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  • 7 novembre 2008

    Ce qu'il faut pour être heureux

    Alors que j’errais du coté de chez Matoo qui, dans un précédent billet, nous confiait ses état d’âme sur son trentième anniversaire, je tombais nez à nez avec la chose suivante :

    Ce qu’il faut pour être heureux
    Il faut penser ; sans quoi l'homme devient,
    Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
    Il faut aimer ; c'est ce qui nous soutient ;
    Sans rien aimer il est triste d'être homme.

    Il faut avoir douce société,
    Des gens savants, instruits, sans suffisance,
    Et de plaisirs grande variété,
    Sans quoi les jours sont plus longs qu'on ne pense.

    Il faut avoir un ami, qu'en tout temps,
    Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
    Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
    Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

    Il faut, le soir, un souper délectable
    Où l'on soit libre, où l'on goûte à propos,
    Les mets exquis, les bons vins, les bons mots
    Et sans être ivre, il faut sortir de table.
    Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
    Le tendre objet que notre coeur adore,
    Le caresser, s'endormir dans ses bras,
    Et le matin, recommencer encore.

    Voltaire

    J’avoue avoir été très touché par ces vers. La quête du bonheur est l'oeuvre - utopique diront les plus pessimistes - d'une vie. Suis-je heureux ? je ne le sais pas vraiment. Car au fond qu'est-ce que le bonheur sinon un enchaînement de petites choses qui rendent l'existence agréable ? Je sais en tous cas que je ne suis pas malheureux. On peut toujours chipoter et espérer mieux, voire beaucoup mieux, mais ma situation actuelle n'est pas la lpus mauvaise, sans pour autant confiner au paradisiaque, n'exagérons rien.  

    Toutefois, comme mon cerveau  de grand malade n’est jamais au repos, et que "qui aime bien châtie bien", quasi instantanément a germé en moi une ébauche de commentaire dont je ne résiste pas au plaisir de vous livrer les fruits.

    Reprenons ensemble :

    Il faut penser ; sans quoi l'homme devient,
    Malgré son âme, un vrai cheval de somme.

    Penser, panser ses plaies, les plaies de son corps, les plaies de son âme, les plaies d'une vie. Mais par homophonie, on en vient aussi à la panse, c’est à dire l’estomac. Hé oui, l’homme ne se substante pas que de nourritures spirituelles, c’est bien connu. "Il faut penser" peut donc aussi être entendu "il faut panser", c'est à dire se remplir l'estomac. Et moi, quand j’ai l’estomac bien rempli et les amygdales qui baignent, je n’ai envie que d’une chose : un bon petit somme et de ronfler comme un cheval. Quoi ? Ca ronfle pas un cheval ?


    Il faut aimer ; c'est ce qui nous soutient ;
    Sans rien aimer il est triste d'être homme.

    Aimeeeeeer, c’est c’qui’y’a d’pluuuuuuuuuus bôôôôôô… (fond sonores de violons sirupeux).

    Non, sans rire, l’amour est sans conteste la plus belle chose qui puisse arriver à quiconque et pour paraphraser un auteur dont le nom m’échappe, je plains celui qui meurt sans avoir aimé. Connaître les ivresses sans limites d'un amour vrai et réciproque, la cruauté de la séparation et la douceur infinie d'un baiser de retrouvailles sont des instants magiques dont l'intensité défie le sens commun. J'aimerai mille fois n'avoir pas vécu que de mourir sans avoir aimé.

    Soyez prévenus, ici s'arrête la tentative de critique pseudo-sérieuse... Couchez les enfants et éloignez les âmes pures.


    Il faut avoir douce société,
    Des gens savants, instruits, sans suffisance,
    Et de plaisirs grande variété,
    Sans quoi les jours sont plus longs qu'on ne pense.

    Avec ses mots à lui et une plume particulièrement élégante, Voltaire nous vante tout simplement les mérites des orgies collectives. En quelques mots comme en cent : Vive la drogue, le sexe et l’alcool !

    Notez bien l’insistance sur les plaisirs « en grande variétés » : lâchez vous pour de bon, ça rend heureux ; soyez curieux, ne mourrez pas idiots. Cocaïne, Ecstasy, acides, poppers, laitue euphorisante et autres bégonias psychotropes, seul, à plusieurs, avec votre labrador ou un troupeau de moutons, jouez le jeu à fond ! Et de toutes façons la vie est courte, alors jouissez en paix mes frères sans demi-mesure ! N'oubliez pas de noyer les quelques relents de culpabilité qui pourraient vous assaillir sous des flots d'alcool, cela va sans dire mais cela va mieux en le disant.

    Surtout, comme le conseille Voltaire,prenez soin de convoquer des gens "instruits" qui sauront vous éduquer aux réelles préoccupations de ce bas monde : un groupe de junkies aux cheveux gras tatoués de bas en haut devrait a priori faire l'affaire si jamais vous cherchiez.

    A défaut, vous pouvez toujours regarder le kamasutra en DVD, voire l’œuvre cinématographique d'un Marc Dorcel ou des Studios Falcon ou tout autre maison de votre choix, ça peut donner des idées si votre imagination en la matière fait défaut.

    Quoi ? Quoi ? Z'avez jamais maté un film porno ? Tssssss... quelle bande de menteurs ^^

    La suite :

    Il faut avoir un ami, qu'en tout temps,
    Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
    Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
    Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

    Un ami disponible tout le temps, qui puisse apaiser votre âme et vous procurer du bonheur ainsi que de vifs plaisirs ? Si c’est pas d’un fuck-friend ou d'une dealer dont il s’agit alors non, je vois pas… Il était très en avance sur son temps le Sieur Voltaire ! Et notez le lien subtil mais néanmoins extrêment fort entre cette strophe et la précédente, preuve évidente si besoin en était, que le bonheur est la conséquence d'un tout.

    Hein ...? Comment ça vous n'avez ni fuck-friend ni dealer ?

    Passons...

    Il faut, le soir, un souper délectable
    Où l'on soit libre, où l'on goûte à propos,
    Les mets exquis, les bons vins, les bons mots
    Et sans être ivre, il faut sortir de table
    .

    Le sujet avait été abordé in limine de ce poème et de façon plutôt subliminale mais là, pour le cas où le message ne serait pas passé au premier coup, Charles-Marie nous en remet une seconde couche sans sous-entendu cette fois : manger, boire, s'en mettre jusque là...

    Notez cependant une petite réserve : « sans être ivre, il faut sortir de table ». Hé oui, car déjà au XVIII° siècle la conduite de carriole en état d’ébriété devait être passible d’une amende de 100 sous, voire d’une lettre de cachet qui vous conduisait au gniouf pour 2 ou 3 jours, ce qui à l'époque n'était pas du plus glamour.

    Alors, je prolongerai ce conseil de bon sens et de prudence : celui qui conduit, c’est celui qui prend le volant ! Et puis vomir au volant c’est pas classe, mais pas classe du tout du tout. Un peu de tenue enfin !

    Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
    Le tendre objet que notre coeur adore,
    Le caresser, s'endormir dans ses bras,
    Et le matin, recommencer encore.

    Certains penseront candidement que Voltaire, lorsqu’il parle de « tendre objet » fait référence à un doudou en peluche, à un animal empaillé ou à une épaisse tranche de mortadelle moelleuse - oui, il en est qui ont ce vice terrible. Eh bien que nenni ! C’est bien d’amour, d’émois et de sexe qu’il s’agit ici. Une bonne partie de jambes en l’air avant de faire dodo, baiser comme des bêtes, ça fait du bien partout, ça détend après une dure journée de labeur, ça inonde le cerveau d’endorphines qui nous font nous sentir bien, et en plus ça fait digérer.
    Notez bien le conseil prodigué au denier vers : le soir ne suffit pas, on peut tout à fait il faut recommencer le matin . Ha bé oui… comme je le disait dans un autre billet, il n’y a pas de mal à se faire du bien !

    Et à titre personnel, s’il y a des volontaires pour la dernière strophe…

    2 commentairess:

    1. Ce poéme, excellent, au demeurant, t\'a bien inspiré. Un vrai plaisir de te lire.

      RépondreSupprimer
    2. Je suis tout a fait d\'accord avec "Ed".
       
      Hugo

      RépondreSupprimer

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