Arriver dans un nouveau pays signifie corrélativement devoir s'adapter aux lois, coutumes et traditions de celui-ci. Parmi les multiples vecteurs d'adaptation, la langue est certainement l'un des plus importants.
Croire qu'arriver au Québec c'est débarquer dans un pays où tout le monde parle le français de chez nous est une grave erreur. Au Québec on parle certes le français, mais l'on parle avant tout le québécois. La différence est la même qu'entre l'anglais d'Angleterre et l'anglais US ou encore entre l'espagnol d'Espagne et l'espagnol d'Amérique Latine.
Cette différence s'exprime tout d'abord par son accent que certains trouveront charmant alors que d'autres le trouveront ridicule. Tous les goûts sont dans la nature.
Toutefois la manifestation la plus sensible de cette différence se trouve certainement au niveau du vocabulaire. Certaines tournures de phrases peuvent prêter à confusion, voire susciter l'incompréhension.
Ainsi on m'a dévisagé avec des yeux de merlan fri lorsque, me proposant de mettre la table, j'ai demandé où étaient rangés les couverts. Les couverts ? Kôliss c'est quoi c't'afaire ? Ici on ne dit pas couvert mais... ustensiles.
Il faut aussi prendre garde aux faux-amis. Messieurs, ne vous offusquez pas si l'on vous propose ou si l'on vous demande si vous avez bien mis des bas chauds. Les Québécois n'ont pas pour habitude de porter les vêtements de leur mère ni de se déguiser en créature hybride le soir venu pour aller déambuler dans le Village. Non. Des bas ce sont des chaussettes, quelle qu'en soit la longueur.
Toujours en ce qui concerne les pieds, les chaussures seront avantageusement remplacées par des souliers, et les tennis par des espadrilles. Ne soyez donc pas vexé si l'on complimente votre nouvelle paire de chaussures de sport à 200 dollars en les traitant d'espadrilles...
Sachez aussi que lorsqu'une chaussure dépasse la hauteur stricte du bas de la cheville, alors la chaussure devient une botte. Oubliez les bottines, ce mot est inusité ici.
Dans un autre registre, un toutou désigne non pas un toutou, mais une peluche. Si vous caressez le caniche de la voisine, c'est alors un pitou.
Un pitou en toutou désigne donc, pour nous autres, un toutou en peluche. Vous suivez toujours ?
Et si vous sortez dehors par un grand froid, ne mettez pas votre écharpe mais votre foulard. Laissez vos mouffles dans le tiroir mais prenez vos mitaines. Et bien sûr vous troquerez votre bon vieux bonnet contre une tuque ou, mieux un "cass de pwouêl" (phonétiquement) qui désigne un chapeau de fourrure avec des rabats pour couvrir les oreilles.
Parmi les expressions qui ont retenu mon attention, "Bibitte à patate" tient certainement la palme.
Alors, une bibitte à patate n'est pas un pénis lubrique s'ébrouant sauvagement dans un panier de pommes de terre... Ce n'est pas non plus une MST bizarre.
Bibitte, c'est pour bébête. Et patate désigne les... patates.
Une bibitte à patate désigne donc un insecte muni de plusieurs paires de pattes, qui vit sur les patates : le doryphore ! Ok, doryphore n'est pas le mot plus facile à placer dans une conversation, je vous l'accordre. En revanche une fois l'hiver passé, des bibittes il y en a partout...
"Conduire dans Paris, c'est une question de vocabulaire", écrivait Audiard. Savoir se comporter en société à Montréal aussi...
As tu magasiné mr Tambour ?
RépondreSupprimerJ'espère que tu nous apprendra d'autres trop bien ri en apprenant merci :)
Ah, mais on ne caresse pas un pitou, on le flatte ;) Caresser est un verbe assez connoté...
RépondreSupprimerAu Québec voulais-je dire, ça va de soi.
SupprimerNon, je ne parlerai pas des gosses...
RépondreSupprimer;)
Quoi ça que tu dis ?
RépondreSupprimerUn campagnard serait moins perdu que toi,ils parlent un peu notre patois!! Ils ont pet-être aussi une "pelle à ch'nis"!! :)
RépondreSupprimerN'oublie pas de scrapper le windshield de ton char en plein hiver, une fois que tu auras enfilé mitaines et tuque ou casse de pouelle :).
RépondreSupprimer(PS: quand j'arrive sur ton blog, il me demande de m'authentifier pour "ditom" et "fiuuu"... Je pense que c'est ta blogroll qui fait ça)
La langue parlée au Québec est basée sur l'ancien français du temps des premiers colons et les Québécois pour résister aux anglophones "traduisent" en français tous les anglicismes que nous avons adoptés en France. Ils ne disent pas tchater mais clavarder (bavarder à l'aide d'un clavier)
RépondreSupprimer(PS: quand j'arrive sur ton blog, il me demande de m'authentifier pour "ditom" et "fiuuu")... C'est agaçant d'autant que cela se répète plusieurs fois.
Tu peux croire que,cette année,je n'oublierai de veiller à ce que mes pommes de terre ne soient pas envahies de bibittes à patates!
RépondreSupprimerJ'aime bien ton sens de l'humour. Et n'oublie pas, ça ne fait que commencer. Denise (Ottawa)
RépondreSupprimerMerci pour ces explications fort utiles qui serviront à tous celles et ceux désireux de visiter le Québec :)
RépondreSupprimerAh! Je vois qu'on s'adapte. Deux micro-corrections: Le bottines sont effectivement usitées, mais elles désignent généralement des bottes de sécurité (des bottes de travail) dans le langage commun, ou encore des petites bottes pour bébés (n'allez pas chercher à comprendre comment ces deux réalités fort différentes peuvent être liées à un même mot).
RépondreSupprimerQuant aux bêtes à patates (ou bibites à patates), on utilise ce mot pour les doryphores, mais surtout -- et erronément -- pour les coccinelles. «Bibite» est effectivement utilisé pour désigner tout insecte (ou arachnidés, si vous voulez faire dans le technique).
Au plaisir de te relire!
Dire que je vois encore des affiches (depuis la dernière manifestation...) "Touche pas à nos gosses" dans les rues de Paris.... Navrant :p
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup lire tes aventures, je suis d'abord tombée par hasard sur un article de ton ancien blog (pour la petite histoire, j'avais acheté du maté et cherchais à savoir comment le préparer...)
RépondreSupprimerJe lis ton article, suis intéressée par ton récit de voyage car je rêve de partir en Argentine, et ensuite, je découvre que tu es Toulousain, apparemment musicien et qu'en plus tu as voyagé au Mexique... On se ressemble toi et moi!
Voilà, je tenais juste à te dire que j'aime beaucoup te lire, tu es sensible et tu partages cela avec tes lecteurs, et c'est très intéressant de lire tes récits de voyage.
Merci!