Si vous aviez envie d'aller voir le dernier Robin des Bois de Ridley Scott avec l'idée de baver sur le très beau Russell Crowe pendant deux heures, ravalez votre langue cinq minutes et lisez ce qui suit.
Robin des Bois est sans nul doute l'un des héros les plus populaires, adapté à toutes les sauces sur petit et grand écran, sujet de toutes les parodies possibles, avec plus ou moins de bonheur. Outre le cultissime Walt Disney dont nous nous sommes tous repus, le dernier précédent qui avait fait date est sans conteste l'opus de Kevin Reynolds - Robin des Bois, prince des voleurs - sorti en 1991 (déjà !) dans lequel Kevin Costner et Morgan Freeman se partageaient l'affiche.
Presque vingt ans plus tard (mon dieu, j'ai l'impression d'être un vétéran en écrivant ça...) c'est au tour de Ridley Scott de reprendre le carquois pour nous proposer son Robin des Bois avec le Rââââ-lovely Russell Crowe (si si si... pour le moins !) et la très jolie Cate Blanchett.
L'histoire commence encore une fois aux dernières lueurs du XII° siècle. Autant dire que c'est un peu le bordel en Europe : la troisième croisade vient de s'achever, Français et Anglais ne pensent qu'à s'écharper, le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion est mort laissant l'Angleterre en pleine déliquescence politique et en proie à une terrible dette financée par un surcroit d'impôts écrasants la population. Pendant ce temps les complots pour renverser la couronne vont bon train. Et c'est là que Robin intervient. Heu... en fait non, pas tout à fait.
En effet ce Robin là nous propose non pas l'histoire de Robin des Bois ni ses exploits contre le sherif de Nottingham qui tyrannise la région, mais sacrifie à la mode cinématographique du moment en décortiquant la genèse d'un héros et présente comment Robin Longstride est devenu Robin de Loxley, avant de devenir Robin des Bois. Quelques uns des personnages qui accompagneront Robin dans ses aventures nous sont présentés dans leur jus : Lady Marianne, Frère Tuck... Et c'est à cet instant là que s'arrête le film, au bout de longues deux heures et vingt minutes, au moment où Robin et ses comparses sont déclarés hors la loi avec ordre de les pourchasser sur décision du roi. Oui oui : j'ai bien dit "longues heures"... Certes les images sont belles et les acteurs agréables, oui le film propose un contexte politico-historique réaliste, des reconstitutions et les décors sacrément bien foutus, oui les scènes de bataille sont réussies. Mais la sauce ne prend pas vraiment et je ne suis pas totalement parvenu à rentrer dans le film.
Voulant explorer les origines du personnage et restituer le contexte politique de l'époque, Ridley Scott finit par se perdre entre le film d'alcove et l'épopée militaire. On passe donc régulièrement d'une scène un peu chiante et un brin caricaturale où le futur roi - puis roi - Jean joue au petit enfant gâté sous les yeux dépités de sa Reine de mère, à une scène de bataille épique fortement testostéronée. Car j'ai eu la désagréable impression que les scènes de bataille s'invitaient régulièrement à l'écran. Un peu à l'excès même. Ceci au détriment il me semble d'un aspect important dans un tel film : l'attachement aux personnages. Il m'a en effet été fort difficile d'éprouver une empathie pour les personnages qui n'ont que trop peu de profondeur et aucune psychologie, si ce n'est le sens du bien et du mal, ce qui - convenons-en - est l'enfance de l'art. Cela reste un peu maigre tout de même. Je passerai en outre sur une grossière erreur agronomico-historique qui relègue ce film au rang des 50 plus graves fiascos de l'histoire du cinéma mondial, mais cela n'est qu'un détail...(mais naaaaaan putain !! Au XII° siècle le blé alimentaire ne mesurait pas 1 mètre de haut ni n'avait des épis de 12 cm !! Arrrrrrgh je meurs...)
Au final je suis sorti de là un peu mitigé. Si l'aspect politique qui dicte le dessous des cartes est réellement intéressant, il aurait mérité à mon goût un traitement plus poussé, quitte à reléguer au second plan les querelles de paysans. Cela au risque d'ignorer presque totalement le pauvre Robin. Le parti pris de mêler les deux versants est audacieux mais présente l'inconvénient de ses avantages : mal traiter l'un comme l'autre. Et deux jours plus tard je n'ai pas grands souvenirs de ce film, qui ne m'a ni ému, ni émoustillé. Vu et oublié presque aussitôt. Dommage.
Donc, si réellement vous fantasmez sur Russell Crowe, retournez voir Gladiator. Et si vous êtes fans de l'archer de Sherwood, revoyez la version de 1991. Pour les autres, passez votre chemin. Il y a d'autres belles choses à voir en ce moment...
Voulant explorer les origines du personnage et restituer le contexte politique de l'époque, Ridley Scott finit par se perdre entre le film d'alcove et l'épopée militaire. On passe donc régulièrement d'une scène un peu chiante et un brin caricaturale où le futur roi - puis roi - Jean joue au petit enfant gâté sous les yeux dépités de sa Reine de mère, à une scène de bataille épique fortement testostéronée. Car j'ai eu la désagréable impression que les scènes de bataille s'invitaient régulièrement à l'écran. Un peu à l'excès même. Ceci au détriment il me semble d'un aspect important dans un tel film : l'attachement aux personnages. Il m'a en effet été fort difficile d'éprouver une empathie pour les personnages qui n'ont que trop peu de profondeur et aucune psychologie, si ce n'est le sens du bien et du mal, ce qui - convenons-en - est l'enfance de l'art. Cela reste un peu maigre tout de même. Je passerai en outre sur une grossière erreur agronomico-historique qui relègue ce film au rang des 50 plus graves fiascos de l'histoire du cinéma mondial, mais cela n'est qu'un détail...(mais naaaaaan putain !! Au XII° siècle le blé alimentaire ne mesurait pas 1 mètre de haut ni n'avait des épis de 12 cm !! Arrrrrrgh je meurs...)
Au final je suis sorti de là un peu mitigé. Si l'aspect politique qui dicte le dessous des cartes est réellement intéressant, il aurait mérité à mon goût un traitement plus poussé, quitte à reléguer au second plan les querelles de paysans. Cela au risque d'ignorer presque totalement le pauvre Robin. Le parti pris de mêler les deux versants est audacieux mais présente l'inconvénient de ses avantages : mal traiter l'un comme l'autre. Et deux jours plus tard je n'ai pas grands souvenirs de ce film, qui ne m'a ni ému, ni émoustillé. Vu et oublié presque aussitôt. Dommage.
Donc, si réellement vous fantasmez sur Russell Crowe, retournez voir Gladiator. Et si vous êtes fans de l'archer de Sherwood, revoyez la version de 1991. Pour les autres, passez votre chemin. Il y a d'autres belles choses à voir en ce moment...
Le problème c'est que dans Gladiator, il y a aussi moult erreurs grossières qui relèguent le film au rang des 50 plus graves fiascos de l'histoire du cinéma mondial, genre les prospectus publicitaires distribués pendant les jeux du cirque (le papier n'existait pas) ou les inscriptions latines où l'on voit la lettre J (cette lettre a été inventée plus de 1000 ans après les événements racontés par le film).
RépondreSupprimerEn fait, le problème, c'est que Ridley Scott aurait dû arrêter de faire du cinéma après Alien et Blade Runner.
Je n'ai pas vu le film car c'est tout à fait le genre qui m'exaspère au cinoche. Mais une amie y est allé. Elle a trouvé que c'était un film comique. Surtout les 30 dernières minutes... Elle en est venue a penser que Scott a côtoyé les sommets par hasard.
RépondreSupprimerAvec ces avis, je ne risque pas d'aller le voir...
Nan mais attend, Robin des bois c'est un des premiers communistes de l'histoire!! eheh Moi j'ai bien aimé ce film, malgrè il est vrai quelques longueurs! Sinon, j'aime bien que tu aies choisi le Disney pour illustrer l'article, c'est un de mes Disney préféré, en même temps je l'ai tellement vu et revu qu'on a fait exploser la cassette vidéo!!
RépondreSupprimerje pensais aller le voir également, mais étant donné que le cinéma le plus proche est à 22 km et que je n'ai que mes jambes, et en plus le super commentaire que tu fais sur cet article, je pense que je vais prendre toujours les mêmes jambes à mon cou et ne pas y aller du tout...
RépondreSupprimer@ Virgile : Tu as raison pour Gladiator. Mais voir le bô Russell se trimballer preskapoil pendant 2 heures ( Grawmf !) excuse beaucoup de choses...
RépondreSupprimerQuand à Ridley je partage assez ton avis, à quelques exceptions près tout de même.
@ Antoine : Je ne me souviens pas que le film fut comique. Quant à côtoyer des sommets, non, je vois pas.
@ Alban : Ben j'ai lu après coup certaines critiques de presse littéralement dithyrambiques tandis que d'autres sont limites assassines... Les avis restent partagés. Le mieux pour se forger son opinion est de se rendre compte par soi même.
@ Fabisounours : Nan, va plutôt voir Kick Ass !
M'enfin, ce qui cloche, dans ce film, c'est la gestion du temps. De la mort de Richard à la signature (avortée, dans le film, alors que ce n'était pas du tout le cas historiquement) de la Magna Carta, il y a un peu moins de 20 ans. Avec des changements de concubine, d'alliances, de situation politique ... et une grooooosse poignée de batailles.
RépondreSupprimerL'autre hic, c'est cette vision d'un Moyen-Âge anglais crasseux, maintes fois rabattu, sans surprises. Qu'il reprenne les codes de la Jeanne d'Arc de Luc Besson, soit, ça permet de s'identifier à la période. Mais il y a un moment, il faut arrêter de jouer sur les mêmes registres. Un film de guerre médiéval, on avait déjà vu. "L'origine du mal" version Robin-pas-encore-des-Bois, c'est dommage, parce qu'on perd la trace de ce qu'on attend. Plus que ça, même, on perd la trace de ce que Scott veut raconter.
Lemanichéisme à tout va, les petites gens opprimées par le méchant pouvoir, si l'on veut un peu de justesse historique, faut la nuancer. La Magna Carta a été un superbe exemple de récupération du pouvoir par l'aristocratie, pas par le petit peuple. Alors le Longstride, là ... faut pas se tromper de cheval de bataille :D