Lorsque je suis monté dans le métro, il y avait, assis au fond de la rame, ce beau garçon brun qui regardait droit devant lui. Il porte un jean bleu clair et des converses en toile presque neuves, bleues elles aussi. Sa chevelure particulièrement abondante contraste avec la délicatesse presque juvénile de son visage. Immobile, un énorme casque fiché sur les oreilles, impassible à ce qui se passe autour de lui, il aurait tout aussi bien pu ne pas être là.
Lorsque je suis monté dans le métro, il y avait cet autre garçon au crane rasé. Simplement adossé contre les portes coulissantes, vêtu d'un pantalon baggy gris joliment coupé et d'un gilet noir en laine un peu sale, la peau cuivrée. Les bras ballants le long du corps avec nonchalance, ses deux grands yeux marrons flottent négligemment à la dérive, sans but précis. Il est là parmi les siens, voyageurs sous-terrains, compagnons anonymes d'un instant. Force tranquille, il dégage une présence incroyable. Jamais il ne croisera le regard de celui qui, quelques pas sur sa droite, le dévisage avec envie.
Lorsque je suis monté dans le métro, il n'y avait pas encore ce gars tout habillé de noir qui s'est assis en face de moi. Non, lui est monté quelques stations plus loin. Les bras croisés, la tête baissée, il regarde ses pieds et se pince nerveusement la lèvre inférieure de la main droite. Mal à l'aise, il n'a visiblement pas envie d'être là. Il se cherche, mais ne se trouve pas. Il est trop près. Trop près de ces autres dont il ne veut pas.
Lorsque je suis descendu du métro est entré ce drôle de gars. Très grand, très blond. L'encolure de son t-shirt rose était déchirée, comme si l'on avait tenté de le lui arracher et que les coutures avaient cédé, laissant apparaître son épaule une partie de son torse. De son jean porté très bas, dépassait un boxer coloré aux motifs bariolés. Étrange figure, presque baroque au milieu d'une foule bien sage. Depuis le quai, je l'ai observé s'asseoir, indifférent, tandis que quelques regards accusateurs se portaient sur lui, et que mon imagination vagabonde dressait mille scénarios pour expliquer l'état peu commun de ses vêtements.
Le chuintement mécanique des portes qui se referment m'extirpe de ma fugace rêverie. Vomissant son flot de passagers par spasmes discontinus, l'escalator me ramène des entrailles de la ville vers la surface, où m'attend une vie presque ordinaire.
Le chuintement mécanique des portes qui se referment m'extirpe de ma fugace rêverie. Vomissant son flot de passagers par spasmes discontinus, l'escalator me ramène des entrailles de la ville vers la surface, où m'attend une vie presque ordinaire.
Les garçons, oui, c'est bien la seule chose qui sauve le métro, ce peuple de garçons itinérants hummm
RépondreSupprimerJe retiens ton expression de "peuple de garçons itinérants" :) Bon, faut trier aussi. Dans le métro, il y a aussi pas mal de garçons qui puent...
Supprimerc'est vrai que les transports en commun c'est parfois l'occasion de mater des mecs plus facilement, entre une mamie, une poussette et une Kévina... et puis on peut parfois s'imaginer leur vie... ou même les imaginer nus! :) Je note le petit hommage à François Hollande (l'anaphore)! :P
RépondreSupprimerHoulà, tu vois un hommage là où il n'y a que la reprise d'un effet de style déjà employé ici, sur le même thème en <a href="http://tambour-major.blogspot.fr/2009/12/dans-le-metro-qui-me-ramene-chez-moi.html>décembre 2009</a> ;)
SupprimerMoi je note que les commentaires ne fonctionnent plus comme il faudrait en laissant le code dans le texte :-)
SupprimerTiens tu me donnes une idée ce soir pour sortir je vais prendre le metro et qui sait je retrouverai peut etre l'un de ces garçon histoire de te raconter aussi que qu'après je suis retourné dans la vie ordinaire d'un monsieur qui ne prend plus le metro et qu'il devrait mais bon...
RépondreSupprimerLe métro, une "cour de tous les instants" ! (pour paraphraser un commentaire laisser ici, jadis).
SupprimerFaut vraiment une solution pour les photos en mode furtif ! Qui connaît un ingénieur à mettre sur le coup ?
RépondreSupprimerC'est beau aussi l'éphémère... c'est la vie !
SupprimerS"il y a bien un point avec lequel je suis d'accord avec mes petits camarades qui ont déjà commenté, c'est que tu nous donnerais envie de prendre le métro avec ce genre de description ! Dommage qu'il ne soit pas tous les jours aussi enchanteur, sinon on pourrait y passer nos journées...
RépondreSupprimerTu sais capter les moments comme ça, c'est magnifique!! Le métro est en effet un lieu propice à ce genre de rêverie!!
RépondreSupprimerTrès joli ce billet ! Merci pour ce petit moment d'évasion :)
RépondreSupprimerLes rencontres fugitives font partie des avantages des transports en public qui compensent les inconvénients. Je regrette le temps où je prenais le bus.
RépondreSupprimerEn bagnole, c'est excès de vitesse et queue de poisson.