A la fin d'une année universitaire, c'est toujours l'effervéscence : entre le rush des derniers cours, le stress des examens qui approchent, l'angoisse des révisions qui n'ont pas avancées et qui font déjà entrevoir d'atroces soirées de gavage intellectuel à grands coups d'expresso pour pouvoir endurer le cours de finances publiques ou celui de procédure civile que l'on a récupéré sur photocopies (bah oui, lundi à 8h du matin c'est beaucoup trop tôt pour aller en cours !), l'étudiant moyen a largement de quoi s'occuper. Et les profs aussi. Car avec l'arrivée du mois de Mai coïncide invariablement le déroulement des examens de fin de second semestre ce qui signifie corrélativement une masse de copies à corriger dans un délai chaque année plus bref. L'an prochain on nous demandera certainement de rendre les copies avant que les partiels n'aient eu lieu...Non, ne dites pas que c'est impossible, vous ne savez pas de quoi " ils " sont capables.
Si lorsqu'il y a quelques années, le jeune et naïf chargé de TD que j'étais trouvait en l'exercice de correction une exaltation enivrante - et peut être aussi le plaisir sadique de pouvoir coller une sale note bien pourrie afin d'exorciser quelque humiliation personnelle dont on porterait encore le fardeau sur nos épaules encore sanguinolentes -le poids des années ou peut être l'usure tout simplement, y a substitué une corvée aussi épanouissante qu'éplucher un dindon avec une pince à épiler.
Les copies ce n'est pas bien compliqué, il en a de trois sortes : les bonnes, les moyennes, et les mauvaises. Fort de ce premier tri qui ne vous étonnera pas (si ?) on peut pousser la distinction un tout petit peu plus loin.
Etrangement, les copies les moins intéressantes à corriger sont celles qui obtiennent une bonne voire très bonne note. Tout y est, l'étudiant maitrise son sujet, pose des définitions, suit un raisonnement relativement rigoureux selon un plan établi ou une problématique claire. Le correcteur se borne alors à quelques "oui" ou "Bien" arrachés dans la marge, râturant toutefois par-ci par-là afin d'imposer son savoir et rétablir la hierarchie du sapiteur sur celui qui n'est pour l'instant qu'un inférieur, quand bien même son talent serait infiniment supérieur. Car s'il est une règle d'or c'est bien celle de ne jamais montrer son infériorité même si elle est patente. Outre leur vertu rassurante et valorisante pour le prof qui a l'impression d'avoir fait du bon boulot (et non pas que l'étudiant est particulièrement doué pour avoir réussi à comprendre l'incompréhensible... non non !) ces copies sont aussi profondément chiantes tant il ne s'y passe rien de bien exotique si ce n'est le déroulement parfait de ce que l'énoncé du sujet appelait en réponse.
Les copies complètement nulles ne sont généralent pas celles qui offrent le potentiel délirant le plus étoffé, quoiqu'il me soit arrivé de rire franchement (ou de m'éffondrer de désespoir) à la lecture de certaines d'entre elles. Le plus souvent il s'agit de candidats qui n'ont pas travaillé la matière et qui tentent à grand renfort d'effets de manches plus ou moins creux, de masquer un manque cruel de fond. L'inocuité de ces gesticulades verbales n'échappe généralement pas à la sagacité de celui qui, à l'autre bout de son crayon à mine, tient entre ses mains le sort du présomptueux impétrant. On n'échappe pas à des considérations hautement philosophiques qui feraient passer le comptoir de café le plus proche pour une conférence au Collège de France, et une chronique horoscope sur NRJ pour du Bourdieu. Cela fait sourire au début mais on se lasse dès la deuxième.
Restent donc les copies moyennes, celles qui oscillent grosso modo entre 8 et 12. C'est là que se situe le plus souvent le gisement de pépites qui transforment régulièrement les fastidieuses séances de correction en tranches de fou-rire ou de profond désespoir, un désespoir noir d'une densité qui dépasse les lois de la physique moderne. Je parle d'une profondeur sub-abyssale, un trou noir de connerie insultante pour l'espèce humaine et qui doit bien faire rire les protozoaires de laboratoires dans leur boite de Petri. Car le propre d'une copie moyenne est d'être... moyenne. Mais pas seulement. Car l'art d'être moyen n'est pas un talent partagé par tous avec la même verve ni le même talent car il faut bien admettre que l'indigence intellectuelle de certaines copies (je m'abstiendrai de porter un jugement sur les candidats directement) peut friser le zéro absolu, et même plus absolu qu'absolu ! Il faut bien reconnaître toutefois qu'avant de trouver des perles dans une copie, - je parle des vraies, de celles qui nous font perdre nos moyens tellement elles dépassent ce que l'entendement humain peut appréhender, celles qui nous font toucher Dieu du doigt et nous mettent face à l'étourdissante question de l'infini du Cosmos - c'est un peu comme dans les huîtres : il faut en ouvrir beaucoup avant d'en découvrir une. Et croyez moi, l'attente est parfois récompensée au-delà de nos espérances. Jugez en plutôt :
Je ne l'ai pas laissé mais sachez que le correcteur a abondamment remercié le candidat pour cette performance de bon sens juridique ! Car heureusement à l'instar de Fluide Glacial, les marges sont un espace de liberté qui ne demande qu'à être conquis par la fièvre délirante du correcteur en manque de défouloir, mais toujours avec style !
Les copies ce n'est pas bien compliqué, il en a de trois sortes : les bonnes, les moyennes, et les mauvaises. Fort de ce premier tri qui ne vous étonnera pas (si ?) on peut pousser la distinction un tout petit peu plus loin.
Etrangement, les copies les moins intéressantes à corriger sont celles qui obtiennent une bonne voire très bonne note. Tout y est, l'étudiant maitrise son sujet, pose des définitions, suit un raisonnement relativement rigoureux selon un plan établi ou une problématique claire. Le correcteur se borne alors à quelques "oui" ou "Bien" arrachés dans la marge, râturant toutefois par-ci par-là afin d'imposer son savoir et rétablir la hierarchie du sapiteur sur celui qui n'est pour l'instant qu'un inférieur, quand bien même son talent serait infiniment supérieur. Car s'il est une règle d'or c'est bien celle de ne jamais montrer son infériorité même si elle est patente. Outre leur vertu rassurante et valorisante pour le prof qui a l'impression d'avoir fait du bon boulot (et non pas que l'étudiant est particulièrement doué pour avoir réussi à comprendre l'incompréhensible... non non !) ces copies sont aussi profondément chiantes tant il ne s'y passe rien de bien exotique si ce n'est le déroulement parfait de ce que l'énoncé du sujet appelait en réponse.
Les copies complètement nulles ne sont généralent pas celles qui offrent le potentiel délirant le plus étoffé, quoiqu'il me soit arrivé de rire franchement (ou de m'éffondrer de désespoir) à la lecture de certaines d'entre elles. Le plus souvent il s'agit de candidats qui n'ont pas travaillé la matière et qui tentent à grand renfort d'effets de manches plus ou moins creux, de masquer un manque cruel de fond. L'inocuité de ces gesticulades verbales n'échappe généralement pas à la sagacité de celui qui, à l'autre bout de son crayon à mine, tient entre ses mains le sort du présomptueux impétrant. On n'échappe pas à des considérations hautement philosophiques qui feraient passer le comptoir de café le plus proche pour une conférence au Collège de France, et une chronique horoscope sur NRJ pour du Bourdieu. Cela fait sourire au début mais on se lasse dès la deuxième.
Restent donc les copies moyennes, celles qui oscillent grosso modo entre 8 et 12. C'est là que se situe le plus souvent le gisement de pépites qui transforment régulièrement les fastidieuses séances de correction en tranches de fou-rire ou de profond désespoir, un désespoir noir d'une densité qui dépasse les lois de la physique moderne. Je parle d'une profondeur sub-abyssale, un trou noir de connerie insultante pour l'espèce humaine et qui doit bien faire rire les protozoaires de laboratoires dans leur boite de Petri. Car le propre d'une copie moyenne est d'être... moyenne. Mais pas seulement. Car l'art d'être moyen n'est pas un talent partagé par tous avec la même verve ni le même talent car il faut bien admettre que l'indigence intellectuelle de certaines copies (je m'abstiendrai de porter un jugement sur les candidats directement) peut friser le zéro absolu, et même plus absolu qu'absolu ! Il faut bien reconnaître toutefois qu'avant de trouver des perles dans une copie, - je parle des vraies, de celles qui nous font perdre nos moyens tellement elles dépassent ce que l'entendement humain peut appréhender, celles qui nous font toucher Dieu du doigt et nous mettent face à l'étourdissante question de l'infini du Cosmos - c'est un peu comme dans les huîtres : il faut en ouvrir beaucoup avant d'en découvrir une. Et croyez moi, l'attente est parfois récompensée au-delà de nos espérances. Jugez en plutôt :
Il faut absolument les archiver!
RépondreSupprimerUn souvenir ému d'une réponse à "l'application de la loi dans le temps" : "dans le temps, la loi était appliquée par le Roi, puis il y a eu la Révolution, et puis maintenant c'est le juge qui applique la loi".
Dans l'temps m'a pôv dame, c'était mieux avant!
Je garde toujours aussi en mémoire cette sentence parue sur je ne sais plus quel bulletin scolaire :
RépondreSupprimer"Elève sans histoire... ni géographie"
Ou le "creux et superficiel". :)
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