Il m'en faut beaucoup pour me mettre en colère. Vraiment. Un nounours. C'est souvent comme cela qu'on me qualifie. Un nounours. Une bonne pâte. Un gentil garçon. C'est vrai. Je suis un gentil garçon, ou du moins j'essaie de l'être. Être un mec cool, tranquille et souriant, qui n'aime ni le conflit ni le stress et préfère la conciliation intelligente à des prises de becs stupides et improductives.
Attention, je ne suis pas pour autant dépourvu de quelques belles aspérités rugueuses qui, doublées d'une ou deux fêlures existentielles profondes, me confèrent un caractère assez trempé. En tout cas je ne suis pas ce que l'on pourrait appeler un méchant. Ça non.
En revanche je suis un peu comme une cocotte minute : quand ça explose, ça explose. Et gare à qui sera là pour subir le cataclysme. Aussi je fuis littéralement les situations de conflit. Là où le dialogue est impossible, là où l'intelligence a cédé le pas à l'aveuglement décérébré, je ne vais pas ou ne me lance pas dans la discussion. Pas la peine. Ça va m'énerver pour rien et mettre des heures avant que je ne reprenne mon calme.
Car tout au fond de moi dort une créature dont je redoute le réveil. Je le sens en chacune de mes cellules. Il est là présent, tapi juste sous ma peau. Il voit par mes yeux, sent par mes narines, entend tout ce que j'entends, lit dans mes pensées et me souffle les siennes à l'oreille. Il me nargue, ombre noire sur mon chemin. Patiemment, il attend. Il attend son heure, épie la moindre de mes failles dans laquelle il pourrait s'engouffrer pour prendre possession de moi. Un monstre haineux, cupide, destructeur, vicieux, cruel, possessif, jaloux, doté d'une capacité de violence dont je crains de ne pas mesurer les limites.
Décuplée par des années de pratique sportive dans laquelle nous trouvons lui et moi pleine satisfaction - lui grandit en s'exprimant dans la froideur de la fonte, moi je l'enserre par une étreinte fusionnelle de maîtrise accrue - sa force actuelle m'est inconnue. Dans un accès de fureur, passé le seuil de la perte totale de contrôle, je crois bien qu'il pourrait tuer de mes propres mains et y prendre un plaisir inouï. Ho oui... Une toute puissance physique relevant de l'orgasme. La destruction faite jouissance.
J'ai toujours su qu'il était là, cet autre moi, depuis tout petit. Une bonne éducation et les nécessités du jeu social m'ont sûrement appris à le canaliser et à le maintenir, autant que possible, enchaîné tout au fond de mon être.
Pour j'espère ne l'en jamais laisser totalement sortir.
Un gentil nounours avec un ours féroce à l'intérieur ? Oui ça se tient. Mais est-ce vraiment une créature différent ? Tiens, allonge-toi là et raconte-moi ton enfance...
RépondreSupprimerJe n'ai jamais dit que les 2 étaient fondamentalement différents. L'un est consubstantiel à l'autre. C'est cela qui est effrayant.
SupprimerUn Mr Hulk en toi, le vert te vas bien ?
RépondreSupprimerLe vert me donne un teint de cirrhosé !
SupprimerJe ne sais pas pourquoi mais quelque chose me dit, qu'en dépit de ton "bestial autre", tu as, en toute (sinon nombreuse) situation, l'intelligence de la mesure et de la mise en perspective des événements, des faits... Me trompes-je?^^
RépondreSupprimerIl vaut mieux ! Pas envie d'alimenter la rubrique des faits divers ;)
SupprimerJe crois que la prochaine fois que je te verrai j'aurai peur... C'est malin ! ^_^
RépondreSupprimerOffre-moi une coupette. Les bulles ont un effet stabilisant. Surtout les grands crus millésimés :D
SupprimerTiens, ton billet résonne étrangement avec le dernier du Poussin... Et comme je lui ai dit en commentaire, je pense que nous portons en chacun de nous cet autre nous, ce jumeau maléfique intérieur, notre côté obscur qui est là en attente, relique de notre condition animale prête à se manifester à tout moment mais que nous contrôlons (tant bien que mal) à longueur d'évolution... C'est tout bonnement humain, rien de moins. C'est cela d'ailleurs qui nous distingue des bêtes.
RépondreSupprimerOui... J'avais commencé ce brouillon - écrit dans la rage d'une démission intérieurement explosive - quelques heures avant que Poussin ne publie son billet. J'ai eu besoin de l'achever et de le publier.
SupprimerEh oui, les ours ont un pelage soyeux, doux à caresser. Ils sont capables de tendresse mais ils ont aussi des griffes et des dents et sont capables de férocité.
RépondreSupprimerLa société, les lois et le bon sens nous incitent à maîtriser nos pulsions de violence, éviter le passage à l'acte. En parler, écrire à ce sujet ne peut qu'aider.
Ton billet m'a beaucoup touché. Je te souhaite un peu plus de zénitude, que la vie t'évite de telles tentations de faire sortir la bête qui sommeille en toi.
Mister Hyde ? C'est toi ?
RépondreSupprimerc'est peut être aussi l'intolérance d'autres qui énerve un peu plus... moi c'est ce que je ressens en tout cas....! continue à bien étouffer la bête, ça serait trop moche !!
RépondreSupprimerBon on a plusieurs parties dans notre cerveau, dont une partie "reptilienne" je crois, qui est très ancienne dans les divers stades de notre évolution :D
RépondreSupprimerD’où parfois cette impression d'être à la fois le Docteur Jekill et Mister Hyde!
http://www.mesnotesdelecture.com/article-l-etrange-cas-du-docteur-jekyll-et-de-m-hyde-resume-precis-68731517.html
Bonne journée :)
Oh ça me parle beaucoup cette histoire...d'autre :)...à la description de ton autre il ne vaut mieux en en effet le réveiller...il serait pire que Hulk !
RépondreSupprimerNe dit-on pas qu'il faut se méfier de l'eau qui dort ?
RépondreSupprimerJe suis ainsi... très calme et serein, jusqu'au moment où l'on me pousse à bout. C'est vraiment l'image de la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Rares sont les personnes qui m'ont vu sortir de mes gonds, mais elles s'en rappellent ;o)