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  • 5 février 2010

    Brigitte Fontaine au Bikini

    Hier soir, la conne de la rue Saint Louis en L'Île conviait son public Toulousain à l'occasion de la sortie de son nouvel album "Prohibition".
    Inutile de présenter l'inoxydable Brigitte Fontaine. Au simple évoquer de son nom, les arbres dansent, les parapluies deviennent rayon de lune, les matous princes charmants.

    Embarqué par Ptitcréole et son loulou à la station de métro la plus proche nous filons vers le Bikini où un public très bariolé s'est donné rendez-vous : filles et garçons, seuls, en couple ou en groupe, d'un peu tous les milieux, d'un peu tous les âges... Un public déjà conquis : on ne vient pas à un concert de Brigitte Fontaine par hasard !

    Brigitte on la connait pour ses sorties psychédéliques sur les plateaux de télévision où chaque interview est une porte ouverte sur le foutage de gueule le plus absolu ; certains journalistes redoutent de l'affronter. Brigitte c'est un peu comme quand on est petit et qu'on joue à l'apprenti sorcier en mélangeant dans une bassine un peu de tous les produit ménagers trouvés sous l'évier : il se passe des choses, ça fume, ça mousse, on n'est pas sûr de comprendre vraiment ce qu'il se passe, mais il est une chose dont on reste ignorant jusqu'à la fin : le résultat ! Donc, voir Miss Fontaine sur scène sentait bon le flirt avec l'inconnu et renouer avec une certaine prise de risque.

    Première très bonne partie assurée par Nicolas Jules. Sous ses airs de dandy bohème aux accents rock, ne vous laissez pas tromper : ce garçon est un barjot lumineux ! Seul sur scène, debout avec sa guitare, doté d'une fort belle voix, fusent quelques saillies de folie à l'état brut et de jolis textes faussement élégants trahissant les failles d'une réelle sensibilité. La filiation revendiquée avec celle dont il ouvre la scène est à l'évidence légitime. Et le garçon a une sacrée gouaille !! Effronté, méprisant, cynique et ironique tant dans ses texte que lors de ses joutes avec le public, ses transitions sont autant de bonbons acidulés. Comme souvent il faut oser se laisser faire et se laisser porter par le personnage qui pique vraiment très fort les premières seconde. Une fois entré dans son jeu, trop tard : on en redemande. La chanson sur la mort : "la mort, sale odeur, c'est pour ça qu'on y met des fleurs" et son univers rose bonbon trash de petits lapins farceurs, bien évidemment morts eux aussi, reste un moment de choix. Un artiste à suivre...

    Un peu plus tard dans la soirée, quatre musiciens investissent la scène dans un halo bleuté : batterie, percu, guitare et basse. Dans une tapisserie sonore magmatique, une silhouette apparait, telle un mobile de Calder, la démarche faussement hésitante, la foule s'embrase. Tout de noir vêtue, le bras droit menotté, Brigitte Fontaine, visiblement très heureuse d'être face à son public, entame son premier titre : prohibition. Quelques problèmes techniques de balance feront que nous ne comprendrons pas grand chose des paroles pendant environ le premier quart d'heure tant les instrument couvraient la voix. Dommage.
    Je redoutais que le concert ne soit consacré qu'à ses derniers titres mais j'eus le plaisir de voir rapidement mes craintes se dissiper. La set list balayait à peu près tout le répertoire des albums précédents, parfois réorchestré pour les besoins de la scène, voire légèrement réécrits pour mieux coller à l'actualité. Ainsi le nougat devint hier soir loukoum... Ma foi ! Mais visiblement Brigitte n'a que peu d'égards (bel euphémisme !) pour la politique menée par notre gouvernement : reconduites massives aux frontières, lois liberticides, bienpensance et politiquement correct sont des sujets qui la taraudent et sur lesquels elle ne se prive pas de réagir, à sa façon, c'est à dire dans l'excès et la provocation, tantôt debout, tantôt affalée dans un vaste fauteuil en rotin, l'oeil vif et le sourire irradiant tandis qu'elle lance son désormais culte "je suis vieille, et je vous encule".
    Court intermède musical par son fidèle Areski Belkacem qui prit le temps de quelques chansons le devant de la scène, tandis que la star devait aller se repoudrer le nez (avec le guitariste) et se changer pour revenir vêtue d'une étrange robe rouge assortie à sa nouvelle paire de menottes en fourrure rose.
    Ptitcréole, ironique, se demandait dans la voiture si elle réussirait à débaucher Grace Jones avec qui elle partage un duo sur son dernier album. Point de Grace Jones hier soir. En revanche ce sont Mouss et Hakim qui vinrent lui donner la réplique. Clin d'oeil sympathique de ces deux artistes Toulousain à l'entrain communicatif.
    Un autre personnage qui était hier soir plein d'entrain : Yann Péchin à la guitare. Plusieurs fois nous avons cru qu'il était perdu et que plus jamais il ne redescendrait sur terre tellement il planait dans un univers parallèle lointain... Le voir s'exciter sur sa guitare (stade freudien dépassé !!) à quelques mètres de nous  avait quelque chose d'un peu inquiétant (sûrement les ravages d'un repoudrage de nez mal dosé ?). D'autant que le résultat sonore pouvait laisser perplexe : tout ça pour... heu... ça ? Ha.... Bref... Lui prenait en revanche un pied degré 12 sur l'échelle de richter. 

    Ce fut au final un très agréable concert qui m'a donné une image un peu différente de cette artiste emblématique dont l'opinion publique ne retient souvent qu'une caricature, sans oser écouter vraiment la musique ou lire les textes de ce qui ne passe pas à la radio. Car, contrairement à la chanson, Brigitte Fontaine sur scène ça n'est pas exactement "comme à la radio". Si elle se joue des médias, elle ne se joue pas de son public, mais joue avec lui, entre malice et tendresse, derrière le masque de l'excentricité.
    Salam Brigitte !

    3 commentairess:

    1. A quand Brigitte Fontaine EN Bikini ?

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    2. Et on n'écoute pas du Brigitte Fontaine par hasard!! Je suis un grand fan de cette grande dame de la chanson, trop facilement caricaturée...

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    3. merci pour ce compte-rendu personnel, c'est comme si on y était ^^

      absolument: ne pas oublier que derrière les frasques d'un personnage qui aime secouer la fourmilière convenue des médias, il y a une artiste, des chansons et souvent beaucoup d'émotion

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