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  • 29 janvier 2020

    Et bonne année quand même

    Si à l'instar d'un certain nombre, vous me demandiez comment je vais en ce début d'année, je vous répondrais "Je vais". Non pas que cela aille mal, mais parce que cela ne va pas nécessairement "très bien" ni "bien". Je vais. Et ce n'est déjà pas si mal. 

    Je pensais pourtant que mes deux semaines de vacances à la Réunion m'aideraient à avoir une patate d'enfer à mon retour. Raté. Ou du moins, pas vraiment réussi. Est-ce que j'ai profité de mes vacances à la Réunion pour me reposer, déconnecter totalement, changer d'air ? Oui, indéniablement. Est-ce que j'ai aimé mes vacances à la Réunion ? Évitons d'être manichéens. Disons que je n'y ai pas trouvé ce que je pensais pouvoir venir y chercher. 

    Oui c'est beau. Oui c'est vert. Oui c'est dépaysant.  Oui il y a de jolies randonnées. Mais... J'ai commencé par essuyer les dernières salves d'une tempête tropicale qui sévissait sur l'île Maurice. De la pluie donc. Pas quelques gouttes. La mousson. Un rideau d'eau qui se fracasse sur les maisons, les arbres, les voitures. Les ruisseaux deviennent torrents. Les rivières s'invitent sur les routes. Les roches s'effondrent et barrent parfois le passage, ce qui est très embêtant lorsque, comme cela est assez fréquent dès que l'on dépasse une certaine altitude, il n'y a qu'une seule route. 

    Quand il pleut à la Réunion, il n'y a rien à faire. Il faut attendre que cela passe. Et cela peut durer des jours. En cumulé, un tiers de mon séjour s'est déroulé sous une pluie battante. Un autre bout sous une grisaille terne. Le reste, cinq jours, sous un beau soleil. C'est maigre.

    Une fois que la pluie a cessé, que la boue a un peu séché et que les cours d'eau sortis de leur lit ont cessé de rendre leurs abords dangereux, on peut s'aventurer sur les sentiers dans les cirques. En partant tôt le matin, vers six heures ou sept heures, pour ne pas suffoquer sous la canicule qui s'installe dès dix heures en cette période d'été.

    Alors, oui on voit de belles choses : des plantes dont l'envergure dépasse, de plusieurs mètres, le court périmètre du pot dans lequel elles sont confinées sous nos latitudes ; des reliefs abrupts déchirés par les mains de quelque géant ; des paysages étonnants ; parfois au loin, entre deux sommets, un coin d'océan perdu. 

    Mais jamais je n'ai été pris aux tripes par l'étourdissement du grandiose. Jamais je n'ai ressenti l'ivresse grisante de l'immensité pittoresque. Celle-là même que je ressens pourtant à chaque fois que je vais me balader sur le premier sentier de randonnée dans les Pyrénées, non-loin de Toulouse. Car à la Réunion, le regard ne porte pas plus loin qu'à une poignée de kilomètres. La vue est immédiatement coupée par le relief volcanique. À moins de regarder vers l'océan et son horizon désespérément vide lequel, pas plus ici que là-bas, ne suscite chez moi aucune émotion particulière.

    La randonnée sur le volcan du Piton de la Fournaise ne m'aura pas davantage laissé de souvenir impérissable. Oui, c'est "joli". On a l'impression d'être arrivé sur la lune. Mais c'est rapidement répétitif. L'accès en voiture par une piste cahoteuse, devient vite extrêmement pénible. Il faut rouler au pas afin de ne pas casser un essieu. On tangue violement des pieds à la tête plusieurs fois par mètre. Cette partie du trajet, à l'allée comme au retour, m'a paru interminable. Une fois garé, le sac  rempli de flotte arnaché sur le dos, les membres et le visage tartinés de crème solaire indice maximum ultra haute protection, une longue marche débute. Passé le folklore des premières minutes, le paysage est rapidement monotone : sous nos pieds, de la lave antique forme un relief constamment irrégulier et désagréable ; au loin, et ce sera ma destination, la masse uniformément noire du cône volcanique, semblable à un terril, qu'il faudra gravir pas après pas, gagner mètre après mètre, en cherchant sans cesse sa route. Et tout du long,il n'y a rien à voir, aucun panorama, aucun paysage. De l'abnégation, de l'endurance et le plaisir de l'effort doivent l'emporter.

    Alors, si, tout de même, au bout du compte l'on finit par arriver au bord du cratère qui nous confronte au gigantisme d'un volcan. Mais si ce n'est le besoin de recharger un peu les batteries, j'aurais pu faire le chemin du retour sitôt arrivé. J'ai un peu honte de l'écrire mais j'ai pris sur moi pour attendre et trouver un intérêt à être là... Je ne regrette pas de l'avoir fait car j'ai la satisfaction d'être allé au bout pour moi. Mais je n'en ai retiré aucun réel plaisir. Ce fut un joli challenge, dénué réel attrait. Je suis probablement beaucoup trop mal habituée avec mes Pyrénées qui m'offrent tout ce dont j'ai besoin et même davantage. 

    Un autre élément qui a peut-être contribué à ce médiocre résultat global, est d'avoir été logé chez de la famille qui habite en hauteur, à trois quart d'heure du littoral. Au calme le plus total, certes, dans un cirque très prisé et au cœur d'un site naturel exceptionnel, certes encore. Mais loin de tout. Chaque déplacement passait invariablement par l'interminable succession de virages d'une très pénible route de montagne. Probablement trop peu d'intimité rélle aussi, contraint par le carcan familial, et dans une zone de l'île sujette aux pluies. En contrepartie, j'ai vécu et mangé "comme là-bas" pendant quinze jours pour presque rien, et découvert plein de choses sur la vie locale inaccessibles au touriste lambda. Encore une fois, le bilan est sur ce point en demi-teinte. 

    Je suis parti sans savoir ce que j'allais trouver. Je sais désormais de quoi j'ai besoin et ce qu'il me faut aller chercher pour revenir les yeux pleins d'étoiles. Lorsque je repartirai. Car mon bonheur - simple - est en réalité à portée de main lorsqu'il s'agit de nature et de paysages. Mais l'envie de voyager est toujours là.

    Cela fait maintenant un peu plus de quinze jours que je suis rentré mais déjà je me sens bouffé par mon quotidien. Un contexte social et professionnel particulièrement anxiogènes ; un avenir professionnel loin d'être serein ; un stress quotidien de nouveau détestable ; un plaisir au boulot perfectible. L'année ne commence pas de la meilleure des manières. Loin de me contenter, j'essaie au moins de m'en satisfaire en m'efforçant de voir le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide.

    J'aurais parfois envie de tout plaquer, de tout arrêter, d'avoir un boulot qui ne serait que plaisir et qui n'exposerait pas au conflit permanent. Un boulot satisfaisant intellectuellement mais peut-être avant tout satisfaisant humainement. Gagner une somme importante à la loterie et ne plus en avoir rien à foutre de rien. Pouvoir être odieux avec les emmerdeurs, sans craindre quoi que ce soit. S'il ne résout pas tout, l'argent en abondance permet une certaine forme d'impunité. Une certaine forme d'insouciance, au-delà des strictes limites matérielles.

    Alors vous comprendrez pourquoi, lorsque l'on me demande comment cela va en ce moment, je réponds "je vais". Ce n'est pas bien terrible. Mais c'est déjà pas mal, tout de même. 

    Et tant qu'il est encore temps, puisque je ne l'ai pas encore fait ici : bonne année à tous et à chacun, quand même !

    1 commentaires:

    1. Gagner une somme importante à la loterie et ne plus en avoir rien à foutre de rien : c'est mon rêve aussi haha mais je me sens de nouveau mieux dans mon travail donc ça me passe moins par la tête présentement
      que Dieu vous bénisse hahaha

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