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  • 13 octobre 2008

    Auto-bio

    Il est un fait avéré : je ne suis pas un grand écolo dans l'âme.

    Je ne mange pas bio, suis même extrêmement dubitatif quant aux bienfaits de ce mode d'alimentation, ne partage pas vraiment d'affinité avec nos amis les "Verts" - et ce quand bien même leur dernière université d'été s'est déroulée dans notre ville rose. Aussi, lorsque je découvrais y a quelques temps déjà les planches de Cyril Pedrosa dans les pages de Fluide Glacial, mon enthousiasme fut tout à fait restreint.

    La première fois que j'ai lu ça, je me suis dit "Tiens, ça sent le bobo à plein nez...". Par "bobo" j'entends ici le petits bourgeois friqué qui joue à l'homme de gauche et feint de se préoccuper de son prochain, tout en se réjouissant que le CAC 40 ait pris 4 points lors de la dernière cotation. Bref, j'aime pas les bobos, du moins, pas ceux qui correspondent à cette définition. On peut aussi se laisser guider par la chanson éponyme de Renaud :


    On les appelle bourgeois-bohêmes 
    Ou bien bobos pour les intimes
    Dans les chansons d'Vincent Delerm 
    On les retrouve à chaque rime 
    Ils sont une nouvelle classe 
    Après les bourges et les prolos
     Pas loin des beaufs, quoique plus classes 
    Je vais vous en dresser le tableau 
    Sont un peu artistes c'est déjà ça 
    Mais leur passion c'est leur boulot 
    Dans l'informatique, les médias 
    Sont fiers d'payer beaucoup d'impôts 

    Les bobos (...)

    Ils vivent dans les beaux quartiers 
    Ou en banlieue mais dans un loft 
    Ateliers d'artistes branchés, 
    Bien plus tendance que l'avenue Foch 
    Ont des enfants bien élevés, 
    Qui ont lu le Petit Prince à 6 ans
     Qui vont dans des écoles privées 
    Privées de racaille, je me comprends 
    Ils fument un joint de temps en temps, 
    Font leurs courses dans les marchés bios 
    Roulent en 4 x 4, mais l'plus souvent, 
    Préfèrent s'déplacer à vélo 

    Les bobos (...) 

    Ils lisent Houellebecq ou Philippe Djian, 
    Les Inrocks et Télérama, 
    Leur livre de chevet c'est Cioran 
    Près du catalogue Ikea. 
    Ils aiment les restos japonais et le cinéma coréen 
    Passent leurs vacances au cap Ferret 
    La Côte d'Azur, franchement ça craint 
    Ils regardent surtout ARTE 
    Canal plus, c'est pour les blaireaux 
    Sauf pour les matchs du PSG 
    Et d'temps en temps un p'tit porno 

    Les bobos (...) 

    Ils écoutent sur leur chaîne hi-fi 
    France-Info toute la journée 
    Alain Bashung Françoise Hardy 
    Et forcément Gérard Manset 
    Ils aiment Desproges sans même savoir 
    Que Desproges les détestait 
    Bedos et Jean-Marie Bigard, 
    Même s'ils ont honte de l'avouer
    Ils aiment Jack Lang et Sarkozy 
    Mais votent toujours Ecolo 
    Ils adorent le maire de Paris, 
    Ardisson et son pote Marc-O 

    Les bobos (...)

    La femme se fringue chez Diesel 
    Et l'homme a des prix chez Kenzo 
    Pour leur cachemire toujours nickel 
    Zadig & Voltaire je dis bravo 
    Ils fréquentent beaucoup les musées, 
    Les galeries d'art, les vieux bistrots 
    Boivent de la manzana glacée 
    En écoutant Manu Chao 

    Ma plume est un peu assassine 
    Pour ces gens que je n'aime pas trop 
    Par certains côtés, j'imagine... 
    Que j'fais aussi partie du lot
    Les bobos (...) 

    [Renaud - Les bobos - 2006.]

    Pourtant, à la relecture, mes a priori mis de coté, c'est un auteur très fin et drôle qui m'est apparu, au point que je me suis procuré tout récemment son album intitulé "Auto-bio".

    Auto-bio nous conte des tranches de vie de la petite famille de l'auteur, composée de sa femme et de ses enfants, tous fervents défenseurs des idées progressistes de l'écologie politique ; un combat du quotidien sur lequel Pedrosa porte un regard tendre et doucement cynique.

    Entre sa femme qui, sous prétexte de manger sainement, veut tout cuire à la vapeur, éradiquer le lait, les saucisses cocktails et les phosphates contenus dans la lessive ;



    Les enfants trop bien dressés qui font la morale à qui-mieux-mieux avec une répartie défrisante...

    Les voisins retors, incultes à toute préoccupation écolo qui croient que les épluchures sont recyclées à l'usine d'incinération, qui déversent des tonnes de pesticides le cœur léger et à qui il faut faire face...

    Les petites victoires du quotidien sont autant de sources de joies face à tant de désillusions que Pedrosa nous narre avec beaucoup de talent.





    J'ai beaucoup ri à la lecture de auto-bio. Les histoires s'enchaînent l'air de rien, on peut tout à fait les lire dans l'ordre que l'on désire mais je doris percevoir une fine cohérence à l'ordonnancement adopté.

    On lit et relit avec le même plaisir ces scénettes, petites chroniques de la vie ordinaire de quelqu'un soucieux de son environnement et convaincu (?) du bien fondé de sa démarche, quoique taraudé par des questions existentielles de premier ordre.

    Bref, un regard tendre et moqueur sur l'écologie, bourré d'humour, servi par un dessin souple, fluide et agréablement mis en couleur. A mettre entre toutes les mains !

    1 commentaires:

    1. C'est étonnant, le mot "bobo" est devenu une insulte alors que ce n'était pas le cas il y a 15 ans. Je ne corresponds pas trop à ta définition puisque nous avons plus de découverts que d'actions au CAC40 mais l'environnement est un sujet important pour nous. On recycle, on composte, on mange bio et local, on évite le lait, les pesticides, on a banni le Round-Up et le Diesel, on essaye de réduire nos déchets...
      :)
      Je viens de commander cette BD. Je te dirai si je me reconnais. Merci pour la découverte !

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