Une petite saynète impromptue qui m'a fait sourire la semaine dernière. Une belle fin d'après midi ensoleillée à coté de l'université, sur un large trottoir bordé de barreaux blancs entre lesquels un prunier en fleurs étend son printanier panache de pétales immaculés. J'allais, le nez au vent et respirant à pleins poumons la douceur des premiers jours de la belle saison tant désirée, rejoindre les gros bras de la salle d'hatléro, le cerveau encore embrumé par mes lectures du jour.
Venant à ma rencontre, deux souriantes petites filles aux cheveux longs, deux espiègles petites princesses blondes de cinq ans à peu près, devancées par une jeune femme que j'ai pris la liberté d'identifier comme leur maman. Elles chantent. Vraiment elles ont l'air heureuses et chantent à tue-tête avec ardeur un air que je ne parviens pas à identifier à cause du bruit de la rue qui couvre un peu leur voix. Sûrement une comptine que leur a apprise la maîtresse en classe, le genre de chansonnette dont on se souvient encore grands parents et que l'on se plait à transmettre à ses petits enfants pour les faire rire, pensais-je. Par un jeu d'association d'idées, je me retrouvais aussitôt plongé dans des souvenirs d'enfance refaisant surface du tréfonds de ma mémoire, des odeurs de pomme au four, la lumière si particulière de la cuisine où nous goûtions mon frère en moi, des images flasques et les sonorités floues de voix lointaines...
Perdu dans mes pensées, nous nous rapprochons pas à pas, jusqu'au moment où, l'espace de quelques secondes, nous nous croisons. Je m'arrête silencieusement, au prétexte de leur céder le passage obstrué par une voiture mal garée ; mais surtout pour mieux les écouter. Je reconnus alors instantanément cet air que je m'étonnais d'entendre sortir de gorges si juvéniles :
Albator, AlbatorLe corsaire de l'espaceAlbator, AlbatorMême si tu parais de glaceTon coeur est bonTon coeur est grandComme le coeur d'un géant
Retombant brutalement de plein pied dans la réalité, je regardai, éberlué mais le sourire aux lèvres, passer sous mon nez les deux petites choristes sautillantes. Non seulement elles chantaient assez juste, avec toute la relativité que sous entend la fraîcheur de leur jeune âge, mais surtout elles chantaient les bonnes paroles, et sans la moindre once d'hésitation ! J'ai été scotché. Ce n'est pourtant pas de leur génération Albator... Et moi qui ai été bercé toute mon enfance par les aventures du plus célèbre Corsaire de l'espace, je ne les connais même pas les paroles de ce foutu dessin animé...
Immobile sous le grand prunier en fleurs, je regardais les deux anges blonds s'éloigner d'une démarche dodelinante, leur voix s'évanouissant sous la voûte rayonnante du ciel azuré, avant de reprendre ma route et continuais un peu plus loin, le coeur réjoui, ma vie presque ordinaire.
Même pour Heidi et Goldorak, j'étais trop vieux... Moi c'était plutôt Fifi Brindacier ou Nounours. Et oui...
RépondreSupprimerSinon, tu fais la sortie des écoles maintenant ? Tsss...
euh, c'est quand même qu'albator quand même...
RépondreSupprimerC'était mon générique préféré... Lors de mon baptême, à la grande honte de ma mère, pendant que les gens chantaient des cantiques, moi je chantais Albator;) Ah oui, je me suis fait baptiser à 4 ans... Je crois que c'était Eric Charden qui chantait ça...
RépondreSupprimer@ Eric : Allez, juste parce que c'est toi : http://www.youtube.com/watch?v=Qf_gXXZXOns
RépondreSupprimer@ Thomas : Justement... Albator c'est pas tellement une série de l'époque de la toute jeune génération !! Entendre ces gamines chanter le générique d'une vieillerie pareille, c'est ça qui m'a surpris !
@ Ditom : Exactement. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les paroles sont l'oeuvre de Didier Barbelivien.
Ah mais Barbelivien dans les années 80 il était partout en même temps. Mais oui ça devait être un peu anachronique comme situation. J'imagine bien le papa geek des 80's qui leur chante cette chanson le soir pour qu'elles s'endorment.
RépondreSupprimerLe papa ou la maman doivent être des fans du dessin animé. Mais les enfants retiennent très vite les paroles. Partout dans la rue j'entends les enfants chanter Lady Melody de Tom Frager, ma fille la connaît par coeur et je ne crois pas l'avoir diffusée à la maison!...
RépondreSupprimerMais qui se souvient de Sankukaï, c'est la bataille..?
J'ai été surpris de voir des filles aussi jeunes connaître cette chanson. Mais l'explication de Revigo doit être la bonne. Albator, c'était plutôt mon frère aîné tandis que moi, c'était Cherry Miel. J'avais vu tous les épisodes, sauf le dernier. Je n'ai donc jamais su la fin de l'histoire. Est-ce par hasard quelqu'un l'aurait vu dans sa prime jeunesse? :)
RépondreSupprimerJe viens de faire mon enquête sur Cherry Miel. Il semblerait que ce n'était pas destiné à un jeune public... :D
RépondreSupprimerRahhhh lalalaaaaa, Albator,avec le recul , je peux dire que j'étais follement amoureux de ce corsaire de l'Espace ( très garçon sensible ).
RépondreSupprimerLes Papas d'aujourd'hui étaient enfant dans les 80's.
Cela laisse des traces.
Eh, tambour Major, n'avez-vous pas eu envie de demander aux fillettes comment elles connaissaient ce générique?
Sincèrement votre Elliot