Pfioooou... Il y a une semaine tout pile j'étais dans le TGV me menant tout droit vers Paris pour un week-end qui s'annonçait prometteur en rencontres, en retrouvailles ainsi qu'en festoiements de toutes sortes. Mon planning était serré, comme à mon habitude, ne laissant que peu de place à l'improvisation. Un week-end bien rempli. Il allait l'être, bien au delà de ce que j'aurais pu imaginer...
Vendredi en arrivant j'avais normalement rendez-vous avec Olivier à la gare Montparnasse. Il faut savoir qu'il doit à peine savoir à quoi je ressemble et que je ne suis pas tout à fait certain de le reconnaitre dans une foule dense, telle celle dégueulant de toutes parts des quais d'une gare. Autre particularité de l'Olivier : le concept de téléphone portable lui est encore inconnu, préférant d'autres moyens de communication tels que les signaux de fumée ou la taupe voyageuse, survivance d'un lointain usage médiéval encore en vogue dans certaines contrées lacustres de l'Est de la France. Sa sagesse l'avait pourtant conduit à proposer de m'attendre un arrosoir à la main (une fantaisie pittoresque ramenée de son séjour au pays de la feuille d'érable sûrement). Débarqué sur le quai à 14h50 comme prévu, je prends position au pied des escalators et commence ce qui allait devenir une longue séance d'attente. Au bout d'une bonne demi heure, ne voyant point d'Olivier ni de taupe à l'horizon, je lui envoyais un mail en désespoir de cause, avec la même certitude d'obtenir une réponse que les scientifiques en ont de trouver de la choucroute sur la Lune. Et pourtant, miracle : une réponse se fit poindre... Une réponse en forme non pas de taupe, mais de... lapin ! Quelques mails plus loin nous papotons brièvement au téléphone (fixe pour lui...) et décidons de remettre notre entrevue à lundi midi. Je ne le savais pas encore mais mon lundi serait accaparé par d'autres préoccupations...
Je passais le reste de la journée avec D et S pour qui j'avais dans mes bagages fait un peu de place pour des produits du Sud Ouest, histoire de se faire un bon petit gueuleton entre potes. Au menu : foie gras frais poêlé aux figues fraiches, suivi de magrets de canard agrémentés d'une farce à base de chair de figues, pignons de pin et coriandre accompagné de purée de céleri et de pomme de terre, le tout arrosé d'un peu de bon vin de chez nous (si si...il y en a). Ce fut une véritable tuerie ! Et pour finir D avait jugé bon de combler les éventuels interstices restants dans nos estomacs par des glaces tout chocolat redoutables pour ce qui devait rester de nos artères. Un cauchemar diététique mais putain que c'est bon ! Il fut rapidement l'heure pour S de regagner ses pénates par le dernier métro et l'heure pour mon hôte et moi même de refaire le monde jusqu'à cinq heures du matin autour d'une bouteille de whisky que nous retrouvâmes vide le lendemain matin au réveil. Aouch... c'est donc cela ce vague mal au crâne ?
Allez hop, pas le temps de trainer, nous sommes samedi 26 et dans quelques minutes j'ai rendez-vous à Montparnasse pour la petite sauterie d'avant Gaypride organisée par Maxivirus que je retrouvais en bonne compagnie. Croyant qu'il s'agissait d'un pique-nique, me voici assis dans un restaurant au nom animalier, une poche de jambon et deux bananes dans le sac... J'avais l'air malin moi ! Qu'importe, le ridicule ne tue pas. On avale notre repas servi avec un empressement de sénateur et zou, nous voici fin prêts à nous rincer l'oeil participer au défilé. Un peu plus tard nous rejoignons le pétillant Fabisounours, son chéri et leur groupe d'amis, sexys à souhait dans leur toute petite tenue, à fond dans l'ambiance festive de cette journée. Un bisou, une bière tiède, un petit papotage, nos groupes respectifs s'étirent, se séparent, se retrouvent, et se séparent définitivement après avoir parlé de peut être se retrouver le soir.
Une petite halte rafraichissement, D avec une amie nous rejoignent. Moi je suis un peu crevé. Maxivirus me raccompagne au métro et je file à l'appart faire une petite sieste puis me faire beau : ce soir c'est la fête et j'ai rendez-vous galant.
Un peu plus tard, me voici tout beau en plein Marais en compagnie de D, S et toute une équipe de joyeux drilles. Un groupe de danseurs se trémousse sous notre nez et nous propose des cocktails à base d'appéritif anisé. Boarf, juste pour leur faire plaisir on accepte de goûter, mais vraiment pour leur faire plaisir. En aucun cas pour pouvoir apprécier leur plastique de rêve. Non non... vraiment pas
Nous passons une excellente soirée à bavarder, rire, faire les idiots avec une perruque jaune piquée aux jolis messieurs de tout à l'heure ce qui donne lieu à quelques photos bien débiles. Et en guise de dessert, eu égard à la chaleur et pour profiter de la toute relative douceur qui baigne la capitale, nous faisons halte chez Amoreno. Mama mia... Que ça fait du bien !!
Il est presque minuit. Mes amis m'abandonnent, ou plutôt c'est moi qui les abandonne pour les bras d'un charmant garçon que j'avais promis de passer voir quelques instants, avant que nous ne nous retrouvions en d'autres lieux pour de toutes autres discussions lundi après midi. La encore, j'ignorais à cet instant que ce lundi là n'aurait pas lieu.
Dimanche fut placé sous le signe de la musique. Onze heure quarante cinq, je suis à Notre Dame où j'ai rendez-vous avec Yves, organiste de choeur, avec qui je devais déjeuner. Hop hop, je me faufile dans les stalles, accueilli avec force bises et salutations par un Yves en grande forme malgré le surmenage des derniers jours, et assiste en VIP à la fin de l'interminable messe dominicale. Nous nous rendons ensuite dans un agréable troquet aux abords de la cathédrale ou nous partageons un petit repas fort sympathique ponctué de blablatages et languedeputages sur la musique en général et le monde de l'orgue en particulier. Ce fut un superbe moment en compagnie d'un immense musicien dont la gentillesse et la simplicité n'ont d'égal que le talent...
Il devait être aux alentours de dix-sept heures. Je flânais cheveux au vent, le nez plongé dans les étals des bouquinistes. Puis il y eut ce texto incompréhensible, et cet autre en réponse au mien. Puis ce téléphone qui ne répondait pas malgré mon insistance... Inquiétude.
Il y eut cette voix féminine qui finit par décrocher, et les mots qui s'entrechoquent : "Bonjour monsieur... Police... votre ami D ... médicaments ... alcool ... urgences... hôpital... ".
Tout d'un coup le monde s'écroule. La réalité se distord, se déforme, happée dans une dimension parallèle dans laquelle je perds mes repères. Sautant dans le premier taxi je traverse la ville pour me rendre à son chevet. Nous arrivons presque en même temps. Il est en vie, mais dans un état second. Attente. Je finis par le rejoindre, bouleversé. Un peu plus tard son copain et deux amies me rejoignent. Puis en fin de soirée s'ensuivront ces instants, ces images terribles de la porte coulissante du box qui se ferme, des infirmiers qui jaillissent, les sangles, les hurlements d'un ami que je ne reconnais plus... Il est vingt-trois heures, je rentre à l'appartement, vide, et m'effondre en larmes. Le sommeil ne viendra pas cette nuit là.
Le lendemain je retrouve D à l'hôpital en fin de matinée. Il va mieux. Mr Hyde est rentré chez lui. Reste un Dr Jeckyl affaibli, mais vivant. C'est bien là l'essentiel. Annulant tous mes projets pour la journée, y compris mon départ pour Toulouse, je décide de prolonger mon séjour de quelques heures pour ne pas le laisser seul et de l'accompagner au moins jusqu'au lendemain matin, le temps qu'il sorte dans la journée et que ses amis sur place prennent le relais.
Mardi matin, j'ai un train qui part à onze heure et quart. Je me lève après avoir mal dormi et pleuré une bonne partie de la nuit, hanté par certaines images encore trop présentes. D se lève avec moi. Un café avec du lait bien frais et une douche me remettent d'aplomb. Cet après midi une copine vient le chercher pour passer du temps avec lui et lui changer les idées, "aux petits oignons". Avant de lui dire au revoir, je le prends dans mes bras. Il m'enlace. Je suis au bord des larmes. Lui ne se retient pas. Je ne pensais pas vivre quelque chose d'aussi fort. Les événements tragiques ont la vertu de rapprocher les gens. Je le savais. Je ne le sais maintenant qu'encore mieux. Et plus que jamais j'ai conscience que la vie peut basculer d'un instant à l'autre, sans crier gare, qu'il faut par conséquent profiter de l'instant présent, et que cela fait parfois du bien de dire à ses amis qu'on les aime et combien ont tient à eux, même et surtout quand il ne vont pas super bien.
Un week-end gâché pourront dire certains. Hé bien non. Pas du tout. Un week-end marquant, dont je me rappellerai toute ma vie. Un week-end humainement fort assurément. Un week-end dont on ne ressort pas tout à fait le même qu'on y est entré.
Et la vie continue, sous le bleu du ciel.
" Les événements mémorables ne ressemblent jamais à ce qu'on attend d'eux"
Georges Simenon : Le bourgmestre de Furnes
Georges Simenon : Le bourgmestre de Furnes
Désolé pour ce week end si difficile. Mais la vie continue comme tu dis. Une petite bise.
RépondreSupprimerHan le teasing que tu m'as fait ! J'étais à mille lieues de m'imaginer une telle chose. Et toi aussi du coup sur le moment !! Sincèrement c'eut été mieux que, comme je le pensais, tu cours de lit en lit pour voir quelle mode de couchage est le plus efficace à la capitale.
RépondreSupprimerMalgré tous ces événements, je fus bien content de te voir, pour de vrai, et ce qui me fait marrer c'est de te lire maintenant que je sais qui tu es, tout comme Ananas, ou Kindgay. Ca donne une nouvelle dimension. Quand je te lis j'entends ton accent.
Au plaisir que tu reviennes, j'espère sans coup dur, et qu'on se voit un peu plus, comme je te l'ai déjà dit par texto.
Ça c'est du week-end!! Content que tu te sois amusé (même si le lundi semble avoir été chaotique), l'important c'est ce que tu en retiens!! Bon retour dans la blogosphère!!
RépondreSupprimerJe suis très touché, ému, en particulier à la lecture des trois derniers paragraphes.
RépondreSupprimer(tout rouge)
RépondreSupprimer@ Bashô : Sois pas désolé, tu n'y es pour rien. Mais merci pour la bise :-)
RépondreSupprimer@ Fabisounours : Moi aussi je sais qui tu es maintenant. Je sais même l'emplacement du fameux piercing ^^Au plaisir de te revoir également plus longuement lors d'un prochain passage dans la Capitale !
@ Alban : Merci ! J'ai un peu de retard, il faut que je passe lire et commenter tout ce qui s'est écrit en mon absence.
@ François : J'ai eu beaucoup de mal à les écrire ces trois là...
@ Ô d'Evian : Vilain garçon ^^ Allez, on rattrapera ça cet été ! C'est à dire : très bientôt !
oh ! c'est un film...
RépondreSupprimerremet toi bien. bises
Moi qui allais te demander si tu avais vu des bites (pardon de mon franc-parler !)...
RépondreSupprimerC'est malheureux de vivre des choses difficiles pour réaliser à quel point il faut profiter de tout, tout de suite.
Mais je ne doute pas que tu utiliseras à bon escient cette triste piqûre de rappel !
Un week-end marquant en effet. Au-delà de nos écrans d'ordinateurs, de nos blogs et du monde virtuel, la réalité est bien là.
RépondreSupprimerBienvenue sur Terre.
bises
lol oui c'était effectivement plus très secret avec ma tenue... Fais moi signe je te recevrai avec le plus grand plaisir.
RépondreSupprimerTon histoire est bouleversante.
RépondreSupprimerJ'espère que ton ami va mieux depuis.