Hier soir rendez-vous improvisé à l'Utopia en compagnie de Nhélène et Mary. Nous devions nous retrouver pour la séance de 19H30 mais comme j'étais en retard, mes complices m'avaient laissé le billet au guichet. Aussi, arrivant à bout de souffle dans le hall de la rue Montardy, je fus accueilli par un retantissant "Tambour Major !" hélé du haut de son piedestal par une hôtesse à l'enthousiasme communicatif. Interloqué par cette subite notoriété inattendue, je lui adressai un large sourire tout en lui arrachant le ticket des mains et fusai tout droit vers la salle n°2 déjà plongée dans le noir, le film étant sur le point de commencer. Retrouvant bien vite mes comparses je m'installai dans mon fauteuil, encore le coeur battant sous le coup de ma course effrénée.
Comment vous raconter ce film sans en dire trop pour ne pas tout en dire ?
Une fois n'est pas coutume, je vais d'abord vous livrer mon sentiment premier au sortir de la salle : Mais c'est quoi cette merde ?
Pour faire simple Tony Manero est un film qui se déroule en 1979 au Chili, au milieu des bas quartiers de Santiago.
Un homme mal rasé - Raùl, interprété par Alfredo Castro- se présente aux portes d'une émission de télévision pour le concours du meilleur sosie de Tony Maero, le personnage joué par John Travolta dans Saturday Night Fierver que le cinéma local joue en boucle depuis sa sortie et dont Raùl ne manque aucune séance. Car la vie de Raùl est toute entière vouée au disco qu'il pratique dans une sorte de petit bar de quartier limite sordide, en compagnie d'une petite troupe sans talent qui vivote avec les moyens du bord. Voilà l'argument autour duquel toute l'intrigue va se broder. Très rapidement l'ombre du général Pinochet fait son apparition, d'abord de façon anecdotique avant de prendre progressivement une place plus importante dans la tension du film. En réalité hormis une tension permanente et une violence omniprésente, il ne se passe pas grand chose durant 1h38. Les personnages ne livrent presque rien sur eux même, on sait tout juste que Raùl a la cinquantaine et qu'il a des troubles de l'érection, ce que l'on apprend d'ailleurs assez tôt au cours d'une impudique scène de sexe.
Car tout le film est construit autour de Raùl et de sa non-vie : personnage froid, associable, affable, sans remords, pathétique, qui mène une vie à sens unique, sa seule raison de vivre - mais y prend-il seulement un quelconque plaisir ? - c'est Tony Manero. Une vie par procuration ; une vie dans l'illusion.
Les autres personnages - dont le très mignon Goyo - piétinent tant bien que mal dans leur médiocrité, assommés par les désillusions et l'accablement propre à ceux qui ont perdu toute espérance. Seuls les plus jeunes semblent percevoir une lueur d'espoir à travers le fatalisme ambiant et distribuent en cachette des tracs hostiles au Général, en prenant garde de ne pas croiser l'impitoyable police secrète. C'est à peu prés tout, on ne nous en dira pas plus...
Le film souffre indubitablement de quelques faiblesses. Des longueurs tout d'abord, il y en a, un peu tout le temps, participant peut être du sentiment général de lenteur déjà induit par la maigreur des dialogues souvent inconsistants, à l'image certes des personnages mis en scène. S'agissant ensuite de l'image, n'allez pas rechercher une photographie exemplaire, non ! Les couleurs totalement fadasses et souvent bruitées (mon Dieu, dès que la lumière baisse on dirait du Seurat !), peut être pour donner un aspect vieilli ou vieillot, à moins que le réalisateur n'ait disposé que de quelques bouts de ficelles pour conduire son projet à terme... Ensuite, la caméra bouge parfois beaucoup - trop - et les yeux qui n'ont pas le pied marin risque de s'en trouver incommodés : j'ai ainsi dû plusieurs fois fermer les paupières histoire de stabiliser mon estomac ! Et lorsque l'image se stabilise c'est souvent au profit de splendides flous dont le coté artistique m'échappe encore, de même que leur sémiologie : j'ai vaguement tenté d'élaborer une corrélation entre flou et pudeur, mais vu que Raùl ne fait montre d'aucune pudeur ni humanité, cet échafaudage s'étiole tant les contre-exemples abondent. Peut être faut-il y voir le flou d'une vie qui bascule à chaque instant vers davantage de néant ? Bref...
Le clou du spectacle - il y a tout de même quelques petites perles savamment ménagées par-ci par-là - est réservé pour la toute fin du film, qui a fait dire à ma voisine : "Ha ? Ils n'avaient plus d'argent ?"... Je vous laisse découvrir vous même ce grand moment si le coeur vous en dit.
Je ne sais quoi dire d'autre de ce film sinon qu'il ne laisse pas indifférent, la preuve en fut notre longue conversation fournie autour d'une bière quelques mètre plus loin. De tentatives d'analyses en questionnements communs, peu à peu notre sentiment pour le moins très partagé sur ce film, se mue en... heu... en je sais pas trop quoi, mais l'arrière goût d'amertume s'estompe progressivement, sans pour autant disparaître totalement.
Finalement, que penser de ce film...? Je ne le sais pas réellement encore. Curieusement, je crois qu'en dépit de ma première réaction (« Mais c'est quoi cette merde ? ») j'ai presque envie d'aller le revoir, car ce film, malgré ses maladresses, s'avère étrangement et agréablement dérangeant.
Pour information et si cela peut vous être d'une aide quelconque, Tony Manero a reçu les prix du Meilleur film et du Meilleur acteur au Festival du film de Turin.
L'avis de FREDMJG
Comment vous raconter ce film sans en dire trop pour ne pas tout en dire ?
Une fois n'est pas coutume, je vais d'abord vous livrer mon sentiment premier au sortir de la salle : Mais c'est quoi cette merde ?
Pour faire simple Tony Manero est un film qui se déroule en 1979 au Chili, au milieu des bas quartiers de Santiago.
Un homme mal rasé - Raùl, interprété par Alfredo Castro- se présente aux portes d'une émission de télévision pour le concours du meilleur sosie de Tony Maero, le personnage joué par John Travolta dans Saturday Night Fierver que le cinéma local joue en boucle depuis sa sortie et dont Raùl ne manque aucune séance. Car la vie de Raùl est toute entière vouée au disco qu'il pratique dans une sorte de petit bar de quartier limite sordide, en compagnie d'une petite troupe sans talent qui vivote avec les moyens du bord. Voilà l'argument autour duquel toute l'intrigue va se broder. Très rapidement l'ombre du général Pinochet fait son apparition, d'abord de façon anecdotique avant de prendre progressivement une place plus importante dans la tension du film. En réalité hormis une tension permanente et une violence omniprésente, il ne se passe pas grand chose durant 1h38. Les personnages ne livrent presque rien sur eux même, on sait tout juste que Raùl a la cinquantaine et qu'il a des troubles de l'érection, ce que l'on apprend d'ailleurs assez tôt au cours d'une impudique scène de sexe.
Car tout le film est construit autour de Raùl et de sa non-vie : personnage froid, associable, affable, sans remords, pathétique, qui mène une vie à sens unique, sa seule raison de vivre - mais y prend-il seulement un quelconque plaisir ? - c'est Tony Manero. Une vie par procuration ; une vie dans l'illusion.
Les autres personnages - dont le très mignon Goyo - piétinent tant bien que mal dans leur médiocrité, assommés par les désillusions et l'accablement propre à ceux qui ont perdu toute espérance. Seuls les plus jeunes semblent percevoir une lueur d'espoir à travers le fatalisme ambiant et distribuent en cachette des tracs hostiles au Général, en prenant garde de ne pas croiser l'impitoyable police secrète. C'est à peu prés tout, on ne nous en dira pas plus...
Le film souffre indubitablement de quelques faiblesses. Des longueurs tout d'abord, il y en a, un peu tout le temps, participant peut être du sentiment général de lenteur déjà induit par la maigreur des dialogues souvent inconsistants, à l'image certes des personnages mis en scène. S'agissant ensuite de l'image, n'allez pas rechercher une photographie exemplaire, non ! Les couleurs totalement fadasses et souvent bruitées (mon Dieu, dès que la lumière baisse on dirait du Seurat !), peut être pour donner un aspect vieilli ou vieillot, à moins que le réalisateur n'ait disposé que de quelques bouts de ficelles pour conduire son projet à terme... Ensuite, la caméra bouge parfois beaucoup - trop - et les yeux qui n'ont pas le pied marin risque de s'en trouver incommodés : j'ai ainsi dû plusieurs fois fermer les paupières histoire de stabiliser mon estomac ! Et lorsque l'image se stabilise c'est souvent au profit de splendides flous dont le coté artistique m'échappe encore, de même que leur sémiologie : j'ai vaguement tenté d'élaborer une corrélation entre flou et pudeur, mais vu que Raùl ne fait montre d'aucune pudeur ni humanité, cet échafaudage s'étiole tant les contre-exemples abondent. Peut être faut-il y voir le flou d'une vie qui bascule à chaque instant vers davantage de néant ? Bref...
Le clou du spectacle - il y a tout de même quelques petites perles savamment ménagées par-ci par-là - est réservé pour la toute fin du film, qui a fait dire à ma voisine : "Ha ? Ils n'avaient plus d'argent ?"... Je vous laisse découvrir vous même ce grand moment si le coeur vous en dit.
Je ne sais quoi dire d'autre de ce film sinon qu'il ne laisse pas indifférent, la preuve en fut notre longue conversation fournie autour d'une bière quelques mètre plus loin. De tentatives d'analyses en questionnements communs, peu à peu notre sentiment pour le moins très partagé sur ce film, se mue en... heu... en je sais pas trop quoi, mais l'arrière goût d'amertume s'estompe progressivement, sans pour autant disparaître totalement.
Finalement, que penser de ce film...? Je ne le sais pas réellement encore. Curieusement, je crois qu'en dépit de ma première réaction (« Mais c'est quoi cette merde ? ») j'ai presque envie d'aller le revoir, car ce film, malgré ses maladresses, s'avère étrangement et agréablement dérangeant.
Pour information et si cela peut vous être d'une aide quelconque, Tony Manero a reçu les prix du Meilleur film et du Meilleur acteur au Festival du film de Turin.
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