir, en échangeant un dernier sourire.
Ma vie presque ordinaire...
Ma vie presque ordinaire...
Les voilà ces petits bonheurs qui font tant de bien!
RépondreSupprimerA renouveler au plus vite....
Ho que oui. De véritables bouffées d'oxygène :)
SupprimerC'est bien beau les "joujoux technologiques" mais ça avait l'air appétissant!! :)
RépondreSupprimerCa en avait l'air et la chanson ! Une très jolie adresse à Toulouse : Le Fanfa Ron.
SupprimerEncore un beau récit comme toi seul a le secret.ça donne envie de partager physiquement ces moments ou de se poser et de donner corps à ceux que nous vivons nous aussi sans toujours savoir les apprécier...
RépondreSupprimerMmm, le joujou technologique n'a pas envoyé mon commentaire qui te remerciait de si joliment résumer ces instants, le cochon :-D Moi j'aime tellement ces choses pseudo-ordinaires qui font de nous des privilégiés !
RépondreSupprimerqu'en voilà un joli billet plein de poésie ! bises
RépondreSupprimerJ'ai subitement envie de lire,écouter de la musique,voyager,vibrer,écrire et vivre enfin! Merci
RépondreSupprimerTu me fais penser à Perec dont je te recommande la découverte si tu ne connais pas encore.
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