Mercredi matin, un rayon de soleil joue à cache cache à travers le volet de bois et m'extirpe tout doucement de la volupté des draps. Tout est calme dans la maison. Il est déjà dix heures. C'est à croire que le grand air m'est bénéfique : je n'ai jamais aussi bien dormi que depuis que j'ai quitté Toulouse. Revigo, déjà levé, est en mode speedy-gonzales alors que je traine en mode grizzly post-hibernation. D'un côté une pile de linge fraîchement repassé parmi lequel je reconnais l'un de mes shorts victime la veille d'un attentat perpétré par une boite de calamars à l'encre. De l'autre, des chocolatines toutes chaudes à peine sorties du four me tendent leur corps doré.
Odeur vivifiante du café qui s'écoule dans ma tasse.
Saveurs exquises du lait frais entier acheté la veille à la coopérative.
Caresse du soleil qui nous accompagne autour de la table du jardin.
Que l'on est bien ici !
En fin de matinée nous prenons la route pour Chambéry où nous récupérons Damien en exil pour quelques jours. Il avait l'air excité comme une puce hier soir au téléphone et l'est tout autant une fois arrivé à bon port. On charge son sac dans la malle de la voiture et partons immédiatement faire un tour dans Chambéry. C'est une ville très agréable, assez belle pour ce que l'on en a vu. Revigo nous sert de guide, prend un malin plaisir à nous faire découvrir le monument aux "catsencu" (phonétiquement). Je me demande ce qu'Agnes Giard vient faire dans cette histoire... En réalité il s'agit des "quatre sans cul", la fameuse fontaines aux éléphants érigée en hommage au Comte Benoit de Boigne, bienfaiteur de la ville.
Un peu plus loin, la façade de la cathédrale s'invite sur une vaste place ensoleillée. L'exubérance de l'huisserie et du porche contraste avec la sobriété ascétique du reste. Comme si en plein travaux la fabrique s'était trouvée sans denier pour terminer son ouvrage. L'explication est ailleurs : avant d'être cathédrale l'édifice était une chapelle franciscaine. Je ne résiste pas au plaisir d'entrer. Revigo et Damien m'emboitent le pas. Quel choc ! Doté de vaste et belles proportions, entièrement peint en trompe l'oeil, l'intérieur est splendide ! Du haut de la tribune, un orgue superbe à la tuyauterie rutilante domine la nef.
Nous regagons le parking, quittons Chambéry et faisons halte chez Revigo pour repartir presque aussitôt vers Bardonecchia où nous sortons dîner dans un restaurant que nous ne trouverons jamais. Nous passons par la Vanoise et longeons le lac du Mont Cenis, recouvert d'un épais voile nuageux. Qu'importe, nous prenons notre temps et nous arrêtons le temps de faire quelques pas sur le barrage. Le temps se couvre, se rafraîchit. Une brume épaisse s'abat sur le lac. Un courant ascendant soufflant le long de la paroi de béton, porte avec lui des particules d'eau qui forment des volutes étranges, presque inquiétantes. Je repense à Brumes de Stephen King et me demande quelles créatures se cachent dans l'épaisseur de ce voile impénétrable. Soudain quelque chose traverse devant nous. On se précipite, on scrute parmi les empierrements : une marmotte ! Non, deux ! Et bien dodues les bougresses. Avec tous les campeurs qui profitent des bords du lac, elles doivent avoir de quoi s'empiffrer les garces !
On les regarde jouer, pas farouches pour un sous, heureux comme des gamins. Mais il commence à faire froid et l'heure tourne. Nous reprenons notre route vers Bardonecchia où nous arrivons après avoir essuyé des trombes d'eau. Et là c'est le drame : où se cache le restaurant que Revigo voulait nous faire découvrir ? Nous ne le saurons jamais. Nous en choisirons un autre, un peu au hasard et nous laisserons tenter par la carte ma foi tout à fait alléchante. A table les verres tintent, remplis d'un vin d'Italie tout à fait goûteux. Je jette mon dévolu sur un plat de polenta servie avec une délicieuse sauce tomates aux cèpes accompagné de saucisse aux herbes et embraye sur une sorte de pizza roulée remplie de fromage fondu. Orgiaque ! Je m'en fous : il nous faut bien faire le plein car demain, on monte sur le toit de l'Europe !
Pains et chocolat et linge repassé... Tu as été reçu comme un roi! :)
RépondreSupprimerÇa ne se mange pas, la marmotte ?
Ça sent bon le temps que l'on prend à se faire du bien, tes billets de vacances. Un bonheur à lire et partager. Encore ;-)
RépondreSupprimerCe repas en Italie m'a mis en appétit dès le matin, yummy, une polenta!! Sinon, tes photos sont magnifiques!! J'adore celle de la route de montagne avec les pics de neige...
RépondreSupprimer@ Olivier : Comme un prince oui. Je n'ai pas à me plaindre. Mais mes précédents hôtes n'ont rien à se reprocher non plus. Je ne sais pas si ça se mange la marmotte tiens... Pourquoi, t'as une fringale ?
RépondreSupprimer@ Eric : C'est exactement ça. Se faire du bien, penser à soi, en bonne compagnie et oublier le reste. Ca vaut tous les antidépresseurs du monde !
@ Alban : Oui, c'est bon la polenta. Cela faisait des années que j'en avais pas mangé. Et celle là était (presque) aussi bonne que celle que préparait ma mamie !
C'était de chouettes vacances, indéniablement. ça se sent dans chacun de tes billets :)
RépondreSupprimer@ Jonathan : Parmi les meilleures que j'ai passé, aussi loin que je me souvienne.
RépondreSupprimer