— Bonjour toi ! Ça va bien, je te remercie. Et toi comment ça va ?
— Non non non... pas de ça avec moi. Tu crois que je ne te vois pas éluder la question en y répondant par une pirouette ? Dis-moi vraiment comment tu vas et pas juste un « ça va bien ».
— Ha... on en est là ?
— Oui...! Je ne lâcherai pas le morceau.
— Bon... alors... Par où commencer ?
— Je te guide. Parle-moi du boulot. Tu as l'habitude de bosser beaucoup trop et de te tuer au travail. Je le sais, je te vois faire. Tu m'en as même parlé assez souvent. Tu devais prendre des résolutions... Tu en es où ?
— Oui, c'est vrai, c'est vrai. Le boulot c'est aussi un refuge, bien que je sois un gros procrastinateur j'aime travailler. Me triturer les neurones, tout ça....
— Stop, réponds à la question s'il te plait.
— Alors oui, je devais prendre des résolutions comme je t'en ai déjà souvent parlé, et je crois que je m'y tiens. Ce n'est pas un changement radical, hein. C'est une transition en douceur qui commence par lâcher prise en faisant le ménage et en prenant de la distance avec les choses. Cet après-midi par exemple je me suis encore délesté d'un dossier casse-couilles. Cela ma couté un Chronopost à trente quatre Euros le délestage, mais franchement ma tranquillité vaut bien ça ! Tu vois, progressivement, je chemine. Je me prends beaucoup moins la tête depuis quelques semaines, même si je bosse toujours beaucoup. Lâcher prise, c'est vraiment le maître mot...
— Et pas qu'au travail... 😏
— Oui, bon, ça va hein... laisse-moi finir ! Bon... Qu'est-ce que je disais déjà...? Oui, lâcher prise. Depuis quelques semaines, depuis la fin des vacances je me suis mis à la méditation.
— Non ?
— Hé si. Ça fait un bout de temps que des amis m'en parlaient, me disaient que cela me ferait probablement le plus grand bien et me conseillaient de m'y mettre. Et puis, bof, tu sais, on entend d'une oreille distraite, on se dit que pourquoi pas sans trop y croire, et finalement on n'essaie rien du tout. Hé bien figure-toi que j'ai téléchargé une application très connue sur mon téléphone pendant le confinement. C'était le moment idéal pour tester.
— Et ça t'a plu ?
— Carrément !! Au premier essai j'ai dormi comme un bébé... incroyable. A chaque fois, le seul fait d'écouter la voix me plonge en quelques minutes dans un état de tranquillité vraiment dingue. Ça m'apaise profondément. Les premiers mois je n'étais pas du tout régulier. Je le faisais quand j'en avais le temps et l'envie, souvent le soir au moment de me coucher. Et depuis deux semaines, j'essaie de ritualiser un peu mon sommeil en faisant systématiquement une séance. Et je sens déjà que ça me fait du bien. Parallèlement j'ai mis en place un truc pour limiter l'usage du téléphone le soir. Passé vingt-trois heures, ça coupe. Plus de Twitter ni d'Instagram ni de tout le reste. J'essaie de travailler la qualité de mon sommeil de manière globale.
— C'est super dis donc. Tu avais des problèmes se sommeil avant ça ?
— J'en ai toujours. Je fais un peu d'apnée du sommeil. Il me faut vraiment prendre ça en charge car ça me joue de sacrés tours en termes de prise de poids. Je me trouve énorme en ce moment. Mais j'ai l'impression qu'avec la méditation du soir je dors un peu mieux et que je suis davantage reposé le matin. Il me faudra refaire un test du sommeil pour voir où j'en suis de tout cela.
— Et ta vie perso, comment ça va ?
— Ça va, ça va...
— Tututututut...
— Oui, oui, oui.... je vais développer. De ce côté-là rien de particulier à signaler.
— T'es sûr ? 😎
— Rhaaaaaaaa t'es chiant !
— Voui... 😎
— Bon, oui, depuis deux semaines je vois un garçon. Il termine son doctorat en mathématiques. Très sympa, un poil collant mais ce n'est pas gênant.
— Eeeeeeeeeeeeet ?
— Attends attends attends, je te vois venir avec tes gros sabots... laisse-moi finir. Je ne sais pas trop où ça va, je ne me projette pas. Pour l'instant c'est la découverte. On parle beaucoup, hier soir on a mangé ensemble pour la fête nationale du Mexique, c'était cool. Et quand il vient passer la soirée à la maison, les chats-minous sont super jaloux quand il s'en va : ils sont en grosse demande de câlins. C'est très marrant.
— Tu le vis comment, toi l'inoxydable cœur d’artichaut ?
— Comme je te le disais, je le vis plutôt bien. Je sais qu'il est très en demande et je vois que je le suis moins. Parfois je m'interroge sur la place que je suis prêt à faire dans ma vie pour que quelqu'un puisse y trouver la sienne. Comme je te le disais au début, je bosse beaucoup parce que j'aime ça et aussi parce qu'une partie de mon boulot se confond avec ma vie personnelle. Tu vois, j'ai un gros projet que je voudrais finaliser d'ici deux ou trois ans. Un sacré truc qui va me demander beaucoup de temps, que je vais avoir plaisir à faire et tout. Et puis, pas plus tard que jeudi soir, alors que je discutais avec quelqu'un, pof ! Une autre idée très précise m'est apparue pour un autre projet, de même nature que le premier, mais qui me demandera un tout autre travail. Intellectuellement c'est hyper exaltant. Et puis parfois je lève le nez du guidon, je regarde autour de moi, je prends deux secondes de répit et je me pose cette question : Quelle place est-ce que je laisse à l'autre en ce moment même ? Réponse : aucune. Absolument aucune. Ma vie est pleine comme un œuf, je fais mille trucs, et le soir je suis crevé. Mais alors, me dis-je, quelle place suis-je prêt à laisser à l'autre ?
— Et ?
— Je n'en sais rien... Je n'en sais foutrement rien.
— C'est dur comme constat...
— C'est dur mais ouvrir les yeux fait du bien. Parfois je me dis que je suis profondément égoïste, ce qui est probablement vrai, et cela me rend triste. Je sais que j'ai beaucoup d'amour à donner mais pas n'importe comment et à n'importe qui.
— Tu ne veux pas vivre en couple ?
— Si, si, c'est quelque chose qui me plairait. Mais ce n'est pas une fin en soi. J'ai croisé des gars qui ne supportaient pas d'être seuls, qui cherchaient absolument à se mettre en couple. Ce n'est pas mon cas.
— Tu préfères être seul ?
— Oui et non. Disons que je maîtrise ma solitude. Depuis le temps que je l'ai apprivoisée, je sais la berner. Tu sais, j'ai été profondément seul une grande partie de mon adolescence. Cela ne veut pas dire que j'étais malheureux, pas du tout. Mais seul. Quelques amis, bien sûr, mais essentiellement seul. Au lycée j'étais le gros qui regarde un peu trop les beaux gosses, qui ne s'intéresse pas aux filles et qui est toujours parmi les premiers de la classe. Le mec qui n'est dans aucun clan. Celui qu'on n'invite pas aux soirées et dont on aime se moquer. J'ai subi les moqueries et une forme de harcèlement dont je garde une profonde rancune à l'égard de certaines personnes. Je rêve encore de leur casser la figure... Et donc pour en revenir à la solitude sentimentale, elle ne me dérange pas. J'ai toujours de quoi m'occuper, beaucoup d'amis avec qui sortir, boire, manger, aller au cinéma.
— T'es célibataire depuis longtemps ?
— Hou-là... ma dernière relation un minimum sérieuse remonte à il y bientôt trois ans. Je te l'avais raconté. Tu sais le mec qui habitait chez son « meilleur ami » avec un sens de l'accueil très approximatif ?
— Oui oui je me souviens parfaitement. Mais c'était il y a quatre ans très cher... 2016 !
— Quatre ans ?? Ho putain...
— Hé oui... le temps passe ! Mais depuis... rien ?
— Ho, si quelques tentatives. Un garçon très sympa avec qui je suis toujours ami mais pour lequel je ne ressentais rien à ce niveau-là. Quelques jolis râteaux dont je ne t'avais pas vraiment parlé par manque de temps et manque d'envie. Et encore en février dernier un joli râteau que je t'avais raconté ici.
— C'est vrai que depuis quelques temps, tu me racontes moins, tu me parles moins qu'avant. Nos débuts étaient tellement flamboyants en comparaison...
— Oui, c'est ma faute. Je suis souvent crevé le soir en rentrant chez moi et je n'ai pas la force de me mettre à écrire. Parfois je pense à un billet à te confier et puis je me dis que non, que je n'ai rien d'intéressant à te raconter, ou que ce que j'ai à te dire est un peu nul. Du coup je ne le fais pas et ça passe à la trappe.
— C'est dommage... Parfois j'ai l'impression que tu me délaisses.
— Oui, je peux donner cette impression et je m'en veux. Mais tu sais que c'est faux. Tu sais, j'aimerais pouvoir renouer la même relation que celle que nous avions à nos débuts. Nos échanges endiablés, des billets postés tous les deux ou trois jours, des dizaines de commentaires... Mais les choses ont bien changé.
— Hé oui, je sais bien. Mais... tu m'aimes encore, dis...?
— Bien sûr. Et ça tu le sais très bien.
— A bientôt alors ?
— Oui. A bientôt ! »
Merci pour cette belle fin, ce « à bientôt », j’aime lire tes introspections, m’y retrouver, me donner envie d’y répondre.
RépondreSupprimerC’est vrai que ce serait bien de te lire un peu plus souvent, mais c’est bien aussi ce temps que tu prends pour toi, méditer, dormir, aimer.
Dans tous les cas, je reste fidèle, j’attend la suite de ce dialogue avec impatience 😌
Je t'en prie, réponds, interroge-toi à ciel ouvert. Promis, personne ne le répètera.
SupprimerAh ça faisait longtemps qu'on avait pas eu de nouvelles de ta vie sentimentale. C'est chouette de te lire comme si les blogs n'étaient pas morts. :DDDDD
RépondreSupprimerMatoo, on lance le fan club Tambour Major ? (le tien il existe déjà non ?) :D
Supprimer@Nicolas : Un fan club... non mais ça va pas la tête ? ^^
Supprimer@Matoo : Mais les blogs ne sont pas morts, voyons ! :D
Comme tes billets me manquent ! Je suis content de te relire et je me retrouve particulièrement dans les 3/4 de ton billet (vie sentimentale, se plonger dans le travail parce que c'est intéressant et tout et tout, le harcèlement dans les études :/ , l'amour à donner mais pas à n'importe qui...). Gros bisous et prends soin de toi ! ;)
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