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  • 11 février 2019

    CRUISING

    CRUISING (La Chasse)
    Sorti en 1980.

    Réalisé par William Friedkin.

    Avec : Al Pacino...

    Genre : Policier moustachu à la grosse matraque turgescente.

    Durée : 1h40

    Synopsis : C'est la terreur chez les folles de New-York depuis qu'un vilain tueur en série martyrise les pédés tendance cuir-moustache.

    Pour faire cesser l'hystérie collective et remettre de la sérénité dans les jockstraps, la police envoie son meilleur agent, Steeve.

    Sa mission ? Franchir la porte noire des nuits sombres, infiltrer incognito les milieux Gay SM de la ville et démasquer le fieffé gredin qui sème la zizanie dans les bosquets.

    Vêtu de son plus beau marcel, tous muscles dehors et son hétérosexualité à toute épreuve en bandoulière, Steeve sait qu'il ne peut désormais compter que sur lui-même.

    It's time to lip-sync for your life, gurl !
     
    Extraits :
    - Hoooooooou la grosse matraque que voilàààà...
    Cuir, Cuir-moustache.. ♪♫
    - Slt, tu ch ?
    - Wesh chô ?
    ♫♪ Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny
    Envole-moi au ciel Zoum !

    - Promenons-nous dans les bois...
    [Argh...]
    - Mais qui a tué Pamela Rose ?
    - Je propose de le piéger avec une tapette géante.
    Cover girl, put the bass in your walk
    Head to toe, let your whole body talk ♪♫
    - Petit petit petit...
    - Tu les aimes mes grosses menottes ?
    L'avis de la rédaction : Diffusé dimanche soir à la Cinémathèque de Toulouse dans le cadre d'un cycle "Extrême-Cinéma", CRUISING est le genre de film qui gratte par là où il passe et qui laisse durablement son empreinte dans les mémoires, au point qu'il me hante encore plus de douze heures après.

    Sorti en 1980, adapté du roman américain éponyme paru en 1970 de Gerald Walker et doté d'une rare brutalité, CRUISING est, me semble-t-il, un film absolument incontournable de la culture Queer.

    Brutalité tout d'abord dans sa manière de montrer les nuits Gay SM. Au soutien d'une caméra impudique à l'extrême, l'image ne recherche aucune forme d'esthétisation. Tout y et cru, nu, brut de décoffrage, sans pour autant se livrer à de la pornographie gratuite, du moins dans sa version cinéma. Il semblerait en effet que la version initiale comportait un certain nombre de scènes de sexe parfaitement explicites qui ont été expurgées du montage final. Quoi qu'il en soit, l'image est relativement salie et la lumière sinistre pour retranscrire la promiscuité oppressante jusqu'à l'obscène des corps qui se cherchent et des bouches qui se trouvent, tout autant que l'atmosphère dégoulinante de stupre, de sueur et de testostérone qui électrise les folles soirées fetish new-yorkaises.

    Brutalité ensuite dans les rapports humains qui, à de rares exceptions près, nient toute altérité. L'autre n'est qu'un objet destiné à assouvir une pulsion. Prière de laisser votre romantisme aux vestiaires. Peut-être est-ce un effet de loupe, mais la violence hallucinante des rapports de drague, tels que présentés dans les foires à viande du film, et à tous les sens du terme, m'a réellement choqué. A cet égard, l'emplacement des bars en question au voisinage immédiat des hangars à viande du port, est particulièrement savoureux.

    Si beaucoup en effet dénoncent aujourd'hui les comportements humiliants de certains gars sur les "réseaux sociaux de l'amûr", CRUISING montre, trente ans plus tôt, une relation à l'autre qui est déjà complètement déshumanisée dans les boîtes à cul de l'époque. Insultes, regards humiliants, attitudes ahurissantes de bêtise... Les temps et les moyens changent, les comportements restent.

    Violence ensuite car, bien que le terme ne soit jamais employé, l'homophobie latente transpire à chacune des cent minutes du film. Homophobie institutionnelle tout d'abord : trans agressés par des ripoux en mal de sexe gratos, homos massacrés par un tueur en série, tabassage en règle dans les locaux de la police qui ne s'émeut pas davantage de leur sort. D'ailleurs, et sans rien divulgâcher, la seule hâte des forces de l'ordre est de boucler (bâcler ?) l'enquête le plus vite possible quitte à la bidonner, et de passer à autre chose de plus "sérieux".

    Homophobie sociale également car, en gros, personne n'en a rien à foutre de la série de meurtres touchant la communauté gay new-yorkaise. A une exception près, les pédés eux-même n'abordent pas le sujet et continuent à se renifler le cul, comme si le sujet n'existait pas où comme si se faire buter par un fou-furieux relevait d'une forme de banalité. Violence délibérément tue, violence ignorée ou violence acceptée ? Fatalisme de personnes affairées à la jouissance de l'immédiat ? Je ne sais toujours pas. Probablement un peu de tout cela.

    Labyrinthique, enfin, le film l'est à maints égards. Plongée dans les lieux de drague nocturnes de New-York, l'intrigue s'étale et se perd souvent avec ses propres personnages, au gré d'une enquête balbutiante, oscillant entre vrais pistes et faux indices qui malmènent le spectateur jusqu'à la dernière minute, au prix d'une frustration terrible.

    En conclusion :  L'on peut comprendre les raisons pour lesquelles les associations LGBT étaient montées au créneau lors de la sortie de CRUISING au motif que le film - comme nos Prides aujourd'hui -  donnerait une mauvaise image des pédés.

    Pourtant, au-delà des images, CRUISING dépeint une réalité qui, si elle ne fait pas de cadeau à la communauté LGBT, n'en fait pas d'avantage, et peut-être moins encore, à la société Américaine des années 70.

    Puissant, labyrinthique, cruel, déshumanisant, frustrant, porté par le jeu d'acteur impressionnant de réalisme d'un Al Pacino en pleine force de l'âge (Le Parrain 2 est sorti six ans auparavant et Scarface sortira trois ans plus tard), CRUISING est incontestablement un film qui mérite d'être vu.
    Note finale : Grosse matraque à moustache en inox 18/10.


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