Il y a tout d'abord ce garçon que tu n'as pas revu depuis un bout de temps et qui te propose de passer chez lui. Vous vous êtes vus quelques fois. Ce n'est pas vraiment un régulier mais disons que vous êtes restés plus ou moins en contact. Alors tu y vas. Une sieste crapuleuse, ma foi, cela ne fait de mal à personne.
Il y a cet instant où tu sens que la situation dérape et que tu laisses déraper. Un tiroir qui s'ouvre, une boite de préservatifs, du lubrifiant... Tu laisses faire. A quoi bon résister à la tentation ?
Plus tard, une fois la dernière salve passée, il y a cet instant où tu t'aperçois que le préservatif de ton partenaire n'est plus là... Alors qu'il y était quelques instants auparavant. Enfin si, il y est, déroulé et tout. Mais pas là où il devrait être. Pas là où il était il y a quelques minutes. Putain de bordel de merde : t'as baisé sans capote !
Il y a ensuite cet instant où tout tourne autour de toi, comme dans un mauvais rêve. Tu ne sais plus vraiment si cela est réel. Non, c'est pas possible. Ca n'a pas pu arriver. Non... pas à toi. Putain... NON ! Et pourtant si. C'est bien à toi que cela arrive. Que tu le veuilles ou non, tu as baisé sans capote. Tu as pris un risque et ton partenaire aussi. Tu as - p.u.t.a.i.n - d.e - m.e.r.d.e - baisé sans capote.
L'autre te dit qu'il est clean. Que son dernier test était négatif. De ne pas t'inquiéter. Putain... Non, tu vas la fermer ta gueule ! On n'est jamais sûr à 100% d'être porteur sain. Et puis qu'est-ce que j'en sais moi de la vérité de ta sérologie ? Et d'ailleurs toi, qu'est-ce que tu en sais de la mienne ? On a pris un risque bordel.
Viennent ensuite ces minutes interminables où tu essayes coûte que coûte de te raccrocher à ta rationalité, à peser le pour et le contre, à reprendre le dessus. Tu te rhabilles sans prendre la peine de te doucher. Tu pues. Il te raccompagne, penaud. Puis la porte se referme derrière toi. Tu es seul...
Tu trembles comme une feuille, t'as envie de hurler et de chialer. Tu ne réalises pas ce qu'il t'arrive. C'est encore abstrait. Tu te sens sale et honteux, malgré le caractère accidentel des choses. Mais mille pensées t'envahissent. Cette situation tu la connais. On te l'a racontée. Tu l'as vue mille fois à la télévision. Tu l'as vue mille fois dans des films. Sauf que là ce n'est pas un film. C'est ta vie.
En sortant tu appelles au secours auprès d'amis qui ne répondent pas. Un pote médecin finit par décrocher et te donner la marche à suivre. Direction les Urgences. Tu n'avais pas prévu d'y passer ton samedi soir. Maintenant tu n'as guère le choix.
Il y a cet autre ami qui, au hasard d'une conversation Whatsapp demande des nouvelles. Tu lui racontes. Il accourt. Vous vous retrouvez sur un parking au beau milieu de la nuit. Tu fonds en larmes dans ses bras... Tu ne le remercieras jamais assez d'avoir été là à ce moment précis.
Arrivée aux Urgences. Après les formalités d'accueil, l'infirmière référente te bombarde de questions. Tu racontes tout par le détail. Tu t'en fous. T'es froid, carré, direct. La pudeur n'a pas sa place ici. On est dans l'efficacité technique. Environ une heure plus tard, le médecin te reçoit en consultation. Rebelote. Tu prends une masse d'informations dans la tronche. Les protocoles, les risques, les suites possibles...
Puis il y a cet instant où les mots sont lâchés: Trithérapie préventive.
Pour un néophite chacun de ces mots pèse un milliard de tonnes. Chaque syllabe t'écrase sous le poids de leur résonnance médicale, culturelle et sociale. Des millions d'images te traversent l'esprit. Tu es peut-être au bord d'un basculement irrémédiable. Seules l'adrénaline et la bienveillance rassurante du médecin te permettent de ne pas t'effondrer. Tu encaisses. De toute manière tu n'as pas le choix.
Quelques minutes plus tard, il revient avec des ordonnances pour tes sérologies et des documents pour ton médecin traitant. Ca flotte encore un peu autour de toi.
Il y a aussi de grosses pillules roses. Trois, pour commencer. Pour les trois premiers jours. Les vingt-sept autre seront à venir chercher plus tard, à la pharmacie de l'hôpital. Trente jours de traitement. Trente jours à attendre.
Plus que vingt-neuf...
Évidemment on pense aux fois où ça nous est arrivé, aux affres par lesquels on est passé, à l'étoile - était-elle bonne ou mauvaise ? - à l'ami qui fut là aussi, au choix qu'on a fait. Puis cette putain d'attente...
RépondreSupprimerAvec toi Tambour, avec toi.
Des bises.
Merci Estèf.
SupprimerUn énorme câlin la tout de suite
RépondreSupprimerMerci. La tension commence à retomber un peu là.
SupprimerTu as bien réagi en allant immédiatement aux urgences.
RépondreSupprimerCourage.Prends soin de toi.
Merci Nachu. J'ai de bons amis qui sont toujours de bon conseil.
SupprimerTA réaction a été la bonne.Oui! Voir "Theo et Hugo dans le même bateau". Courage pour l'attente, et pour le traitement. Ai vécu un peu la même chose avec alerte syphilis (c'est pas la même chose, ca se soigne, mais l'attente est lourde à sup-porter). Avec toi, oui! Bises
RépondreSupprimerMerci Arthur. Le bilan de la première séro est parfait. En espérant qu'il se maintienne ainsi dans les semaines à venir.
SupprimerBisous tout plein en attendant...
RépondreSupprimerMerci RPH !
SupprimerBen merde alors, après tant de campagnes de sensibilisation, tant de films et documentaires sur le sujet, tant de décès aussi... Pourquoi ? Les jeunes, eux, se sont un peu relâchés ; mais nous qui avons grandi dans les années 80/90, comment est-ce possible ?
RépondreSupprimerJe t'invite à relire le 3ème paragraphe de ce billet.
SupprimerAlors soit, je n'ai pas compris. Je l'ai pourtant bien lu, ce troisième paragraphe. Mais un truc doit m'échapper...
RépondreSupprimerA moi aussi un truc m'échappe dans cette histoire, si ça peut te rassurer : comment se fait-il qu'il ne s'en soit pas rendu compte alors que c'est lui qui menait la barque ? Ses explications demeurent floues.
SupprimerBon... je sais maintenant ce qui m'échappait. Maintenant, pas la peine de te dire de relativiser. Nul besoin d'en dire plus non plus. Je crois que c'est assez compliqué comme ça.
SupprimerJ'ai un tout petit peu retouché le fameux paragraphe pour plus de clarté.
SupprimerEt, oui, c'est assez compliqué comme ça...
Désolé pour tout ça. Mais tu as tout bien fait, donc ça va bien se terminer cette histoire. Ne te bile pas !
RépondreSupprimerMerci Matoo. Le personnel médical s'est montré très rassurant dès samedi soir. Ça commence à aller mieux. Il me faudra encore quelques jours...
Supprimerhttps://www.google.fr/search?q=retirer+le+pr%C3%A9servatif+pendant+l%27acte&oq=retirer+le+pr%C3%A9servatif&aqs=chrome.1.69i57j0l2.12526j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8
RépondreSupprimerJ'y pense de plus en plus...
Supprimer30 jours, on y est. Ça va Tambour ? Bises
RépondreSupprimerNous y sommes em effet. Et ca va. Il ne reste plus à mon organisque qu'à éliminer les dernières molécules du traitement pour que cessent définitivement les effets secondaires... Le protocole de surveillance se poursuit encore 3 mois en revanche.
SupprimerMerci pour ton petit mot :)