La nuit est faite pour dormir m’a-t-on toujours dit petit enfant alors que je rechignais à rejoindre ma chambre et à éteindre la lumière. J’ai découvert par la suite que la nuit était également propice à bien d’autres activités aussi diverses que variées, offrant à nos sens un panel d’ivresses fantastiques dont l’ultime limite est celle de l'imagination, voire de nos dispositions physiques. Mais là n’est pas le sujet.
Quitte à faire une révélation fracassante, je n’hésiterai pas à avouer que le Tambour Major n’est pas un animal du petit matin. Non. Son cerveau extraordinairement développé suppose un temps d’éveil qui le conduit à une inaptitude quasi-totale à quoi que ce soit – hormis boire du café – jusqu’à une heure assez avancée, bien après qu’ait déjà résonné fort dans les rues de la Ville Rose, la voix agréablement discordante des clochers annonçant Tierce. Et ce n’est qu’au prix d’une violence inouïe que je puis m’extirper de ma tanière de chambre chaque matin, tel un Sisyphe du sommeil. L’esprit du Totoro est en moi, que voulez vous !
Le rite du réveil est donc une épreuve en soi, quand bien même la nuit a été bonne et réparatrice, emporté dans des délires oniriques dont seul Morphée détient le secret.
Il l’est encore davantage lorsque par pure mesquinerie ce même Morphée décide de me faire un bras d’honneur et abandonne le Tambour Major sur le seuil de l’univers des songes, livré qu’il se trouve à une belle insomnie.
Il n’y a rien de pire qu’une insomnie… On se tourne, se retourne, se re-retourne, se re-re-retourne, un coup on a trop chaud, puis on a un peu froid, avant d’avoir à nouveau chaud, de virer la couverture, puis de la remettre… On regarde l’heure et le cadrant du réveil qui semble s’être arrêté sur "03:48", les tensions de la journée remontent peu à peu à la surface de notre inconscient, les soucis, les tracas, on peste, on s’énerve… On pense qu’un verre d’eau nous fera du bien et l’on maque de se casser la figure en tentant de se lever en raison d’un équilibre plus que précaire ; on n’en peste que davantage : « non mais bordel de merde, pourquoi ne puis-je fermer l’œil alors que je suis totalement KO ? ».
On se re-couche. Le réveil marque maintenant "04:07". Plus que trois heures vingt trois avant que l’alarme ne sonne… et j’ai une journée de dingue qui m’attend. On repense à cette grosse vache de "Mme D." que l’on ne peut pas encadrer et à qui l’on rêve de régler son compte une bonne fois pour toutes, histoire de la calmer définitivement en une humiliation publique qui ferait date dans l’histoire de la diatribe assassine et que l’on enseignerait dans les livres.
"04:24" nargue sournoisement le réveil… plus que trois heures six… Et merde ! On stresse à l’idée d’être totalement décalqué le lendemain car depuis la minute où l'on s'est couché, notre regard a pu contempler, un à un, chacun des clignotements hypnotiques des deux points ":" superposés séparant les heures des minutes sur le cadran du réveil électronique éclairant fébrilement la chambre d'une cauchemardesque lueur verdâtre…
Puis peu à peu, pour une raison inconnue, une douce léthargie vous saisit. Tout d’un coup, votre oreiller devient incomparablement confortable, les bruits de la rue ont disparu, un calme sans précédent règne dans la pièce, une douce brise fraîche vous caresse avec volupté, on frissonne savoureusement, on se sent bien… on s’endort.
[...Silence...]
Un vague grondement incompréhensible et désagréable retentit au loin.
Hein... ? Quoi... ? Où ça... ?
De quoi... ? Qui... ?
On entrouvre un œil, on a la tête comme prise dans un étau, les yeux qui collent, la bouche pâteuse.
Peu à peu, au fur et à mesure que l'on reprend conscience, les borborygmes se font langage :
« Et n’oubliez pas que pour 3 pneus achetés, Nidas vous offre le 4°. Taaaaaditou tadii tam pouët ! ».
C’est votre radio-réveil qui s’agite sur la table de nuit. En fidèle chien de garde il vous annonce imperturbable qu'il est 07:58, et cela fait déjà 28 minutes que vous devriez être debout à vous préparer pour aller bosser.
07:58…
Déjà ?
Oui, déjà …
Ca, c\'est du vécu! Je compatis...Mais qu\'il est bon ce moment où tu sens qu\'enfin, cette saleté d\'insomnie est en train de céder sa place aux bras de Morphée...
RépondreSupprimerje me condoulois avec toi, d\'autant plus que j\'en ai fait l\'expérience samedi soir dernier.
RépondreSupprimerveille de retour sur paris, comme par hasard.
Allez, tu te rattraperas cette nuit !
oui aussi tu as les exercices de relaxation ...
RépondreSupprimerle mouton ca marche pas ...
Mais le cachet dodo c\'est bien quand meme !! un demi et tu dors comme un ti bébé
Sinon tu as la solution hot ...
a bientôt
Bises
Karine la sardine