La période estivale est réputée propice à la lecture. A l'orée du mois de juillet, les vitrines de nos librairies préférées se parent d'ouvrages susceptibles d'attirer le chaland peu enclin à ce loisir, targué " d'intello " par ceux qui ne le pratiquent pas ou ceux qui veulent se la péter, ou le quidam qui n'a pas entrouvert la moindre couverture depuis le mode d'emploi de son lecteur DVD, jusqu'au librophile mi-homme mi-termite qui dévore assidûment et avec un systématisme qui frise le maladif, la moindre nouveauté recommandée chaleureusement par les magazines de tous poils et que l'on sait plus ou moins inféodés aux grandes maisons d'éditions dont ils ânonnent avec application les injonctions, afin - soyons en sûrs, de ne pas trahir la pensée de l'auteur ni de compromettre les finances de ladite maison... charité bien ordonnée...
En qualité de thésard, la lecture est une activité quotidienne qui nous conduit (je me permets d'inclure mes coreligionnaires) à absorber plusieurs mètres-cube de paperasse, pour notre plus grand bonheur.
" Alors Maryse, quels ouvrages nous proposez vous pour cet été ?
- Bonjour Jean-Pierre ! Hé bien, pour cet été j'ai déniché pour vous quelques livres tout à fait magnifiques qui raviront les grands comme les petits et que vous dévorerez sur votre serviette de plage.
- Vous nous mettez l'eau à la bouche Maryse ! Alors, par quoi commençons nous ?
- Hé bien tout d'abord ce magnifique ouvrage de Robert Le Balle intitulé "De la nature du droit du concessionnaire de sépulture".
- Magnifique Maryse....! Mais de quoi s'agit-il ?
- Il s'agit d'une thèse de doctorat soutenue en 1924. Cet ouvrage est - comment dire ? - tout simplement admirable. On est d'emblée séduits par la reliure in folio plein cuir, avec tranche dorée... Je vous avoue, Jean-Pierre, que j'ai d'abord longuement regardé ce livre qui constitue déjà en soi un bel objet...
- Haaaaaa oui .... c'est vrai que c'est beau.... on a presque envie de l'encadrer tellement il est joli.
- Ho oui Jean-Pierre. Mais après la séduction extérieure, vient la séduction intérieure de cet ouvrage qui fera date dans la littérature estivale. La trame littéraire est toute simple mais d'une redoutable efficacité. Peu d'effets de style, pas de métaphore turgescente, rien de tout cela... L'intrigue, réduite à sa plus simple expression, vous prend en halène à la première page et ne vous relache qu'à la dernière phrase... Laissez moi vous en lire un extrait...
- Avec plaisir Maryse ...
" L'idée que le terrain consacré aux sépultures puisse faire l'objet d'une propriété n'a rien, en soi, qui heurte le sentiment juridique. Elle est, de plus, en parfaite harmonie avec le désir qui nous porte à considérer comme doublement notre la terre où reposent les dépouilles mortelles des membres de notre famille ou de ceux que notre affection a volontairement considérés comme tels"
- Que tout cela est beau Maryse, que tout cela est beau ...
- Je ne vous le fait pas dire Jean-Pierre. En quelques lignes on sent monter toute la tension dramatique, toute l'angoisse existentielle du vivant et du mort, la déliquescence du passé et l'étiolement de la mémoire transgénérationnelle...
- Ho oui Maryse ! C'est vrai que ça donne envie ! Vous nous rappelez les références Maryse ?
- Alors, "De la nature du droit du concessionnaire de sépulture" de Robert Le Balle, à la Grande Imprimerie de Meulan, Auguste Réty.
- Parfait Maryse. Avez vous autre chose à nous porposer ?
- Tout à fait Jean-Pierre... Je vous propose également, pour continuer dans cet esprit très rafraîchissant des concessions funéraires, un ouvrage absolument merveilleux co-écrit par Guillaume d'Abbadie et de Claude Bouriot...
- Il s'agit de ...?
- Il s'agit du "Code Pratique des opérations funéraires", particulièrement le second tome consacré aux cimetierres et aux concessions.
- Hooooo..... quel bel ouvrage vous nous présentez-là Maryse !
- Hé oui Jean-Pierre... Tout au long des 300 pages vous découvrirez avec délectation les mystères de la réglementation de la crémation funéraire, l'ésotérisme tourmenté de la desaffectation des cimetières et le ravissement tendrement érotique des règles d'urbanisme afférentes aux cimetières municipaux...
- Un petit extrait peut-être ?
- Bien sur Jean-Pierre...
" Les agents municipaux des services des pompes funèbres, en tant que fonctionnaires intégrés dans les cadres d'emplois de la filière technique, sont dorénavant soumis au dispositifs indemnitaire qui résulte de l'article 88 de la loi n°84-53 du 26 janvier 1984 modifiée et du décret n°91-875 du 6 septembre 1991. Ils peuvent bénéficier des possibilités offertes par le nouveau régime indemnitaire et notamment l'article 5 du décret précité, qui permet la constitution d'une enveloppe supplémentaire comme du cumul toujours possible avec les indemnités liées à des responsabilités ou sujétions particulières".
- Hééééé bien.... il me tarde d'être sur la plage Maryse !
- Comme je vous comprends Jean-Pierre...
- Vous nous rappelez les références de ce magnifique ouvrage ?
- Bien sûr Jean-Pierre, il s'agit du "Code Pratique des opérations funéraires" par Guillaume d'Abbadie et Claude Bouriot, et c'est paru aux éditions Le Moniteur.
- Merci Maryse pour ces conseils de lecture ; nous espérons chers téléspectateurs que vous apprécierez autant que notre équipe et que grace à nous vous passerez un été littéraire comblé ! "
A n'en pas douter oui ...
... absolument palpitant ...
... et je sais de quoi je parle !
la preuve en images
et je vous passe le reste !
Un vibrant merci à mon Directeur de Thèse pour ces recommandations !
(cela dit... j'avoue... c'est passionnant....)
Et un bonjour amical au Père fondateur de tous ces décrets, le bienheureux Lachaise
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