• A propos
  • M'écrire
  • Facebook
  • Instagram
  • Lutte Nuptiale
  • Premières fois
  • Identités Singulières
  • Twitter
  • 12 février 2016

    Le Roi des Calamars

    Il doit y avoir quelque chose dans mon Karma en lien avec les calamars. Peut-être en ai-je été un dans une vie antérieure ? 

    J'avais en effet il y a quelques temps déjà raconté ma petite mésaventure avec cette horrible poissonnière à qui je voulais acheter des calamars. 

    Hé bien figurez-vous qu'hier soir, des calamars, j'en ai rencontré le roi...

    Tout commence autour de quelques bières avec l'ami Castor dans un établissement bien sous tous rapports et au sein duquel nous avons un semblant d'habitudes. Papotant au rythme effréné de deux assoiffés qui ne se sont pas vus depuis plusieurs mois, le temps passe et la faim se fait sentir à une heure où il était advenu plus que raisonnable de rejoindre chacun nos pénates.

    Regagnant le chemin de ma voiture, je me mettais parallèlement en quête d'un endroit susceptible d'abriter quelque pitance afin non seulement de me remplir l'estomac, mais aussi d'éponger l'alcool dont j'étais plutôt pas mal imbibé. Je me souvins alors ce cette pizzeria, située non-loin de mon bureau, dans laquelle, au printemps dernier, j'avais eu commandé une pizza pas trop mauvaise et que je sais être ouverte assez tard le soir. Qui ne tente rien n'ayant rien, je m'y rendis donc en quelques enjambées.

    Si de l'extérieur le lieu n'est franchement pas attrayant, son intérieur aurait de quoi faire fuir quiconque ne serait pas poussé par une faim d'ogre. D'apparence sale et vieillot, mal éclairé par un bric à brac d'ampoules de couleurs pendouillant dans tous les sens, l'essentiel des tables d'apparence crasseuses et désespérément vides ce soir froid de pluie grise, le lieu a tout des pires horreurs des meilleurs épisodes de Hell Kitchen

    Surmontant mes craintes, poussé par mon estomac criant famine, et après m'être assuré que la cuisine était encore ouverte, je m'approchai du fond de la salle où je crus me rappeler que se situait la caisse afin de passer commande  auprès d'une madame mal habillée qui me présentait la carte. Hop hop hop, pas de chichi, ce sera une "tarbaise", à base de crème fraîche et de gésiers confits. Non, pas de pizza au saumon fumé, c'est Carême tout de même...

    Tandis que j'attendais ma pizza accoudé à ce qui faisait office de comptoir, s'approche un gros monsieur aux gras cheveux poivre et sel et à la barbe bordélique. Je reconnus aussitôt ce bonhomme, celui là que je croise presque tous les jours assis à une table en terrasse, le dos collé au mur, le teint blafard et l'air passablement patibulaire d'un boucher tueur en série à ses heures... 

    Un sourire vaguement esquissé aux lèvres, il me demande ce que je désire, ce à quoi je réponds que tout est bien et que ma commande a déjà été prise. Je comprends que c'est en réalité le patron.

    La conversation s'engage : 
    - Ha mais, vous travaillez chez xxxx ? me demande le bonhomme.
    - Oui...
    - Hé oui, vous savez, ici, tout le monde se connaît. Et vous, je vous connaissais pas encore.
    - Hé bien voilà qui est fait...

    Poursuivant les présentations il me raconte sa vie dans cette petite ville toute de pierres et de vent et propose de m'offrir à boire.

    - Une Suze, s'il vous plaît !

    C'est alors que survint le premier moment surréaliste de la soirée. Donc, tout en sirotant ma Suze, le bonhomme m'expliquât, le plus sérieusement du monde, que, voici quelques jours, il aurait voulu me faire un croche-pied pour me faire tomber. Me faire tomber ? Oui oui, me faire tomber. Mais l'air de rien, hein. Un petit croche-pied amical, juste pour me faire tomber, puis m'aider ensuite à me relever, en parfait gentleman. Cela lui aurait donné un excellent prétexte pour nouer la conversation...

    [insérer ici un abysse d'incompréhension]

    Aussitôt je songeai à cette anecdote que raconte Amanda Lear. Un conseil que Dali lui aurait jadis donné : 
    "Lorsque tu rencontres quelqu'un pour la première fois, au lieu de lui serrer la main, donne-lui un grand coup de pied dans la cheville. De cette façon tu seras sûre que cette personne se souviendra de toi la prochaine fois qu'elle te verra : Ha mais oui, c'est cette connasse qui m'avait donné un coup de pied dans les chevilles !"
    Je peux vous assurer qu'à défaut de croche-pied autant que de coup dans la cheville, je me souviendrai de cette entrée en la matière avec celui dont j'ignorais alors encore, à cet instant précis, qu'il était Roi.

    Entre temps ma pizza arrive dans son écrin de carton alvéolé. Je sors ma carte bleue et m'acquitte des treize Euros, afin de partir. Me retournant une dernière fois vers mon hôte désormais en grande discussion avec une sorte d'Anglais coiffé comme un torero Espagnol, je l'interroge :

    - Mais au fait, comment vous appelez-vous ? 
    - Moi c'est Loulou ! s'exclame-t-il de sa grosse voix étouffée.

    Et c'est à ce moment qu'eut lieu le second  moment surréaliste de la soirée. A peine avait-il eu le temps de me répondre qu'aussitôt je le vis dégrafer la fermeture éclair de son gilet à capuche, se retrouver en t-shirt noir, se retourner et m'exposer un large dos sur lequel je pus lire imprimé en très grandes lettres blanches : 

    "Loulou le Roi des Calamars"

    - On a les meilleurs calamars de la ville ! me dit-il le sourire encanaillé. 

    Je ne saurais décrire exactement ma réaction, pris entre une forme d'inquiétude et la drôle de sensation d'avoir soudain basculé dans la quatrième dimension... Car ici, hormis dans le Canal du Midi où je doute qu'ils se sentent à leur aise, c'est plutôt tranquille niveau calamars. Très tranquille même.

    Attrapant ma pizza toute chaude sur le comptoir, je saluai Loulou une dernière fois lui promettant aimablement de venir goûter ses calamars et me faufilai entre les tables vides pour rejoindre promptement la sortie.

    Quelques minutes plus tard, attablé devant ma pizza encore fumante, et après m'être assuré qu'elle ne contenait aucun tentacule royal suspect, je l'engloutissais en quelques bouchées. C'est qu'elle était vraiment délicieuse cette pizza. Un régal.

    Peut-être aussi bonne que les fameux calamars de Loulou...

    15 commentairess:

    1. Le coup du croche pied quand même ! Il est marrant ton nouveau copain :-)

      RépondreSupprimer
    2. Je ne donne que bien rarement mon avis sur les blogs, ma verve est bien pauvre face à des billets dont les mots sont justes et choisis avec précision. Mais le "j'avais eu commandé" m'a convaincu (et c'est surtout que je souhaite éviter toute flagellation pour non-commentaire à blog engagé).
      Alors que dire ? Si ce n'est que je reste admiratif devant tant de perplexité et de loquacité de ta part avec les autochtones. Oui j'avoue je suis envieux de cette capacité d'adaptation qui est la tienne. Bon en vérité je t'envie bien d'autres traits de caractères mais cela sera le sujet d'une bière futur. Continue comme cela m'sieur Tambour, tu devrais passer victorieusement les mois qui nous séparent de 2018.
      Amicalement.
      Kstor

      RépondreSupprimer
      Réponses
      1. Nan mais je te rassure : le Loulou en question je ne serais jamais allé vers lui spontanément, et encore moins après un croche patte... Les mœurs et coutumes de certains patelins de France sont bien étranges.

        Supprimer
    3. Hmm, je ne vois qu'une chose à faire ; il faut que tu aille gouter les fameux calamasr !

      RépondreSupprimer
    4. Oui, et pense à lui faire un bon croche-tentacule amical en retour ! Cette surréaliste histoire est délicieuse.

      RépondreSupprimer
      Réponses
      1. Je lui glisserai une tranche de saumon fumé sous les semelles, histoire de vérifier qu'il a le sens de l’humour.

        Supprimer
    5. Le croche-pied amical est sans doute une entrée en matière mais le t-shirt motif calamar n'est pas mal non plus ! Je tairais ici une question qui m'a été posée pour premier échange. .. Ce monde est de plus en plus étrange. .

      RépondreSupprimer
      Réponses
      1. Si si, on veut savoir quelle était cette fameuse question qui t'a été posée pour un premier échange. La blogosphère est pendue à tes lèvres :)

        Supprimer
      2. Ces anecdotes de la vraie vie sont très divertissantes. Je me suis... régalé.

        Supprimer
      3. Promis je vous raconterai ma prochaine dégustation de calamars royaux. Le lieu n'a toutefois pas le lustre du restaurant dont vous laissez deviner en ce moment le nom jusqu'à ce soir 19h59 :)

        Supprimer
    6. Cette anecdote est, je dois dire, très surréaliste, mais néanmoins très divertissante ^^ mec, il t'arrive des choses étranges dans ta life quand même, si tu me permets le commentaire ;)

      RépondreSupprimer

    Bonjour, vous êtes bien chez Tambour Major.

    Ce billet vous a plu ? Il vous fait réagir ?
    Laissez donc un commentaire grâce au magnifique formulaire mis à votre disposition.

    Z'allez voir, ce n'est pas bien compliqué :

    1) Ecrivez votre petit mot doux dans l'espace de saisie ci-dessus.
    2) Identifiez-vous : sous Sélectionner le profil, cochez Nom/URL.
    3) Saisissez votre nom de scène, votre pseudonyme ou celui de votre chat si c'est ce dernier qui écrit.
    4) Si vous avez un blog, vous pouvez lui faire de la pub en mettant son adresse dans la case URL.
    Sinon passez directement à l'étape suivante.
    5) Cliquez sur Publier.
    6) Tadaaaaaam ! Sous vos yeux ébahis, votre commentaire s'affiche dans toute sa splendeur.

    Elle est pas belle la vie ?
    À bientôt !