L'autre jour un pote m'envoyait un lien vers un extrait du spectacle de Franck Lepage, Inculture(s), joué une centaine de fois lors de « conférences gesticulées » entre 2006 et 2009, et donné ici dans le cadre du Off d'Avignon en 2005. Totalement happé par le bonhomme, j'ai regardé la moitié du spectacle d'une traite !
Tout part d'un rendez-vous étrange avec la belle soeur d'Albert Camus, Mlle Christiane Faure, chargée en 1945 de mener un grand projet d'éducation populaire. "L'éducation populaire, monsieur, ils n'en ont pas voulu..." lui dira la vieille dame. A cette époque, il exerce les fonctions de Directeur des programmes à la Fédération Française des Maisons des jeunes et de la Culture et chargé de recherche associé à l’Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. Cette rencontre, point de départ du spectacle, va être à l'origine d'un bouleversement dans sa perception de la culture en France. "A partir de ce moment-là, confie Lepage, j'ai arrêté de raconter la vérité" c'est à dire la vérité officielle, celle que le politique veut transmettre aux gens d'en bas pour les empêcher de penser par eux même... Nous voilà prévenus.
A priori le spectacle part un peu dans tous les sens. Malgré cela, le fil conducteur reste aisé à suivre et la démonstration avance bon train, d'exemples cocasses en questions saugrenues posées comme autant de provocations, mais sans gratuité : "Pourquoi est-il plus facile de faire un colloque sur la crise de la démocratie de représentation que de faire pousser un choux ?", "Est on bien certain que le développement culturel développe quoi que ce soit ?".
Inculture(s) nous invite à une plongée - souvent vertigineuse, voire nauséeuse - au coeur des entrailles de la culture "académique". Mais il nous préviens malicieusement : tout ce que vous allez entendre durant ce spectacle n'est que mensonge...
Il est assez compliqué de décrire le spectacle. Il y est question de la culture d'Etat, de la belle soeur de Camus, du dessein culturel de Malraux et de son fantasme totalement totalitaire, de l'abomination des Maisons de la culture, des affres du kir royal, de l'inutilité des colloques, de la méthode pour faire une allocution poudre aux yeux en 19 mots... Ce n'est pas un spectacle drôle à la Florence Foresti, ne vous attendez pas à rire à gorge déployée. Pendant un peu plus d'une heure ce sont les mécanismes de l'éducation en France, les rouages de la culture, le contrôle du vocabulaire par le politique (cela m'a rappelé étrangement quoique très agréablement certains passages des Chroniques Diplomatiques), au service du capitalisme. Un capitalisme caméléon, insidieux, qui se fait désirer là où l'on croit qu'il n'est pas.
C'est cette démonstration étourdissante que Lepage va réaliser, avec une grande conviction et un sens aigu de la dérision, à grand renfort d'exemples concrets tirés de son expérience personnelle autant que de l'histoire politique. A titre d'info, Lepage est aujourd'hui militant de l'éducation populaire et l'un des huit membres de la coopérative d'éducation populaire Le Pavé.
On adhère ou pas au discours, certains parti pris crèvent les yeux, mais on ne peut nier le mérite du challenge relevé, un peu à la manière d'un Moore. Un spectacle qui chamboule, qui n'emporte pas nécessairement une adhésion totale sur le fond, qui m'a beaucoup séduit sur la forme, et qui sème des questions plein la tête. Ce qui est certain c'est qu'il ne m'était pas arrivé depuis longtemps de passer un aussi bon moment devant un spectacle.
Si vous avez une heure et vingt minutes devant vous, c'est ici que cela se passe.
(NB : on peut tout à fait se contenter du son...)
Tout part d'un rendez-vous étrange avec la belle soeur d'Albert Camus, Mlle Christiane Faure, chargée en 1945 de mener un grand projet d'éducation populaire. "L'éducation populaire, monsieur, ils n'en ont pas voulu..." lui dira la vieille dame. A cette époque, il exerce les fonctions de Directeur des programmes à la Fédération Française des Maisons des jeunes et de la Culture et chargé de recherche associé à l’Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. Cette rencontre, point de départ du spectacle, va être à l'origine d'un bouleversement dans sa perception de la culture en France. "A partir de ce moment-là, confie Lepage, j'ai arrêté de raconter la vérité" c'est à dire la vérité officielle, celle que le politique veut transmettre aux gens d'en bas pour les empêcher de penser par eux même... Nous voilà prévenus.
A priori le spectacle part un peu dans tous les sens. Malgré cela, le fil conducteur reste aisé à suivre et la démonstration avance bon train, d'exemples cocasses en questions saugrenues posées comme autant de provocations, mais sans gratuité : "Pourquoi est-il plus facile de faire un colloque sur la crise de la démocratie de représentation que de faire pousser un choux ?", "Est on bien certain que le développement culturel développe quoi que ce soit ?".
Inculture(s) nous invite à une plongée - souvent vertigineuse, voire nauséeuse - au coeur des entrailles de la culture "académique". Mais il nous préviens malicieusement : tout ce que vous allez entendre durant ce spectacle n'est que mensonge...
Il est assez compliqué de décrire le spectacle. Il y est question de la culture d'Etat, de la belle soeur de Camus, du dessein culturel de Malraux et de son fantasme totalement totalitaire, de l'abomination des Maisons de la culture, des affres du kir royal, de l'inutilité des colloques, de la méthode pour faire une allocution poudre aux yeux en 19 mots... Ce n'est pas un spectacle drôle à la Florence Foresti, ne vous attendez pas à rire à gorge déployée. Pendant un peu plus d'une heure ce sont les mécanismes de l'éducation en France, les rouages de la culture, le contrôle du vocabulaire par le politique (cela m'a rappelé étrangement quoique très agréablement certains passages des Chroniques Diplomatiques), au service du capitalisme. Un capitalisme caméléon, insidieux, qui se fait désirer là où l'on croit qu'il n'est pas.
C'est cette démonstration étourdissante que Lepage va réaliser, avec une grande conviction et un sens aigu de la dérision, à grand renfort d'exemples concrets tirés de son expérience personnelle autant que de l'histoire politique. A titre d'info, Lepage est aujourd'hui militant de l'éducation populaire et l'un des huit membres de la coopérative d'éducation populaire Le Pavé.
On adhère ou pas au discours, certains parti pris crèvent les yeux, mais on ne peut nier le mérite du challenge relevé, un peu à la manière d'un Moore. Un spectacle qui chamboule, qui n'emporte pas nécessairement une adhésion totale sur le fond, qui m'a beaucoup séduit sur la forme, et qui sème des questions plein la tête. Ce qui est certain c'est qu'il ne m'était pas arrivé depuis longtemps de passer un aussi bon moment devant un spectacle.
Si vous avez une heure et vingt minutes devant vous, c'est ici que cela se passe.
(NB : on peut tout à fait se contenter du son...)
Avignon 2005, « Inculture(s) - L'éducation populaire, monsieur, ils n'en ont pas voulu... »
Pour suivre son actualité : http://www.myspace.com/514272420
Merci pour le lien !
RépondreSupprimer(malheureusement je n'ai pas 1h20 de dispo là, et en plus je trouve le son pas terrible ...)
Par contre le flux RSS lui marche au poil !
...
Ce qui est quand même la moindre des choses pour un Blog Ô Poil ; )
1/ J'avais branché l'ordi sur ma chaine pour bénéficier d'un son plus généreux. En faisant ton repassage tu verras, ça passe tout seul ;)
RépondreSupprimer2/ Cool. Plus aucun prétexte pour avoir 10 billets de retard maintenant :)
Faudra que je regarde ça!! Merci pour le lien!
RépondreSupprimerC'est noté, monsieur !
RépondreSupprimer"inculture"....mais c'est pour moi!!;-)
RépondreSupprimerHier soir j'avais mis en "marche" en naviguant, c'est pas possible de faire deux choses en même temps, il faut que les yeux et les oreilles soient sur le même navire!!;-)