Pour se déplacer dans et hors de la ville de Buenos Aires lorsque l'on n'a pas de véhicule à soi, il existe une méthode très - très - bon marché : le bus. En effet, il faut savoir que toutes les lignes de bus sont privées. Toutes. Seul le prix est - fortement - subventionné par l'État National, ce qui explique qu'un trajet coûte à peine plus de 1 pesos argentin (environ 16 centimes d'Euro). Une paille !
Même s'il est possible de s'acquitter du prix du billet au coup par coup en étant bien certain d'avoir l'appoint, sous peine de se faire onctueusement rabrouer par le chauffeur, prendre le bus de façon confortable à Buenos Aires vous demandera de franchir une première étape : celle de l'acquisition de la carte SUBE. La SUBE est une sorte de porte monnaie électronique dédié à tous les transports en commun. Simple, commode et efficace, on peut l'acheter dans (presque) n'importe quelle agence postale et la recharger très facilement à peu près n'importe où en ville.
Une fois le sésame en main, le véritable parcours du combattant commence. Et il commence par une étape fondamentale : trouver, parmi les quelques 180 lignes existantes, celle qui vous emmènera à bon port, dans des conditions plus ou moins rock'n roll.
J'en entends dire au premier rang : "Oué, fastoche, on regarde sur le plan !".
Oui oui oui... Mais QUEL plan ? Ici, aux arrêts de bus, il n'y a pas de plan... Parfois il n'y a pas d'abribus du tout, sinon un arbre ou un vague poteau. Alors ? Ben on se démerde ! On regarde comment font les autres et on cherche toutes les infos utiles sur les sites internet. Surtout évitez les sites des compagnies elles-mêmes qui sont à hurler. Personnellement j'utilise celui ci, qui est plutôt bien foutu et simple d'utilisation.
Pour les adeptes des vieilles techniques de trappeur nettement plus "roots", sachez qu'il existe aussi des guides papier, aisément consultables avec une astrolabe et un BTS de géomètre (le recours à un exorciste est toutefois vivement conseillé).
Une fois l'arrêt (ici on parle de parada) "théoriquement" identifié et localisé dans l'espace, reste à le trouver pour de bon, in situ. C'est très important car les chauffeurs bus sont particulièrement têtus : ils s'arrêtent uniquement devant la parada attribuée, ni 10 mètres avant, ni 10 mètre après. Et ils seront encore moins enclins à s'arrêter si vous les hélez d'un geste de la main au beau milieu de la rue. Vous risquez même d'y perdre un bras. Mieux vaut donc se tenir au bon endroit et au bon moment, carte SUBE à la main ou avec l'appoint de petite monnaie.
Bien. Reste un point important : savoir reconnaître une parada. Normalement, une parada, cela
Figure 1 : une parada idéale.
S'il en était toujours ainsi, prendre le bus serait une joie quotidienne, un véritable enchantement, une source intarissable de volupté collective. Sauf que en pratique, cela ne se passe pas systématiquement de cette façon.
Ainsi, il est très fréquent, parmi la multitude de réverbères, piliers et poteaux de toutes sortes qui jalonnent massivement le trottoir de la moindre ruelle, de devoir chercher ceci :
Ainsi, il est très fréquent, parmi la multitude de réverbères, piliers et poteaux de toutes sortes qui jalonnent massivement le trottoir de la moindre ruelle, de devoir chercher ceci :
Figure 2 : la réalité pratique.
Ou comment pourrir la vie des usagers en rendant les arrêts indétectables à moins de 5 mètres....
A cette parada s'arrêtent les bus des lignes 108 et 10, mais aussi de la ligne 124, rajoutée manuellement sur la tôle peinte en rouge. Quand on a à chercher ce genre de totem là, je dois dire que tout va bien, c'est facile, il n'y a aucune difficulté, si ce n'est celle de passer 3 fois devant sans la voir. En outre vous noterez que ce panneau-ci est en très bon état. J'en ai vu qui ont du faire le Vietnam tellement ils étaient illisibles !
Toutefois ce n'est pas le plus fréquent non plus car, dans le mode "furtivité avancée", voici ce que l'on trouve de façon très habituelle comme arrêt de bus :
Toutefois ce n'est pas le plus fréquent non plus car, dans le mode "furtivité avancée", voici ce que l'on trouve de façon très habituelle comme arrêt de bus :
Figure 3 : Oukilé ?
Vous avez vu ? Non ?
Betty, s'il vous plaît, faites nous un agrandissement 100% avec interpolation spectrométrique et raisonnance des rayons Gamma...
Figure 3bis : agrandissement 100%
avec interpolation spectrométrique et raisonnance des rayons Gamma.
Merci Betty.
Ça va mieux comme ça ? Vous voyez maintenant ? Vous voyez le 17 et le 3 délicatement peints à la main sur le poteau métallique de façon très visible? Ben voilà : ça, c'est un arrêt de bus pour les lignes 17 et 3. C'est extrêmement fréquent. Attention, ce poteau n'a pas été installé là pour faire office d'arrêt de bus : il ne s'agit ni plus ni moins que d'un simple poteau électrique...
Parfois on a même le droit a de magnifiques combos. Démonstration :
Parfois on a même le droit a de magnifiques combos. Démonstration :
Figure 4 : Cékoi kifovoir ?
Là par exemple s'arrêtent les bus 59, 10, 13 et 1...
Betty, s'il vous plait, voulez-vous bien nous faire à nouveau un agrandissement 130% avec interpolation spectrométrique et magnéto-raisonnance plasmique ?
Figure 4bis : agrandissement 130%
avec interpolation spectrométrique et magnéto-raisonnance plasmique.
Merci Betty...
Voyez : 59 et 10 sur le panneau métallique, puis le 13 et le 1 sur le poteau électrique, toujours dans ce style furtif inimitable. Prendre le bus à Buenos Aires suppose davoir de très bon yeux et aimer les jeux de cache-cache...
Voyez : 59 et 10 sur le panneau métallique, puis le 13 et le 1 sur le poteau électrique, toujours dans ce style furtif inimitable. Prendre le bus à Buenos Aires suppose davoir de très bon yeux et aimer les jeux de cache-cache...
Mais prendre le bus à Buenos Aires, c'est parfois - aussi - être confronté à la quatrième dimension... Livrons nous à une petite expérience que vous pouvez réaliser simplement chez vous.
Revenons, si vous le voulez bien, à la toute premère photo de ce billet, celle de la parada - a priori - normale et approchons-nous du panneau d'indication des lignes.
Betty, gros plan s'il vous plait.
Merci Betty.
Figure 5 : La vérité est ailleurs...
Vous avez 5 minutes pour me lister toutes les lignes qui s'arrêtent ici...
C'est bon ? Un indice : il y en a 2 et demi !
Tout le monde aura trouvé, je suppose, le 38, bien visible tout en haut. Ceux qui ont une excellente vue et un sens aigu du jeu auront aussi vu que sous INFOBAE, on peut lire - presque totalement effacé - le 17, qui passe et s'arrête bel et bien par là. D'ailleurs le panneau vert écrit en orange le confirme, car ce sont les couleurs de la signalisation de la ligne 17.
Mais ce n'est pas tout... il reste la demi-ligne : le 38 qui fait 60...
Le 38 qui fait 60, voyez-vous, c'est un bus de la ligne 38 qui ne fait pas tout à fait le trajet de la 38, ni celui tout à fait de la 60, mais qui en emprunte des morceaux, et qui porte le numéro 38. Donc, avant de grimper dans un 38 il faut obligatoirement s'assurer que c'est vraiment un 38, et non pas un 38-60 qui ne vous conduira pas où vous le voudrez.
Parfois l'énigme est encore plus épaisse : la ligne existe, vous voyez d'ailleurs de temps en temps des bus passer, mais vous ne trouvez aucune parada sur le trajet. Aucune. C'est un peu comme le train pour Pau : il y passe, mais ne s'y arrête pas. Aujourd'hui, malgré la dizaine de personnes à qui j'ai posé la question et qui m'ont toutes donné des indications différentes, j'ai tourné plus d'une heure sans jamais voir l'ombre du moindre petit 60...
Alors si d'aventure vous trouvez une parada de la ligne 60, envoyez moi des photos !
Il serait temps que tu te mettes au vélo, tu n'auras plus qu'à chercher les station Vélô Bueno.
RépondreSupprimerPour ton retour, paye toi le luxe d'un taxi.
Bonne route.
Quand tu sais que les accidents de la circulation sont l'une (la ?) des causes principales de mortalité enArgentine, je crois que faire du vélo en ville est l'une des choses les plus suicidaire qui puissent être. Et il n'y a pas de vélib comme à Paris. On peut cependant, dans certains quartiers tranquilles, louer un vélo.
SupprimerQuant aux taxi, oui lorsqu'il s'agit d'un trajet intra-urbain. Mais dès qu'on sort de la ville, tu comprends ta douleur !
Ça me rappelle la Martinique avec la guéguerre entre 2 réseaux privés (ou 1privé, 1public je ne sais plus). Les bus se doublaient à grande vitesse pour prendre en premier les clients du prochain arrêt.La folie ! Mais je crois que c'est fini maintenant, il n'y aurait plus qu'un seul réseau !
RépondreSupprimer:)
Il n'y a pas de Taxi-Co. (pour collectif) à Buenos Aires ?
Il existe des Kombi (référence au Kombi de wolksvagen) qui assurent certains trajets vers la banlieue. Ils sont nettement plus confortables que les bus, et surtout ont l'air conditionné. Mais ils sont aussi beaucoup plus cher : entre 15 et 20 Pesos (contre 1 pour le bus).
SupprimerMDR!! nous on a une 60 bien indiquée mais c'est un vrai bordel quand tu es dedans, il est célèbre pour les bagarres entre bonnes femmes venant de diverses contrées et s'engueulant dans des langues du sud !
RépondreSupprimercomme disait la chanson de Salvador " moi je préfère la marche à pieds "
bonne journée l'ami
La marche à pieds trouve rapidement ses limites lorsqu'il s'agit de faire 40 Km d'un coup :)
SupprimerLes transports en communs avec des cartes d'abonnements, dans toutes les villes européennes, c'est le TOP! Monter dans un bus sans savoir où il va, descendre au terminus et après avoir visité le quartier le reprendre en sens inverse, c'est des Vraies vacances!!
RépondreSupprimerT'as raison, de quoi se plaint-on finalement ? :)
SupprimerRohlala!! Les numéros aux poteaux!!! Celle là, même pas dans mes meilleures pires idées, j'aurais pas trouver!! Et faut savoir que les colombiens sont bons pour faire ce qu'on appele des 'colombianadas'!!
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est dur sé repérer dans une ville pour prendre le bus. Quand je sortais de ma ville et j'allais ailleurs, à Cali ou Medelline ou même à Bogota, imposible de comprendre le système des bus locale, dans une ville était selon les couleurs, autre selon le nom de l'entreprise, autre le nom de la route mais on savait pas exactement où on allait passer. Aucun plan, aucun route disponible. Tu prenais un bus et tu savais que t'allais te balader avec peut être la mauvaise chance de tomber dans un quartier dangereux, et là.... C'était le cauchemar!!
Effectivement il y pas des arrêts de bus. Même pas de poteaux. Y a des endroits culturellement définit de façon virtuelle par les gens et les conducteurs du bus... Le numéro 50 de la rue tel, juste en plein milieu de la voie, un parc tel, le coin de tel rue ou sinon devant la porte de tel lycée. On sera chanceux si on trouve un panneau qui dit PARADA. Mais sinon, effectivement c'est la 'je fais comme les autres'
Bienvenue en Amérique Latine ;-)
c'est un peu la rapt en fait ?
RépondreSupprimerj'ai trouvé!!! http://es.wikipedia.org/wiki/L%C3%ADnea_60_%28Buenos_Aires%29
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