Après avoir repris des forces à Luchon, nous nous dirigeons vers Saint Bertrand de Comminges, situé à une trentaine de kilomètres de là où nous escomptions visiter la cathédrale qui surplombe la vallée et ses magnifiques stalles du XVI° siècle, signes manifestes de la richesse et de la puissance politique du Comminges à cette époque. Même si elle n'a plus liturgiquement le statut de cathédrale, le lieu reste cependant une étape importante du chemin de Saint Jacques de Compostelle, ce qui fait qu'il demeure tout de même très vivant malgré son relatif isolement.
L'ancienne cathédrale St Bertrand de Comminges.
Hélas, nous n'avions pas prévu qu'aurait lieu ce week-end là une fête médiévale drainant une quantité incroyable de touristes, de mamans à poussettes et de gamins braillards... Du coup, fuyant la foule et le brouhaha - mais surtout face à l'impossibilité de nous garer, nous décidons de fuir et d'aller à deux pas de là vers la plus discrète mais néanmoins très intéressante église de Saint Just de Valcabrère que je n'avais encore jamais eu l'occasion de visiter.
Basilique St Just, à Valcabrère.
L'église St Just de Valcabrère est en réalité une basilique romane des XI° et XII° siècles. Elle est classée monument historique et, en tant qu'étape des chemins de Compostelle, fait partie du patrimoine mondial de l'humanité. Petite, mais costaud ! Le bâtiment est très austère de l'extérieur, si ce n'est un porche très riche comportant quatre statues à l’effigie des évangélistes ainsi qu'un tympan richement sculpté.
Les 4 statues du porche représentent les 4 évangélistes.
La particularité de cet édifice est d'avoir été construit en grande partie avec des restes de temples romains ! Et oui, il y a pas mal de vestiges romains dans la région, ce sont d'ailleurs eux qui ont construit les premiers thermes à Luchon. L'architecture est assez classique avec ses voûtes en plein cintre et ses fenêtres minuscules, mais ça et là on voit clairement des morceaux rapportés, sans recherche de cohérence ni grand soucis esthétique. Aussi il est n'est pas surprenant d'apercevoir un bout de frise utilisé comme vulgaire bloc de construction et placé à peu près n'importe où dans le mur, parfois même à l'envers.
Hop, un bloc de frise pour tenir le pilier !
Notez aussi la disparité entre le haut et le bas des colonnes...
Notez aussi la disparité entre le haut et le bas des colonnes...
Ailleurs ce sont des morceaux de colonnes et des chapiteaux totalement dépareillés mis bout à bout sans trop se préoccuper de l'unité de style. C'est vraiment l'art de la récupération poussé dans ses retranchements ! N'empêche que l'on se plait à imaginer la richesse des anciens temples romains bâtis dans la région lorsque l'on voit la profusion de détails de certains chapiteaux...
Ouép, c'est pas très raccord tout ça ! A droite la colonne est plus grosse que le chapiteau qu'elle supporte...
Pendant longtemps les murs intérieurs étaient recouverts de plâtres qui masquaient la pierre ainsi que les morceaux romains. C'est à l'occasion de travaux que l'on a découvert accidentellement le pot aux roses. A quoi tiennent les choses parfois...
Le chœur est occupé par un imposant cénotaphe, mais je ne me souviens plus pour honorer la mémoire de qui il fut érigé...
Le chœur est occupé par un imposant cénotaphe, mais je ne me souviens plus pour honorer la mémoire de qui il fut érigé...
Le cénotaphe
Comme le dit la pub, ce qui se fait à l'intérieur se voit aussi à l'extérieur. En regardant attentivement on distingue sur les murs extérieurs des morceaux ornés provenant également de temples, même si les plus belles pièces ont vraisemblablement été utilisées pour l'intérieur.
Dans le coin en bas à droite, des bouts de temple romain.
On fait assez vite le tour des lieux mais cela vaut le coup d'oeil. Si vous passez dans la région et que vous décidez d'aller voir St Bertrand, prenez quelques minutes de plus pour aller rendre visite à St Just qui sommeille à ses pieds.
Intéressant cet art de la récup ! Nous irons voir...
RépondreSupprimerJ'aime bien le recyclage, faire du jeune avec du vieux!!:)
RépondreSupprimerJe n'ai qu'un Bertrand dans mon répertoire, ça ne doit pas lui "Le Saint"!^^
Plus sérieusement, après quelques génuflexions à l'intérieur, on rend toujours une petite visite aux cimetières, défois qu'on y trouve des ancètres!!
Ah ces recontructeurs, non seulement ils détruisent leur passé mais en plus ils font du bricolage à la va-vite...bricolage classé mais bricolage quand même
RépondreSupprimerEt finale, cette église est classé parce qu'elle est une étape des chemins de Compostelle ? Ou parce qu'on pourrait reconstruire un temple romain en déconstruisant l'église ? Légo n'a rien inventé finalement... :-)
RépondreSupprimerAmusant : On peut prier en même temps le Dieu des chrétiens et le panthéon antique.
RépondreSupprimerIl faut dire que l'église n'a jamais hésité à parfaire son art de la récupération. Des rites, des dates, et des pierres sculptées. Avez vous pensé à faire tamponner vos cartes de saint jacques? A force, vous avez un pèlerinage complet.
Bascoblog : La cathédrale St Bertrand est tout de même nettement plus intéressante, mais quitte à être sur place autant en profiter jusqu'au bout. Et la région est un terrain de jeu fabuleux pour le randonneur ;-)
RépondreSupprimerNigloo : Il y a un petit cimetière autour de l’église effectivement, avec quelques très jolies tombes. Je n'ai pas mis de photo car avec le ciel gris cela donnait un résultat plutôt glauquissime !
Mers : Je doute qu'au XI° - XII° siècle il restait beaucoup de vestiges encore debout dans la région. Et le remploi des matériaux a au moins eu le mérite de les sauver d'un destin peut être plus funeste encore...
Loup : Le classement MH c'est en raison de la valeur patrimoniale de l'édifice (architecture romane des XI - XII° siècle avec remploi de matériel romain antique). En revanche je ne connais pas trop les raisons du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO mais le fait qu'elle soit sur la route de St Jacques y est pour quelque chose. En outre on a retrouvé sur place des tombes très anciennes de pèlerin. Mais je n'ai pas trop creusé la question à vrai dire.
Flavien : Hé oui, la récupération par l’Église ne se limite pas au matériaux. J'avais commencé à me documenter sur les liens entre les anciennes fêtes lunaires et l'actuel calendrier des fêtes chrétiennes. C'est assez intéressant de remonter aux sources païennes oubliées mais qui en définitive traduisent une certaine relation au monde qui gagnerait à être redécouverte. Et non, nous n'avons pas tamponné nos cartes de St Jacques pour la simple et bonne raison que ... je m'en fous un peu en fait ^^
Je l'ai visitée en allant à Saint Bertrand de Comminges, justement. Dans le Comminges, il y plein d'autres petites églises romanes sympa à voir. C'est une belle région.
RépondreSupprimerConnaître bien trop mal sa région parce qu'on n'a pas de bagnole : check. Et quand je vois ça, ça m'agace...
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