Petit coup de déprime ce soir. Un moment de solitude. Non pas la solitude de ne pas voir mes amis faute de sollicitation, c'est même l'exact contraire : pour en voir un, j'ai renoncé à un après-midi jeu chez des amis, à une tea-party chez d'autres, et à aller au cinéma avec une copine. Je parle d'une forme de solitude plus pernicieuse. Celle qui se manifeste par cette envie de passer la fin de la journée à deux, vautrés dans le canapé, à s'écouter respirer et se faire des câlins devant la télévision, en regardant des bêtises ou des séries et en oubliant le reste...
Coup de coucaracha indubitablement lié à mon état de fatigue. Car je suis crevé malgré mon oisiveté relative de ce weekend qui m'a toutefois permis de couper d'avec ma semaine de boulot et ma boss cyclothymique. "Je ne sais pas comment tu fais pour bosser avec elle" m'a glissé une collègue cette semaine. En effet, je ne sais pas combien de temps je tiendrai avant de péter un câble. Peut-être que ce jour viendra lorsque j'aurai acquis la certitude que mon avenir ailleurs sera assuré. En attendant, il me faut composer avec ça et serrer les dents le temps que ça passe. Heureusement j'ai le dos large. Mais bonne mémoire...
Fatigue donc, et petit coup de mou dans la foulée. J'y vois vraiment la manifestation de la fatigue, ce qui n'est pas bon signe du tout. J'ai mal aux yeux et mal à la tête, envie de rien, si ce n'est de rester au calme, encore et encore, et de dormir des siècles.
Je crois que ce qui m'a achevé c'est, en consultant le programme télé en début de soirée, de me rendre compte qu'il n'y avait rien de bien palpitant à regarder ce soir. Rien, pas un bon film du dimanche pour prolonger un peu la douceur de ces deux jours qui, ma foi furent bien agréables, entre amis, repas à la maison en bonne compagnie, lecture et visite privative de la basilique
Saint Sernin avec un ami architecte et dont il me faut à présent trier les photos.
C'est drôle mais à bien regarder les choses, c'est lorsque je me sens mal quelque part que je me replie sur mon chez-moi et que j'en prends soin, que je me le réapproprie. Bien que je refuse de l'admettre, je suis éperdument casanier. Casanier dans la mesure où mon chez-moi est un cocon, un filtre à ondes négatives, un puits de ressourcement que j'essaie de construire de manière harmonieuse, pour m'y sentir bien, en toute saison.
En ce moment, mon appartement est plutôt bien rangé, relativement propre.
Mon bureau est enfin ordonné, clair et agréable. Samedi c'est vers la chambre, pièce un peu délaissée, que s'est porté mon envie de décoration. J'ai donc acheté deux très belles rééditions d'affiches publicitaires Air France. L'une d'elle est partiellement reproduite en illustration de ce billet. Cela fait un petit moment que je les avais remarquées, j'ai saisi l'occasion d'une belle journée pour les acquérir compulsivement. Je les aime beaucoup et suis content du rendu. Le grand mur qui surplombe ma tête de lit ressemblera enfin à quelque chose.
Dans mon bureau c'est un peu la même chose. J'ai besoin d'un décors pour m'aider à travailler. D'objets qui me plaisent, m'apportent une forme de réconfort ou qui stimulent mon imaginaire. Comme en musique, il faut que cela me parle immédiatement et qu'en une fraction de seconde je sois emporté vers un ailleurs. C'est ainsi que deux aquarelles gentiment offertes par un lecteur ont naturellement pris place sur les murs de mon bureau. Elles-aussi je les aimes beaucoup. Elles forment une petite famille d'images qui m'apaisent, avec une vieille carte postale de mon village et une étiquette de l'incontournable bière Quilmes et que j'avais ramenée de Buenos Aires. Leur pouvoir évocateur m'est précieux.
De même, j'ai besoin de la présence rassurante d'au moins une plante verte sur mon bureau, d'un peu de vie. Depuis une semaine, trois petites succulentes - un pachyphytum, un aloe vera et un cactus subtilement baptisé "picou" - me tiennent compagnie, alignées dans leurs pots gris et vermillon. C'est idiot mais une pièce sans plante me semble morte, inhabitée. Et s'occuper de mes plantes m'apaise, me procure une certaine forme de quiétude. Je ne saurais plus m'en passer.
Pour en revenir aux affiches proprement dites, si elle ne m'ont pas coûté bien cher, je ne peux pas en dire autant des cadres et des passe-partout découpés sur mesure dans un magasin spécialisé : elles sont certes belles mais hors format standard... Peut importe, j'ai allégé mon portefeuille de quelques dizaines d'euros - pas surnuméraires du tout - et cela m'a fait du bien. C'est fou comme un comportement aussi irrationnel que dépenser de l'argent peut, à l'instar des plantes, avoir des vertus apaisantes.
Et de toute manière, vu le dévouement exemplaire du très wirklich sehr graou vendeur dont j'ai profité abondamment et à qui j'ai demandé tout un tas de conseils pour de belles photos que je dois aussi faire encadrer, j'aurais pu payer à peu près n'importe quel prix (hu hu hu ^^). Visiblement, il n'a pas trouvé dérangeant du tout que je le monopolise pendant pratiquement trois quart d'heure. Et je doute fort que ce joli et souriant petit barbu à la chevelure d'ébène, et dont la toison affriolante dépassait de sa chemise négligemment entrebâillée, m'aurait gardé si longtemps dans ses filets s'il n'y avait eu là qu'un comportement strictement professionnel... Autant être franc : j'en suis ressorti les yeux ivres de bonheur.
Ça tombe bien : je dois aller récupérer ma commande dans quinze jours.