Visiblement mon billet de ce matin vous a laissés perplexité la plus totale. Normal...
En me levant, après une mauvaise nuit, j'avais envie de décrire mon état d'esprit, perdu dans une brumeuse confusion. Singulièrement j'avais envie de dire des choses sans avoir à les nommer, de décrire l'opacité de mes sens sans recourir à d'innommables périphrases. Que les mots se fassent images, questions, couleurs, esquisses de réponse.
Alors il m'est souvenu cette oeuvre pour orgue de Louis Vierne, Fantômes. Une pièce de concert. Elle est construite autour de la seule incantation de l'Evocateur : "Qui donc prépare l'avenir ?" à laquelle six personnages apportent leur réponse, subjective.
- Qui donc prépare l'avenir ?
Le jeune esthète : « C’est moi... je suis libre ! »
Le vieux pédant : « C’est moi... je garde la tradition ! »
Le nègre : « L’avenir est au danseur. »
Le singe : « L’avenir est à la fantaisie... »
Le mendiant : « Il est à la misère...’Solo Mio’ »
Le destin : « Il est nulle part et partout. »
Qui sont ces Fantômes ? Une part de nous même sans doute, qui gesticule, qui s'essouffle dans une laborieuse course contre le néant. Fantômes de nos illusions perdues, chuchotements de nos espoirs défunts.
Ce matin j'ai voulu laisser la musique parler à ma place. La laisser traduire de sa façon inimitable des questions que je me pose, la laisser porter mes états d'âme, lui laisser dire tout ce que je ne sais pas dire et qu'elle suggère si bien, avec sa folie à elle.
Le billet de ce matin n'était donc pas uniquement destiné à être lu, mais aussi - et surtout - entendu.
La musique par delà les mots. Les mots par delà la musique.
J'aime beaucoup cette œuvre.
RépondreSupprimerC'est du très tourmenté, même pour Vierne... Papy Louis n'était pas vraiment net sur la fin, mais le résultat est là.
Je vois assez bien ce que te suggère cette partition.
Mais je préfère malgré tout la sereine grandeur de Cathédrales.
http://www.youtube.com/watch?v=Ukt2JXxVUK4
Merci de ton explication mais il me manque encore une chose. mais ceci est une autre histoire.
RépondreSupprimerLa vérité est trop vaste pour être embrassée d'un seul regard. Et ce besoin de réduction qui pousse à confondre l'auteur avec ce qu'on découvre de lui à travers ses écrits, forcément filtré par deux subjectivités...
RépondreSupprimer@ Méchant Chimiste : Il n'est pas venu le temps des cathédrales. Cette oeuvre sierra à merveille à un autre instant de ma vie, lorsqu'il me sera donné de contempler la mienne.
RépondreSupprimer@ Bashô : Ne cherche pas à tout comprendre. Et pourtant, tout est là.
@ Eric : C'est l'éternel écart entre l'exprimé et le perçu.
Ah, bravo. J'ai l'air d'un con avec mon commentaire précédent (tu me diras ce sera pas la première fois, je le reconnais). Ca m'apprendra à lire tes billes en retard de quelques heures !
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