
Pourtant il y a certains comportements, certains propos qui me crèvent les tympans ou me pyrolysent la rétine aussi sûrement que si l'on m'y avait fiché un tisonnier porté au rouge.
Voici les deux derniers exemples en date qui m'ont particulièrement marqués.
Le premier remonte à quelques semaines. Une connaissance sur FaceBook (oui, vous savez, ce truc bizarre où l'on peut s'autobiographiser en plus de 140 caractères) qui écrivait sur son mur, je cite :
"Allez quoi, on va y arriver ! On n'est pas des pédés quoi !".Vous admirerez le raffinement du verbe, l'élégance du propos, la subtilité des métaphores fleuries qui feraient presque passer l’œuvre d'un Du Bellay et d'un Ronsard pour des dépêches AFP...
Vous n'aurez pas manqué de remarquer non plus l'assertion selon laquelle "ne pas y arriver = on est des pédés" et, accessoirement, que les pédés ne sont pas de "vrais" hommes... L'un des canons habituels de l'homophobie.
Aussitôt vu, je m'empressais de saisir mon clavier et de commenter ce statut du plus haut intérêt. J'optais pour une riposte sobre, un zeste cinglante :
"J'adore ces envolées d'homophobie ordinaire..."Quelques minutes plus tard, ne s'avouant pas vaincu, mais certainement un peu atteint (car je sais la personne un peu instable. Oui, je sais : c'est mal d'user de la faiblesse d'autrui... mais je m'en fous), l'assaillant tente une riposte sous forme d'auto-justification :
"Mais c'est de la ponctuation !"J'imagine qu'il faisait ainsi référence au tout premier sketch de Patrick Bosso dans lequel l'humoriste (oui, avant d'être pathétique, il était drôle à l'époque) explique que se gratter les couilles implique une ponctuation sous-entendue... Cela étant, estimant que mon premier coup d'éperon était suffisamment vif, je laissais là courir l'affaire et le venin de ma flèche faire son effet.
Que n'avais-je raison ! Quelques jours plus tard, alors que je recherchais les traces de cette conversation en préparation d'un billet, j'eus la surprise de découvrir que tout cet échange avait été supprimé...
Le second exemple remonte à pas plus tard que samedi soir dernier. Des potes à moi et des potes à eux, un bar un peu roots quelque part autour de la place Arnaud Bernard à Toulouse. Je commande une bière, une Queue de Charrue, bien fraîche. Un des mecs du groupe avec qui je discute regarde mon verre et me demande d'un air un peu dubitatif ce que je bois. Je lui réponds qu'il s'agit d'une Queue de Charrue. Le gars en question écarquille un peu les yeux, et me demande en retour de son air le plus narquois :
"J'imagine que c'est le mot Charrue qui t'a attiré ?"Sous-entendant par-là, et par un raccourci d'idées dont je vous laisser retracer le pénétrant cheminement, que c'était plutôt l'autre mot qui était à l'origine de mon choix...
Dans un premier temps je répondis au jeune homme qu'il ne semblait pas connaître cette bière-là, pourtant fort goûteuse.
Malgré tout, j'étais relativement agacé de ne pas l'avoir délicatement remis en place :
" Mais... dis moi, c'était quoi le fond de ton idée là, avec la charrue ? Je suis pas sûr de bien comprendre"Je ne dirais pas que le mec s'est chié dessus, loin s'en faut. Il a vaguement répondu quelque chose comme :
"heu... non non, je suis au bout de l'idée là..."Néanmoins, ses explications vasouillardes et la disparition soudaine de son rictus dégoulinant de sarcasmes, me confortèrent dans l'idée que j'avais tapé juste...