En surfant sur le ouebe, j'ai eu le plaisir de découvrir l'effrayant travail photographique de Joshua Hoffine. Chaque clichet, dont ont peut découvrir les dessous techniques sur le blog de l'artiste, est une micro-sainette digne des pires cauchemars de notre enfance - ceux qui nous faisaient nous réveiller en sursaut au beau milieu de la nuit trempés de sueurs, criant à s'en étrangler.
C'est mardi soir et la journée s'est mal passée pour Manon. A l'école Danny lui a volé son goûter et la maitresse l'a punie parcequ'elle n'avait pas ses feutres pour faire du dessin. Après Sylvie lui a tiré les cheveux pour une vieille histoire de poupée et elle s'est mise à pleurer. Quand Manon est rentré à la maison, elle a fait ses devoirs sur la table de la cuisine puis Maman a servi le repas : des petits pois. Manon déteste les petits pois. Parce que c'est tout vert, que ça a un goût bizzare, et que ça laisse plein de jus dans l'assiette. C'est pas bon. Mais Papa l'a forcée à finir son assiette. Manon, elle, ne voulait pas et Papa l'a grondée. Maman lui a ensuite donné son bain et l'a mise au lit en laissant la petite lampe allumée, sinon Manon peur. Manon a peur du noir et de sa chambre ... elle est toute sombre et parfois le plancher fait des bruits comme si quelqu'un d'invisible marchait à coté d'elle. Parfois elle a même l'impression que quelque chose respire sous son lit. Alors elle serre fort son nounours contre ses bras pour qu'il la protège. D'ailleurs, Papa dit que les fantômes n'existent pas... Mais ce soir les craquements sur le parquet ne sont pas comme d'habitude et elle serre son nounours plus fort que jamais. "Les fantômes n'existent pas, les fantômes n'existent pas" chuchotte-t-elle à l'oreille de sa peluche les yeux fermés. Tandis qu'elle r'ouvre les paupières et que d'étranges ombres se dessinent sur le sol, un petit détail fait penser à Manon que Papa n'avait pas tout à fait raison...
Les photos de Joshua Hoffine sont réellement terrifiantes parceque, selon ses propres mots, inspiré par ses propres souvenirs d'enfance, il cherche à mettre en scène des peurs universelles dont nous avons tous rêvé un jour ou l'autre et dont les générations futures rêveront encore : le monstre qui sort du lit ou celui qui sort du placard, la sorcière dévoreuse d'enfants (souvenez-vous Hamsel et Gretel !) et un personnage central - une tête blonde innocente - à laquelle nous nous identifions ou dans laquelle nous projetons nos propres angoisses... Outre les personnages, l'ambiance des clichets est elle même anxiogène de par le traitement des couleurs et le déploiment d'ombres franches et immenses, décuplant l'effet théatral de la mise en scène.
A frémir de plaisir !
Ca me fait penser à une des "Idées noires" de Franquin, où un gamin explique à son père qu'il ne veut pas aller chercher de l'eau à la pompe dehors à cause des monstres et le père de pester ("Je t'en foutrais, moi, des monstres !") et d'y aller. Alors qu'on voit une armée de vrais monstres qui l'attendent en se pourléchant des babines...
RépondreSupprimerEpouvantable, cette première illustration...
RépondreSupprimerDes Idées noires, je me souviens aussi d'un père indigne amateur de bonzaïs...