Ces dernier temps je me posais une question que tout blogueur s'est posé à un moment donné : à quoi bon bloguer ? La fatigue, la lassitude, le manque d'inspiration et surtout de fulminantes préoccupations professionnelles me conduisent à m'éloigner un peu du net en ce moment. A en croire le billet que Loup a posté l'autre jour ainsi que les commentaires laissés, je ne suis pas seul à être taraudé par l'épineuse question. Car au fond il se trouve de par le monde des millions de personnes qui ne bloguent pas sans s'en porter plus mal pour autant. Et puis ces derniers jours passés loin de la toile pour cause de maladie puis de week-end rempli ne m'ont pas paru insipides. Bien au contraire. Alors, à quoi bon ?
A cette question du "pourquoi" et s'adjoignait celle du "comment". Oui, comment conçois-je ce blog ? S'agit-il de faire plaisir aux copains et aux lecteurs (les seconds étant parfois devenus avec le temps les mêmes que les premiers) en écrivant des bêtises parées d'un voile singeant la vivacité d'esprit ? Peut être un peu. Le narcissisme de la statistique n'est pas étranger à ces préoccupations. Mais est-ce là l'essentiel ? A courir après un certain audimat n'ai-je pas perdu ce qui au fond animait l'enthousiasme des premières heures ? Car il s'agissait avant tout de me faire plaisir et d'écrire ce que j'avais envie, de raconter ce qui me passe par la tête, de coucher ce dont j'ai envie de conserver témoignage, qu'importe l'intérêt que cela peut susciter chez autrui ou la fréquence de mes publications. Satisfaire mon plaisir des mots. Quatre ans après avoir rédigé mon premier billet le blog est-il encore un simple carnet de notes que, dans un geste que permet l'anonymat de la toile scélérate, j'abandonne aux regards impudiques des passants curieux ? Rien n'est moins sûr, car il est aussi devenu un lieu de vie où j'espère vous avez plaisir à venir autant que j'y ai plaisir à écrire avec des hauts et des bas. Un lieu de rencontres aussi, un lieu d'échanges. En tout cas bien plus qu'un bloc de papier dormant sur le coin d'une étagère.
J'étais donc en pleine réflexion sur le devenir de cette page. Je songeais à peut être la laisser en jachère quelques temps, voir ce qu'il adviendrait et si l'envie profonde de bloguer reprendrait le dessus.
Et puis il y eut l'orage d'hier soir.
Sous les éclairs magnifiques de ce ciel pétri de colère, sirotant un très estival gazpacho industriel copieusement remanié par mes soins j'écoutais cette émission de Vincent Josse sur France Inter. Et au milieu des grondements célestes il y eut ce texte que j'entendais pour la première fois, s'élevant du poste de radio :
A cette question du "pourquoi" et s'adjoignait celle du "comment". Oui, comment conçois-je ce blog ? S'agit-il de faire plaisir aux copains et aux lecteurs (les seconds étant parfois devenus avec le temps les mêmes que les premiers) en écrivant des bêtises parées d'un voile singeant la vivacité d'esprit ? Peut être un peu. Le narcissisme de la statistique n'est pas étranger à ces préoccupations. Mais est-ce là l'essentiel ? A courir après un certain audimat n'ai-je pas perdu ce qui au fond animait l'enthousiasme des premières heures ? Car il s'agissait avant tout de me faire plaisir et d'écrire ce que j'avais envie, de raconter ce qui me passe par la tête, de coucher ce dont j'ai envie de conserver témoignage, qu'importe l'intérêt que cela peut susciter chez autrui ou la fréquence de mes publications. Satisfaire mon plaisir des mots. Quatre ans après avoir rédigé mon premier billet le blog est-il encore un simple carnet de notes que, dans un geste que permet l'anonymat de la toile scélérate, j'abandonne aux regards impudiques des passants curieux ? Rien n'est moins sûr, car il est aussi devenu un lieu de vie où j'espère vous avez plaisir à venir autant que j'y ai plaisir à écrire avec des hauts et des bas. Un lieu de rencontres aussi, un lieu d'échanges. En tout cas bien plus qu'un bloc de papier dormant sur le coin d'une étagère.
J'étais donc en pleine réflexion sur le devenir de cette page. Je songeais à peut être la laisser en jachère quelques temps, voir ce qu'il adviendrait et si l'envie profonde de bloguer reprendrait le dessus.
Et puis il y eut l'orage d'hier soir.
Sous les éclairs magnifiques de ce ciel pétri de colère, sirotant un très estival gazpacho industriel copieusement remanié par mes soins j'écoutais cette émission de Vincent Josse sur France Inter. Et au milieu des grondements célestes il y eut ce texte que j'entendais pour la première fois, s'élevant du poste de radio :
Rentrez en vous-mêmes. Cherchez la raison qui au fond vous commande d'écrire ; examinez si elle déploie ses racines jusqu'au lieu le plus profond de votre cœur ; reconnaissez-le face à vous-mêmes : vous faudrait-il mourir s'il vous était interdit d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : dois-je écrire ? Et si cette réponse devait être affirmative, s'il vous est permis d'aller à la rencontre de cette question sérieuse avec un fort et simple "je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité ; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente, la plus infime, doit se faire signe et témoignage pour cette poussée. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas ; accusez-vous vous-même, de n'être pas assez poète pour en appeler à vous ses richesses.
Barbara, Lettre à un jeune poète
Et soudain tout est devenu clair...
J'ai plusieurs fois eu envie d'arrêter et puis l'envie est toujours revenue, impérieuse. Il faut écrire d'abord pour soi, ensuite pour les autres. S'amuser avec ses lecteurs, parfois.
RépondreSupprimerNe jamais se prendre au sérieux, et ne jamais regarder ses statistiques, qui ne mesurent jamais le plaisir d'écrire, d'être lu et de communiquer.
:)
Cette émission aurait pu s'appeler "à propos"... Sans doute qu'une autre aurait convenu aussi car souvent, un mot suffit à nous convaincre dans le sens de notre volonté intime.
RépondreSupprimerJe me suis posé cette question, moi aussi, il n'y a pas si longtemps que ça.
J'aime particulièrement la citation... qui me rejoint viscéralement.
RépondreSupprimerEt oui... je me pose aussi parfois la question, puis je reviens inlassablement à cet écran qui, contrairement aux textes scientifiques que j'écris par ailleurs, me permet une dose de liberté que j'apprécie. Mes chats aussi.
Une question que je ne me pose pas, je n'écris rien!!:)
RépondreSupprimerLettre à un jeune poète... c'est tout à fait ça ! :-)
RépondreSupprimerMoi aussi cette question m'a traversé l'esprit à plusieurs reprises... Chez moi, les situations ont accéléré les choses car au final, j'ai cessé d'alimenter mon blog. A l'abandon qu'il est :'( !
RépondreSupprimerMais au moment où j'ai senti que je n'avais plus cette liberté d'écrire, j'ai préféré tout stopper car l'envie n'était plus la même à l'adresse où je m'étais établis. Mais l'envie d'écrire me taraude toujours autant cependant...
Ayant lâcher mon précédent blog, j'ai survécu pendant quoi? un an puis deux ans. Et un accident de la vie m'a fait reprendre un autre blog mais sans toutes les contraintes que l'on s'impose plus ou moins consciemment.
RépondreSupprimerJe poste comme ci, comme ça, comme si de rien n'était. Et après moi le déluge.
La seule chose qui me motive c'est le plaisir.
Ah oui, pourquoi? L'insignifiante petite question dont la lancinante insistance donnerait envie de lui flanquer une baffe comme on écrase un moustique. Sauf qu'elle s'en sort toujours et revient narguer le plumitif évasif ou forcené.
RépondreSupprimerJe finis par grogner: "Parce que". Voilà qui m'évite de trop longues explications oiseuses et superflues. Ensuite, le "Comment", chacun fait comme il le sent, comme il le peut: du blog au recueil de poèmes hermétiques, de la fiction à la méditation métaphysique péri-sartrienne, les voies de l'écriture sont innombrables.
On écrit parce qu'on a besoin d'écrire, que ce besoin est devenu aussi irrépressible que la nécessité de respirer, point barre. La reconnaissance? Fi donc. C'est accessoire, quoiqu'écrire dans le vide pour ranger ses pages dans un tiroir ténébreux me paraisse une anomalie. On écrit toujours pour quelqu'un, ou au moins dans l'espoir qu'un autre trouvera quelque satisfaction (fugace ou pénétrante) dans les braves paragraphes que nous égrenons avec plus ou moins de vigueur.
Le plaisir d'écrire compte, certes, mais cette façon qu'on a de jeter un pont vers autrui me paraît beaucoup plus importante. Ecrire c'est donner. Et peu importe en vérité qu'ils soient deux ou cent à accepter le cadeau - nonobstant que l'ego aura toujours une légère tendance à être chagrin de constater que les lecteurs ne se bousculent pas, ou à être bouffi de satisfaction en constatant qu'on se presse pour lire. On n'écrit pas par vanité, pour flatter son orgueil de savoir tourner les phrases et séduire alentour, mais parce qu'on ne peut pas y échapper, quoi qu'on fasse, même lorsqu'on n'écrit pas.
Car je reste persuadé que même lorsqu'on abandonne la plume, durant quelques jours, mois, années, l'écriture reste tapie, seulement dormante et en attente - et si on n'écrit plus rien tout le restant de son existence, c'est peut-être que la grande Gueuse nous a mis le grappin dessus avant que les mots n'aient eu le temps de revenir nous démanger.
(Sinon: sacré Rilke, va! Toujours le mot pour rire. Allez, tiens, là, je m'écouterais bien le tout dernier morceau de la 14e de Chostakovitch, rien que pour me marrer un coup...)
oui je pense que l'on se pose tous la même question jusqu'au jour où tout bascule...
RépondreSupprimerL'extrait vient d'une lettre du poète Rainer Maria Rilke. On le trouve facilement en édition à 2 €.
RépondreSupprimerTout le texte est d'ailleurs passionnant et passionné, je vous le conseille vivement.
Je n'ai pas le soutien de la statistique, encore moins celui du classement, je n'arrive pas à m'y intéresser. Restent les échanges de commentaires avec les autres blogueurs, et la question perpétuelle : ceci a t-il sa place sur le blog, ou doit-il rejoindre le carton des archives au grenier?
RépondreSupprimerLa lettre à un jeune poète de Rilke n'est pas très utile pour ce problème là. Mais tu soulèves un sujet fondamental...
Moi je me pose cette question à chaque fois que je commence un billet. Et je ne me la pose plus une fois que je le publie. Ecrire c'est avant tout s'exprimer et permettre à ce moi qu'on appelle "Pensée" de prendre une forme qui nous permette de la partager avec d'autres pour mieux nous la ré-approprier ensuite.
RépondreSupprimerEt heureusement que nous pouvons faire cela. Tu dis "il y a des millions de gens qui ne bloguent pas et qui ne s'en portent pas plus mal". J'espère juste pour eux qu'ils ont développé d'autres moyens d'expression car sans cela ils doivent réellement souffrir d'être "enfermés en eux mêmes".
Question récurrente en effet ... Pourtant, la question est salvatrice : il convient périodiquement de se demander pourquoi, pour quoi et comment. Tous les ans, je me demande (c'est pile en ce moment).
RépondreSupprimerEt tous les ans, je me dis que j'ai plein de choses à dire ...
"il est aussi devenu un lieu de vie où j'espère vous avez plaisir à venir autant que j'y ai plaisir à écrire avec des hauts et des bas."
RépondreSupprimerC'est bien le cas en ce qui me concerne, même si je commente pas toujours, car j'aime ton style franc et pudique à la fois, ne change pas :)
En tout cas ton billet (et la très belle citation que tu utilises) m'a fait m'interroger à mon tour et en fait, je crois que certaines personnes ne cesseront jamais d'avoir envie d'écrire, quelque que soit le support.
@ Tous : Je fais une réponse globale, car répondre individuellement amènerait de lourdes redites.
RépondreSupprimerOn se pose la question, on fait une petite pause, on laisse quelques jours passer puis on sent le clavier qui démange, une idée qui perce et que l'on aimerait développer, les mots qui s'entrechoquent... et c'est reparti ! Maintenant que j'y goûte régulièrement depuis 4 ans, je crois que l'écriture fait partie de mes besoins essentiels. Un besoin exigeant qui demande du temps, car bloguer prend du temps, au moins un petit peu.