C'est assez étrange d'écrire une suite à un billet du mois de mars 2014 qui n'avait pas forcément vocation à en connaître une. A vrai dire, je l'avais plus ou moins oublié, lui et son contenu.
Pourtant une conversation à table d'il y a quelques petite semaines à fait brutalement rejaillir son existence, comme une grosse bulle d'air au milieu d'un lac, provoquant au moment où elle éclate une onde de remous qui se propage sur toute la surface.
Voici cinq ans donc, j'expliquais ici même - dans un billet que j'avais alors intitulé La pièce manquante du puzzle - que j'ignorais absolument tout de la manière dont mes parents s'étaient rencontrés il y a plus de quarante ans.
L'anniversaire de mon père au début du mois de mai fut l'occasion d'une révélation à laquelle je ne m'attendais absolument pas et qui devait lever toutes mes interrogations.
Nous sommes donc à table, un dimanche de mai, avec mes parents et quelques autres personnes. L'humeur est joviale, il fait beau temps et c'est l'anniversaire de mon papa. La jolie nappe et de la belle vaisselle ornent la table autour de laquelle nous sommes réunis en toute simplicité. Au début du repas, nous savourons quelques hors d’œuvres que ma mère a préparés et notamment, me semble-t-il, un petit foie gras. Oui, dans le Sud-Ouest, le foie gras c'est toute l'année. Les verres tintent joyeusement. La conversation se fait plaisamment.
Et puis tout d'un coup, je ne sais plus exactement à quel propos, mais je crois qu'il y était question d'un verre de Porto, mon père lâche à ma mère, avec ce regard plein de malice caractéristique de ces fois où il est particulièrement fier de lui :
"Comme la première fois qu'on s'est rencontrés...!"
Je crois bien être resté bloqué sur cette phrase quelques secondes. Aujourd'hui encore j'ai du mal à admettre que ce soit mon père qui l'ait prononcée. Car d'une part mon père est un ours qui ne parle que rarement de lui. Que d'autre part il ne s'épanche jamais sur ses états d'âme. Et que surtout le sujet de la rencontre parentale est un sujet inédit dans la famille Tambour Major !
Cette petite phrase, tombée du ciel comme une marguerite sur une plage de sable blanc, fut suivie d'un petit échange de souvenirs, chacun racontant son bout de l'histoire. Nous sommes au début des années 1970, pendant le service militaire que mon père effectuait dans l'Est de la France, région d'où est originaire ma mère et où elle vivait alors encore. Déjà ours mais néanmoins sociable, il avait sympathisé avec tout un tas de gens dont un cheminot du coin qui se trouvait être en même temps le mari d'une amie d'enfance de ma mère. Et un beau jour, par l'un de ces hasards dont le Destin a le secret, voilà-t-y pas que les deux se retrouvent invités à dîner en même temps, mon père par le mari, ma mère par sa copine. Et boum : le coup de foudre...
Malgré sa brièveté, ce fut un instant très agréable à regarder et à écouter. Ils étaient entre eux et plus rien de ce qu'il se passait autour d'eux ne semblait avoir de l'importance. Un de ces petits moments précieux que l'on garde dans le tiroir de ses souvenir, comme un trésor, et que l'on couche sur son blog pour mieux s'en rappeler dans quelques années, lorsque la mémoire de l'instant se fera moins précise.
Je dois dire que, même si j'aurais très bien pu vivre sans ne jamais avoir rien su du fin mot de l'histoire, je suis très heureux de connaître ce petit épisode de la vie de mes parents. Parce que ce qu'il raconte est joli.
Et qu'il fut surtout l'occasion de voir, quarante quatre ans après, que ces deux-là s'aiment encore comme au premier jour.
Et qu'il fut surtout l'occasion de voir, quarante quatre ans après, que ces deux-là s'aiment encore comme au premier jour.
Et si ce n'était pas tout à fait le hasard, et si le cheminot et sa femme savaient pertinemment ce qu'il faisaient en invitant ces deux célibataires ;-)
RépondreSupprimerJ'aime bien les histoires de rencontre, surtout celle d'amour qui dure dans le temps ;-)