Il m'arrive régulièrement de faire de très belles rencontres mais j'ignorais qu'en dépit de son jeune âge ce garçon ferait partie de celles-là.
Nous nous sommes vus pour la première fois il y a un an et demi dans un pub de Toulouse. Un rencard pour prendre un verre, discuter et faire connaissance. Un très beau garçon, bien bâti. Un magnifique ourson. Souriant, l’œil malicieux, le rire franc et clair, j'ai aussitôt été séduit par sa fougue juvénile et son intelligence aiguë. Ce soir-là nous nous quittâmes fort tard, non sans avoir échangé un baiser en pleine rue. Emporté par l'instant, je goûtais alors la douceur de sa barbe et la caresse de ses mains sur mon visage. Indubitablement cette première fois en appellerait d'autres.
Nous devions nous revoir quelques semaines plus tard et finirons comme deux adolescents à nous embrasser au milieu de la nuit sous le porche d'une bibliothèque municipale, par une pluie battante. S'ensuivirent un certain nombre, où nous nous vîmes de manière plus intime. Et malgré quelques temps morts, lui absorbé par ses études et moi par mon travail, nous devions toujours rester en contact, notre complicité allant crescendo, toujours avec une facilité désarmante.
Voici quelques semaines, il me disait qu'il n'était pas bien et qu'il déprimait un peu. Afin de lui remonter le moral, et parce j'avais très envie de le revoir, je débarquais chez lui un soir et lui apportais une demi-douzaine de plaquettes de chocolat de toutes sortes, à la manière de ce que je faisais, autrefois, dans une autre vie, avec cette fille que je croyais pouvoir aimer... Nous passâmes une longue soirée à discuter et à nous faire des câlins dans le secret de sa chambre. Il me parlait de ses cousines, de son weekend en famille à venir, de ses parents qui connaissent mon existence et de sa mère en particulier qui lui demande parfois de mes nouvelles... C'était il y a trois semaines.
De manière totalement imprévue, les choses devaient s'accélérer ces jours-ci. En effet tous les deux allons assister tantôt au même concert, chacun de son côté. Alors que je lui demandais quelle était son numéro de place afin que j'en réserve une à proximité, il me révélait qu'il devait y aller avec un "date". Et ce "date" n'était pas moi...
La nouvelle m'a fait l'effet d'un uppercut. J'étais sonné. Sentant poindre le malaise, il s'est excusé de la situation et de son caractère étrange. Pour ne pas l'accabler, je lui répondis que ce n'était pas grave, que cela ne m'empêcherait pas de profiter du spectacle. Inutile de préciser qu'intérieurement j'étais dévasté. Je comprenais alors que ce garçon était bien plus important à mes yeux que je ne l'avais cru.
Le lendemain nous avons discuté de ce que nous nous étions dit la veille. Nous avons essayé de mettre un peu de clarté dans une situation spontanée et irréfléchie. Je lui ai dit certaines choses et cru en comprendre d'autres, assez bouleversantes. La situation semblait progresser dans le bon sens. Plus tard dans la journée, nous nous croiserons en ville par le plus grand des hasards et échangerons un baiser rapide après qu'il m'a pris dans ses bras. Je ne vous raconte pas l'ascenseur émotionnel que j'ai vécu !
Pourtant, mille questions m'assaillaient. Au-delà du baiser qu'il m'avait volé dans la rue mardi, quel était le dénominateur commun à toute cette histoire ? Fallait-il y voir le commencement d'un "nous"? Regardions-nous dans la même direction ? Ou bien cette impression n'était elle que le fruit d'un emportement contre lequel je croyais pourtant avoir appris à lutter ?
Par chance, il était prévu de longue lune qu'il vienne manger à la maison hier soir. Ce qui fut fait. L'occasion parfaite de pouvoir se dire des choses.
Je l'ai attendu avec excitation et une certaine anxiété. J'avais pour l'occasion pris plaisir à cuisiner pour lui, comme j'ai plaisir à cuisiner pour les gens que j'aime en général. Et j'avais préparé son dessert préféré, de la mousse au chocolat.
Vautrés dans le canapé, blottis l'un contre l'autre comme deux gros chats, nous nous sommes laissés aller à une effusion de câlins avec beaucoup tendresse. Car au delà de l'attirance physique et sexuelle, nous éprouvons une infinie tendresse l'un envers l'autre. Se levant soudain il s’exclamât : "J'ai un cadeau pour toi", en me tendant un petit paquet. Un livre. Joanne Harris, Chocolat. "C'est pour te remercier de tes bons soins" rétorqua-t-il. J'étais évidemment très touché par cette délicate attention.
Nous avons ensuite beaucoup discuté, à cœur ouvert, sans tabou ni retenue. Je crois que j'ai rarement eu de discussion de la nature de celle de ce soir. Lorsque la parole est libre et que l'on sait que l'on ne sera pas jugé. Lorsque les enjeux dépassent la simple mise au point mais relèvent, de part et d'autre, de l'expression des sentiments les plus profonds.
La discussion a évolué sur tout un tas sujets, comme à chaque fois. Ses angoisses, ses besoins, ses envies, ses doutes. Puis des choses plus essentielles, comme son impossible engagement ferme dans une relation unique, m'exposant notamment son besoin de pouvoir continuer à papillonner. Chose qui m'est insupportable. Je le lui ai dit. C'est un point sur lequel nous sommes inconciliables.
Nous sommes revenus ensuite sur ce que nous nous étions dit dans la semaine et sur notre embryonnaire relation, qui est bien au-delà du stade de la simple amitié. Au milieu de la soirée, il m'a dit que l'on verrait bien comment tout cela évoluerait. Oui, nous verrons bien. Même si mon opinion est claire.
Je me faisais une joie de me dire que j'avais probablement rencontré quelqu'un avec qui je pourrais envisager de construire un chemin à deux, partager et former des projets. Néanmoins, fort de mon expérience et sûr de ce que je ne veux pas, je sais déjà, nonobstant l'affection sans limite que je lui porte, que je ne peux ni ne dois rien attendre de lui.
Love can damage your health.
Love can damage your health.
C'est beau et tellement triste à la fois ...
RépondreSupprimerComme tu dis. J'ai passé un vendredi et un samedi dans un état de vide intérieur assez lamentable. Le temps fera son œuvre.
SupprimerJe trouve ça terrible surtout quand on imagine qu'une relation qui démarre est forcément exclusive (même si je suis ouvert à plein de trucs, je n'arrive pas à imaginer un début de relation autrement, la passion quoi !!!), et qu'on déchante forcément découvrant que l'autre n'est pas sur la même longueur d'onde. Donc même si tu n'étais pas allé jusqu'à te faire des films de dingue, c'est tout de même drôlement triste et décevant. :-//
RépondreSupprimerOui c'est décevant car cela remet, de mon point de vue, absolument tout en cause. Même si le couple c'est aussi le compromis, il y a certaines choses que tout le monde ne peut pas accepter, ou pas tout de suite. Je ramasse mes dents et je continue mon chemin.
SupprimerSouvent je te lis... Mais là, j'ai eu envie de te dire de te laisser aller et d'appréhender (à tous les sens du terme) ce qui peut l'être...
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