Deuxième partie d'une série de trois billets (1ère partie ici) écrite de longue haleine (depuis le mois de mai dernier !) en réponse à une série de trente questions très variées que ᕳ Krysalia ᕲ ✂️ avait proposées sur twitter et qui m'avait - une fois n'est pas coutume - tout de suite émoustillé les sens.
11/ Quel était ce ou cette prof que tu adorais ? Pour quelles raisons ?
J'ai beaucoup aimé deux profs, deux femmes, en particulier. La première s'appelait Mademoiselle F.,
elle enseignait la physique et la chimie en sixième. Ce cours fut une
révélation. Pour la première fois de ma vie j'avais en face de moi
quelqu'un capable de répondre à mille questions, de susciter en moi une
curiosité insatiable et de me donner encore plus envie d'apprendre :
l'atome, les molécules, la matière... Tout l'univers s'offrait à moi et
j'avais enfin les clés pour le comprendre. Je me souviens que chaque
cours était l'occasion de l'inonder de questions auxquelles elle
répondait avec un plaisir infini, me donnant même à lire des revues de
sa bibliothèque personnelle. Je n'apprenais pas, je jouais, je
m'amusais. C'était véritablement incroyable.
Littéralement
assoiffé de cette soif intarissable qui ne m'a jamais quitté, je me
souviens avoir un jour trouvé chez mes grands parents, un vieux livre de
physique-chime de terminale ayant appartenu à l'une de mes tantes. Il y était question
de l'hydrogène, de fusion, de fission et de bombe atomique. Je ne
comprenais pas grand chose à tout cela mais les schémas - très sommaires - ainsi que les illustrations en noir et blanc
alimentaient et décuplaient mon imaginaire.
C'est ainsi qu'un beau matin, après le cours, je vins trouver Mademoiselle F. et lui posais cette question, un peu inhabituelle dans la bouche d'un gamin de dix ou onze ans :
C'est ainsi qu'un beau matin, après le cours, je vins trouver Mademoiselle F. et lui posais cette question, un peu inhabituelle dans la bouche d'un gamin de dix ou onze ans :
"Madame, qu'est-ce que c'est la masse critique ?"...
Je me rappelle également de cette prof de français que j'avais vraiment adoré, Madame F. J'ai toujours aimé les cours de français. Alors que j'étais en classe de sixième, Madame F.
estimait que j'avais quelques prédispositions littéraires et
m'encourageait dans mon travail, prenant régulièrement mes rédactions en
guise de modèle qu'elle lisait en classe.
Je ne sais
plus exactement comment nous en sommes arrivé là mais, une fois passée
les deux premiers trimestres, elle me laissait tous les quinze jours,
dans son casier de la salle de des profs, un Stephen King à lire, pour
mon plaisir personnel, en plus des lectures et des nombreux comptes
rendus obligatoires à rendre pour ses cours.
Grâce à elle je découvris des classiques de la littérature d'horreur : Christine, Cimetierre, Ça et bien d'autres encore...
12/ Quelle est cette petite chose que tu sais faire et qui n'a aucun intérêt, mais qui te fait sourire ?
Je
sais casser un œuf avec une seule main. Cela ne sert strictement à
rien. Cela n'impressionne pas grand monde, sauf les gens qui ne savent
pas casser correctement les œufs avec leurs deux mains.
Aussi, je choisis toujours soigneusement mon public avant que de me livrer à ce petit tour d'habileté futile.
13/ Raconte (avec le niveau de détails que tu veux) la prise de conscience de ton premier sentiment amoureux.
Je
serais bien en peine de le décrire tant je ne suis pas sûr du moment ni
du contexte où il a eu lieu.
En effet, longtemps enfermé dans mon placard, je me suis gardé d'éprouver le moindre sentiment pour un garçon, alors même qu'un nombre incalculables d'indices aurait dû me faire renoncer. Mais les méandres de l'intellect et les liens vigoureux de certaines constructions sociales sont trop longs à défaire et trop coriaces pour céder du premier coup.
En effet, longtemps enfermé dans mon placard, je me suis gardé d'éprouver le moindre sentiment pour un garçon, alors même qu'un nombre incalculables d'indices aurait dû me faire renoncer. Mais les méandres de l'intellect et les liens vigoureux de certaines constructions sociales sont trop longs à défaire et trop coriaces pour céder du premier coup.
Quoi qu'il en
soit, je me souviens de cet épisode étrange, lorsque j'avais une vingtaine d'années. Il y avait alors, dans la
paroisse que je fréquentais chez mes parents, un séminariste libanais,
venu passer une année en France. C'est très étrange d'en parler ici car
je crois ne jamais l'avoir fait, ni n'avoir, depuis lors, pris de temps de réanalyser les faits....
Il s'appelait W. et venait de la ville de Jounieh. Lui et moi avons rapidement sympathisé, probablement car nous ne devions pas avoir une différence d'âge importante et parce que le Liban est un pays qui, culturellement et historiquement, m'a toujours fasciné. Toujours est-il que, lui et moi, avons noué ce qu'au départ je prenais pour de l'amitié. Et puis un beau jour je me suis rendu compte que c'était certainement plus que cela...
Il s'appelait W. et venait de la ville de Jounieh. Lui et moi avons rapidement sympathisé, probablement car nous ne devions pas avoir une différence d'âge importante et parce que le Liban est un pays qui, culturellement et historiquement, m'a toujours fasciné. Toujours est-il que, lui et moi, avons noué ce qu'au départ je prenais pour de l'amitié. Et puis un beau jour je me suis rendu compte que c'était certainement plus que cela...
Cela
se passe en été. Un bel été comme Toulouse et sa région en produisent
tous les ans. Encore étudiant, je passais mes vacances chez mes parents.
W. et moi nous voyions alors régulièrement le soir, pour aller
faire du vélo et discuter, de tout, de rien. D'abord occasionnellement puis, l'été venu,
presque tous les jours. Pour moi c'était normal. J'en avais besoin et je passais en sa compagnie des moments merveilleux. Avec la force de l'expérience je prends toute la mesure de ma naïveté.
Une
certaine semaine s'est produit un événement imprévu et contrariant. Alors que j'allais toquer
chez lui pour le retrouver, je trouvais porte close. Les volets étaient fermés. Personne
ne vint m'ouvrir. W. n'était pas là. Je rentrais donc chez moi bredouille.
Le
lendemain se produisit exactement la même chose. Arrivant à vélo devant
chez lui après souper, mes frappements à la porte demeurèrent vains. Je
rentrais donc à nouveau chez mes parents, sans avoir vu mon ami, le cœur
un peu serré par cette disparition dont je n'avais pas été prévenu.
Je réitérais ma tentative le troisième jour, toujours à la même heure, avertissant préalablement mes parents de mon départ pour rejoindre W. comme à mon habitude. La réponse de ma mère aujourd'hui encore me hérisse le poil :
"Encore ? On dirait que tu lui cours après !"
Il me faudra des années pour admettre, malgré moi, qu'elle avait raison.
14/ Que veut dire pour toi la couleur rose (quelle est sa symbolique, son sens métaphorique, dans ton univers personnel ?)
Dans
mon langage à moi, et par une construction sociale que tout un chacun
comprendra, j'associe primairement le rose à la féminité.
C'est
aussi une couleur qui vibre énormément et que je trouve élégante
associée à du noir. Elle souligne à merveille un détail sur un vêtement
et donne de la fraîcheur à une tenue.
Le rose est néanmoins une couleur que je porte assez peu. Non pas qu'elle ne me
plaise pas, c'est qu'elle ne me convient pas vraiment au teint.
15/ Même question pour la couleur jaune.
Le
jaune, c'est le soleil, la lumière. Mon premier appartement étudiant
était entièrement tapissé en jaune et je crois que j'aimais cela.
C'est une couleur tonique que je porte également très peu car elle s'associe assez mal à ma blondeur et à ma carnation claire.
16/ Est-ce que tu pratiques des arts, et s'il y en a plusieurs, est-ce que tu en as un préféré ? Pourquoi ?
Je
pratique la musique, fidèle et envahissante compagne.
La musique, ce moyen prodigieux de dire l'indicible, de hurler les tristesses et les fureurs les plus accablantes, d'exprimer les émotions les plus intimes, bien plus puissamment que les mots.
La musique, ce moyen prodigieux de dire l'indicible, de hurler les tristesses et les fureurs les plus accablantes, d'exprimer les émotions les plus intimes, bien plus puissamment que les mots.
J'aurais aimé savoir dessiné et peindre. J'admire ceux qui ont un coup de crayon...
Il paraît que je n'écris pas trop mal.
Il paraît que je n'écris pas trop mal.
17/ Quelle est ta plus grande fierté, celle qui te remplit de joie et remonte ton estime de toi même quand tu y songes ?
Je
n'ai pas à proprement parler de grande fierté, je ne crois pas être
quelqu'un de fier, étant au contraire en permanence dans le doute et la
remise en question.
Néanmoins, la fierté que je
m'accorde est celle de ce que je suis devenu, de ce que j'ai fait, de
mon parcours personnel et professionnel.
Car lorsque je me retourne et que je regarde tout ce que j'ai vécu, en Argentine, au Québec, à la Fac, pendant mes études et ailleurs, je me dis que, oué, putain, ça je l'ai vraiment fait. Du haut de mes quarante petites années, j'ai déjà eu une vie bien remplie et riche en expériences. Quelqu'un me le disait encore il y a quelques semaines, avec raison. Et je le remercie de m'avoir un peu ouvert les yeux.
Car lorsque je me retourne et que je regarde tout ce que j'ai vécu, en Argentine, au Québec, à la Fac, pendant mes études et ailleurs, je me dis que, oué, putain, ça je l'ai vraiment fait. Du haut de mes quarante petites années, j'ai déjà eu une vie bien remplie et riche en expériences. Quelqu'un me le disait encore il y a quelques semaines, avec raison. Et je le remercie de m'avoir un peu ouvert les yeux.
18/ Si tu avais le pouvoir (potion, sort, algorithme) de faire tomber une personne amoureuse de toi, le ferais-tu ? Pourquoi ?
Non, je ne le ferai pas.
Parce que l'amour est un oiseau bohème qui n'a jamais connu de loi. "L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser et c'est bien en vain qu'on l'appelle s'il lui convient de refuser" chante Carmen dans sa célèbre Habanera.
Surtout,
étant d'un naturel qui s'ennuie rapidement, comment ne pas s'ennuyer de
quelqu'un dont on sait qu'il vous aime et vous aimera
inconditionnellement, sans qu'il n'y ait jamais aucun défi de séduction à
renouveler ?
19/ Si je te parle de plaisir, quel est le premier truc auquel tu penses spontanément ? pourquoi ?
La masturbation.
Un plaisir simple et facile, que l'on peut partager en tout lieux, à toute heure, seul ou à plusieurs, sans aucune limitation...
20/ (allez plus que 10 :D) As-tu une opinion au sujet des radis ?
C'est
très bon les radis. J'en consomme souvent d'ailleurs. C'est la première
plante que j'ai faite pousser, avec mon grand père, lorsque j'étais
tout gamin. Nous avions un immense jardin potager où mon grand-père
passait la majeure partie de son temps libre. Dans ce terrain de jeu
extraordinaire pour un bambin, poussaient des pieds de tomates odorants,
des haricots à rame qui poussaient le long de tuteurs gigantesques - dont
l'assemblage constituait, pour mon frère et moi, un tunnel fantastique à
traverser - des plans de courgettes aux fleurs incroyables et mille
autres merveilles sur lesquelles je n'avais de cesse de m'extasier.
Je ne sais plus
exactement comment cela s'était fait, mais il me semble, du fin fond de
mes souvenirs, que j'avais dit à mon grand père que, moi aussi, je
voulais un jardin pour y faire pousser des légumes et faire comme les grands. Ce dernier m'avait
donc proposé de me prêter un petit carré de terre et d'y planter avec
lui des radis.
Je me souviens parfaitement en revanche de l'instant où, lui et moi, les avons semés, ces radis.
Nous
avions acheté la semence le matin même, à la coopérative. Il y avait
tout un tas de variété et mon grand père, en homme de la terre avisé,
choisit d'une main sûre le paquet idoine. Des radis rouges à bout blanc,
communs. J'étais un peu déçu car j'avais repéré, sur le présentoir, de
la semence de radis complètement rouges qui me paraissaient d'un
exotisme ravissant. Mais du haut de mes six ans ou sept ans, je n'avais
alors pas voix au chapitre.
De retour à la maison, et
venus au jardin dont un petit carré d'un mètre sur un mètre avait été
préparé à dessein, mon grand père se saisit d'une vieille boit de
conserve rouillée dans laquelle il jeta une poignée de sable avant d'y
verser une partie du sachet de semence. Puis il me montra comment, d'un
geste ample, je devait disséminer ce mélange sur mon lopin de terre.
Nous arrosâmes ensuite avec toutes les précautions requises, munissant
le lourd arrosoir de ferraille de sa pomme pour humecter délicatement la surface du sol.
Ça y était : j'avais mon jardin... et bientôt mes premier radis.
Beaucoup de pudeur sur la question 14, je trouve... le rose ne conviendrait pas à ton teint... ?
RépondreSupprimerLa 11 et la 13 ouvrent des portes... j’attendrais bien une suite :)
"Littéralement assoiffé de cette soif intarissable"... Bon, décidément, je ne me ferai jamais à ton style :)
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