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  • 9 mai 2019

    My ass is vegan

    Aujourd'hui je vais parler d'un groupe de personnes que l'on moque habituellement - avec plus ou moins de délicatesse - dans la communauté Gay car elles ne pratiquent pas la sodomie. On les désigne parfois sous l'anglicisme "side". Les "side", ces gens bizarres à la sexualité appauvrie... Je ris très très fort.

    En effet, il ne faut généralement pas plus de trois phrases lorsque l'on surfe sur un site de rencontres dédié aux garçons qui aiment les garçons, pour que n'apparaisse cette question qui provoque aussitôt chez moi ce roulement oculaire témoin mon épuisement mental : "t'es actif ou passif ?"... 

    Croyez-moi, cette question a le don de m'exaspérer au dernier degré. Pour poser les choses très clairement, je ne suis pas passif et rarement actif. Plutôt side, donc. Hannnnn bouh le vilain side...  D'ailleurs rien que le nom "side" est détestable. "Side", comme s'il s'agissait d'une sexualité â la marge, alors qu'il n'en est rien.

    Car à en croire les déclarations des uns et des autres, la sodomie chez les Gays serait la condition sine qua non de toute relation sexuelle digne de ce nom, le Saint Graal de la jouissance, le Valhalla de l'extase, l'Hiroshima de l'ogasme, comme s'il était aussi naturel de pénétrer un rectum que de pénetrer un vagin. Hé bien hé bien... ça dépend ! Et même parfois, pas du tout. 

    Hé oui, je t'arrête tout de suite toi qui ne jure de la qualité d'une relation sexuelle que par la possibilité de chevaucher ou d'être chevauché et prête l'oreille à ce qui suit. Et toi, petit side qui te sens meurtri dans ta chair parce que tu n'éprouves aucun plaisir à te faire décalaminer le pot en cadence ou parce que tu débandes direct quand un mec te dis "Prends-moi", lis ce qui suit : je l'ai aussi écrit pour toi.

    En effet, comme je l'écrivais ici-même en 2009 ce n'est pas parce que l'on préfère les garçons que l'idée de se prendre un gros calibre dans le fion nous fait tous trembler de désir. Loin s'en faut. Et en ce qui me concerne, absolument pas.

    En décembre dernier, Têtu publiait un article sur le sujet, intitulé "Pourquoi certains gays ne pratiquent pas la sodomie (et pourquoi ce n’est pas grave)". Peur d'avoir mal, problèmes d'hygiène, crainte d'être atteints dans leur virilité, absence de plaisir... Les raisons de ne pas pratiquer la sodomie sont multiples et peuvent se recouper. Sur le même sujet, cet article de 2013 paru dans le Huffington Post est encore plus intéressant.

    Si certaines personnes y prennent un pied intersidéral, d'autres au contraire voient dans la sodomie soit un supplice insurmontable tant la douleur est vive, soit un rituel accessoire parfaitement dispensable. Pour d'autres enfin, la sodomie active ne revêt aucun intérêt du tout, tant l'absence de plaisir est prégnante. Je puis en parler librement, je fais partie des premiers et des derniers.

    Une enquête "Recrudescence des prises de risque et des MST parmi les gays" notamment consacrée à la sexualité Bi et Gay,  menée en 2000 par l'Institut de Veille Sanitaire en partenariat avec l’Agence Nationale de Recherches sur le SIDA, la Direction Générale de la Santé et avec la contribution de vingt revues et trois sites Internet, est particulièrement instructive sur le sujet : la sodomie n'est pas la pratique d'une écrasante majorité. Les statistiques qui ressortent des 4.753 témoignages recueillis, permettent de corroborer cet état de fait

    Coupons donc cours à l'idée fausse selon laquelle la sodomie serait un passage obligatoire de la sexualité Gay et Bi. Comme le dit Têtu dans son article, non seulement ce n'est pas grave mais j'ajouterai surtout que c'est faire preuve d'un manque vertigineux d'imagination que de réduire le plaisir charnel à la seule sodomie !

    Ainsi, aux termes de cette enquête, environ 17,5% des personnes interrogées ont déclaré "toujours" pénétrer leur partenaire régulier, 33% "souvent", 25,5% "rarement" et 24% "jamais". Réciproquement, les statistiques miroir concernant la sodomie passive sont équivalentes : 18% des personnes interrogées ont déclaré se faire "systématiquement" pénétrer, 33% "souvent", 25% "rarement" et 24% "jamais".

    Donc un quart des sondés ne pratique jamais la sodomie et un autre quart la pratique rarement. Par conséquent inutile de vous mortifier parce que vous ne prenez pas votre pied avec la sodomie : vous n'êtes ni des êtres étranges ni une minorité, bien au contraire, vous êtes parfaitement normaux !

    Dans un premier temps, je reviendrai brièvement sur la question de la douleur obstacle. Je suis toujours surpris d'entendre ou de lire que la sodomie serait quelque chose de parfaitement spontané chez les Gays, comme la copulation l'est chez les couples hétéros. C'est oublier bien vite un détail important : au contraire de la vulve qui est spontanément adaptée à recevoir une verge, un anus - qu'il soit masculin ou féminin, n'est absolument pas doté des mêmes prédispositions morphologique et biologiques. Et cela fait une sacrée différence.

    Il ne faut pas s'y tromper : quoique cette zone de l'anatomie soit saturée de terminaisons nerveuses notamment érogènes, s'enfiler un gros calibre par la porte de sortie n'est pas nécessairement sans contrainte. D'une part, de puissants muscles font en principe obstruction à ce que tout ce qui se trouve prisonnier à l'intérieur ne s'en échappe fortuitement. D'autre part et réciproquement, ces mêmes muscles forment une barrière naturelle à tout ce qui voudrait y entrer par effraction. Enfin, et contrairement à une vulve, l'anus n'est doté d'aucun mécanisme de lubrification qui pourrait faciliter les opérations. Par conséquent, si l'habitude, l'habileté du partenaire et la confiance acquise par l'expérience peuvent permettre au petit oiseau de se longer confortablement dans son nid et de faire frétiller chacune des cellules de son hôte, emporté par des tourbillons de plaisir, il n'y faut pas voir une généralité. 

    C'est d'ailleurs un point qui revient régulièrement chez ceux qui ne pratiquent pas la sodomie passive en raison de la douleur : non, il n'y a aucune raison de se forcer à subir quelque chose de douloureux au motif que l'on va (hypothétique) finir par aimer cela. Quand on a mal, généralement, on ne consent pas, à moins d'être maso. Pourquoi appliquer à la sexualité ce que l'on ne tolèrerait pas dans un autre contexte ? Restez donc les doigts coincés dans une porte pendant cinq minutes et voyons si au bout du compte vous y trouvez du plaisir !

    On ne rappellera jamais assez la règle numéro un applicable en toute circonstance et quelles que soient vos pratiques : Vous avez mal et vous ne vous sentez pas bien ? Arrêtez et dites non. Point. Rien ne vous interdit d'essayer à nouveau plus tard. Mais la règle est et restera toujours la même : le sexe doit avant tout rester du plaisir partagé. S'il ne l'est pas, c'est que l'un des deux se fait enculer ne joue pas le jeu.

    Je passerai brièvement sur les actifs "par conviction", ceux qui ne sont pas passifs - alors qu'éventuellement ils le pourraient - uniquement parce que, dans leur petite conception de la masculinité virile figée quelque part entre le Néolithique et le Moyen Âge, celui qui se fait prendre endosse le rôle de la femme et que non, vraiment, c'est pas possible. Soyons très clairs : ce raisonnement de phallocrate dégénéré témoigne d'un degré de bêtise rétrograde sur lequel je ne m'étendrai pas davantage. Pour le surplus, je renverrai simplement au point n°6 de ce précédent billet.

    S'agissant ensuite du plaisir en tant qu'actif, hé bien tout est très relatif. Contrairement à une idée reçue, tout le monde n'est pas excité à l'idée de "prendre" quelqu'un. Hé non, cela n'est pas une évidence pour tout le monde. Beaucoup trop de gars pensent encore que montrer leur rondelle provoquera ipso facto un tourbillon ascensionnel de libido chez le partenaire. Grave erreur. Pour ma part c'est l'encéphalogramme plat. De plus, tous les garçons n'éprouvent pas non plus de plaisir particulier lorsqu'ils se retrouvent dans cette position. C'est également mon cas... La situation peut même s'avérer extrêmement gênante car, faute d'excitation, c'est bien souvent la débandade assurée. 

    Là encore, sauf à vous ériger en chevalier blanc du plaisir doublé d'un sens profond de l'abnégation, rien ne vous oblige à faire quelque chose qui ne vous procure aucune excitation ni aucune satisfaction. Vous ne vous sentez pas bien ? Arrêtez et changez. L'autre ne veut pas et insiste ? Virez-le...

    Mais alors, que reste-t-il en dehors de la sodomie ? 

    Tout le reste, bordel de merde. Tout le reste !  Non, je ne parle pas que de la branlette et la fellation. S'approprier le corps de l'autre afin de lui prodiguer du plaisir peut passer par mille autres choses que de lui enfoncer un pénis en érection dans le fondement. La sodomie, si elle est chez certaines personnes l'alpha et l'oméga du plaisir, elle est au contraire chez 50% des Bi et des Gay une pratique soit totalement secondaire soit inexistante. Est-ce pour autant que ces gens-là ne savent pas s'envoyer en l'air ? Le croire est d'une naïveté coupable.

    Ayez à l'esprit que la surface d'un corps masculin est en moyenne de 1,90 mètres carrés. Vous voudriez vous contenter de seulement quelques pour-cents ? Sérieusement... Vous aimez la domination, you like it rough ? Croyez-moi il y a mille autres manières d'être violent, dominant, humilié ou rough que de taper dans un postérieur avachi. Partez vraiment à la découverte du corps qui s'abandonne à vous... Soyez créatifs. N'oubliez pas le pouvoir terriblement puissant des mots, du ton de la voix et du jeu de regards ou encore toute la déclinaison des trips fétichistes en passant par le pup-play.  Vous préférez le "soft" (ce qui ne veut rien dire...) vous aimez la tendresse et les câlins ? alors laissez-vous complètement aller, lâchez prise, p.r.o.f.i.t.e.z. et prenez votre pied !

    Pour conclure je dirai seulement que quelque soit la manière dont vous vous éclatez au lit (ou ailleurs), arrêtez de comparer, de vous comparer. Prenez ce qui vous convient et posez vous une seule question : est-ce que le plaisir que j'éprouve me satisfait ? 

    Et admettez que votre sexualité n'est ni universelle, ni supérieure et encore moins inférieure à une autre. 

    16 commentairess:

    1. je dirais même en général , la pénétration cette pratique sans laquelle aucun acte sexuel est supposé être complet. il y a tellement de choses à faire en dehors de ça . et j'entends déjà les "ah mais c'est que tu n'as essayé avec le bon/la bonne " . Franchement ça me saoule ( et ce titre mon dieu ce titre j' ai explosé de rire )

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      1. Et je partage totalement ton agacement....
        Quoi mon titre ? Qu'est-ce-qu'il a mon titre ? ^^

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    2. Je suis tout pareil que toi mon TM. "Nous sommes les side sisters, nées sous le signe..." :D

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      1. Heureux de me joindre au parti des Sides sisters avec Matoo ;)

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      2. @Matoo & @Nicolas : <3 <3 <3

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    3. Si je peux me permettre, le dernier épisode des "couilles sur la table" (indispensable podcast) parle notamment du sujet.
      https://soundcloud.com/lescouilles-podcast/penetrer

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      1. Mais je t'en prie, permets-toi ! Et merci pour le lien, je ne connaissais pas ce podcast.

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      2. Très très bon podcast !! :)

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    4. Il y a deux points qui me chiffonnent dans ton billet :

      * Quand tu déclares qu'un quart des sondés ne pratiquent jamais la sodomie, tu sembles oublier que les 24% qui ne se font jamais pénétrer sont peut-être des actifs exclusifs (et pratiquent donc malgré tout la sodomie), et réciproquement pour les passifs exclusifs : tes chiffres n'indiquent pas le pourcentage de sondés qui ne pratiquent jamais la sodomie ni en tant qu'actif ni en tant que passif.

      * Je trouve ton analogie des doigts coincés dans la porte pendant 5 minutes bancale. Premièrement parce que non, contrairement à l'idée reçue que tu contribues à véhiculer, la sodomie est une pratique rarement douloureuse (à moins bien sûr de faire ça à sec avec un TTBM bourrin). Et que, deuxièmement, les rares fois où la douleur est au rendez-vous, elle s'estompe généralement rapidement (moins d'une minute en ce qui me concerne, mais j'ai conscience qu'on est évidemment pas tous égaux face à ce genre de situation). J'ai quand même l'impression que la réputation douloureuse de la sodomie tient souvent de la prophétie autoréalisatrice : on est persuadé que ça va faire mal, donc on se contracte, donc ça passe difficilement, donc forcément ça fait mal.

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      1. Effectivement tu as raison pour les chiffres mais les statistiques données par cette étude ne permettent hélas pas d'être plus précis. Toutefois, la lecture du rapport permet de retirer ceci :

        Pages 22-23 :
        "Un quart des répondants (24%) disent ne jamais pénétrer leur partenaire stable et, à l'opposé, 17% disent le faire systématiquement lors des rapports sexuels avec lui. Les taux correspondant à la fréquence de la pénétration passive sont très similaires à ceux que nous venons de présenter pour la pénétration active.

        Pages 24-25 :
        La pratique de la pénétration anale est également bien moins fréquente avec les partenaires de rencontres surtout pour ce qui est du rôle du passif : 32% des répondants ne se font jamais pénétrer par des partenaires occasionnels alors que 25% déclarent ne jamais les pénétrer. Que ce soit pour le rôle actif ou pour le rôle passif, le pourcentage des hommes qui pratiquent systématiquement la pénétration avec leurs partenaires de rencontre est réduit (autour de 10%). (...) Les gays jouant indifféremment les deux rôle actifs ou passifs avec leurs partenaires de rencontre demeurent majoritaire, mais la pratique de la pénétration s'avère bien moins fréquente qu'elle ne l'est dans le cadre de la relation stable.

        Je te renvoie aussi à cette étude "Sexual Behaviors and Situational Characteristics of Most Recent Male‐Partnered Sexual Event among Gay and Bisexually Identified Men in the United States" menée aux Etats-Unis en 2011 (sur environ 250000 cas) et qui aboutit à peu près aux même statistiques.

        S'agissant de ta seconde remarque, je t'assure que chez certaines personnes cela ne relève d'aucune prophétie autoréalisatrice. C'est d'ailleurs ce discours (Ha mais si tu vas voir tu vas t'habituer) qui très souvent me dérange... Comme en toute chose, les échecs multiples sont parfois une invitation salutaire à renoncer.

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    5. À chacun son plaisir et au diable les catégories. Je peux me ranger dans toutes selon le moment, y compris dans la douceur d’un slide trip.

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      1. Être conscient de ce que l'on aime et de ce que l'on ne veut pas, c'est déjà beaucoup.

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      2. De Side à Slide il n'y a en effet qu'une consonne qui se glisse. :DDD

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      3. J’avais pensé à une soirée diapo :)

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    6. Merci pour cet article très intéressant et les liens à suivre. Tu écris très bien et j'ai adoré ton titre.

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    7. Sam le p'tit Basque16 février 2020 à 18:41

      Situation qui me concerne de plus en plus, merci pour ce billet :-)

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    Bonjour, vous êtes bien chez Tambour Major.

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