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  • 15 décembre 2019

    La photo du mois : Trace

    6 commentairess
    Bonjour à tous, nous sommes le 15 décembre et c'est l'heure de notre douzième rendez-vous avec La photo du mois.

    Chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, nous devions traiter le thème Trace, proposé par Gilsoub et qui nous donnait les indications suivantes :
    Que ce soit celle laissée ou celle suivie, persistante ou éphémère, multiple ou rare, vous pourrez laisser la vôtre sur votre blogue le 15 décembre à midi.

    Ma photo a été prise il y a trois semaines lors d'un petit weekend bienfaiteur à Strasbourg dans les escaliers du clocher de la cathédrale. Un trace venue du passé. Celle simple et touchante du ciseau du tailleur de pierre sur son bloc afin d'être payé.

    Les traces continuent chez les autres blogs participants :

    17 novembre 2019

    Légitime ?

    5 commentairess
    La question de savoir si je suis légitime en ce que je fais et celle de ma juste place, tant à titre personnel que professionnellement parlant, me travaille depuis un long moment. J'avais pu à cet égard discuter voici quelques temps déjà avec l'ami Tarvalanion qui se tourmentait alors pour les mêmes raisons. C'est lui qui d'ailleurs me parlait du "syndrome de l'imposteur" sur lequel il avait un peu travaillé et dont les contours me paraissent étrangement familiers.

    Selon Wikipédia, le syndrome de l'imposteur est une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel. Les personnes qui en souffrent tendent à rejeter plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail et attribuent le succès de leurs entreprises à des éléments qui leur sont extérieurs comme la chance, un travail acharné, le piston ou des circonstances particulières qui leur ont été favorables et qui expliquent, indépendamment de leurs mérites propres, leur succès.

    Ces phases de doute sont heureusement très souvent anéanties et renvoyées dans leurs pénates par une toute petite prise de recul. Regarder objectivement les faits, prendre le temps de faire le bilan de ce qui a été accompli et se rendre compte qu'en réalité et objectivement, tout n'a pas été si nul, voire carrément bien. Cela aide à reprendre une juste et saine mesure des choses. 

    Au niveau professionnel, j'ai mis du temps à assumer pleinement mon métier et à commencer à croire en moi. Je me rappelle que, les premières années, je me sentais totalement étranger à ma profession et n'en parlais jamais. Par la suite, mon expérience désastreuse avec ma connasse de boss m'a mis dans un tel état de doute que j'étais à deux doigts de vouloir me réorienter et quitter ce métier. Ce billet de novembre 2016 - trois ans déjà - en est le terrible témoin. Lui claquer la porte au nez à cette folle, n'y jamais revenir et prendre mon envol fut une décision très difficile mais ce fut une bonne décision.  

    Depuis, j'ai pris confiance en moi et retrouvé un sens à ce que je fais. Pour autant, est-ce que je me sens légitime ? Répondre par une affirmative inconditionnelle m'est difficile. Mes diplômes m'en donne le droit. Mais un morceau de papier ne fait pas tout. Je dirais qu'il ouvre une porte mais ne fait rien de plus. La légitimité vient, pour moi,  peut-être essentiellement du regard de ses pairs et de l'appréciation que l'on ressent portée sur nous.  

    Hormis cela, je sais que je bosse plutôt bien, que je bosse beaucoup, probablement trop, mais je n'ai plus peur d'afficher ce que je fais. Et les gens voient en moi un professionnel compétent. C'est déjà pas mal. Travailler beaucoup, c'est d'ailleurs une des conséquences de ce sentiment d'imposture. Outre que je suis un perfectionniste dans l'âme, travailler énormément est l'une des stratégie de compensation des imposteurs. Cela rassure, mais éloigne.

    Au niveau personnel c'est un peu la même chanson. Certains de mes engagements associatifs ne portent pas les fruits que j'espérais - peut-être d'ailleurs en  attendais-je trop ? - précisément car je ne me sens pas du tout légitime. Au contraire, je me sens totalement extérieur, spectateur, inutile. Probablement y a-t-il au départ un erreur de casting de ma part en ce que mes choix n'étaient pas très judicieux. Peut-être.

    C'est d'ailleurs ce sentiment étrange d'inutilité qui me donne envie de changer, et de ne pas prolonger certaines choses dans lesquelles je ne me reconnais pas ni ne me sens investi. Je sais d'ailleurs qu'en d'autres endroits ma présence sera utile car les petites mains manquent toujours. Me sentir utile. Le travail revêt pour moi une importance symbolique qui dépasse très largement de simples enjeux économiques.

    Cette forme de désamour, la peur du jugement, explique certainement aussi beaucoup d'autres choses au niveau personnel et qu'il m'est difficile d'affronter par l'écriture avant d'y avoir réfléchi un minimum. 

    Chercher sa place et la trouver dans ce vaste monde. Alors que pour moi, tout n'est qu'un épais brouillard mêlé de hasard et de chance cimenté par un investissement personnel démesuré pour consolider le château de sable, d'autres y voient clair depuis leur tendre enfance, comme sur les cases d'un jeu de dames dont les coups seraient prédictibles.

    J'envie beaucoup ceux qui avancent sans se poser de questions.

    15 novembre 2019

    La photo du mois : la pluie

    13 commentairess
    Bonjour à tous, nous sommes le 15 novembre et c'est l'heure de notre neuvième rendez-vous avec La photo du mois.

    Chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, nous devions traiter le thème La pluie, proposé par Krn et qui nous donnait les indications suivantes :
     La pluie et tout ce qui en découle, gouttes, flaques, inondations, crues, etc.
    J'ai cru un moment que jamais je n'arriverai à faire de photo car nous sommes restés assez longtemps sans voir l'ombre d'une goutte d'eau à Toulouse. Et puis, tout finissant par arriver à qui sait attendre, les nuages sont venus et la pluie avec eux.

    J'ai donc fait ma photo dans les rues de la Ville Rose, juste après la pluie. Une flaque rue Alsace se transformait alors en un joli miroir.

    27 octobre 2019

    Parenthèse

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    Je me suis levé très tôt ce matin. Le changement d'heure me sera à jamais un supplice. Habitué à me réveiller vers six heures depuis un petit moment, mes yeux se sont donc spontanément ouverts une heure plus tôt, tout en ayant parfaitement dormi. 

    Qu'importe, j'aime pouvoir prendre mon temps le matin et profiter de cet instant de lenteur, cet interstice trouble et si fragile, juste avant que la ville ne s'éveille.

    La semaine fut longue, pénible, stressante et globalement désagréable. Il me tardait qu'elle s'achève, même si le repos sera de courte durée. Tout passionnant qu'il soit, mon boulot est loin d'être aussi confortable que ce qu'il paraît. Encaisser, tout et de tout le monde, en permanence, subir une pression constante, devoir prendre de la hauteur et donner le change. À la longue c'est épuisant si l'on ne prend pas de temps pour s'arrêter. Temps que je n'ai pas vraiment eu ces dernières semaines.

    Heureusement Novembre compte deux weekends de trois jours qui seront l'occasion d'un peu de relâche. Et à la fin du mois je m'accorde une petite escapade au pays des cigognes, histoire d'aller prendre un bol d'air sur les marchés de Noël dont la date approche doucement.

    Pendant que j'écris ce billet et que doucement s'éteint la nuit, ma radio diffuse une chanson en portugais Meu Primiero Amor que j'apprends être de Lucas Santtana. Harmonies moelleuses, rythme doucement chaloupé,  voix en demi teinte empreinte d'une très belle nostalgie. L'instant est parfait.

    Au loin déjà rougeoie le ciel sur lequel se dessine la silhouette noire des immeubles familiers. Un chat-minou s'approche et vient se frotter à mon oreille en ronronnant. 

    Le jour se lève.
    Ma vie presque ordinaire.

    15 octobre 2019

    La photo du mois : Street photography

    7 commentairess
    Bonjour à tous, nous sommes le 15 octobre et c'est l'heure de notre neuvième rendez-vous avec La photo du mois.

    Chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, nous devions traiter le thème Street photography proposé par Céline in Paris et qui nous donnait les indications suivantes : 
    Observer les passants, immortaliser les scènes de rues, par exemple pour capturer une époque ou un quartier.

    Ma photo a évidemment été prise à Toulouse, dans un quartier que connaissent bien les toulousains.

    Nous sommes à quelques enjambées de la place Jeanne d'Arc, au début de la rue d'Alsace Lorraine, l'une des grandes artères commerçantes de la ville. Entièrement refaite il y a quelques années sous le mandat du maire précédent, piétonnisée, pavée de granit, cette rue autrefois circulante et bruyante a été purement et simplement métamorphosée. Il fait bon s'y promener, en toute saison.

    Au milieu du carrefour s'érige aujourd'hui un élégant carrousel multicolore qui a longtemps séjourné place Saint Georges et qui fait le bonheur des enfants. On aperçoit d'ailleurs un groupe de personnes qui fait la queue devant le guichet.

    En arrière plan, les anciens bâtiments d'un grand magasin construit dans les années 1900 et doté en son sommet d'une immense verrière, ont eux aussi retrouvé une seconde jeunesse après des années de travaux. Jadis Galeries Lafayette, s'y loge aujourd'hui un magasin de vêtements bon marché. Autres temps... 

    Sur la gauche, au rez-de-chaussée d'un élégant immeuble, s'est installée la boutique du Stade Toulousain, l'un des emblème de la citée des violettes. Enfin, au premier plan, les tables encore fort sages à cette heure d'un salon de thé, trahissent la présence alentours de divers restaurants et d'une pâtisserie, tous de fort bon aloi. 

    7 octobre 2019

    Omar, Gay et réfugié Syrien - Portrait sensible

    3 commentairess
    L’œil noir pétillant d’intelligence, la barbe fière et le sourire avenant, Omar, 26 ans, est étudiant à Toulouse. Nous nous sommes connus en jouant au rugby, voici deux ans. 

    Attablés autour d'un café où il a ses habitudes non loin de la place Esquirol, il a tout de suite accepté cette interview, laquelle s'est déroulée en plusieurs temps. Je l'en remercie chaleureusement.

    Ses mots, tout en pudeur derrière leur élégance précieuse, racontent l'exil et le poids social d'une violence inouïe lorsque, comme lui, on est un jeune homosexuel Syrien.

    Omar, Gay et réfugié Syrien, tout un programme.
    Premier portrait sensible de cette nouvelle série.

    * * *

    Bonjour Omar, peux-tu te présenter en quelques mots ? Nous dire qui tu es, ce que tu fais dans la vie, d'où tu viens…

    Je m’appelle Omar, âgé de 26 ans, venant de la Syrie mais Toulousain par adoption. Présentement, je suis étudiant en 2ème année de licence de Sciences du Langage « La Linguistique ». J’exerce de petits jobs d’étudiant surtout dans la période estivale, histoire de gagner un peu plus ma vie, hormis la bourse universitaire.

    Qu’écoutes-tu comme musique en ce moment ?

    En général, j'ai un faible pour la musique des années 80-90 – française, syrienne ou anglaise. Alors j'écoute, d'une manière régulière Dalida et Ginette Réno – tu demanderas à tes grands-parents qui c'est. En même temps, je ne me prive pas de quelques chansons contemporaines

    Mais je connais Ginette Reno ! J'ai vécu un an au Québec je te rappelle... C'est vrai que tu es un grand fan de Dalida, on en avait rigolé plusieurs fois en soirée. D'ailleurs, quelle est ta chanson préférée de Dalida ? Celle que tu écoutes quand tu es joyeux, celle que tu écoutes quand tu es triste ?

    Les chansons qui me font danser et que j’écoute quand je suis joyeux sont Aime-moi, J’attendrai, Laissez-moi danser et Quand je n’aime plus je m’en vais.

    En revanche, ses chansons auxquelles je me réfugie quand je suis triste seront Partir ou Mourir, Parle plus bas, Salut salaud et Julien. Elles sont très mélancoliques.

    Et quel est le dernier film que tu as vu au cinéma ?

    Je ne suis pas vraiment un client fidèle au cinéma, mais je suis allé voir très récemment Downton Abbey.

    Tu le recommandes ? 

    Oui, pour passer une soirée amusante, je le recommande.

    Parle-moi un peu de ton enfance : où as-tu grandi ? 

    Je suis né en 1993 à Lattaquié, une ville côtière de la Méditerranée, au Nord-Ouest de la Syrie. Une destination touristique, surtout dans la période estivale, pour les autres Syriens, vous imaginez pourquoi ils y venaient…

    Le quartier dans lequel je suis né est considéré comme le quartier le plus misérable de la ville. Par contre, à pied, longeant la plage, je pouvais me rendre rapidement dans les quartiers qui ont une meilleure figure. Ce que je faisais régulièrement.

    Autre aspect de la ville que je trouvais intéressant, ce sont les ruelles très étroites, les maisons collées les unes aux autres. Tout le monde était au courant de ce que son voisin concoctait dans sa cuisine.

    Derrière mon école, qui se trouvait à 20 minutes à pied de chez moi, il y avait une usine où on fabriquait de petites friandises – barre de noix de coco, de sésame, de cacahuètes, d’amandes. Petit môme, mon plus grand rêve à ce moment-là était d’y travailler, je sais que vous avez compris pourquoi… La gourmandise. Un rêve qui s’est réalisé plus tard, quand j'avais treize ans.

    Il n’y a pas de métro ni tram, alors on prenait des bus (ce que vous appelez en France les microbus) pour se déplacer. Là, on vivait de drôle de situations, avant tout il n’y a pas d’arrêts de bus, alors le conducteur nous déposait là où on lui indiquait. On ne parle pas de feux de circulation… En plus, les chauffeurs se disputaient ‘leurs’ clients, c’est à ce moment-là qu’on se sentait admirés par quelqu’un.

    C'était comment d'être un gamin puis un ado à Lattaquié ?

    Être né à côté de cinq autres frères et une seule sœur, et dans une famille le moins que je puisse dire pauvre, ne fut pas facile.

    Je n’ai pas vraiment gardé de bons souvenirs de cette période de ma vie, hormis quelques commentaires positifs de mes enseignants par rapport à mes résultats scolaires.

    Peux-tu raconter quand, comment et dans quelles circonstances tu es arrivé en France ?

    Début 2013, deux années après le commencement de ce qui est appelé « révolution », j’ai été contraint de ficher le camp. La seule destination me permettant d’entrer sur leur territoire avec une pauvre carte d’identité, c’était le Liban.

    J’y ai vécu un an, neuf mois et trois jours. Dix mois après cette arrivée lamentable dans le pays voisin, je me suis inscrit au centre de l’ONU comme réfugié, Syrien et homosexuel, afin d’obtenir une mince aide financière, de bénéficier des coupons d’achats, et d’avoir une reconnaissance et une protection par une organisation qui respecte l’être humain, même chétif.

    Deux mois plus tard, et durant un entretien dans un bureau de l’ONU, mon interlocuteur m’a demandé si l’idée d’être immigré me plairait. Je lui ai répondu que d’après mes moyens et ma capacité financière, ma conscience n’osait même pas rêver d’une telle option, mais Oui et Oui et encore Oui, ça me plairait.

    Le 19 novembre 2014, j’ai atterri à Charles de Gaulle, un voyage dans lequel tout a été compris, même un laissez-passer.

    Où as-tu passé tes premiers jours en France ? et comment finalement as-tu atterri à Toulouse ?

    Dès mon arrivée j'ai été reçu par une association d’hébergement qui s'est chargé de A à Z de me loger. Dans un bus, j'ai été emmené de la capitale jusqu'à Bourges dans la région Centre. Bien évidemment, j'ignorais l'existence de cette ville.

    Au mois de mars 2016, j'ai déposé ma candidature, au centre d'AFPA, afin de suivre une formation professionnelle de Développeur Logiciels (en adéquation avec mon Bac obtenu en Syrie, et reconnu plus tard en France). Cette formation ne se déroulerait pas à Bourges, mais j'avais la liste des villes où il y en aurait une. Toulouse fut la seule destination dans le Sud-Ouest où ces études avaient lieu. Je ne connaissais aucunement cette ville, à part un beau jeune homme rencontré auparavant à Paris. Quelques mois après, une réponse positive m'a été transmise de l'AFPA.

    Un an neuf mois et vingt-sept jours se sont écoulés sur le territoire Berruyer. Adieu le 18.

    Ton français est excellent. Tu le parlais déjà un peu en arrivant ici ? 

    Merci pour le compliment. Non je ne parlais pas du tout français avant. J'ai tout appris en France après mon arrivée J’ai suivi des cours de langue et j'ai fréquenté, une fois par semaine, une rencontre « Café des Langues ». Par ailleurs, je m’efforçais d’utiliser, en permanence, le français et de mettre l’anglais à côté.

    Un autre facteur qui m’a permis d’améliorer mon français "de la rue" fut les échanges avec les garçons sur l’application de rencontre.

    Puis j'ai entrepris des études à l’Université Jean-Jaurès à Toulouse. Les cours de français universitaire ont joué le plus grand rôle dans l’amélioration de mon niveau. Pendant ces études, il était requis de lire un roman afin de nous approcher de la langue française dans un contexte de niveau soutenu.

    A partir de ce moment, la littérature française contemporaine est devenue mon amie fidèle. Cette lecture de façon permanente me permet d’améliorer sans cesse mon français.

    Tu te souviens du premier livre que tu as lu en français ?

    Oui, parfaitement. C'était Dora Bruder de Modiano.

    Tu as des auteurs que tu apprécies particulièrement ?

    J'aime beaucoup Jean-Christophe Grangé, Laurent Gaudé, Barjavel, parmi beaucoup d'autres.
     
    L’intégration, par la lecture, le sport... est une ligne maitresse dans ta manière d’aborder tout un tas de choses. Nous en avons déjà pas mal parlé. D’ailleurs, un jour tu m’as dit que tu avais appris la discussion en France, alors qu’en Syrie (et peut-être dans les pays Arabes) il n’existe que l’autorité. Tu peux nous expliquer ?

    Je me souviens de t'avoir dit que j'apprends en France à dialoguer, bien précisément.

    Dialoguer ça veut dire poser des questions, creuser et approfondir ses savoirs, dévoiler ce qui n'a pas encore vu la lumière. Le monde Arabe se trouve au pied de la liste des pays/nations qui s'avancent dans le domaine des recherches scientifique. Pourquoi ? Par crainte de bifurquer des chemins traditionnels et divins. On le voit clairement, comme un rayon de soleil en pleins ténèbres, que la lumière nous effraie.

    En outre, la main étouffante de la religion alimente notre Obéissance hiérarchique – le petit obéit à son frère aîné, ce dernier au père de la famille, le père à son père, on ne parle pas des femmes… La religion, sème en nous aussi la Soumission face à l'autorité éducative, scolaire, ou gouvernementale – oui, j'utilise ce mot car la Constitution Syrienne est fondamentalement basée sur la religion.

    Restons en Syrie, tu as toujours de la famille là-bas ? Tu as toujours des contacts avec eux ?

    Oui, j'ai encore de la famille en Syrie. Nous n'avons que des rapports formels. Ils sont toujours totalement opposés à ma vie. Mais ils sont contents lorsque je leur donne des nouvelles. Rien de plus.

    Opposés à ta vie, c'est à dire ? Qu'est-ce que cela signifie être gay en Syrie ?

    Gay ou Homosexuel, ce sont des mots qui n’EXISTENT ni dans les dictionnaires ni dans les bouches de mon pays d’origine. On nous appelle les IRRÉGULIERS car on dévie de leurs règles tombées du ciel.

    La Loi, nous dénomme, quand elle nous rattrape, les « Contre Nature ».

    Être gay en Syrie, c’est une honte, une malédiction, un déshonneur, une maladie, une saleté, une misère, une culpabilité, une moquerie, une abomination, une contamination alors à éviter, un tabou et un corps endiablé, une souillure, un trou noir qui ne se blanchira guère, une difformité à redresser, une bête excitée à apprivoiser, dominer ou contrôler, un rien.

    Je me rappelle avoir fréquenté une allée vers le port. Un endroit pour tout le monde mais les garçons le fréquentaient, y cherchant leurs désirs. Jardin, forêt, bâtiment en construction, voiture, plage… C’était les endroits où les corps pouvaient s’exprimer, s’imprégner les uns des autres, se mêler, se sentir, se partager, s’assouvir.

    En Syrie, on ne possède jamais sa propre maison, c’est toujours une maison pour TOUTE la famille. On naît, grandit, vieillit et meurt dans cette maison. Salut l’indépendance !

    Une relation homosexuelle en Syrie ne s’avère que sexuelle, car il est impossible d’amorcer une vie commune ou d’entamer un projet quelconque. Deux homos occupant, en tant que couple, une même maison, ce n’est qu’un rêve rose inatteignable. Que dirait ce couple à leur famille ? à leurs voisins ? Et si l’un de ces voisins s’apercevait de la présence des sales irréguliers dans son entourage ? Le cancan c’est une spécialité arabe. Bonjour le scandale !

    Que risque-t-on en tant qu’homosexuel en Syrie ?

    Juridiquement, on est pénalisé de quelques mois ou années de prison. En plus, le fait d'être actif, passif, viril, efféminé… tout cela joue un rôle. Bonjour la comédie.

    Personnellement, je trouve que tout(e) homosexuel(le) est en danger face à presque tous les membres de la société. Ces gens réagissent en fonction de la religion. Ils se considèrent tous comme des rééducateurs ou redresseurs de déviance. Ma foi...

    Aujourd'hui tu vis en harmonie avec cela mais ce n'a pas toujours été le cas. Depuis quand sais-tu que tu es homosexuel ? Tu as immédiatement assumé ta sexualité auprès de ta famille, de tes amis ?

    Je le « sentais » depuis toujours, mon cerveau n’avait pas la capacité suffisante de savoir ce que j'étais en train de sentir.

    Faute d’éducation sexuelle, et à cause de la pression pesante des traditions, je ne l’assumais pas puisque j’étais incapable de décrire cette différence dans laquelle je vivais.

    Les traditions ?

    Oui, pour te donner un exemple, les relations sexuelles ne sont pas un sujet. Jamais on ne parle de cela en Syrie. Jamais je n'oserais ni ne pourrais faire une blague là-dessus. On ne peut pas plaisanter avec ça. C'est impossible. Inabordable...

    Et donc dès l’âge de 13-14 ans, j’ai commencé à le confier, ce secret « tabou », à des amis très proches, dont plusieurs, le lendemain, se sont éloignés. Bonjour la liberté.

    Éloignés, c’est-à-dire ? Ils ne t’adressaient plus la parole ? Tu n'as pas eu peur qu’ils le disent à ta famille ?

    Exactement, ils ne m'adressaient plus la parole, ils m'évitaient, ils m'ignoraient, ils ne me calculaient plus...

    En effet, c'est ça qui s’est passé, mes parents furent informés par ces gens-là.

    Et quelle a été leur réaction ?

    On exclut immédiatement la Miséricorde Humaine de cet enjeu. Le nombre d’accusations qu’on me collait aux épaules était gigantesque.

    J’étais la raison absolue de leur pauvreté. La colère de leur dieu a été provoquée à cause de mes actes intolérables – dans leur religion, quand un mâle pénètre un autre, cela secoue le trône de dieu. Alors tu peux imaginer la sacralité de ce soi-disant trône pour les disciples et le tabou que j’ai daigné commettre.

    On disait que je faisais de mon peuple la victime des saisons brûlantes et des pluies diluviennes. Ils étaient sûrs que ma place dans l’Enfer était déjà réservée, voire attribuée, que je ne trouverais plus le chemin de sommeil, que mes nuits ne se priveraient guère des cauchemars ; "une manière sacrée que dieu exploite pour communiquer avec ses créatures", que la misère m’accompagnerait jusqu’au dernier souffle. En plus, ils pré-supprimaient mes rites funéraires – un souillé comme moi, les Anges ne lui prient point.

    Mais l’accusation qui me peinait le plus c’était « personne ne frappera à la porte de ta sœur ni demandera sa main. Détresse ! ».

    Tu viens de dire qu'ils pré-supprimaient tes rites funéraires...Tu veux dire qu'en Syrie tu serais privé de sépulture ?

    Absolument. C'est religieux. En fait, quand on te dit « mais non on ne sanctionne pas, on ne punit pas », c'est totalement faux. Ça se passe comme ça.

    En fait, si je comprends bien, en état privé de sépulture, c'est comme si tu n'avais jamais existé, on t'efface...?

    Exactement. Ça rejoint ce que je te disais tout à l'heure. Tu es une abomination. Les mots pour décrire ton crime n'existent pas, et toi non-plus.

    Mais toi, tu es religieux ?

    Je ne suis ni religieux, ni pratiquant, ni croyant. Depuis mon arrivée en France. Ce n'est pas moi qui ai abandonné la religion, c'est la religion qui m'a abandonné. Et j'ai pris conscience que je n'en avais pas besoin. Dalida chante "s'accrocher à une étoile"... La religion m'a poussé à reculons.

    Quelle a été ta première expérience homosexuelle en France ? Est-ce que cela a été facile ou t'es-tu heurté à une différence culturelle à laquelle tu ne t'attendais pas ?

    Quelques semaines après mon arrivée ici, j’ai fait la connaissance d’un jeune homme grâce à une application de rencontre.

    Je ne pense pas que les différences culturelles étaient gênantes. La seule difficulté était de nous trouver une langue commune pour se comprendre à 100%.

    Ce qui caractérise le rapport intime en France, je trouve, c’est qu’il n’y a pas de crainte que la police ne me tombe dessus, ou un membre de la famille. La liberté de choisir et de disposer de son corps

    Et cela est totalement impossible en Syrie ? Tu as déjà été témoin d’arrestations ou certains de tes amis en ont été victimes ?

    Non, je n'ai pas été témoin d'arrestation, car on ne peut pas témoigner de son propre crime.

    C'est à dire ?

    Indicible… Je te laisser interpréter cette réponse comme cela te semble bon.

    Mais pour te donner un autre exemple, quelques jours avant mon départ de Syrie, j'avais 20 ans, un enfant de 10 ans pouvait m'insulter et moi je n'avais aucun droit de lui répondre parce que j'étais considéré comme totalement coupable.

    (En off, Omar me confiera avoir vécu certaines choses, mais ne pas être encore prêt pour en parler.)

    Quel regard portes-tu sur la communauté homosexuelle en France ?

    La communauté homosexuelle en France a déjà son droit d’exister, elle est accueillante, présente et reconnue dans multiples domaines – travail, activités sportives, artistiques et médiatiques… Tout cela me donne l’espoir que je réussirai dans ma vie, tel que je suis.

    Nous nous sommes connus il y a deux ans chez les Tou'wins, le club de rugby toulousain qui lutte contre l'homophobie dans le sport. Comment as-tu entendu parler de ce club et pourquoi as-tu décidé de t'y inscrire ?

    De mémoire, j’ai entendu parler dans un bar gay « Le Bears » d’une équipe de rugby où tout le monde est accepté quelle que soit la différence – âge, sexe, origines, orientation sexuelle… Sur Internet, j’ai trouvé les informations et les coordonnés de cette équipe, et directement je l’ai contactée.

    L’équipe et moi portons les mêmes principes « Lutte contre la discrimination et l'homophobie ». Mais je voulais avant tout pratiquer le sport régional, et me prouver, étant homosexuel, qu’on est tous égaux et l’orientation sexuelle ne déterminerait pas le centre d’intérêt de chacun.

    Et bien évidement, l’idée d’approfondir, voire parfaire mon intégration dans la culture française au sein d’une activité sportive respectant toute différence m’a séduit. Un seul entrainement-essai suffisait pour que je m'y accroche.

    Dans la même veine, il y a un an, tu étais sacré Mister Bear à Toulouse. Qu'est ce qui t'a poussé à participer à cette élection ?

    Partager et passer un bon moment, car il y avait trois autres candidats qui je connaissais déjà. L’envie de m’approcher un peu plus de l’équipe du bar, de gagner, de rivaliser, d’avoir un peu plus de confiance en moi devant les gens, et de plonger au cœur de la communauté gay.

    Tu en avais besoin de cette plongée ? Rétrospectivement, qu’est-ce que cette élection t’a apporté ? (son regard s'illumine)

    Cette élection m’a permis d’écraser ces murs entre les gens et moi, donc s’aborder ou se parler devenait de plus en plus facile et respectable. J’ai eu un lot de cadeaux – je n’ai jamais rêvé d’avoir autant dans ma vie.

    Et le plus important, c’est l’amour et l’appréciation que je vois toujours dans les regards des gens, qui ont découvert qui est cet Omar le Réfugié

    Tu as parcouru mille chemins pour en être là où tu en es aujourd'hui. Alors, comment te vois-tu dans dix ans ?

    C’est une question très difficile. Je n'en sais rien. Car d’après tout ce que j’ai vu et vécu, il me semble tellement difficile d’envisager quoi que ce soit.

    Par là, je parle de moi-même et non pas d’une règle générale concernant tout le monde. Il se peut que ça soit quelque-chose implanté dans ma personnalité. Alors je me prépare pour toute éventuelle surprise, bonne ou mauvaise. Mais disons que dans un premier temps je me prépare à devenir professeur de français langue étrangère.

    Tu penses retourner en Syrie, un jour ? Non pas forcément pour y vivre, mais pour revoir des personnes qui y sont toujours et des lieux dont le souvenir t'est précieux ?

    L’idée d’y retourner ne m’égaie aucunement. Au moment où la décision de ce départ salvateur, in extremis, a été prise, je savais que toute trace précieuse me concernant serait anéantie et mêlée à un passé égaré, enterré et lointain. Donc je n’ai pas hésité à accepter ce fait.

    Et les personnes qui m’éprouvent un amour démesuré et nu de toute condition, je les ai ici, dans ma France.

    Alors je suis né là-bas, pourtant je me crée ici. Enfin, le présent somptueux dans lequel j’épanouis me rassasie, m’emplit, et nul ne me manque.

     

    29 septembre 2019

    Chatminouversaire

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    Rhôlôlô... ça passe vite le temps et ces deux-là ont bien grandi.  Quand je revois les photos postées ici l'an passé et que je compare avec les deux bestiaux qu'ils sont devenus, je mesure tout le chemin parcouru.

    Hé oui, dans quelques jours, cela fera un an que j'ai adopté les chats-minous, Pistache la petite princesse câline, et Caramel le petit con affectueux. Un an de miaous, de ronrons, de poils partout dans l'appartement (aussi) de gros caca-qui-pue (parfois) et de courses-poursuites endiablés sur toutes les surfaces planes de l'appartement.

    Bon, que dire sinon que tout va bien ? Que ces deux s'entendent super bien, que j'ai très peu de bêtises à déplorer (où alors elles sont bien planquées...), que chaque soir j'ai droit à des ronrons d'amour jusqu'à l’écœurement et que j'ai noué avec mes bestiaux une relation assez formidable...?

    D'ailleurs, je me demande s'ils ne me prennent pas pour un chat, moi qui ronronne tout de même assez mal (même si...). Ainsi, tous les soir, après avoir chassé la mouche sauvage des heures durant, Caramel s'approche de moi en mode moteur diesel, s'étale de tout son long sur le canapé et entreprend de me lécher le bras avec application de sa langue bien rapeuse.  Alors, je ne sais pas si vous vous êtes déjà fait lécher par un chat mais c'est assez peu agréable. Personnellement je trouve ça plutôt très dérangeant, si bien que je suis obligé de le disputer pour qu'il ne le fasse pas. La pauvre bête ne doit pas comprendre, huhu...

    Pistache est très différente. Plus indépendante, moins aventurière, moins petit-con. Déjà, et même si Caramel n'est pas en reste, son poil est d'une douceur inégalable. Et surtout la Miss est une Princesse ronrons. Dès que je suis couché, elle saute sur le lit, vient s'allonger sur mon torse, se met à ronronner à m'en faire péter les côtes en me regardant d'un air hyper amoureux et ne venant chercher les câlins de la tête. C'est notre séance de papouilles obligatoires. Je ne m'en lasse pas... même les soirs où j'ai très sommeil et que je n'ai pas véritablement envie de la grattouiller pendant un quart d'heure.

    Avec un an de recul, en prendre deux en même temps était une excellente décision, d'autant que le volume de l'appartement et la présence de deux terrasses pour qu'ils prennent l'air le permettait.

    Bref, j'ai deux chats heureux qui m'aiment et qui me le rendent bien. Admirez-moi ces beautés ! 
    Si ! je suis très objectif Madame... 



    15 septembre 2019

    La photo du mois : Objet(s) de votre enfance

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    Bonjour à tous, nous sommes le 15 septembre et c'est l'heure de notre neuvième rendez-vous avec La photo du mois.

    Chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, nous devions traiter le thème Objet(s) de votre enfance, choisi par Blogoth67 qui nous donnait les indications suivantes :

    Vous avez certainement au fond d’un tiroir, dans un placard, un objet (jouet, doudou, livre, médaille…) lié à votre enfance. Remontez vite le temps et merci de nous le faire découvrir!
    Je conserve, que ce soit chez moi ou chez mes parents, de nombreux objets liés à mon enfance. J'ai hésité entre plusieurs, dont un très joli robot bleu avec lequel j'ai beaucoup joué étant gamin et que ma mère, en dépit ses régulières frénésies de rangement par le vide, ne s'est résolue à jeter parcequ'elle sait que j'y tenais beaucoup.

    Mais l'objet que je partage avec vous aujourd'hui est très spécial : une petite tortue en plastique en train de marcher, portant sur son dos deux petits souris dont l'une tient dans la main un drapeau.

    J'avais évoqué cette petite tortue dans ce billet, lui aussi un peu spécial d'avril 2010 :

    Lorsque j'étais gamin c'était mon jouet préféré : une toute petite tortue en plastique portant sur son dos une petite souris grise. De la taille d'une grosse noix, ma grand mère s'amusait à me faire croire qu'elle pouvait la faire disparaître. Et moi je courrais, émerveillé par ce tour de passe-passe dont les adultes riaient. Moi je n'y voyais que du feu et me demandais par quel prodige cette tortue en plastique parvenait à se volatiliser, uniquement entre les mains de ma grand mère. Entre les miennes, l'exercice devenait nettement plus coriace. En fait je n'y suis jamais parvenu.

    Cette petite tortue en plastique existe toujours. Nous l'avons tout naturellement retrouvée rangée dans ses affaires le jour de son départ, voici neuf ans. Désormais elle tient compagnie aux livres de la bibliothèque familiale. Allez savoir pourquoi, ma grand-mère ne s'en est jamais séparée, même lorsque, après avoir vendu ses meubles, elle s'en est venue vivre avec nous. Peut-être parce qu'elle lui rappelait, en dépit de sa peinture un peu écaillée et de son allure approximative, les tendres rires de notre enfance. Celles-là dont la simple évocation redonne le même sourire que celui qui passe sur mon visage au moment où j'écris ces quelques lignes.



     Et vous, quel(s) objet(s) de votre enfance avez-vous conservé(s) ou aimeriez-vous retrouver ?

    10 septembre 2019

    Lettre à toi

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    Ça fait un petit moment que l'on se regarde toi et moi, sans trop savoir quoi se dire. Longtemps tu as été un partenaire de choix, un confident, un exutoire formidable dans lequel j'ai su déverser mes joies, mes envies, mes interrogations et autres doutes existentiels. Tu étais et demeure présent lorsque cela allait bien mais aussi quand ça allait mal. Toujours disponible, à portée de clic.

    Depuis quelques temps notre dialogue s'est émoussé. Nous nous regardons, silencieusement. L'envie d'écrire est toujours là, à fleur de clavier. Mais les mots ne viennent plus pour le dire. Les maux d'antan ne sont plus ceux d'aujourd'hui.

    Beaucoup de choses en effet ont changé depuis que je t'ai créé voici douze ans. Beaucoup de choses se sont apaisées en moi et de démons intérieurs se sont tus, gommant dans leur chute ces aspérités du quotidien qui sont autant de prétextes à écrire. Ho, beaucoup reste encore à faire, je ne me leurre pas.

    Je confesse aussi une part de paresse dont la responsabilité m'incombe pleinement. Il est tellement plus confortable le soir de se vautrer dans son canapé et de gratouiller les chats-minous plutôt que de s'attabler à nouveau devant un écran et de réfléchir encore une fois, comme tout au long de la journée, aux mots que l'on va poser...

    Tu es ma créature. Je t'ai conçu à mon image. Du bout de mes doigts je t'ai insufflé mille petits fragments de ma vie. Je pourrais tout aussi bien te détruire, en un clic. Ou t'abandonner et te laisser dépérir avec indifférence, si je le voulais.

    Néanmoins je pense à toi souvent. Plusieurs billets sont en cours d'écriture, en latence parmi les brouillons, en attente d'un instant meilleur pour y revenir. Car malgré les apparences et l'absence régulière de nouveauté, je ne t'oublie pas.

    15 août 2019

    La Photo du Mois : Mythes et mythologies

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    Bonjour à tous, nous sommes le 15 août et c'est l'heure de notre septième rendez-vous avec La photo du mois.

    Chaque mois les blogueurs participants publient une photo en fonction d'un thème donné à l'avance. Toutes les photos sont publiées en même temps sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

    Ce mois-ci, nous devions traiter le thème Mythes et Mythologies proposé par Pink Turtle.

    Pour faire original, je suis allé chercher dans les mythes toulousains, et non le moindre car je vous invite sur les traces de Dame Clémence Isaure dont le nom est cher aux poètes toulousains.

    Clémence Isaure est un personnage médiéval semi-légendaire, à qui on attribue la fondation ou la restauration des Jeux Floraux de Toulouse au début du XVe Siècle. Selon le mythe, elle aurait fait un legs à la ville de Toulouse grâce auquel sont décernés chaque année des fleurs d’or et d’argent aux meilleurs poètes. L'Académie existe d'ailleurs toujours. 

    Afin de lui trouver une justification plus ou moins historique, on en a fait un membre de la famille toulousaine des Yzalguier. D'ailleurs, la rue des Yzalguier reçut en 1806 le nom de rue Clémence-Isaure. Une tour, jadis située au 7 de la rue Cujas. fut baptisée Tour Clémence Isaure. Elle fut démolie en 1817.

    La mythique fondatrice des Jeux est largement célébrée dans la ville, qui lui a consacré des poèmes, des sculptures, des tableaux, et où son nom est donné à toutes sortes de lieux et institutions. Au-delâ de l'enceinte de la Ville Rose, la statue de Clémence Isaure fait partie des statues des Reines de France, implantées autour du bassin du jardin du Luxembourg.

    Elle possède, depuis 1913, une fontaine à son effigie, place de la Concorde à Toulouse. Ce sera ma photo du mois.


    La fontaine dite "Clémence Isaure", de son véritable nom "La Poésie romane", est une très belle  fontaine de style Art Nouveau, de Léo Laporte-Blairsy, située place de la Concorde, dans le quartier des Chalets, à Toulouse. Elle a été inaugurée le 3 mai 1913 à l'occasion de l'anniversaire des premiers jeux floraux. 

    Comme tous les sculptures de bronze de Toulouse, elle fut démontée en 1942 afin d'échapper à la réquisition et à la fonte. Elle fut donc retrouvée intacte à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Selon la tradition, la fontaine est fleurie par les habitants du centre-ville et du quartier le 31 décembre de chaque année pour les premiers janvier de l'année qui suit.

    Les mythes et mythologies continuent sur les autres blogs participants :

    4 août 2019

    Une page de Stefan Zweig

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    Mais le matin arriva. Nous nous levâmes tard. Tu m'invitas encore à déjeuner avec toi. nous bûmes ensemble le thé, qu'un domestique invisible avait servi discrètement dans la salle à manger, et nous bavardâmes. De nouveau, tu me parlas avec toute la familiarité franche et cordiale qui t'était propre, et, de nouveau, sans me poser de question indiscrète, sans manifester de curiosité à l'égard de ma personne. Tu ne me demandas ni mon nom, ni mon domicile. Encore une fois, je n'étais pour toi que l'aventure, la femme anonyme, l'heure de passion qui se volatilise dans la fumée de l'oubli, sans laisser de trace. Tu me racontas que maintenant tu allais faire un long voyage de deux ou trois mois en Afrique du Nord. Je tremblais au milieu de mon bonheur, car déjà retentissait à mon oreille le martèlement de ces mots : « Fini ! fini et oubliée ! » Volontiers, je me serais jetée à tes genoux en criant : « Emmène-moi avec toi, pour qu'enfin tu me reconnaisses, enfin, enfin, après tant d'années.» Mais j'étais si timide et si lâche, si faible et si servile devant toi. Je ne pus que dire : « Quel dommage ! » Ton regard se posa sur moi en souriant et tu me demandas : « En éprouves-tu vraiment de la peine ? »
    Stefan Zweig, Lettre d'une inconnue.
    Ed. Stock, coll. Le livre de poche, 1964, pp.148-149