Dans ma vie au quotidien j'ai la chance de n'être que rarement confronté à l'homophobie, et encore très indirectement. Bon, il est vrai que je ne parle pas de mes préférences pour les garçons au boulot, à peine avec mes amis, même s'ils sont au courant. Et, réciproquement, mes amis m'épargnent la relation de toutes leurs coucheries tout autant que leur épargne les miennes. C'est une forme de contrat social implicite qui part du principe - peut-être excessivement naïf - que moi, pas plus que eux, ne nous réduisons à notre identité sexuelle.
Pourtant il y a certains comportements, certains propos qui me crèvent les tympans ou me pyrolysent la rétine aussi sûrement que si l'on m'y avait fiché un tisonnier porté au rouge.
Voici les deux derniers exemples en date qui m'ont particulièrement marqués.
Le premier remonte à quelques semaines. Une connaissance sur FaceBook (oui, vous savez, ce truc bizarre où l'on peut s'autobiographiser en plus de 140 caractères) qui écrivait sur son mur, je cite :
Vous n'aurez pas manqué de remarquer non plus l'assertion selon laquelle "ne pas y arriver = on est des pédés" et, accessoirement, que les pédés ne sont pas de "vrais" hommes... L'un des canons habituels de l'homophobie.
Aussitôt vu, je m'empressais de saisir mon clavier et de commenter ce statut du plus haut intérêt. J'optais pour une riposte sobre, un zeste cinglante :
Que n'avais-je raison ! Quelques jours plus tard, alors que je recherchais les traces de cette conversation en préparation d'un billet, j'eus la surprise de découvrir que tout cet échange avait été supprimé...
Le second exemple remonte à pas plus tard que samedi soir dernier. Des potes à moi et des potes à eux, un bar un peu roots quelque part autour de la place Arnaud Bernard à Toulouse. Je commande une bière, une Queue de Charrue, bien fraîche. Un des mecs du groupe avec qui je discute regarde mon verre et me demande d'un air un peu dubitatif ce que je bois. Je lui réponds qu'il s'agit d'une Queue de Charrue. Le gars en question écarquille un peu les yeux, et me demande en retour de son air le plus narquois :
Dans un premier temps je répondis au jeune homme qu'il ne semblait pas connaître cette bière-là, pourtant fort goûteuse.
Malgré tout, j'étais relativement agacé de ne pas l'avoir délicatement remis en place :
Pourtant il y a certains comportements, certains propos qui me crèvent les tympans ou me pyrolysent la rétine aussi sûrement que si l'on m'y avait fiché un tisonnier porté au rouge.
Voici les deux derniers exemples en date qui m'ont particulièrement marqués.
Le premier remonte à quelques semaines. Une connaissance sur FaceBook (oui, vous savez, ce truc bizarre où l'on peut s'autobiographiser en plus de 140 caractères) qui écrivait sur son mur, je cite :
"Allez quoi, on va y arriver ! On n'est pas des pédés quoi !".Vous admirerez le raffinement du verbe, l'élégance du propos, la subtilité des métaphores fleuries qui feraient presque passer l’œuvre d'un Du Bellay et d'un Ronsard pour des dépêches AFP...
Vous n'aurez pas manqué de remarquer non plus l'assertion selon laquelle "ne pas y arriver = on est des pédés" et, accessoirement, que les pédés ne sont pas de "vrais" hommes... L'un des canons habituels de l'homophobie.
Aussitôt vu, je m'empressais de saisir mon clavier et de commenter ce statut du plus haut intérêt. J'optais pour une riposte sobre, un zeste cinglante :
"J'adore ces envolées d'homophobie ordinaire..."Quelques minutes plus tard, ne s'avouant pas vaincu, mais certainement un peu atteint (car je sais la personne un peu instable. Oui, je sais : c'est mal d'user de la faiblesse d'autrui... mais je m'en fous), l'assaillant tente une riposte sous forme d'auto-justification :
"Mais c'est de la ponctuation !"J'imagine qu'il faisait ainsi référence au tout premier sketch de Patrick Bosso dans lequel l'humoriste (oui, avant d'être pathétique, il était drôle à l'époque) explique que se gratter les couilles implique une ponctuation sous-entendue... Cela étant, estimant que mon premier coup d'éperon était suffisamment vif, je laissais là courir l'affaire et le venin de ma flèche faire son effet.
Que n'avais-je raison ! Quelques jours plus tard, alors que je recherchais les traces de cette conversation en préparation d'un billet, j'eus la surprise de découvrir que tout cet échange avait été supprimé...
Le second exemple remonte à pas plus tard que samedi soir dernier. Des potes à moi et des potes à eux, un bar un peu roots quelque part autour de la place Arnaud Bernard à Toulouse. Je commande une bière, une Queue de Charrue, bien fraîche. Un des mecs du groupe avec qui je discute regarde mon verre et me demande d'un air un peu dubitatif ce que je bois. Je lui réponds qu'il s'agit d'une Queue de Charrue. Le gars en question écarquille un peu les yeux, et me demande en retour de son air le plus narquois :
"J'imagine que c'est le mot Charrue qui t'a attiré ?"Sous-entendant par-là, et par un raccourci d'idées dont je vous laisser retracer le pénétrant cheminement, que c'était plutôt l'autre mot qui était à l'origine de mon choix...
Dans un premier temps je répondis au jeune homme qu'il ne semblait pas connaître cette bière-là, pourtant fort goûteuse.
Malgré tout, j'étais relativement agacé de ne pas l'avoir délicatement remis en place :
" Mais... dis moi, c'était quoi le fond de ton idée là, avec la charrue ? Je suis pas sûr de bien comprendre"Je ne dirais pas que le mec s'est chié dessus, loin s'en faut. Il a vaguement répondu quelque chose comme :
"heu... non non, je suis au bout de l'idée là..."Néanmoins, ses explications vasouillardes et la disparition soudaine de son rictus dégoulinant de sarcasmes, me confortèrent dans l'idée que j'avais tapé juste...
tu en as de la chance, je vis ça au quotidien... et je finis vraiment à en avoir assez, à tel point que je change de profession. Lundi j'entame une formation pour aller voir ailleurs !!
RépondreSupprimerFuir les cons n'est pas une mauvaise idée.
SupprimerJ'aurais pensé (très naïvement et partant du postulat que l'apparence prime sur le reste) que personne n'oserait t'adresser ce genre de remarque en face à face. Genre, bêtement, je me disais qu'un gars pas encore trop aviné n'irait pas se risquer à se prendre une mandale dans la gueule en tenant des propos idiots à un (très) grand garçon dont la carrure imposante laisse supposer qu'il peut faire mal. Mais finalement, ce raisonnement est particulièrement idiot, surtout quand je regarde ce qu'il se passe autour de moi, pas du genre à avoir un physique impressionnant : personne ne s'avance jamais à tenir de tels propos, même s'ils peuvent paraître parfaitement anodins pour la plupart des gens (ce qu'ils ne sont pas et qui doivent être relevés systématiquement si on veut faire avancer les choses).
RépondreSupprimerBref... à quoi ça tient, dans le fond ? A l'éducation, d'abord (je semble n'être entouré que de gens très bien élevés ^^), à une certaine intelligence ensuite qui pousse à s'interroger sur la signification profonde d'expressions plus ou moins populaires.
Mais si ça se trouve, il était sous ton charme et cherchait une manière (idiote mais subtile à ses yeux) de s'assurer qu'il pouvait aller plus loin, qui sait ? La timidité, ça peut rendre idiot parfois...
Sinon, c'est joli chez toi. J'aime bien la nouvelle déco ;)
Je ne crois pas du tout qu'il était sous le charme. Et d'ailleurs j'aurais été bien embêté : il n'était pas vraiment mon genre ^^
SupprimerMerci pour la déco, j'avais envie d'une note un peu plus estivale :)
Je me souviens d avoir fait un billet ds ce genre il y a quelques temps. Un commentateur m'avait fait comprendre que cette homophobie banale,...nous la cultivions en nous offusquant à tout bout de chant !
RépondreSupprimerBen voyons !
Bne journée !
À tout bout de chant ? De chant, vraiment ? C'est à cause de la charrue que vous n'avez pas osé écrire "champ" ?
SupprimerIl y a s'offusquer et s'offusquer... parfois cela ne sert à rien, sauf à tenir absolument à donner des coups d'épée dans l'eau.
SupprimerSur face de bouc, comme dans la vie, les gens qui me soûlent, c'est adieu et à jamais.
RépondreSupprimerSinon, concernant ton pote de bière, je suis sûr que tu t'es vexé pour rien et que c'est de ton soc qu'il voulait parler, il rêvait sans doute que tu lui retournes son petit sillon.
Bon, voilà, j'ai lâché ma cochonnerie, alors je sais : je suis parti^^
Oué, c'est ça... retourne donc chercher le bonheur dans les près :p
SupprimerLes exemples comme ça d'"homophobie ni vue ni connue", il en existe tellement, sans qu'il y ait forcément d'homos dans les parages. La phrase que j'ai le plus entendu c'est : "c'est pas un truc de pédé." Je réponds invariablement : "il faut croire que si". C'est chiant, irritant, lamentable, et j'en passe... mais bien loin d'être aussi grave qu'une agression physique avec coups ou que des insultes directes dans la rue. La plupart du temps les gens ne se rendent pas compte, ce sont surtout des phrases à la mode, j'ai l'impression. Ceci dit, tu fais bien de répondre, parce que tu les éveilles ou tu leur fous la honte. Et ça c'est bon, de mettre des personnes au pied du mur.
RépondreSupprimerC'est bien ce que j'ai voulu essayer de faire. On ne sait jamais vraiment quelle sera la réaction en face. J'avoue avoir été satisfait du résultat dans ces 2 cas ci.
SupprimerJe vais vous donner un contre-exemple, si vous me le permettez. Vers le milieu des années quatre-vingts, la première fois que l'on m'a servi l'expression “bouffe de pédés”, ce fut par deux amis homosexuels, vivant en couple, qui m'invitaient dans l'un de ces restaurants qui fleurissaient à l'époque, où l'on servait une cuisine à base de petites purées de légumes, de chèvre chaud sur salade, etc. Il ne m'est pas venu à l'idée une seule seconde de les soupçonner d'homophobie, je dois dire.
RépondreSupprimerComparons ce qui est comparable...
SupprimerJe vous rejoins sur un point : ne tombons pas non-plus dans l'excès inverse de vouloir tout policer. Toutefois, l'agacement est parfois tel que le moindre mot de travers devient la goutte d'eau qui met le feu aux poudres.
Ce n'est pas le sujet, mais tu écris toujours aussi bien. La pyrolyse de la rétine m'a surpris d'un sourire involontaire.
RépondreSupprimerSur le fond, j'ai bien peur que l'identité masculine ne soit encore largement fondée sur le rejet de l'homosexualité. Ce n'est que par l'intelligence que les gens arrivent à dépasser ces préjugés ordinaires. Les expressions vulgaires s'en font l'écho. Patience et persévérance...
Rejet de l'homosexualité fondée sur une peur de sa propre sexualité... Combien d'hétéros osent avouer qu'ils ont des plaisirs coupables lors de leurs relations avec des nanas ? Combien aiment s"exhiber à poil dans les vestiaires (ça serait pas une forme inconsciente de séduction ça ...?). Les esprits sont trop souvent clivés entre hétérosexualité et homosexualité pour admettre que tout n'est pas aussi tranché et qu'il n'y a aucune raison de rejeter l'autre.
SupprimerLes gens aiment bien compartimenter le monde et mettre des étiquettes, sans doute pour se rassurer. Pour ma part, je suis blonde et ce qu'on en dit, ça me fait rire.
RépondreSupprimerCompartimenter est une chose. Refuser d'ouvrir plusieurs tiroirs en même temps en est une autre.
SupprimerMoi je ne sais que dire sur le sujet n'ayant jamais été victime ni reelement témoin d homophobie agressive et pourtant certains mots me blessent encore et pire encore, certains silences.
RépondreSupprimerBien sur je n ouvre pas tous les tiroirs à tout le monde. D'abord parce que comme tu le dis, je ne me résume pas à mon attirance sexuelle même si cela gouverne pas mal ma vie. Et puis je sélectionne mes interlocuteurs et sans savoir pourquoi peu de chose dans mon apparence trahissent à mon avis ce que je vis.
Moi, ce qui me pèse le plus, ce sont ces sous entendus qui résument ce que nous vivons, a un acte sexuel comme si nous ne faisions que cela ?
Nous sommes bien d'accord. C'est exactement ce que je dis en introduction à mon billet : partir du principe que les gens, dans leur généralité la plus absolue, ne se réduisent à leur seule identité sexuelle.
Supprimerj'ai contribué chez moi parce que ça dépasse :o)
RépondreSupprimerMais quel bavard celui-là =)
SupprimerHop, ça se passe PAR ICI.
Je rêve de tomber un jour sur un gars qui en traite un autre d'enculé, et surtout d'avoir alors l'audace de traiter le premier de jaloux !
RépondreSupprimerEt de lui proposer de l'aider à compenser tout de suite sa frustration ? :D
SupprimerTout pareil que Loup ^^. Et aussi tout pareil que Glimpse (je sais, c'est minimaliste comme commentaire mais trop HS pour composer quelques chose de plus long).
RépondreSupprimerCette nouvelle déco me plait également beaucoup. Ca donne un petit air de vacances ^^.
Mwoué, ça sent le commentateur qui est aussi en vacances =)
SupprimerVous avez malheureusement tout dit dans votre titre Mr Major... Ordinaire... Commun bref sans intérêt sinon celui de faire un bon article.
RépondreSupprimerOrdinaire, hélas...
SupprimerTotalement d'accord avec ton billet. J'avais eu quelques échanges assez vifs avec certaines personnes qui ne comprenaient pas qu'utiliser "pédé" comme insulte était homophobe...
RépondreSupprimerIl est long et sinueux le chemin de la pédagogie. Et tu es bien placé pour le savoir ;)
SupprimerJe pense que dans une génération (c'est-à-dire 20 ans), ces propos homophobes auront disparu ou presque... les propos homophobes oui, mais les pensées homophobes non, malheureusement. Il y a une génération c'était pire, donc il y a une évolution positive ne l'oublions pas :)
RépondreSupprimerJe te trouve très optimiste. L'avenir nous diras si tu as raison. Peut être le "politiquement correct" aura-t-il fait disparaître la surface de l'iceberg. Restera la face immergée, celle qu'on ne voit pas, mais tellement plus dangereuse !
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