Nous sommes à quelques jours de la levée du confinement. Et je dois dire que ces dernières semaines ont été plus difficiles que je ne l'aurais cru.
J'ai pourtant de la chance : j'habite seulavec maman dans un très vieil bel appartement Rue Sarasate lumineux et spacieux ; j'ai deux chats-minous adorables (sauf quand ils font pipi sur le canapé !!!) ; j'ai deux petits balcons avec des fleurs et un joli citronnier qui sent très bon en ce moment ; les magasins ne manquent de rien et j'ai pu faire mes courses sans aucune difficulté ; j'ai pu prendre du temps pour refaire des choses que je n'avais pas faites depuis trop longtemps, à commencer par retravailler mon instrument, ce qui m'a fait prendre conscience qu'il fallait que je reprenne des cours à partir de désormais et que pratiquer à nouveau sérieusement la musique est un réel manque dans ma vie.
J'ai également eu l'occasion de travailler un peu, dans des conditions sanitaire perfectibles mais j'ai pu ne pas rester enfermé chez moi à longueur de semaine ni tourner en rond. Quelques live-apéro ont agréablement ponctué certaines soirées avec des amis disséminés un peu partout sur l'hexagone. Et les réseaux sociaux permettent fort heureusement de tromper l'isolement.
J'ai pourtant de la chance : j'habite seul
J'ai également eu l'occasion de travailler un peu, dans des conditions sanitaire perfectibles mais j'ai pu ne pas rester enfermé chez moi à longueur de semaine ni tourner en rond. Quelques live-apéro ont agréablement ponctué certaines soirées avec des amis disséminés un peu partout sur l'hexagone. Et les réseaux sociaux permettent fort heureusement de tromper l'isolement.
Tout va bien alors ? Pourquoi me plaindre ? Hé bien parce qu'en dépit de tout ces rayons de soleil, le confinement demeure pour moi une expérience terriblement anxiogène. Au premier rang des causes de tracas, le travail, évidemment. Mon activité s'est effondrée. Mes rentrées pour les mois à venir sont obérées. Je ne me suis pas payé en mars, par sécurité, ni en avril, cette fois par impossibilité. Je ne crois pas que je pourrai me verser un salaire avant plusieurs mois. J'espère pouvoir le faire d'ici la fin de l'été. En attendant je pays mes charges avec mes économies qui s'amenuisent progressivement. Mais jusqu'où ? Et quelle sera l'intensité de la reprise dans quelques jours ? Est-ce que je vais pouvoir remettre rapidement ma boîte à flots ? Beaucoup de questions sans réponse. Je n'ai heureusement aucun salarié ni d'emprunt à rembourser sur le dos. C'est déjà ça. Alors oui, on est tous dans le même bateau. On se rassure comme on peut.
Pour temporiser et limiter les montées inutiles de stress, je me suis débarrassé de quelques clients toxiques. Le bénéfice en termes de tranquillité fut immédiat. Ça aussi c'est une décision qu'il me faut prolonger une fois cet épisode passé. Je ne suis pas un belliqueux. Je n'aime pas le conflit. Je ne supporte pas les empoisonneurs, ceux qui s'alimentent justement de ces situations et qui répandent partout autour d'eux leurs effluves nocives. J'ai cette liberté de pouvoir choisir avec qui je travaille. Ma tranquillité n'a pas de prix et ma santé mentale non plus.
Autre point positif, j'ai pu mettre un sérieux coup de collier à un projet, une publication, qui traîne depuis bien trop longtemps et qu'il me faut rendre depuis des mois. La diminution dramatique de mon activité professionnelle aura au moins eu le mérite de dégager du temps pour que je puisse m'atteler à cette tâche avec constance sans être constamment dérangé. Et cela m'a fait du bien de m'évader, de construire un raisonnement, de faire des recherches, de me heurter à des problèmes purement théoriques et d'éprouver cette joie si spéciale de voir les morceaux d'un puzzle mental s'agencer jusqu'à former ce tout cohérent.
Autre cause de difficulté liée au confinement, elle peut paraître éperdument superficielle mais ne l'est pas : j'ai vécu la fermeture de la salle de sport à laquelle j'ai mes habitudes comme un drame. Hé oui... Le sport, c'est d'abord une question de santé physique. Ayant une activité professionnelle relativement sédentaire, pratiquer une activité physique régulièrement est une nécessité absolue. En temps normal je m'y rends deux à trois fois par semaine. Alors pensez-donc, réduire tout ça à... zéro. Au-delà de l'aspect forme physique, essentielle quand on a tendance à l'embonpoint, le sport a aussi, mais peut-être surtout, une vertu thérapeutique en ce qu'il est mon moyen d'éliminer le stress. Or voyez-vous, même si cela n'est pas forcément perceptible, je suis quelqu'un de relativement angoissé. J'ai le stress facile en temps normal, et mon métier n'aide pas. Aussi, pouvoir faire du sport comme une grosse brute, cramer mille calories trois fois par semaine en transpirant comme un âne, c'est important. Et en ce moment peut-être davantage encore.
On me rétorquera que j'ai tout à fait la possibilité de faire du sport chez moi. Certes. Mais non. Ce n'est vraiment pas pareil. D'une part je n'ai aucun matériel pour cela. D'autre part, l'argument pourra encore une fois paraître futile mais il ne l'est pas : mon chez-moi n'est pas fait pour ça. Chez moi, c'est ma bulle de zénitude, un havre de paix totale, une zone de rupture avec l'extérieur où tout n'est que calme et douceur. De par les fonctions que je lui attribue, le sport est incompatible avec cet espace. De même que travailler. Je ne travaille pas depuis chez moi. Impossible...
Dès lors, faute de cette puissante soupape de sécurité, et privé des mille et un petits plaisirs du quotidien d'avant qui permettent habituellement de relâcher le stress grimpant, ça finit pas ne pas aller super bien. Je compense avec l'alcool, dont j'ai fait un sevrage pendant quinze jours, interrompu pour honorer la mémoire d'un ami disparu abruptement. L'alcool, c'est génial. Quelques verres et on a la tête qui tourne. Peu à peu on se détend, on se relâche, on est bien. Alors on boit un peu plus. Et progressivement les bouteilles s'accumulent. Beaucoup trop. Je me connais, je sais très bien comment je me comporte à ce niveau-là. Du coup j'essaie de tromper ma soif en buvant du gaspacho. L'effet n'est pas le même mais au moins ça coupe l'envie. On boit, donc, et on mange. La bouffe comme refuge à émotions, c'est aussi un grand moment. Je ne me suis pas pesé mais l'image dans le miroir est dégueulasse... Déjà que je suis en déficit d'image, le confinement a des conséquence dommageables à ce niveau également. Il va falloir se reprendre !
L'autre conséquence de la quantité de stress accumulée se retrouve sur mon sommeil qui, en un mot, est pourri. Je fais des rêves très étranges, dérangeants, qui pullulent de détails et qui recèlent une forme de violence sourde aux effets particulièrement délétères. L'autre nuit le rêve était tellement dérangeant que je me suis réveillé à 4h30 du matin et mis un temps fou à me rendormir. J'ai même cru que j'allais devoir me lever et aller bosser pour penser à autre chose. Mes nuits sont le miroir de mes angoisses du moment, défigurées par cette alchimie de l'étrange qui n'appartient qu'aux songes. Alors qu'initialement je me réveillais sans problème vers 7h30 tous les matins, depuis environ quinze jours émerger avant 9h relève de l'exploit. Et j'ai cette impression de n'avoir pas dormi.
J'essaie pourtant de faire face, de me détendre. J'essaie de profiter des matins que je sais improductifs pour faire des choses qui me plaisent. Retrouver des petites sources de plaisir immédiat qui font cruellement défaut. Ranger chez moi. Faire de la musique. Jouer avec les chats. Cuisiner. Jouer à la console. Écouter la radio. Depuis lundi, j'ai installé une application smartphone pour méditer. J'ai fait les deux premières séances et je suis satisfait du résultat. Dix minutes de tranquillité et d'auto-bienveillance. Dix minutes vraiment pour moi. Je vais aller au bout des séances d'essai mais je crois que c'est quelque chose à pérenniser. Cela fait longtemps que des amis plus ou moins proches qui me connaissent assez me l'avaient conseillé. Jusqu'à présent ils avaient raison. Ça aussi, c'est une chose que cette période étrange m'aura permis de découvrir et qui me servira à travailler sur moi pour l'avenir.
Nous sommes le 6 mai et dans quelques jours nous essaierons de reprendre progressivement une activité normale au niveau national. L'international attendra. Là aussi, les inconnues et les sources d'inquiétudes sont innombrables à tous points de vue. Le bazar que va être la reprise des classes et les questions autour de l'autodiscipline dont nous devrons collectivement faire preuve, annoncent déjà de belle heures où nous allons rire jaune.
Que sera demain ? Comme je l'écrivais il y a deux mois, je n'ai aucun espoir que le monde d'après soit différent de celui d'avant. Les débats autour de la nécessité de "rattraper le retard" et ceux portant sur les vacances d'été démontrent que tout sera identique, peut-être en pire. Je fais certainement outrage à mon optimisme habituel mais je sais aussi être lucide. Je ne crois pas aux bouleversements spontanés. Il y faut de la volonté. Une volonté collectivement chevillée au corps.
A cet égard néanmoins je partage l'avis de cet ami qui écrivait sur Twitter qu'à défaut de pouvoir changer les autres, nous pouvons nous changer nous-mêmes. Non pas un changement radical, là n'est pas le sujet. Mais en tirant des leçon de ces deux mois et en travaillant notamment dans le sens d'un mieux être et d'un mieux vivre avec soi-même. Pour être en harmonie et davantage en écoute des autres. Si nous tenons ce pari, alors ces deux mois auront peut-être servi à quelque chose.
Que sera demain ? Comme je l'écrivais il y a deux mois, je n'ai aucun espoir que le monde d'après soit différent de celui d'avant. Les débats autour de la nécessité de "rattraper le retard" et ceux portant sur les vacances d'été démontrent que tout sera identique, peut-être en pire. Je fais certainement outrage à mon optimisme habituel mais je sais aussi être lucide. Je ne crois pas aux bouleversements spontanés. Il y faut de la volonté. Une volonté collectivement chevillée au corps.
A cet égard néanmoins je partage l'avis de cet ami qui écrivait sur Twitter qu'à défaut de pouvoir changer les autres, nous pouvons nous changer nous-mêmes. Non pas un changement radical, là n'est pas le sujet. Mais en tirant des leçon de ces deux mois et en travaillant notamment dans le sens d'un mieux être et d'un mieux vivre avec soi-même. Pour être en harmonie et davantage en écoute des autres. Si nous tenons ce pari, alors ces deux mois auront peut-être servi à quelque chose.
Un grand philosophe à perruque à dit un jour : If you don't love yourself, how the hell are you gonna love somebody else ?
Plus que jamais, sachons l'entendre.
Je suis modeste, je ne sais pas si je saurais changer, j'aime le confort d'une vie sans tracas au fond. Je manque de motivation pour changer. Mais j'ai évolué dans le bon sens au cours des années, le sens de la sérénité avec l'âge, moins d'angoisse, plus de réalisme, plus de résilience. Je pense à changer un peu de régime alimentaire vers moins de viande, je fais du sport plus qu'avant. Adopter une consommation sobre ne m'est pas si difficile non plus, je n'aime pas consommer beaucoup au fond.
RépondreSupprimerQui parle de grands changements individuels ? ;) On peut mieux vivre et mieux être de mille petites manières différentes.
SupprimerVoui
SupprimerBien... Ravi de te lire assez serein...
RépondreSupprimerMa sérénitude est toute relative... J'essaie de faire bonne figure.
SupprimerJ'ai hâte de te revoir ! (c'est tout ce que j'ai à ajouter d'intelligent :-D)
RépondreSupprimerBientôt :)
SupprimerOoh choupichou, j'espère que ton activité va bien redémarrer. Et t'inquiètes tout le monde devient alcoolo autour de moi. :DDDD Quant à se changer soi-même plutôt que les autres, tu sais que c'est aussi un des credo de Marc-Aurèle. :DDD
RépondreSupprimerLa vie et l’œuvre de Marc-Aurèle me sont assez peu familières, pour être honnête, mais tu m'en vois ravi :D Et puis les chats-minous sont là pour garder le sourire :D
SupprimerJ'espère sincèrement que ton activité pourra repartir dans les meilleures conditions possibles. Courage ! Gros bisous ;)
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