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  • 5 décembre 2012

    Puerto Madryn (2e partie) - Moby Dick et les extraterrestres

    Bon, j'en étais où moi de mon récit ? Ha, oui : les baleines de Puerto Madryn ! Bien...

    La Peninsula Valdes est un lieu assez unique en Argentine et dans le monde entier. Située en Patagonie, la presqu’île de Valdés est un site d’importance mondiale pour la préservation des mammifères marins. En plus d'héberger d'importantes populations d’éléphants et de lions de mer, ses zones côtières sont aussi - et surtout - un lieu de reproduction des baleines franches australes, menacées d'extinction.

    La saison de reproduction s'échelonne grosso-modo de août à novembre, avec un pic d'activité en septembre et octobre, mois durant lesquels ça grouille littéralement ! (allez faire un tour chez Sandrine pour avoir une idée de ce que ça peut être une baleine au top de sa forme).

    Être en Argentine à cette période est une invitation ouverte à aller faire coucou aux baleines. Aussi, j'ai fait des bonds de 10 mètres lorsque j'ai appris (dès septembre) que notre itinéraire passerait par la Péninsule Valdes.

    Même si l'on peut les observer depuis la côte avec une paire de jumelles, il est possible, au moyen d'un bateau, d'aller voir les cétacés d'un peu plus près avant qu'ils ne se cachent à l'eau. (Un calembour subtil s'est astucieusement caché dans cette dernière phrase. Sauras-tu le retrouver ?).


    Après nous être dûment acquittés de notre ticket et avoir enfilé notre gilet de sauvetage, nous embarquons  sous un soleil éclatant.  Le bateau est tracté jusque dans l'eau par un remorqueur, ça tangue un peu. Puis vient le ronron sourd du moteur, on s'élance, ça y est, nous sommes en route. 

    Et je crois que c'est à ce moment que nous avons basculé, sans le savoir, dans un univers parallèle...



    A bord, tout semble normal. La guide nous donne quelques consignes et nous explique sommairement le mode de vie des baleines australes. Pendant ce temps le bateau longe nonchalamment la côte pour peu à peu prendre le large. Le temps est splendide. La rencontre s'annonce exceptionnelle. Elle le fut...


    Accoudé à la rambarde, je regarde l'eau défiler et scrute l'horizon afin de détecter la présence d'éventuelles baleines. Mais à côté de moi, ça a plutôt le nez en l'air.

    "Ho regardez !" s'exclame quelqu'un en pointant son doigt vers le ciel. "Ho oui..." répond une autre personne. Intrigué, je lève la tête pour voir de quoi il s'agit exactement. "La colombe"... se pâment-elles en choeur. Effectivement, en observant les nuages qui striaient le ciel, et avec un peu d'imagination, on pouvait deviner la forme d'un oiseau en plein vol. Pourquoi pas une colombe ; moi j'y voyais plutôt un aigle (si si, la forme du bec ne laissait aucun doute à ce sujet). En tout cas un heureux présage.

    Pensez-vous : une colombe !


    A peine moins de cinq minutes plus tard retentit un drôle de bruit. Sur le coup je n'ai pas du tout compris ce que j'entendais : un vieux en train de s'étouffer ? Une vigogne pneumonique ?
    Non, c'était tout simplement la bonne femme de tout à l'heure qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que de souffler dans un énorme coquillage. Un appeau à baleines...

    C'est bien connu : il suffit de souffler dans une coquille de bulot vide pour que, aussitôt, Moby Dick et toute sa bande ne rappliquent. Tout le monde sait cela. Il paraîtrait même que souffler assez longtemps dans un violoncelle peut faire venir Rostropovitch !

    Mais bientôt notre charmeuse de baleines est rejointe par une autre - de la même tribu si l'on en juge à leur tenue vestimentaire néo-hippie - elle aussi pourvue d'un imposant machin nacré dans lequel elle s'époumone consciencieusement.

    Le reste des passagers est partagé entre indifférence et envie de meurtre...

    Mais ce n'est pas tout...

    Certainement emportée par de puissants élans mystiques dont seules les drogues dures et Mylène Farmer ont le secret, une dame d'une cinquantaine d'années assise à ma droite, et vêtue de la même façon que ses coreligionnaires, désigne à son tour quelque chose dans le ciel. Je vous jure sur la tête de mon chat que ce qui suit est absolument authentique :

    "Ho qu'est-ce que c'est ? demande-elle.
    - Quoi donc ? répondis-je, ne voyant rien qui fut digne d'attirer mon attention.
    Ça... là..."
    Effectivement, en écarquillant suffisamment les yeux, il y avait bien quelque chose dans le ciel. Quelque chose en train de voler dans l'atmosphère et qui laissait derrière deux fines traînées blanches, comme le font habituellement les avions.
    " Je crois que c'est un avion...
    - Un avion ? Il y a des avions qui passent par ici ? me demande-t-elle aussi étonnée que si on lui avait annoncé qu'on avait trouvé du pétrole sur la Lune.
    - Heu... oui... ne serait-ce que pour aller au Sud, en Terre de Feu par exemple.
    - Ha..." répondit-elle, visiblement déçue que ce ne fut pas autre chose d'un peu moins terrestre et d'un peu plus inter-galactique qu'un simple avion de ligne.

    A ce moment j'ai commencé à regretter que l'eau ne fut pas infestée de requins.

    Manifestement agacée par les vagissement de nos deux concertistes, et prétextant (avec une bonne dose de mauvaise foi) la fragilité des oreilles de nos amies les baleines, la guide intervient avec fermeté pour faire revenir un peu de silence sur le pont. Il était temps car il s'en est fallu de quelques minutes avant certain(e)s ne  dussent rentrer à la nage.

    Et puis soudain apparaît au loin une forme noirâtre. Une baleine ! Le bateau s'approche, doucement. Le silence se fait, l'excitation monte.


    Une baleine ! Elles remontent à la surface pour respirer toutes les 45 minutes. Il faut donc être au bon endroit au bon moment et compter pour cela sur un peu de chance. Surtout qu'en novembre elles ont déjà commencé à regagner la haute mer.

    Un peu plus loin c'est une maman et son baleineau que nous approchons. Pendant les premières semaines, le "petit" ingurgite 150 litres de lait par jour et grossit environ du même poids... On ne voit pas trop mais l'eau était assez claire et, par transparence, on devinait toute la masse des bestioles. On est tellement près que l'on pourrait les toucher. C'est assez impressionnant.


    Comme on pouvait s'en douter, toute cette émotion n'a pas laissé indifférent l'équipage rescapé du Nostromo qui nous faisait la joie de sa présence à bord. Ne pouvant plus souffler dans leur coquille d'huître, elles se sont mises à.... chanter. Une sorte de litanie dédiée à la nature, je n'ai pas trop compris les paroles. En soi ce n'était pas vilain. C'était juste super lourd... car cela a duré jusqu'à notre retour au port.

    Des baleines nous en verrons quatre. C'est beaucoup mais en réalité assez peu en comparaison avec ce que l'on peut observer en pleine saison. Ce n'est pas bien grave, le spectacle et l'émotion étaient au rendez-vous.

    Voici déjà le temps de faire demi tour et de regagner le rivage. Le bateau rebrousse chemin dans un silence contemplatif. Un peu étourdis par le soleil et les émotions, on se laisse bercer par le ronron du moteur. Tout le monde semble ravi de ce qu'il a vu et surtout vécu : ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance d'approcher des baleines de si près.

    A l'arrière du bateau, appuyé contre la coque, un gars de la même guilde que nos vaillantes dompteuses de baleines, s'adonne à une petite séance de transe en faisant vibrer un bol tibétain...

    Tout va bien.

    A suivre...

    7 commentairess:

    1. C'était un ovni!!! C'est évident! :-P

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    2. Ce ballet ne s'est pas caché à l'eau... C'est assez bien narré..

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    3. Et tu n'as pas rencontré Florent Pagny ? Je suis déçu :)

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    4. Ouaaaaah ! Super, tes photos de baleines !
      Au Québec, je n'ai jamais réussi à en voir aussi bien.

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    5. On en a vu plus à Tadoussac en juin mais pas de si près!

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    6. Moi qui croyait qu'on ne rencontrait des "spécimen" comme tes voisines que dans les musées quant les bus les déversent devant les grilles...Tu n'aurais quand même pas "empoisonné" des pauvres requins!:)

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    7. Superbes photos, je vois que tu as bien profité... Je ne sais pas comment j'aurais réagi avec des amies d'excursion aussi particulières... Mais l'essentiel est dans l'eau. Merci pour le lien chez moi ;) !

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